LE SUD DE LA MARTINIQUE

Des Salines au Cap Macré

MARTINIQUE : Le Sud

Des Salines au Cap Macré

Notre escapade en Martinique débute par le « Grand Sud ». Impossible d'aller plus au Sud, nous marcherions sur l'eau!

La Martinique resplendit !

martinique

Son surnom est l'île aux fleurs. Ne cherchez pas, vous les trouverez partout ! Dans les jardins d'agrément, sur les places des villages, au bord des routes, dans les bocages et jusque dans la forêt tropicale où anthuriums et balisiers tels des pixels de couleurs égayent le vert profond du monde végétal. La première fois que nous sommes venus en Martinique, les fleurs ont été ma première source d'émerveillement. Je restais admirative devant les haies qui ceinturaient les pâturages. Celles-ci étaient faites de piquets en bois et de fils barbelés. Jusque-là, rien d'étonnant me direz-vous. Oui, mais en Martinique chaque bout de bois planté redonne un arbuste ! Les haies ainsi repartent de plus belle pour une floraison tropicale qui cache le barbelé. Souvent, ce sont les casses qui servent de haies. En janvier, ceux-ci sont en fleur. Il faut y être attentif, la floraison est extrêmement courte. Ces arbres portent le joli nom d' « averses d'or » lorsque leurs fleurs sont jaunes. Terme imagé, mais lorsque les fleurs sont roses, l'effet de pluie est analogue. Il faut imaginer des fleurs cotonneuses d'un rose délicat, elles envahissent l'arbre alors que les feuilles sont toutes tombées. Toutes les haies des pâturages, tous les bords de route sont roses. Au gré de l'alizé, une neige de pétales envahit les routes. Des flocons volatiles, éclatants de rose sur fond d'azur céleste s'étiolent en myriades de corolles. Ne vous en faites pas, si vous manquez le mois de janvier en Martinique, leurs cousines jaunes fleurissent en mai. Les lauriers roses sont en fleurs tout au long de l'année ainsi que les bougainvillées. En mai et juin, les flamboyants magnifient le paysage... Vous l'aurez compris, il n'est pas un mois qui ne soit accompagné de fleurs...

martinique

Vous me direz... et les ouragans ? Ils passent bien sûr de temps en temps, au gré des caprices du temps et ils balayent entre autres la végétation. Mais ce climat tropical est étonnant. En quelques mois tout repousse et mis à part la taille des jeunes cocotiers que l'on a dû replanter après le passage du vilain gros cyclone, plus rien n'y paraît en très peu de temps...

Alors, profitons de la balade, partons sur les routes du Sud, et commençons notre visite par un lieu-dit à quelques kilomètres du Marin.

Crève-coeur

martinique

Le site abrite les ruines d'une ancienne sucrerie, aujourd'hui mangée par la végétation. Il reste néanmoins de grands pans de murs construits en de robustes pierres de taille. Il reste l'embrasure des fenêtres. L'herbe folle n'a pas totalement envahi les engrenages qui servaient autrefois à entraîner les mécanismes du moulin qui broyait la canne. Vu l'étendue des bâtiments et ce qu'il en reste, l'habitation de Crève Coeur était une habitation importante. Il règne sur ces lieux de vestiges une âme nostalgique, il y a toujours un je ne sais quoi de persistant sur ces anciennes habitations. Sans doute un sentiment d'abandon, quelque chose de palpable, une grandeur et sa décadence. Mais aussi un malaise. Chaque fois que l'on se trouve en ces lieux de labeurs, on en peut que penser aux êtres qui y donnaient leur vie jusqu'à la dernière goutte de sueur. Peu de choses nous aident à comprendre les ruines de Crève Coeur. Un simple panneau à l'entrée. Puis, c'est l'imagination qui fait le reste. Peut-être vaut-il mieux ne pas trop penser au passé, une belle randonnée nous attend.

