HISTOIRE DE LA MARTINIQUE

Les Antilles Françaises

MADININA : Un peu d'Histoire

La Préhistoire de Madinina

Les premiers habitants : des nomades des mers venus du Venezuela.

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Voici plus de 4000 ans, des tribus implantées à Saladéro, dans la région du delta de l'Orénoque commencèrent à se sentir à l'étroit. Ils avaient pour coutume de se balader sur le fleuve en pirogues. Ils creusaient celles-ci d'un seul tenant dans de grands arbres nommés gommiers. Ces barques traditionnelles on les retrouve encore aujourd'hui. Ce sont les yoles rondes de la Martinique. (voir article consacré aux yoles de la Martinique dans ce site)

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Les plus hardis Amérindiens entreprirent de s'échapper du fleuve. Ils partirent à la conquête du grand horizon qui les narguait loin vers l'Est. C'est ainsi que les premiers Indiens de l'Orénoque devinrent des nomades des mers. On les nommera plusieurs millénaires plus tard les tribus saladoïdes, en raison de leur point de départ.

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Ils durent braver les cyclones et les raz de marée. Les conditions étaient parfois si effrayantes qu'ils y voyaient la manifestation des Dieux. Ils virent, par exemple, le Dieu Urakan se déchaîner sur les mers et engloutir des compagnons de route. Les courants, les vents, mais surtout leur témérité entraînèrent les plus chanceux vers les premières îles Trinidad et Tobago... Puis ne se contentant pas d'essaimer leur culture dans cette région-là, ils continuèrent leur route vers l'arc antillais. En Martinique ils atterrirent à la Savane de Pétrification à l'extrême sud de l'île. Ce fut leur première terre d'accueil. Le reste du territoire était bien trop difficile d'accès en raison de la forêt dense et inextricable qui la recouvrait.

Partout, ces nomades des mers laissaient des traces de leurs traditions. Ils emportaient dans leurs bagages leur savoir-faire en poterie et en céramique, la culture du manioc, des techniques de navigation, de chasse et de pêche.

Les îles regorgeaient de nourriture

Pendant plusieurs milliers d'années, ces peuples se sont construit une vie paradisiaque. Ils cultivaient le manioc pour en faire de la farine. Ils se nourrissaient de pommes d'acajou, de choux, de patates douces, d'ignames. martinique Leur alimentation était également composée de fruits. Certains aliments qu'ils consommaient alors n'existent plus aujourd'hui, d'autres font encore partie de l'alimentation des Martiniquais : le caneficier ou cassier, le corosol, la cachimas, le calebassier, l'acajou et le goyavier. L'ananas ne fit son entrée dans les îles qu'au temps des colons et les Amérindiens ne l'adoptèrent que tardivement. Quant au cocotier, il n'existait pas sur les îles à cette époque. Il fit son apparition bien après le passage de Christophe Colomb. A vrai dire, le cocotier, emblème des tropiques, a construit autour de son arrivée en Martinique un labyrinthe de mystères épais, le premier à en parler est le célèbre père Labat au début du 18ième siècle. Dommage, l'arbre aux cent usages aurait été d'une grande aide aux premiers habitants de l'île...

Faune d'hier et d'aujourd'hui

La faune endémique était alors variée. Elle fournissait l'essentiel des aliments protéinés des Amérindiens. Faisons le tour des animaux qui peuplaient la Martinique d'alors :

