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Aujourd'hui, le 10 décembre 2005 - Mail 43
Nombre de milles parcourus : 6736 milles
Zone de navigation : Venezuela
HASTA LUEGO...
"Cette
idée que notre monde serait constitué pour la plus
grande part d’objets laids et d’endroits laids, tandis
que les objets et endroits doués de beauté seraient
des plus rares et difficiles à rencontrer, je n’arrive
pas à la trouver très excitante. Il me semble que
l’Occident, à perdre cette idée, ne ferait
pas une grande perte." JEAN DUBUFFET
Nous levons l’ancre
de Mochima en compagnie de nos amis, l’équipage de
Mangaia. Nous rallions, ensemble, l’île de Tortuga.
Puis, nous faisons escale à Puerto la Cruz. Nous logeons
dans une marina surchauffée au sein d’une mégapole
témoin des injustices de ce pays. Nous y restons 19 jours,
c’est long ! Nous partons de Puerto la Cruz en flottille,
mais très vite, L’Etoile de Lune joue les dissidents
et reprend la mer, seule. Une navigation musclée, dans
des alizés bien réveillés, nous mène
à Porlamar où nous faisons notre sortie officielle
du Venezuela. Nous y rencontrons une petite fille, qui sera porteuse
d’un message d’espoir pour ce pays que nous quittons.
Bonjour à tous,
A Mochima, nos amis du
bateau Mangaia viennent nous rejoindre. Une envie commune nous
anime : aller nous baigner ! Nous n’en avons pas été
privés pendant ces derniers mois, mais les eaux des mouillages
du continent sont glauques, souvent d’un vert opaque. Il
n’y a pas de danger à s’y baigner, mais comme
piscine, il y a mieux ! Du moins, nous l’espérons...
A quelques cinquante milles
au Nord, nous trouvons Tortuga. Tous les "anciens "
du Venez nous en parlaient comme une escale à ne pas manquer
! Pourtant, l’île ne présente pas un intérêt
exceptionnel. Plate, orientée d’Est en Ouest, les
mouillages sont parfois rouleurs, infestés de moustiques
et l’île manque singulièrement de reliefs et
de cocotiers ! Peu importe, le Cap, pour donner de la perspective
aux photos, monte au mât ! Pour photographier quoi ? Pardi,
la couleur de l’eau ! Elle décline ces teintes si
particulières qui animent les discussions des cockpits
pendant des heures. Les marins n’ont-ils rien d’autre
à faire ? Bien si ! Nos amis viennent nous chercher pour
une plongée en apnée. Sur le chemin, étoiles
de mer et lambis parsèment les fonds. En approchant du
récif la faune devient plus dense. Et c’est un régal
pour les yeux. Les petits et gros poissons sont tous là
et vivent tranquillement pendant que nous flottons au-dessus d’eux...
Pendant la saison des cyclones,
de nombreux bateaux français se réunissent à
Tortuga. Ils s’organisent en petits comités de pêcheurs,
de joueurs de boule, d’apéro dînatoire, de
balades sur la plage... Il règne à Tortuga une ambiance
de vacances bien sympathique. Après plusieurs jours de
farniente, une méchante houle de Nord-Est nous chasse de
tous les mouillages de Tortuga. Nous reprenons notre route vers
le Sud, et partons pour Puerto la Cruz. (PLC)
Comment décrire
PLC ?
Il était une fois, une mangrove très profonde. Elle
renfermait de nombreux méandres qui formaient autant d’abris
contre la houle et le vent du large. Un refuge idéal pour
marin en quête d’eaux calmes. Toute la mangrove avait
été choisie par la faune aquatique pour s’y
reproduire. Au passage, les oiseaux venaient y cueillir leur dîme.
Un jour l’homme passa par-là. Il imagina ce qu’il
pouvait faire de cet endroit. Instantanément des immeubles
poussèrent et la mangrove recula.
Le jour où nous
pénétrons dans le couloir balisé de béton
de l’ancienne mangrove, une nappe de gasoil s’étend
sous notre coque en guise de tapis de bienvenue. Les habitués
nous expliquerons plus tard, qu’un contrebandier en carburants,
avait balancé à l’eau toute sa cargaison en
voyant les autorités approcher de son bateau... A l’Est
de l’entrée principale, une première marina
abrite des bateaux derrière un môle de pierres. N’y
risquez pas votre étrave avec un bateau battant pavillon
français, vous auriez à rebrousser chemin. Les Américains
ont fait de ce cite une extension de leur territoire, leur fief
en quelque sorte. Nous poursuivons donc notre route vers l’intérieur
du port. Cette deuxième entrée se présente
comme un long couloir, dont chaque côté est tapissé
par des quais de béton. A bâbord, même punition
qu’à l’entrée on n’accepte pas
les Français. C’est une manie ??? Il n’y a
sans doute absolument rien à comprendre ...