Au-delà des restes de la prospérité d'autrefois, un sentier s'engage sous une épaisse forêt et nous mène par des pentes un peu raides vers le sommet. Les gambettes nous rappellent que sur nos bateaux, nous n'avons pas souvent l'occasion de les faire marcher! Aïe, aïe, aïe!!!

martinique

Là-haut, un ciel de grains nous attend. À nos pieds, la campagne, la Martinique profonde et paisible s'étale jusqu'à l'océan. Sur elle, les nuages qui défilent dans le ciel prodiguent un spectacle d'ombres et de lumières. Les bocages interrompus par quelques mares d'eau accueillent parfois quelques maisons traditionnelles. L'aboiement d'un chien monte jusqu'à nous. Le vent emporte le chant de dizaines d'oiseaux. J'aime ce genre d'atmosphère mêlée. Au fond du tableau la mer toujours présente sur les panoramas des îles, à nos pieds la vie rurale tournée vers la terre.

Le ciel s'assombrit et dans le canal qui sépare Sainte Lucie de la Martinique une coulée de lumière vive s'abat sur l'océan. L'imagination va bon train ! On dirait que les 4400 reviennent ! (série de science-fiction) Le grain nous évite et nous laisse descendre le dénivelé de Crève Coeur au sec. Heureusement, car en cas de pluie forte, le chemin se transforme en vrai torrent de boue. Au bout de la balade, la « Maison de Maître ». Ou du moins un reste de chambranle de fenêtre qui offre un panorama inimitable sur le morne que nous venons de gravir.

martinique
martinique

Les Salines

martinique

Plus au Sud, la route nous mène à la plus célèbre plage de la Martinique : les Salines. C'est sans doute la carte postale la plus vendue de l'île. Et pour cause...
Un croissant doré de sable fin, frangé d'une des plus belles cocoteraies de l'île où vient mourir une écume scintillante s'étire sur six kilomètres au bord de la mer des caraïbes.
Connaissez-vous plus stéréotypé ? Difficile ! Les Martiniquais aiment s'y retrouver. En fin de semaine, tout le monde se mêle sans distinction de couleur, de taille, d'avis ou de parti pris à l'ombre des palmes frissonnantes des cocotiers. Les locaux s'installent : hamac, toile de tente, tables, chaises, barbecue. Une organisation qui sent bon la joie de vivre. Elle s'inspire directement des alizés et du jus de canne à sucre. Elle se régale aussi de poulet boucané, d'accras, de boudin de lambis et de sorbet coco. Ici, le rire sonore d'un joueur de dominos, là, le souffle léger de la sieste, plus loin les câlins discrets d'un couple lové au creux de l'écume de la houle.
À l'ombre des cocotiers, le commerce s'installe. Des lolos (restaurants improvisés) proposent les spécialités locales. Les tables bancales sont prises d'assaut par une horde de touristes affamés par la baignade. Les « ti blancs », casquettes sur la tête, joues rouges, tee-shirt scandant les beautés de la Martinique, appareils photos en bandoulière offrent à leurs papilles novices la palette des saveurs créoles. Planteur pour Madame. Ti punch pour Monsieur. Dès la première goulée, les joues s'empourprent et le rire prend de l'assurance. Dans leur assiette : boudins créoles et crabes farcis tentent de leur remettre les idées en place. Une brochette de crevettes pour la majorité, langouste pour les plus audacieux et un flan coco pour achever la bête !
Après ces agapes et à peine recalés sur l'horaire local, ils viendront grossir les rangs des « hamaqueurs » des Salines ! En fin de compte, ils sont prêts à expérimenter la vraie ambiance locale !

La Table du Diable - Savane Des Pétrifications

martinique

Au-delà des Salines, il existe un trésor. L'extrême Sud de la Martinique est sauvage. Le littoral s'arcboute et lutte contre les assauts permanents de l'océan. Celui-ci dessine au gré des vents un rivage découpé, si déchiré qu'il paraît tourmenté. Les lieux dits annoncent le programme : la Savane Des Pétrifications, la Table Du Diable, la Pointe D'Enfer! Ici, plus aucune voiture, pas de complexe hôtelier, pas de restaurant ni de snacks ou de bars. Un sentier de randonnée parcourt le littoral où la nature règne seule.