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  • Le manicou, sorte d'opossum fait partie de la famille des marsupiaux. Il en existe encore quelques familles aujourd'hui.
  • L'iguane est sans doute l'un des plus vieux survivants de l'Arc antillais. En Martinique il ne reste plus aucun représentant de la famille des Iguana Delicatissima. Qui est un iguane endémique des îles des petites Antilles. Les colons furent les principaux ennemis de l'iguane antillais qui était recherché pour sa chair. De plus la prolifération des cabris a détruit son habitat. Ils ne sont plus présents que sur Petite Terre, la Désirade et Saint Kitts. Seuls les iguanes communs sont encore présents en Martinique.
  • Les perroquets égayaient les forêts ainsi que les aras. On en trouve encore, mais le plus souvent ils sont dans des volières !
  • Les grives et les ramiers étaient déjà présents. Fournissant un gibier de choix. Aujourd'hui, les variétés d'oiseaux sont encore nombreuses en Martinique. Des sternes aux hérons garde-boeufs, des tourterelles aux colibris, des sucriers (petits passereaux au ventre jaune) aux merles noirs des tropiques, le ciel de la Martinique s'égaye de volatiles. On peut cependant regretter que les pélicans bruns et les fous se fassent de plus en plus rares. Signe évident de la raréfaction du poisson.
  • Les paisibles et inoffensifs lamantins se reproduisaient sans crainte dans les « fleuves ». Aujourd'hui une rivière de Martinique porte leur nom dans une commune voisine de Fort-de-France. Un nom pour témoigner de leur existence de jadis et de leur cruelle absence d'aujourd'hui.
  • Les Amérindiens chassaient l'agouti pour leur subsistance, aujourd'hui, ce rongeur haut sur patte nous manque. Mais il est encore visible dans les forêts d'Amérique du Sud.
  • Les tortues venaient pondre sur les plages. Malheureusement, de nos jours, bien que très présentent en Guadeloupe, elles se font rares dans les eaux martiniquaises.
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  • Il reste quelques représentants des trigonocéphales. Le fer de lance est le serpent qui hanterait aujourd'hui encore la forêt de la Martinique... Mais, je pense franchement qu'on a plus de chance de le voir sur le drapeau martiniquais que de le croiser lors d'une randonnée pédestre... Attention, cependant, son venin est mortel !
  • L'effrayante matoutou-falaise fait encore sensation dans le Nord de l'île! De grosses pattes velues, un corps rouge et noir. Cette araignée est prête pour le carnaval. De la famille des mygales, elle est capable de faire des bonds pour passer d'une branche à l'autre... Elle aime les bananiers, les bambous et les falaises proches des torrents. Cependant, ne vous en faites pas un film, elle aura plus peur que vous ! Sa piqûre n'est pas dangereuse. Du moins pas plus que celle d'une guêpe !

Ce tableau de la faune martiniquaise n'est pas exhaustif. Cependant, il démontre à quel point l'écosystème est fragile. Il suffit parfois de peu de choses pour qu'une espèce disparaisse. À vrai dire, la Martinique ne défend pas suffisamment son patrimoine naturel. Il n'y a pas ou que très peu d'associations de protection de la nature. La pêche intensive a causé la raréfaction des poissons et crustacés qui a engendré à son tour le départ des oiseaux marins.

Partout, ces nomades des mers laissaient des traces de leurs traditions. Ils emportaient dans leurs bagages leur savoir-faire en poterie et en céramique, la culture du manioc, des techniques de navigation, de chasse et de pêche.

Revenons à nos Amérindiens

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Grâce aux fouilles, les archéologues ont pu décoder la préhistoire de la Martinique. Des outils taillés sur des éclats de jaspe et de bois silicifiés offrent la preuve que la Martinique était habitée 4000 ans avant notre ère. Cette période porte, pour les scientifiques, le nom de "Saladoïde insulaire " ou "Première période arawak ". Le terme arawak renvoie à la langue commune parlée par ces peuplades. Au fil des siècles, ils peaufinèrent leur technique de la céramique. Dans toutes les îles on retrouve un grand nombre de poteries et céramiques aux décors et ornementations gravées et peintes dans les couleurs blanches et brun rouge sur fond de couleur naturelle de l'argile. Les animaux sont le plus souvent leur modèle, plus rarement les humains. En plus du développement de cet art, les Saladoïdes, développent leurs techniques de pêches. Ils exploitent les ressources marines telles que les crustacés et les mollusques. Les lambis et les huîtres des palétuviers jouent un rôle prédominant dans leur culture.