Nous nous faufilons donc
dans une place, du côté qui accepte notre pavillon
tricolore. Cette marina se nomme Amerigo Vespucio. Ce côté
a été rendu agréable par l’initiative
des premiers marins qui sont passés par-là. Ils
ont planté des cocotiers, des hibiscus, des raisiniers,
qui aujourd’hui sont de taille à prodiguer une ombre
salutaire aux bateaux qui séjournent là. Ceci dit,
cet éventail de végétation cache également
les barreaux, les barrières et les fils barbelés
qui nous séparent des premières habitations en bordure
de marina. Qui protège-t-on, et de quoi ???
En nous enfonçant
toujours plus loin dans la mangrove, nous découvrons une
cité lacustre inspirée de Port Grimaud. Le style
hispanisant présente de jolis balcons andalous qui se répondent
de façade en façade, les teintes joyeuses et harmonieuses
égayent l’ensemble, des bateaux amarrés aux
quais particuliers attendent leur sortie hebdomadaire... C’est
charmant...
Plus loin, au cœur
même de l’ancienne mangrove, un palace au luxe tapageur
accueille parfois le président bolivarien, Monsieur Chavez.
Ces jours-là, Puerto la Cruz est transformé en camp
retranché, sous haute surveillance. Puis, au-delà
de ce luxe, la démesure ! Des maisons "hollywoodiennes
" ! Peu importe le raffinement de l’architecture, pourvu
que l’exubérance et l’étalage de la
richesse y soient. C’est inouï, ce qu’ils aiment
les colonnades, les cascades, les sculptures criardes. Nous sommes
au royaume du tape-à-l'œil! Là aussi, les propriétés
se finissent par un quai où sont amarrés plusieurs
yachts aux normes des demeures qu’ils honorent. La promenade
s’achève par la visite du centre commercial de Plaza
Major. Ces galeries marchandes arborent un faste inégalé
dans nos villes européennes. Petit conseil judicieux, si
un jour il vous vient l’idée de faire du lèche-vitrines,
surtout pensez à prendre un pull ! Au Venez, on ne climatise
pas le client, on le congèle ! Votre regard, repu d’étalages
de chaussures, de vêtements, de bijoux, se détournera
finalement, et vous rentrerez au bateau. Sur le chemin, vous croiserez
la barge qui fait traverser, d’une rive à l’autre,
les habitants des barios (quartiers pauvres). A ce moment là,
l’écart des ressources entre les habitants d’un
même pays est si flagrant qu’il paraît incompréhensible,
injuste et cynique... Comment un pays recelant tant de richesses
naturelles ne parvient-il pas à enrayer une telle pauvreté
? Oligarchie ??? Ce mot contient peut-être une bribe de
réponse...
Les marinas sont l’occasion
de se retrouver entre marins. Nous croisons des équipages
que nous n’avions plus vus depuis les Canaries ou Port Camargue.
Dès que les salutations sont passées, un sujet commun
anime les conversations de ceux qui ont choisi Puerto la Cruz
comme escale technique. Nous ne comptons plus les déçus
de cet Eldorado-de-la Plaisance-Promis. Ils parlent tous le même
langage : Pièces introuvables, services désastreux,
qualification douteuse des techniciens, horaires aléatoires,
finissions en perpétuel devenir, délais de retard,
coûts élevés et en constante augmentation...
Nous avons hâte de quitter cette ambiance ainsi que la population
féconde de moustiques et de rongeurs prolifiques.
Echaudés par notre
expérience du mois de septembre (voir mail 41), nous décidons
de partir en "petit comité ". Ainsi, à
la sortie de PLC, l’Etoile de Lune se joint à une
petite troupe de voiliers. Dès la sortie du port, le capitaine
et son Etoile s’ébrouent dans la vague et l’alizé.