Bien que mal chaussés, nous décidons de le suivre. Allez comprendre... Une Marine à terre, ça joue les pin-up : sandales et paréo... C'est d'un pratique pour la randonnée ! Au diable la coquetterie ! Nous sommes happés par le paysage entre savane et océan quelle magie! Aujourd'hui, le ciel est sombre et menaçant. Il s'harmonise parfaitement à l'atmosphère que dégage le paysage. Il ajoute une autre dimension, quelque chose d'authentique. Nous ne sommes plus dans la carte postale de rêve : eaux émeraude, horizon scintillant, plage étincelante. Tout dégage une force, un caractère sincère et spontané. Un panorama sans fioriture.

martinique

Côté terre, un étrange désert dégage une atmosphère figée. La végétation rejetée vers les bordures du littoral cède sa place à un univers minéral. Ici, une terre dépouillée est jonchée de blocs de jaspe polychrome. Des teintes jaunes, rougeâtres, noires surgissent du gris et de l'ocre ambiant. Parfois l'on décèle la présence de calcédoine. Je rêve de trouver l'ombre de la trace d'une opale... Paraît-il que ce sol en recèle. Mais il faut faire attention où l'on pose les pieds. Par endroits, les Coussins de Belles Mères jonchent le sol. (Nom malicieux donné aux cactus raquettes !) En face de la Savane, les souvenirs nous assaillent. Le sentier nous entraîne sur les traces de la Table Du Diable. Là, nous remontons le temps. Ce rocher est la première terre que nous avons contournée après 21 jours de traversée océanique. Aujourd'hui, nous la contemplons tranquillement en Terrien d'occasion. Au large, comme lors de notre arrivée en 2004, les grains s'acharnent et donnent à l'océan la couleur grisâtre d'une mauvaise humeur caractérisée.

martinique

Cap Macré

De plages en falaises, les panoramas subtils et surprenants nous envoûtent. Des Salines au Cap Macré en passant par l'anse Trabaud, tout est à prendre, rien n'est à oublier ! La plupart du temps nous sommes seuls. Plages, sentiers, falaises se succèdent. Parfois, au détour d'un chemin, un moulin désaffecté évoque discrètement les fastes sucriers d'antan. La voûte des nuages se déchire et laisse filtrer le soleil. Aussitôt, les teintes émeraude rivalisent avec la turquoise. Le regard court sur l'horizon comme sur un champ de paillettes dorées. L'océan bouillonne. Les palmes des cocotiers luisent, comme lustrées par les pluies qui viennent de passer. L'alizé souffle fort. Il escarmouche mes lunettes d'embruns. Quelle bouffée d'énergie !

martinique

Au bout du voyage, une petite chapelle sans prétention est érigée pour Notre Dame de la Rose des Vents. Elle suscite en nous une émotion vive. Elle est ouverte. A l'intérieur l'alizé diffuse un air frais salvateur. Devant l'hôtel de la Vierge des bougies allumées l'honorent. Surprenant, nous n'avons rencontré personne et pourtant, la flamme est entretenue. Nous sommes impressionnés et heureux de voir un endroit laissé en libre accès à tout un chacun. C'est formidable. Nous aimerions voir plus souvent ce genre d'endroit respecté de la sorte. Pas de barreaux, pas de porte fermée. Tout est ouvert. Que du bonheur !

martinique

Ici se termine notre balade sur la côte orientale de l'île. Mes sandales agonisent et nous sommes repus d'images plus merveilleuses les unes que les autres. La rive battue par les flots, au caractère marqué par sa résistance face aux éléments a imprimé pour toujours une image forte dans notre boîte à souvenirs.

Je vous rassure, nous ne nous sommes pas limités à cette simple balade sur l'île. De la Table du Diable à Grand Rivière qui est le bout du bout du Nord de l'île, chaque paysage mérite que l'on s'y attarde, alors, poursuivez la visite de la Martinique avec nous et passez au chapitre suivant..

martinique
martinique
martinique
martinique
martinique
martinique
martinique
martinique
martinique
martinique
martinique
martinique
martinique
martinique
martinique
martinique
martinique
martinique
martinique
martinique
martinique