Un "paisible" destin bouleversé

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Vers 600 après Jésus-Christ, après 4600 ans de bonheur contemplatif et serein, la civilisation amérindienne subit une profonde mutation. En effet, une autre tribu venue, elle aussi du delta de l'Orénoque, arrive dans les îles. Les nouveaux venus bouleversent toutes les traditions saladoïdes. En fait, cet avènement marque carrément la fin de la période Arawak. En Martinique, les Caraïbes s'installent dans toute la partie Sud-Est de l'île. D'anciens habitats caraïbes ont été découverts sur les côtes protégées par des barrières de corail. Ils choisissent tous les sites où la pêche est la plus abondante et où les mangroves sont riches de petits coquillages. Pendant cette période, la population emploie des conques de lambi pour façonner des haches et tout outil tranchant. Puis, la population prend possession de toute l'île. Des roches gravées témoignent de sa présence dans la forêt de Montravail située dans les hauteurs de Sainte Luce. Des restes de sépulture ont été trouvés vers les villes du Diamant et du Lorrain. Enfin, le Nord était également peuplé lorsque les premiers colons arrivèrent. Colomb en témoigne dans son livre de bord...

"Aïe, ça pique!"

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C'est sans doute ce qu'a crié Colomb en approchant des côtes du Carbet en 1502. On raconte que Colomb entendit siffler les flèches des Indiens caraïbes de si près qu'il prit peur... Il s'éloigna sans doute bien vite. De toute manière, il ne trouva rien de bien intéressant à cette île ! Il ne vit qu'une forêt dense et inextricable peuplée d'une tribu de guerriers nus et téméraires à la peau teintée de rocou et aux moeurs alimentaires bien étranges ! Colomb était avide de trésors faciles et monnayables qu'il brandirait, à son retour, devant les yeux friands des Grands d'Espagne. Il n'a peut-être pas compris que "l'or des îles" se reflétait dans l'émeraude intransportable d'une forêt tout entière ? Il ne décela pas les pépites qui jaillissent des salines immaculées. Il resta de marbre face à l'anthracite du volcan prêt à bondir, nourrissant d'énergie toutes les ambitions, tous les rêves de paradis. Ainsi, le secret des mangroves resta intact. L'île allait continuer de regorger de filons de tranquillité. La faune, la flore et le peuple amérindien s'octroyèrent un répit d'un siècle au moins !

Un imbroglio lexical...

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Lorsque Colomb surnomma l'île Joannacaira ou Juanacaéra, ce qui signifie "l'île aux iguanes", se doutait-il qu'il marquait la fin de la préhistoire des îles pour marquer le début de leur Histoire ? Les Arawaks avaient baptisé l'île "Martinino", qui signifie "l'île aux femmes", avant que les Caraïbes ne l'eussent appelée "Madinina", "l'île aux fleurs". martinique Cette période de l'histoire souffre quelques incertitudes, certains historiens racontent la version précitée, d'autres spécialistes considèrent que l'île aux Iguanes, était le nom qu'avaient inventé les Caraïbes, il prendrait alors l'orthographe suivante : "Jouanakaera". Impossible de se faire une idée précise quant à l'identité de la Martinique lors de la découverte de celle-ci par le célèbre navigateur. Cependant, aujourd'hui, les Martiniquais adoptent très souvent le nom de Madinina.

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Un autre doute subsiste, le Génois posa-t-il ou non le pied sur l'île ? Il est probable, que vexé par l'accueil plutôt vorace des Indiens caraïbes, il ne daigna ni baptiser ce point insignifiant sur une carte marine, ni descendre à terre. Pourtant certains historiens indiquent que le nom actuel se réfère au jour de la saint Martin, celui où Colomb foula les plages du Carbet. Ces versions contradictoires sont l'apanage de faits transmis trop longtemps oralement, sans qu'aucun support écrit en assure, devant l'érosion du temps, la véracité. martinique Quoi qu'il en soit, il y a plusieurs années, un monument fut édifié sur la plage du Carbet. Il commémorait le débarquement, au Carbet le 18 juin 1502, de Christophe Colomb et des aventuriers qui l'accompagnaient. La mer vengea la mémoire de l'île en emportant lors d'une tempête cet hommage qui ne fut pas remplacé.