Plaisir de courte durée... Le chef de file de la "flottille
" décide de faire escale à 5 milles de là
: Chimana secunda. C’est joli, dans son genre, mais franchement,
nous sentons que L’Etoile de Lune trépigne, le capitaine
reste sur sa faim. Nous n’allons pas nous éterniser
à regarder passer, dans le chenal qui nous sépare
du continent, les cargos et les "Con Ferry " (nom de
la compagnie maritime, je ne me permettrais pas...). Nous saluons
donc nos compagnons de route et EDL part, en dissident, vers le
Nord.
Les alizés sont
au rendez-vous ! Cette navigation n’est jamais une partie
de plaisir, il faut négocier des vents et des courants
contraires. Si d’aventure, vous trouviez des vents favorables
sur ce parcours, dès votre arrivée courez chez le
buraliste le plus proche, prenez un billet de loterie, c’est
votre jour de chance !!! La plupart des équipages décident
de subir au moteur ces soixante milles fastidieux. Pour les voileux,
le sort en est jeté : Ils tireront des bords carrés
et mettront 24 heures pour couvrir une navigation qui au portant
aurait pris 12 heures à peine... A l’arrivée,
l’équipage arrive vanné, et mieux vaut se
taire dans le cockpit, plutôt que de s’aboyer dessus
en raison d’une humeur aux relents de marée descendante.
Nous effectuons rapidement
nos formalités de sortie du Venezuela. Porlamar, vous le
savez déjà, est une escale alimentaire et douanière,
où l’Etoile de Lune n’aime pas s’éterniser.
Pourtant, même dans les endroits les moins attrayants, il
y a toujours une note, une touche de joie. Cette petite lumière
se manifeste à nous sous les traits d’une petite
fille.
La veille de notre départ,
nous faisons quelques pas sur la plage. Une petite fille a les
yeux pleins de larmes, un gros chagrin anime sa petite frimousse.
Je la regarde et je lui fais quelques grimaces. Aussitôt
elle me tend les bras. Nous nous attablons dans une posada du
bord de mer, je la prends sur mes genoux. Je ne parle pas espagnol.
Ou uniquement sous la torture : aïe, aïe, aïe !
Ce petit bout de fille, l’avenir du Venez, semble pourtant
comprendre mes intentions. Un sourire illumine son visage. Nous
la divertissons en construisant des avions de serviettes en papier.
Ils ne décollent pas comme il le faudrait. A l’image
du Venez qui a tant à offrir et tant à faire encore.
Le pays possède des ressources inestimables en matières
premières. Il détient tous les atouts pour décoller
fier et droit. Il doit trouver la juste mesure, la compréhension
de ce qu’il convient de faire pour expérimenter les
possibilités de ce 21ième siècle. Ses dirigeants
ont la volonté de rétablir l’équilibre
entre les différentes couches de la population. Et si le
Venez montrait l’exemple ? S’il trouvait le chemin
vers l’humanité et la justice. Utopie ?!? Le Venez
est pourtant à la croisée des chemins. Il peut sombrer
dans plus de violence et plus d’irrespect d’autrui.
Mais il est à l’exact moment, où pris d’une
conscience visionnaire, il relèverait la tête pour
n’écouter que ces gens nombreux, aux initiatives
positives et tenaces qui jalonnent le pays. Le pays s’envolerait
dès lors vers une vie où l’âme en paix
n’a plus peur du lendemain.
La petite graine du Venez
de demain qui se tient aujourd’hui si gentiment sur mes
genoux parviendra-t-elle, en grandissant, à faire décoller
son avion en papier ?
Aujourd'hui, le 6 novembre
2005 - Mail 42
Nombre de milles parcourus : 6373 milles
Zone de navigation : Venezuela
Le Venezuela
ou les arcanes d’un prisme
«La
liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne
nuit pas à autrui »
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen 1789
Le Venezuela
est un pays particulier. Certains endroits sont de réels
coupe-gorge, et d’autres régions sont des petits
paradis. Le golfe de Cariaco en fait partie. Il abrite une faune
inépuisable composée de dauphins, d’orques,
de baleines, de pélicans, de cormorans… Nous faisons
la connaissance de l’équipe du village et de la marina
de Medregal qui est une escale sympathique et humaine. Dans l’Etat
de Monagas, au Nord-Est du Venezuela, nous découvrons le
massif de Caripe, ses villages pittoresques, ses sommets de plus
de 2000 mètres. Nous perçons les secrets du trésor
géologique de la grotte de Guacharo’s. Puis, nous
nous arrachons de ces amitiés trop fulgurantes qui jalonnent
ce type de voyage. Nous papillonnons avec les îles Caracas
dignes d’un décor de Far-West. Et revenons sur Mochima
pour une balade en taxi-co inoubliable…
Bonjour à tous,
Le golfe de Cariaco,
recèle de véritables trésors. Les mouillages
sont multiples et la vie nautique y est simple. Parfois, la proximité
de la ZCIT (zone intertropicale de convergence ou équateur
météorologique) et des hautes montagnes catalyse
les orages à l’origine de quelques facéties
climatiques qui rythment le cours des après-midi.
