LA DESIRADE

Nos 17 mouillages préférés de la Caraïbe

GUADELOUPE : LA DESIRADE

Ne rien en attendre, pour tout y voir

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Au-delà de la Pointe des Châteaux, une terre m'a toujours beaucoup inspirée : la Désirade. Par son nom, "l'île désirée" suscitait en moi des rêves de traversées. Par sa position, en tant que vigie de la Guadeloupe, elle impose le respect. La Désirade se mérite. Ici aussi, la balise d'entrée de la passe est dégradée. Un récif dangereux cerne l'accès au port de Beauséjour. À l'entrée de la passe, un trois-mâts suédois est mouillé dans des conditions de pleine mer. Il subit stoïquement, la houle, les embruns et les grains. L'entrée vers le port est scabreuse. Seuls les bateaux de faible tirant d'eau peuvent y accéder. Lorsque nous découvrons le petit port de pêche, qui par la météo actuelle est le seul abri possible, nous sommes heureux d'avoir laissé notre Étoile à Saint-François. Il n'y a guère de place au creux de l'antre façonné par la main de l'homme. Deux voiliers allemands tentent de s'amarrer à la digue. Le capitaine de la navette qui nous conduit s'alarme de leur méconnaissance, il n'y a pas de fond, là où ils sont...

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Aujourd'hui, nous sommes piétons ! Laissons les marins à leurs soucis nautiques. Pour parcourir la Désirade nous découvrons les joies du 4x4. Direction l'extrême ouest de l'île. Nous sommes en face de la pointe des Châteaux. Ici, nous apprenons que la canalisation sous-marine d'alimentation en eau potable n'a été inaugurée qu'en février 1991. Avec cette découverte, nous comprenons, qu'une île à peine distante d'un vol d'oiseau de la civilisation peut, en fait, vivre comme si elle était au bout du monde. En réalité, la Désirade vit de son éloignement.

Il faut venir à la Désirade sans rien en attendre. Et du coup, on y trouve tout ce qu'on venait y chercher : rien ! Mais pas n'importe quel rien ! Un absolu de tranquillité ! Une plénitude voisine de la béatitude. Un silence proche de l'ivresse. Une vue dégagée en permanence sur l'horizon lointain, un rêve d'océan.

Les paysages de la Désirade sont insolites. L'île est faite comme une table posée sur l'océan. C'est un socle volcanique de 276 mètres d'altitude. Il s’érige sur un plateau calcaire. À l'extrême Ouest de l'île nous sommes au kilomètre 0 de la Départementale numéro 207. C'est d'ailleurs la seule route de l'île. Celle-ci trace une ligne presque droite de la pointe des galets à la Baie Mahault, dernier village à l'Est de l'île. La superficie de la Désirade n'excède pas 22 kilomètres carrés.

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Bien que la départementale soit en excellent état, nous décidons de nous enfoncer par delà les routes de la "Montagne". C'est ainsi que les Désiradiens nomment le promontoire tabulaire qui occupe l'arrête transversale de l'île. La piste que nous empruntons avait été qualifiée de "praticable" par la loueuse de 4x4. Il est vrai que la vieille voiture tout-terrain rouillée et brinquebalante qui nous serre de véhicule en vient à bout grâce à la pugnacité du conducteur. Mais pour combien de temps encore? Les trous forgés dans le tuf blanc qui sert de revêtement à ce chemin acrobatique sont impressionnants. La suspension agonisante de la voiture nous permet de connaître l'emplacement exact de chaque vertèbre de nos pauvres vieilles colonnes ! Doux plaisir des sports mécaniques !

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Sur la route de la montagne, deux sites valent le détour. Le premier rendez-vous se trouve à la chapelle Notre Dame du Calvaire. Sur la terrasse de la chapelle, le point de vue est grandiose. Époustouflant! Nous embrassons du regard 180 degrés d'horizon.