Une bulle papale pour partager le Nouveau Monde

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Les Espagnols se désintéressèrent donc de ces pauvres confettis posés sur ce qu'ils considéraient déjà comme le "Lac espagnol", c'est-à-dire la mer des Caraïbes. L'avènement du Pape Alexandre VI changea la face du Nouveau Monde. En effet, ce dernier d'origine ibérique fut élu à la tête de l'Église, peu après les premières découvertes de Christophe Colomb. En échange d'un vote en sa faveur, la reine et le roi d'Espagne, firent signer au nouveau Pape la bulle « Inter coetera ». Celle-ci octroyait à Ferdinand et à Isabelle le monopole de la navigation et le droit exclusif d'occuper les territoires situés au-delà d'une ligne Nord-Sud passant à cent lieues à l'ouest du Cap Vert et des Açores. Ces archipels étaient alors dans le giron de la couronne du Portugal. La pointe du Brésil était encore dans ces limites, ainsi le Portugal sauva de justesse sa colonie. Par contre, toutes les Antilles se retrouvaient par décision papale sous le joug de l'Espagne. Cependant, seul le continent intéressait réellement la couronne ibérique. Les îles de l'archipel des caraïbes ne représentaient que de vulgaires mouillages tranquilles lors d'escales sur la route du Mexique. Au retour, les navires profitaient des îles pour y faire le plein d'eau avant d'affronter les humeurs versatiles de l'Atlantique.

La Martinique pour la couronne de France

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Plus d'un siècle après la visite de Christophe Colomb, le 15 septembre 1635, Belain d'Esnambuc et ses compagnons débarquèrent dans les environs de Saint-Pierre. Ils trouvèrent ce repaire idéal pour développer la flibuste alors fort lucrative. La Martinique symbolisait aussi l'île à prendre afin de battre en brèche la prédominance hispanique dans l'archipel des Caraïbes. Pierre Belain d'Esnambuc encouragé par Richelieu et armé de sa foi de capitaine normand prit possession en 1635 de la Martinique au nom du Roi de la Compagnie des Isles d'Amérique, Louis XIII.

Collaboration éphémère

Au début, les Indiens caraïbes et les colons vécurent ensemble. Il y eut une période d'observation, suivie d'un épisode de partage. Les Amérindiens enseignèrent aux colons la culture du manioc. Ils leur apprirent à fabriquer un four à charbon si odorant que ces effluves rivalisent avec l'ylang-ylang et la cannelle. Le descendant moderne de ce four sert aujourd'hui à cuire les délicieux poulets boucanés. Les tribus indigènes offrent également aux colons l'art de confectionner des pots et des fait-tout en terre cuite. Ils leur cédèrent l'art de travailler la vannerie, les chapeaux de bakoua (en fibre de cachibou), des nasses en bambous et des barques d'un seul tenant taillées dans les gommiers. Aujourd'hui, la course de yoles rondes est le digne héritage des Amérindiens. La langue créole est parsemée de mots amérindiens qui désignent des fruits, des fleurs et des animaux endémiques.

Les colons s'organisent

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En 1636, d'Esnambuc promeut son neveu Du Parquet gouverneur de l'île. Et quelle ne fut pas la surprise des Indiens caraïbes, lorsqu'ils virent s'ériger au Carbet la première maison de pierres de la Martinique ! Elle était située sur l'îlot formé par les deux bras de la rivière du Carbet. En 1650, le gouverneur fut institué seigneur propriétaire de l'île. La famille diluait ses véritables buts dans une feinte vocation patriotique qu'elle simulait jusqu'à l'altruisme. En réalité, tous les membres de cette famille se taillaient un empire commercial en arrachant à leur illustre protecteur, Richelieu, le monopole du commerce du sucre. L'exploitation de la canne a débuté dans les Antilles en 1654. Cette année-là, des colons juifs hollandais avaient été chassés du Brésil emportant avec eux leur technique de plantation de la canne. En plus de la canne à sucre, le tabac, le manioc et l'indigo firent prospérer l'île.