Tout au fond du golfe,
Médrégal
est un mouillage très populeux… Imaginez l’enfer
!
Dès l’aurore, les pélicans bruns plongent
si près de nous que nous craignons parfois qu’ils
se heurtent à la coque. Ils se servent dans le garde manger
que constitue l’environnement proche du bateau. Sous l’Etoile
de Lune des centaines de petits poissons viennent trouver abri.
Ils sont si nombreux que certains capitaines n’hésitent
pas à pêcher à l’épuisette la
pitance de leur animal de compagnie… Les cormorans passent
sous le bateau en apnée et se servent au passage. Certains
matins, ce petit peuple est accompagné de dauphins qui
poussent les bancs de poissons devant eux, ils n’hésitent
pas à tourner, eux aussi, autour de l’Etoile de Lune.
Très haut, au-dessus du mât, des balbuzards pêcheurs
et des samuros rodent en quête de leur nourriture. Sur le
pont, plusieurs variétés d’hirondelles s’habituent
à notre présence et au bout de quelques jours auscultent
le gréement à la recherche de l’endroit propice
pour y établir leur nid… Que vous dire ? Cette petite
faune a peut-être confondu l’Etoile de Lune avec l’arche
de Noé ?
A Medregal, c’est
évident, nous nous sommes intéressés à
la présence d’une faune abondante, mais elle a apprécié
la nôtre aussi ! En particulier, la famille des moustiques
est devenue fan des jambes athlétiques du capitaine ! Peu
de plaisanciers prennent la peine de venir jusqu’au fond
du Golfe de Cariaco. C’est dommage car à terre, nous
renouons avec les bons côtés de la civilisation humaine.
Jean-Marc et Yoleida ont construit le Medregal Village, hôtel-restaurant
tourné vers la mer où le marin est accueilli avec
bienveillance. C’est une escale attachante qui nous a plongés
dans un climat de confiance parfaite. Tout le village se fond
dans la nature, chaque habitation est construite sur le modèle
des churuatas. Les churuatas sont les habitations des indiens
de l’Orénoque, ajourées, leur toit est fait
de palmes des cocotiers. Elles sont disposées de telles
manières qu’elles assurent l’étanchéité
de la demeure pendant près de 10 ans. Le village a ajusté
les cabanes indigènes au confort requis au 21ième
siècle.
L’Amour que porte
l’équipe de Medregal au Venezuela est communicatif.
Ils nous ont sortis de la dimension marine, pour accéder
à un angle de vue beaucoup plus terrien. Nous avons sillonné
le Massif du Caripe, dans le Nord-Est du pays. Certains sommets
culminent à plus de 2000 mètres. L’altitude
favorise des changements climatiques, la végétation
en est témoin. Ainsi nous retrouvons des espèces
subtropicales comme l’agapanthe que nous n’avons plus
vue depuis les Canaries. Nous traversons des zones potagères
où les légumes des régions tempérées
et tropicales se côtoient. Nous nous régalons de
fraises… Des fraises ! Je n’en avais plus mangé
depuis plus d’un an… Nous traversons des villages
où il fait bon vivre et frais.
Nous profitons de cette
escapade pour visiter les grottes de Guacharo’s. Connues
des Indiens depuis la nuit des temps, ils croyaient que l’âme
des anciens demeurait au fond des grottes. En pénétrant
dans les grottes, nous rejoignons le monde des ténèbres
habité par de curieux oiseaux troglodytes qui fuient la
lumière. Ils se repèrent en lançant un bruit
inquiétant. A certains endroits, l’espace tout entier
est envahi de ces cris, et nous sentons voler ces ombres fantomatiques
autour de nous… La grotte est considérée comme
un trésor géologique et recèle de stalactites
et de stalagmites que des centaines de millions d’années
ont façonnées.
