DOMAINE DE LA PAGERIE

Lieu de naissance de Joséphine de Beauharnais

MADININA : La Pagerie

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Un destin impérial

Tout à côté du village de Trois-Ilet une route mal pavée s'enfonce dans la forêt. Lorsque vous emprunterez cette allée bordée d'immenses arbres du voyageur, vous percevrez immédiatement un changement d'atmosphère. L'air se charge de nostalgie. Une ombre plane tout autour de vous... Vous êtes au coeur de l'histoire de la Martinique.

Bienvenue dans la maison natale de l'impératrice Joséphine!

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Si l'on connaît au travers de Napoléon la vie de Joséphine, on ne sait pas toujours qu'elle est l'enfant du pays, martiniquaise, fille de Joseph Gaspar Tascher de la Pagerie et de Rose-Claire des Vergers de Sannois. Baptisée du nom de Marie-Joseph Rose, à l'église des Trois-Ilets le 27 juillet 1763, l'histoire ne retiendra qu'un prénom celui de Joséphine. Pourtant ses parents la surnommaient Yéyette. Plus difficile à porter pour une impératrice!

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La fillette passa toute sa jeunesse dans le domaine familial qui s'appelait alors, "Petite-Guinée". C'était un domaine de moyenne importance où étaient cultivés la canne à sucre, le cacao, le café, quelques légumes, le manioc et du coton. La jeune fille vécut une enfance tranquille rythmée par les répétitions rassurantes de l'activité agricole. Le cyclone de 1766 changea la donne et dévasta une partie de l'exploitation. La maison de maître fut détruite et cet épisode inopportun contraignit la famille à s'installer dans le seul bâtiment encore debout : les cuisines. J'entends d'ici, les voix railleuses : "Une impératrice élevée dans une cuisine! Pfff..." Oui, mais quelle cuisine! À elle seule, elle représente une maison bâtie de pierre de taille, recouverte d'un toit de tuiles plates agrémenté de chiens assis. Aujourd'hui en Bourgogne des maisons de ce type existent encore et sont particulièrement convoitées... Mais revenons en Martinique!

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À l'âge de dix ans, Marie-Josèphe fut envoyée chez les dames de la Providence en pension à Fort-Royal. Elle ne revenait à la maison que pour les vacances. Suivant la légende, durant les quelques jours de repos qu'elle prit en 1777 au domaine familial, elle entraîna sa nourrice Gertrude à la chaumière de la Voyante Euphémie David. La vieille négresse avait coutume de dire aux enfants la bonne aventure. Elle dit à Marie-Josèphe : "Tu seras plus que Reine".

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Que s'est donc imaginé l'adolescente de quatorze ans? Elle n'avait jamais quitté son île natale et elle suivait une éducation dominée par la discipline afin de devenir "une jeune fille de bonne famille". Nourrie d'une ambition toute nouvelle, elle quitta deux ans plus tard la Martinique et le joug paternel. Elle épousa le Vicomte Alexandre de Beauharnais, fils du Marquis de Beauharnais qui avait été le gouverneur général des îles du vent de 1757 à 1761. Les époux vivent leurs premières années de mariage en Métropole. Le jeune homme de caractère orgueilleux et excessivement jaloux eut vite fait de noircir les rêves de grandeurs impériales de la jeune femme. En réalité ce fut un mariage désastreux! Alexandre et Joséphine eurent néanmoins deux enfants : Eugène et Hortense. Bientôt, l'époux revenu seul à Fort-Royal pour des raisons militaires, cherche à se séparer de Joséphine. Celle-ci décide de revenir en 1788 en Martinique, où pendant deux ans, elle vit dans la petite maison du domaine familial.

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En 1790 Joséphine décide de revenir en métropole. Le 9 mars 1796 son mari n'échappe pas à la guillotine. Veuve en ces temps de Directoire, Marie-Josèphe Rose de Beaumarchais séduit tout Paris par sa grâce créole et sa joie de vivre typiquement insulaire. Ses amis, Talliens et Barras, l'introduisent dans le cercle des dirigeants. Un jeune général, nommé Bonaparte ne tarde pas à la remarquer. Il est séduit, il lui donne le surnom de Joséphine. Il l'épouse. En 1804, la révélation de la quimboiseuse de Croc-Souris se réalise et Joséphine s'inscrit dans les livres d'Histoire sous le nom de l'Impératrice Joséphine.

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Joséphine sacrée, elle n'oublie pas son île et exprime son attachement de bien curieuse manière. En effet, elle conseille à Napoléon de rétablir l'esclavage aboli en Martinique par la Révolution. Pour le reste de sa vie en Métropole son destin funeste est connu de tous : Joséphine "trop vieille" pour fournir un héritier aux lauriers de l'empereur est répudiée. Le divorce est prononcé en 1809. Joséphine, exilée au château de Malmaison près de Paris, ne revint jamais vers son île. Elle mourut en 1814. Avec sa disparition ses ambitions de gloire ne se sont pas totalement évanouies. Aujourd'hui, on peut dire qu'à travers d'Hortense sa fille et la descendance de celle-ci disséminée à travers l'Europe, Joséphine est considérée comme la grand-mère des rois du vieux continent.

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Joséphine réveilla bien des passions comme celle du docteur Robert Rose-Rosette. Féru d'Histoire, il acheta la maison et les terres de la famille de Joséphine en 1929. Il restaura avec amour le domaine.

À l'entrée du parc fleuri, les ruines de la sucrerie rappellent le cyclone qui dévasta une partie de l'habitation de la famille Tascher de la Pagerie. Cette vision, dominée par la cheminée noire qui transperce une forêt sombre tant elle est épaisse, est lugubre. De la maison natale de Joséphine il ne reste que les soubassements.

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Très vite, un chemin nous conduit au travers d'un jardin agréable. Les arbres du voyageur s'épanouissent tels d'immenses éventails. Les trompettes d'or resplendissent sous le soleil. Frangipaniers, hibiscus, ixoras, lauriers roses se regroupent en bosquets qui font pétiller les couleurs vives. Plus loin, le musée est installé dans un petit bâtiment qui s'appelait autrefois, les "chambres de Madame", car l'après-midi, madame de la Pagerie venait s'y reposer. Ce vestige des époques lointaines prend des allures de fermette bourguignonne. Les bougainvilliers se sont accrochés sur les façades et ajoutent des notes de couleurs vives à la pierre volcanique utilisée pour la bâtisse. La maisonnette s'épanouit aux rayons du soleil, bordée d'une végétation généreuse et variée. Chaque pierre dégage un souffle de bien-être.

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À l'intérieur, on retrouve les détails chaleureux d'une demeure habitée. La cheminée garde les marques noires du dernier feu. Les murs épais conservent une fraîcheur salutaire sous le climat tropical. J'y installerais volontiers mes meubles pour la retraite. Bien que ceux de Joséphine me plaisent énormément. L'intérieur enchante tous les visiteurs, impossible de rester insensible au délicieux décor qui orne cette habitation. La maison donne une certaine idée de la vie quotidienne des békés de l'époque. Une ambiance lascive et une atmosphère de grandeur ont traversé les années. Tout nous est restitué au travers des anecdotes que partage l'excellente guide du musée avec ses hôtes de passage. Les objets rassemblés dans la petite maison nous parlent aussi de ces jours éloignés. Vraiment, ce musée ne ressemble pas aux autres! Nous vivons réellement quelques moments dans une époque différente et dépaysante.

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La Pagerie en images

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