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Malheureusement cet essor précipita l'extinction de la population indigène. Les nouveaux colons avaient en effet enrôlé de force les Indiens aux tâches les plus difficiles. Ces derniers ne s'adaptèrent jamais au rythme imposé par les Européens. En 1660, les survivants de la préhistoire furent chassés définitivement sur l'île voisine de la Dominique.

Poussés par la fièvre de l'or blanc, les Français, la plupart Normands et Poitevins, vinrent de plus en plus nombreux s'installer en Martinique.

La honte

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En 1671, l'industrie sucrière avait pris un tel essor que l'on comptait 111 sucreries sur l'île de la Martinique. Afin d'assurer les travaux inhérents à cette nouvelle économie, les Européens débutèrent un bien odieux négoce.
C'est ce que l'on nomme le commerce triangulaire. Les bateaux partaient des plus grands ports européens. En France des ports comme Nantes, La Rochelle et Bordeaux surent tirer parti de ce commerce. Les bateaux larguaient les amarres avec dans leurs soutes des pavés qui assuraient le lest ainsi que certains produits manufacturés en France tel le vin, des matériaux divers ou certaines étoffes. Ils emportaient également une cargaison d'alcools, d'armes ou de biens sans valeur, des pacotilles. Première escale : l'Afrique.
martinique Là, en échange de babioles, d'armes et d'alcools, les navires embarquaient la future main-d'oeuvre des îles. Pendant la traversée, beaucoup d'Africains mourraient de malnutrition et du manque d'hygiène. Arrivés dans les îles, les bateaux déchargeaient les survivants, les barriques de vins, les étoffes, tous les matériaux nécessaires à la construction des habitations et produits manufacturés venus de Métropole. N'oublions pas les pavés qui constituent aujourd'hui le socle de nombreuses rues des villes de la Caraïbe, dont Saint-Pierre. Au retour vers l'Europe, ils étaient remplacés par « l'or des îles » : le sucre et ses dérivés. Au début de ce commerce le cacao, le café, l'indigo, le tabac faisaient également partie du voyage.

Au nom du Roi, la Martinique sera Française ! « Nom de nom... »

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Veillant au grain, Louis XIV cloîtra les îles du sucre dans la monoculture. Cette décision fut l'origine de leur infortune future. Le Roi mit aussi la centralisation à l'honneur car, en avril 1664, il racheta les îles. Il confia les manoeuvres transactionnelles à la "Compagnie française des Indes occidentales" fondée en 1660 par Colbert. Il applique ainsi une doctrine économique nouvelle, venue d'Outre-Manche : le mercantilisme. Les options prises par le fidèle Premier ministre visaient uniquement à poursuivre ce seul but économique : organiser le commerce extérieur de manière à accroître le stock monétaire, considéré, à l'époque, comme richesse essentielle. Cette science en était alors qu'à ses balbutiements. Autre erreur de l'Histoire entérinée par Colbert, le Code noir promulgué en 1685.

La préoccupation légendaire des Français : les Anglais!

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Les flibustiers - marchands - contrebandiers - pirates - aventuriers qui avaient traversé l'océan à la recherche de leur fortune se révélèrent brillants dans leurs activités. Ils manifestèrent des qualités inattendues dans le domaine de la gestion des plantations ainsi que dans l'art de commercer leur production. De surcroît, le cours de l'or blanc ne cessait de franchir des plafonds. Le ciel de ces commerçants d'un genre nouveau était constellé par la voie de la chance. Des fortunes immenses se bâtirent en quelques décennies. Ces circonstances attisèrent des convoitises qui engendrèrent des guerres répétitives entre les nations désireuses de générer des bénéfices colossaux grâce à l'exploitation des richesses de l'île. L'Angleterre fut la nation qui opposa le plus d'ardeur aux volontés d'expansion de la France.