Rien ne manque à
Medregal. La gentillesse s’allie à l’esprit
d’entreprise et Jean-Marc s’est associé à
Frédéric, le navigateur. Ils mettent en place une
marina à sec qu’ils espèrent ouvrir avant
la saison prochaine. Les lieux de carénage du pays sont
déplaisants, surchauffés et malpropres. Ici, tout
est pensé pour le confort des marins dans un esprit de
liberté. Les marins pourront enfin envisager de travailler
sur leur bateau dans un cadre agréable, car toute l’aire
de carénage est construite selon le style des churuatas.
Ils ont aussi pensé aux familles avec enfants. Les parents
pourront travailler au bateau, pendant que les enfants s’ébattront
sur la plage, à la piscine ou sur l’aire de jeu conçue
pour eux. Des forfaits avantageux permettront de vivre dans des
churuatas climatisées le temps que le bateau reste au sec…
Les marins ont hâte qu’un tel endroit ouvre ses portes
!!! (consultés l’article sur Medregal, pour détails,
adresse et suivi des travaux de mise en oeuvre)
Nous quittons à
grand peine ce village idéal, mais la route vers la découverte
du Venezuela est encore longue. Les navigations dans le golfe
ne sont jamais solitaires. Outre les hirondelles qui suivent leur
Etoile pendant plusieurs milles, les hordes de dauphins sont toujours
fidèles à son étrave. Plus impressionnante
est la rencontre d’une famille d’orques. Des baleines
à bosse croisent également dans ces eaux poissonneuses.
A l’Ouest du Golfe
de Cariaco, les îles Caracas
sont de véritables merveilles. Elles ne sont peuplées
que de quelques familles de pêcheurs qui vivent dans des
churuatas. L’enchevêtrement des îles forme des
petits canaux qui dessinent un labyrinthe coincé entre
la Cordillère des Caraïbes et les mamelons rudimentaires
des îles. La roche réunit les rouges, les oranges,
les bruns, parfois l’anthracite vient souligner les couleurs
plus vives. Ces teintes psychédéliques se conjuguent
à l’histoire sismique du relief, et chaque falaise
semble être l’œuvre d’un artiste de génie.
L’espace est si immense que nous parlons à peine,
de crainte que l’écho nous réponde. Une famille
de dauphins vient illuminer la proue. Une maman est accompagnée
de son petit. Lui apprend-elle à jouer avec l’étrave
? Il est adorable, lorsqu’il saute, il montre son petit
ventre encore rose…
Il est dommage de ne pas
pouvoir s’arrêter, dans ces îles, et y mouiller
pour quelques jours. Après la mésaventure de Roblédal
au mois de septembre, nous sommes prudents et ne pratiquons plus
que les mouillages fréquentés. En essayant si possible
de ne pas naviguer seuls…
Arrêt donc, à
Mochima.
Nous y laissons notre étoile le temps de prendre le taxi
collectif pour aller rejoindre des copains restés à
Cumana. Le taxi-co est une aventure en soi ! Pour 1350 bolivars
(l’équivalent de 0,54 euros) vous vous offrez un
tour d’une heure et demi dans la cordillère caraïbe.
Nous traversons la campagne verdoyante parsemée de petites
maisons qui abritent le plus souvent des hamacs où s’alanguissent
les habitants en attendant la fraîcheur du soir… Le
chauffeur conduit d’une oreille et écoute d’un
œil son voisin. C’est à dire que la musique
va si fort qu’il est obligé de lire sur les lèvres
de son interlocuteur. Quant à regarder la route…
je suppose qu’il a un don d’ubiquité ? Ou de
double vue, un peu à la manière des crabes, il remue
un œil dans un sens et un autre dans l’autre( ?) Les
mains sont très occupées, elles aussi. Non pas avec
le volant, mais avec un délicieux chausson fourré
au « pollo » (poulet) qu’il a acheté
aux marchandes au bord de la route. L’autre main s’affaire
à changer le CD qui saute au rythme des bosses de la route.
Un vrai spectacle ! Le chauffeur est accompagné d’une
jeune personne, qui passe le plus clair de son temps en porte-à-faux
à l’extérieur du bus, accroché, on
ne sait comment, au plafond lisse. C’est lui qui récolte
les 1350 bolivars, mais qui indique également au chauffeur
qu’il peut traverser l’autoroute à contre sens…
lorsqu’à un certain endroit du parcours, nous devons
la traverser de part en part. Le bus n’a sans doute aucune
charge maximale, tant qu’il en rentre, on accepte tout le
monde. Incroyable ce qu’on peut embarquer dans ces bus…
Inimaginables dans un pays où la réglementation
serait un tant soit peu respectée…
C’est ça aussi
le Venez…
A suivre…
Amitiés marines
L’Etoile de Lune
Aujourd'hui, 11 octobre
2005 - Mail 41
Nombre de milles parcourus : 6304 milles
Zone de navigation : Venezuela
Freinés dans notre
élan!