La façade Nord de la Désirade dégringole de 200 mètres vers une mince bande émeraude. Aux pieds de la falaise, quelques blocs de pierre trahissent la remontée des fonds et la fragilité de l'édifice. Au large, très vite, la mer s'assombrit, sa teinte trahit une fosse marine profonde de 5000 mètres. Entre la façade Nord et la partie Sud de l'île, une succession de ravines dessinent de profonds sillons dans le plateau. Un cordon linéaire de tuf blanc nous rappelle les aspérités de la route que nous venons d'emprunter. Au Sud, la vue plonge vers Beauséjour et son port. Bien que moins abrupte, la pente n'en paraît pas moins vertigineuse. De ce côté de l'île, le rivage est protégé par une barrière de corail. Les lagons se succèdent d'est en ouest tout au long du littoral. Les barques de pêche y trouvent un abri relatif.

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A milieu de la Montagne, nous trouvons un champ d'éoliennes. L'île bénéficie de l'électricité depuis 1960. Un groupe fonctionnant au diesel assurait la plus grande partie de la production énergétique de l'île. Mais ce moyen de production est consommateur de gasoil et par conséquent pollueur. Les éoliennes ont supplanté cet ancien système. Cette source d'électricité est propre et économique. Le parc d'éoliennes assure une économie de gasoil de 600m3 par an et une diminution de CO2 de 1500 tonnes par an. La production de la centrale d'éoliennes de la Désirade est de 2 000 000 de kWh par an. La Guadeloupe et ses îles investissent beaucoup dans les énergies propres. Des champs d'éoliennes existent un peu partout sur le territoire.

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Nous poursuivons notre route. La Montagne descend en pente douce vers l'océan. Au bout de l'île, un phare se pose comme une colonne d'Hercule à l'entrée de l'archipel guadeloupéen. Un canal de douze kilomètres le sépare de son homologue, sur Petite Terre. Ce sont les premières lumières humaines que voient les bateaux qui viennent de traverser l'Atlantique. Non loin du phare une station désaffectée de météorologie au style rococo attend que les alizés la dégradent complètement.

Il est temps pour nous de rebrousser chemin. Nous rentrons sur Beauséjour par la départementale 207. Nous faisons halte à Baie Mahault. Une ancienne cotonnerie témoigne d'essais économiques infructueux. Aux pieds des ruines, un cimetière a envahi une plage dans le fond d'une anse. L'endroit est désert. Seuls les cabris trouvent les tombes bien pratiques pour s'abriter du soleil. Mélange de genre et de paysages anachroniques. Plus loin des plages se succèdent. Elles sont ombragées par de superbes cocoteraies. Les gargotes sont rares, mais les gourmands trouvent toujours l'endroit idéal où il faut s'arrêter. Sous les cocotiers de la plage du Souffleur nous nous régalons de la meilleure fricassée de lambis que nous ayons mangée jusqu'ici.

Mais, il est l'heure de rentrer sur l'Étoile. La navette sonne le rappel. Déjà, elle soulève une grosse écume, trait blanc qui nous sépare de la Désirade. Nous ne t'oublierons pas. Protège à jamais ta quiétude.

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Carte d'identité de la Désirade
  • Position : 16°19 Nord 61°04 Ouest
  • Distance : 5 milles de la Pointe des Châteaux en Guadeloupe
  • Dépendance : Guadeloupe
  • Superficie : 20 KM²
  • Population : 1700 habitants
  • Langue : français, créole
  • Monnaie :euro
  • Formalités : Entrée et sortie gratuites à Pointe-à-Pitre, Deshayes, Basse-Terre
  • Saison : Hors période cyclonique
  • Particularité : Profondeur de la passe limitée par marée basse. Le seul mouillage possible par alizé établi est le petit port de Beauséjour. Mais les deux navettes de Colibri y séjournent la nuit en plus des barques de pêche. Cela laisse peu de place aux voiliers qui s'amarrent en général le long de la digue Nord. Ce mouillage est scabreux car la digue n'est constituée que de gros blocs de bétons et les fonds remontent vite à cet endroit là.
  • Meilleur plan : Laisser son bateau à Saint François dans le lagon ou à la marina. Prendre la navette et séjourner quelques jours sur place dans les chambres d'hôtes qui vous accueilleront à bras ouverts. Possibilité de louer des 4X4, seul véhicule capable de vous mener au travers de la piste qui traverse la montagne. Altitude maximale : 276 mètres.