AJOUPA BOUILLON

Martinique Nord

MADININA : Ajoupa Bouillon

L'Enfer Vert

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Sur la route de la montagne Pelée, le haut plateau de Morne-Rouge offre un passage naturel de la côte caraïbe vers la côte atlantique. Au coeur de la Martinique montagneuse, le bourg d'Ajoupa-Bouillon jouit d'une douceur climatique recherchée par les autochtones. La réputation du bourg s'étend sur tout le département, car il est l'un des plus fleuris et des plus boisés.

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Le village, d'allure soignée, est bordé sur toute sa traversée de roseaux des Indes, de bougainvillées et de lauriers roses. À la sortie vers l'Est, la route se pare d'un épais manteau de forêt tropicale. Là, le vert domine. Pourtant, en restant attentif, les teintes vives des balisiers trancheront par petites touches, dans cette unité de ton. Le bourg à vocation agricole cultive les bananes, les ananas, des ignames et des fleurs. Il n'est pas rare de trouver en bordure des maisons, des champs d'anthuriums. Huit rivières traversent cette commune particulièrement florissante. Ces dernières favorisent la pêche aux écrevisses, devenues spécialités culinaires du coin.

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L'origine du nom est double : Ajoupa signifie abri en caraïbe, ou plutôt, cabane en feuillage ou en bambou. Bouillon est, vraisemblablement, le nom du premier colon propriétaire de la région, Jean Gobert Sieur de Bouillon. Une rumeur récente l'aurait fait duc à titre posthume (?) Il aurait construit à l'emplacement du village, un ajoupa qui avait pour but altruiste de servir de refuge aux voyageurs. Le bourg est ancien, il existait déjà du temps du père Labat à la fin du 17e siècle. La paroisse quant à elle fut fondée en 1848.

Autour du village, c'est un réel jardin tropical "grandeur Martinique". Des figuiers, des fromagers et de nombreuses espèces de la forêt mésophile et hygrophile nous attendent dans les sentiers botaniques des ravines. Les alentours d'Ajoupa Bouillon réservent de jolies balades. Le sentier botanique et floral "les Ombrages" est une extraordinaire leçon de la mère Nature. Afin de connaître et de respecter tous ses trésors, un chemin de randonnée a été aménagé au sein même de la forêt. Il se faufile entre les sources et les cascades. Sous les arches de bambous, de fromagers séculaires, de pins tropicaux, de gommiers blancs, de fougères arborescentes, des rus dansent et chantent accompagnés du bruissement du vent dans les feuilles. Quelques petites cascades reprennent en choeur le refrain des sources. C'est un parcours enchanteur à ne pas manquer.

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Pour ceux qui aiment l'aventure, le parcours des gorges de la falaise se rapproche plus du canyonning que de la simple marche. Ce parcours est payant et se fait obligatoirement avec un guide. Impossible de prendre des photographies, à moins d'être équipé d'un appareil qui peut être immergé. Il faut impérativement être munis de chaussures antidérapantes. Tout ce qu'on porte sur soi doit pouvoir être, au mieux mouillé, et la plupart du temps détrempé ! Les vêtements styles "peau de souris" sont les plus indiqués. Il n'y a plus qu'à...

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Toujours dans le domaine des sensations fortes, le Saut Babin. Il est difficile à trouver car, mal indiqué sur les cartes. Nous avons dû demander plusieurs fois la route. Chaque fois, les gens du cru nous recommandaient une énorme prudence. En fait, le Saut Babin fut le théâtre d'un événement tragique. Un planteur d'ananas a bien voulu nous le raconter. Il y a quelques années, le site se visitait avec un guide. Ce jour-là, il avait beaucoup plu dans la montagne. Un guide emmena un couple de jeunes mariés au Saut Babin. Le sentier était alors aménagé, en escaliers de bois qui ceinturait la boue et évitait de trop glisser. Arrivé au bord de la source du Saut Babin, le marié a voulu traverser la rivière en crue. Pris par le courant, il a basculé et s'est fracassé le crâne sur un rocher. Aujourd'hui, le sentier n'est plus entretenu. L'entrée est balisée par des pancartes de la mairie qui déconseillent toute personne d'emprunter ce chemin-là. Qu'importe, le Cap et les amis qui nous accompagnent n'y accordent que peu d'importance, leur curiosité prenant le dessus. Des petits sentiers tortueux, pentus et glissants s'enfoncent dans la forêt. Ils descendent jusqu'au niveau d'une rivière d'humeur turbulente.

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Autour du Saut Babin, la campagne martiniquaise offre un paysage inattendu. Des gorges profondes creusent des ouvertures vers l'océan. Des champs d'ananas s'étendent à perte de vue. Quelques maisons abritent des familles tranquilles dont le niveau de stress frise -20 sur l'échelle d'évaluation des troubles cardio-vasculaires. Un habitant nous disait ne rien faire d'autre que de vivre au rythme de la nature. Le matin, il se réveille avec les premières lueurs du jour. Son premier regard est dédié à la Montagne. Il nous dit qu'elle lui parle du temps qu'il fera dans la journée. Puis, il s'occupe de ses bêtes, il va voir ses ananas. La journée passe paisiblement, jusqu'au soir, où aux derniers reflets du soleil, il observe la Montagne, qui lui dit le temps qu'il fera demain.

Franchement, la vie est belle à Ajoupa-Bouillon.