En ces temps troublés

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L'effervescence du marché du sucre contribua à multiplier les tentatives anglaises à s'emparer de l'île. Les colons créèrent des milices pour assurer leur protection. En 1667, tous ces braves miliciens firent leurs preuves en repoussant les Anglais à Grande-Anse. Mais, l'infatigable ennemi revint en 1694. Puis avec une régularité exaspérante, la Martinique tombait sous le joug anglais. Ce fut le cas entre 1762 et 1763. À partir de 1787, la Martinique connaît une période de troubles : guerre civile, désaccords entre les planteurs et les négociants, revendications des esclaves. Lors de la Révolution française, un planteur martiniquais de la presqu'île de la Caravelle, Louis François Dubuc de la Rivery, livra lui-même la Martinique aux Anglais. Il tentait ainsi d'endiguer des idées nouvelles qui prônaient l'abolition de l'esclavage. Celle-ci fut proclamée dès 1797. Mais de 1794 à 1802, l'île fut anglaise, ainsi le planteur croyait-il s'accorder un répit royaliste. En 1802, l'île revient à la France et Bonaparte rétablit l'esclavage. De 1809 à 1814 les Anglais sont de nouveau là! En 1815, la Martinique connut son dernier épisode anglais, pour revenir,définitivement, dans le giron de la France. Enfin, le 22 mai 1848, le décret de l'abolition de l'esclavage est signé par Victor Schoelcher.

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À partir de cette date, des travailleurs indiens et chinois viennent en Martinique afin de remplacer la main-d'oeuvre noire.

Puis l'histoire de la Martinique fraya son chemin entre plusieurs événements qui troublèrent sa marche :

En 1902 l'éruption de la Pelée raye de la carte Saint-Pierre (pour plus de détails, référez-vous à la page consacrée à Saint-Pierre). Fort-de-France devient la capitale administrative de l'île.

En 1946, la Martinique est reconnue département français.

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Depuis 1946, année où les Antilles françaises devinrent département français, l'écoulement des productions antillaises est facilité par l'ouverture du marché français. L'économie se maintient à raison d'importants transferts de fonds publics à partir de la Métropole. Ce programme fut établi dans une optique de rattrapage de l'économie des D.O.M.. Mais le développement, ou du moins la poursuite de l'activité agricole se heurte à la concurrence farouche des pays du tiers monde qui rémunèrent peu leur main-d'oeuvre. Le handicap majeur des Antilles françaises est évident. Le travail se paye sept fois plus cher en moyenne que sur les îles voisines. Dans les pays africains producteurs de fruits, le scénario est identique. Cette situation remet périodiquement l'avenir de l'île en cause.

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Le tableau n'est que gris foncé, car la croissance bien que faible ne s’est pas démentie, malgré les résultats moyens de l'agriculture. Comparée aux îles indépendantes, la Martinique profite d'une amélioration évidente du niveau de vie de la population. Reste dans cette configuration idyllique en apparence le problème difficilement surmontable de l'économie d'assistés, et il est flagrant. La Martinique vit au-dessus de ses moyens depuis que la production tend à décroître et que le tertiaire augmente, voir explose. Le résultat coule de source, la balance commerciale affiche un déséquilibre permanent. L'aspect artificiel de l'économie antillaise est combattu à grand renfort d'aides publiques. En effet, le gouvernement français essaye de réactiver les productions agricoles et industrielles par toutes sortes d'aides et de mesures qui rendraient également moins aigu le problème de l'emploi. Le gouvernement chapeaute de nombreux programmes d'aide à la formation et à l'insertion professionnelle. La situation de l'emploi reste pourtant préoccupante, car un tiers de la population en âge de travailler est au chômage. Il faut ajouter à tout cela les nouvelles normes imposées par l'Europe qui entend réglementer les aides. Ne parlons pas non plus du problème de la mondialisation qui touche de plein fouet ces îles encore attachées à leurs traditions.

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Au moment où je boucle cet article, Dean un ouragan de catégorie 2 vient de frapper la Martinique. Lors des premières évaluations des dégâts, 100 % des bananeraies et 70 % des champs de cannes à sucre seraient détruits. La nature est, elle aussi, parfois responsable du déficit accru.

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