MORNE ROUGE

Martinique Nord

MADININA : Morne Rouge

Contreforts de la Montagne Pelée

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À Morne-Rouge, nous sommes sur les contreforts de la Pelée. La route qui mène au village gravit depuis Saint-Pierre un dénivelé de 450 mètres. Elle se faufile à travers les lacets de la Montagne. La brume noie les hauteurs des mornes. Ils assiègent la petite commune. Elle vit discrètement dans l'ombre du volcan. La couleur rouge de la terre volcanique du morne, lui a donné son nom : Morne-Rouge.

Cette terre est si fertile que bananes et ananas y poussent à profusion. Si les ananas sont toujours traités dans une grande conserverie de la région, ils sont de plus en plus supplantés par les immenses bananeraies. La mutation des champs d'ananas en champs de bananes change la physionomie du paysage. martinique Car les anciens champs d’ananas donnaient un paysage bas, un peu comme des champs de choux. Les bananeraies sont les vergers des tropiques. De grandes feuilles d’allures grasses poussent depuis le sol vers une hauteur de deux à trois mètres et donnent une impression de foison végétale. Des sacs de plastique bleu enveloppent les régimes pour protéger les fruits, des oiseaux et insectes trop gourmands. La commune est aussi réputée pour ses eaux de source. La source de Mont-Béni donne les eaux de Chanflor que l'on retrouve un peu partout sur les bonnes tables de la Martinique.

La petite histoire, d'une église

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Le village s'étire le long d'une route départementale. Au coeur de la ville, nous trouvons l'Église Notre Dame de la Délivrance. Imposant campanile de pierres noires. Les riches Pierrotins ont rapidement élu Morne-Rouge comme lieu de leur résidence secondaire. Ils trouvaient et trouvent encore de nos jours, dans les hauteurs des contreforts de la Pelée, la fraîcheur qui repose du soleil qui assomme leur bonne ville de Saint-Pierre. Dès 1844, les habitants construisirent leur chapelle à Morne-Rouge. En 1851, la chapelle fut érigée en paroisse et prit le nom que nous lui connaissons aujourd'hui. Cette "promotion" est due à des circonstances fortuites.

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Le premier évêque de la Martinique, Monseigneur Le Herpeur fut l'un des seuls rescapés d'une violente tempête qui s'abattit sur le bâtiment qui le menait de Brest à Fort-de-France. Arrivés indemne en Martinique il décida de remercier la Vierge et de parcourir toute l'île à dos de cheval. On raconte que son cheval s'arrêta net à Morne-Rouge et qu'il ne voulut plus en repartir. Prenant ce saut de caractère pour une injonction de la Vierge, l'évêque établit son sanctuaire à Morne-Rouge.

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En 1868, la Vierge fut couronnée par autorisation papale. La fête a réuni en ce 8 décembre vingt-cinq mille personnes. Mais, en 1891, un cyclone détruisit tout le village. Seule la Vierge resta debout sur son piédestal au milieu des décombres. Les habitants y virent un signe. Ils se regroupèrent et portèrent à dos d'hommes les pierres et le bois de construction pour construire l'église à deux nefs qui existe encore aujourd'hui, car l'église fut le seul bâtiment de Morne-Rouge qui résista à la terrible éruption de 1902.

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La silhouette imposante du volcan solitaire et serein, dont le cône presque parfait est engouffré dans un amas épais de nuages opaques et blancs, domine le paysage ainsi que les mémoires de Morne-Rouge. La main de l'incertitude guide le destin de la bourgade, la nature peut à tout moment l'entraîner dans de nouvelles déchéances : cyclones et éruptions volcaniques sont là pour rendre son avenir incertain. Le monstre sommeille, mais les habitants courageux se redressent à chaque fois.