«Quiconque
aspire au calme aurait bien fait de ne pas naître au 20ième
siècle» Léon
TROTSKI
Le titre du mail
40 avait été lancé comme une boutade : «
pirates ou cyclones ? » Nous étions loin d’imaginer
que nous allions croiser les deux en moins de trois mois !!! Tout
a bien commencé pourtant, car nous avons passé deux
mois et demi à sillonner les côtes du continent sud-américain
sans encombre. Nous avons découvert un pays fantastique.
Alors que nous nous apprêtions à découvrir
la Blanquilla, île tranquille posée au large du Venezuela,
nous sommes surpris, en pleine nuit, par des « visiteurs
» armés de machettes.
Bonjour à tous,
Les motivations d’un
tel voyage sont diverses. Nous sommes partis avec l’envie
de découvrir les merveilles de ce monde, et de nous ouvrir
au caléidoscope des cultures, qui, par leurs différences,
représentent les richesses de ce monde. Une telle idée
est-elle utopiste au 21ième siècle ? Avant de partir
sur les mers, nous avons lu, comme tous nos copains marins, les
récits de nos prédécesseurs. Il est certain
qu’en cinquante ans, le monde a évolué. La
technologie tentaculaire s’éparpille dans les contrées
les plus reculées. Est-elle la cause d’un changement
de pratiques? Les équipages qui sont passés avant
nous, nous décrivaient le Venezuela comme un paradis. Ils
gardent en eux le souvenir d’une population affable, gentille
comme il en existe peu dans le reste du monde. Nous avons cherché
à voir ce Venezuela, là.
Nous faisions escale en
fin de mois à Robledal (ouest Margarita). Nous ne projetions
pas de rester dans ce village de pêcheurs à la réputation
tranquille. Dès le lendemain, nous envisagions de pointer
notre étrave vers le Nord pour découvrir la Blanquilla.
C’est un petit îlot désert dont tout le monde
nous a vanté les eaux cristallines, et le paysage digne
d’une carte postale. Cette nuit là, un événement
allait changer le cours de notre navigation.
Dans la nuit du 23 au 24
septembre 2005, à 2H36, nous avons entendu un bruit suspect.
Nous avons cru que c'était la dérive qui frottait
car nous étions limite en fond... Parce qu’il faisait
trop chaud dans le bateau, Dom dormait dehors, dans le cockpit.
Moi en bas dans la cabine avant. Je me suis levée j’ai
allumé la lumière et la centrale de navigation,
afin de voir où nous en étions par rapport au fond,
en même temps je tendais machinalement une manivelle de
winch à Dom pour qu’il relève la dérive.
Mais, j’ai vu Dom se dresser d’un bon et je l’ai
entendu crié : « Descends !» Il répétait
tant et plus cette injonction en me criant de tout allumer. En
fait, deux gars avaient pénétré dans le cockpit.
Ils étaient armés de machettes et de couteaux. Ils
menaçaient Dom en demandant « money ; money ».
Dom était à main nue face aux armes. Ils étaient
en tout, quatre hommes et sont montés par l'avant. Restée
en bas, j’ai saisi la lampe spot et le pistolet lance fusée,
j’ai allumé les lumières, et brandis la cloche
tout en criant beaucoup afin de faire le plus de bruits possible.
Dom a saisi le pistolet et l’a retourné contre ses
agresseurs tout en continuant à crier « descends
! ». L’un d’eux a directement sauté à
l’eau, les autres aveuglés par le spot sont repartis
par l’avant. Nous les poursuivions tout en continuant à
crier le plus fort possible. Dans la confusion, j’avais
mal armé le pistolet lance fusée. Dom tentait de
tirer en l’air sans succès. Je continuais à
les éclairer par le spot violent, afin de les identifier
et qu’ils se sentent poursuivis. Finalement dom a pu lancer
une fusée à l'horizontal, juste au-dessus de leur
tête. Ils ont fui dans leur barque vers le village.
Décodage après
coup :
Les anciens nous avaient assurés qu’au Venezuela
pour avoir des problèmes il fallait les chercher, d’une
manière ou d’une autre (commerces illicites, drogue,
signes d’ostentation, provocations quelconques, imprudences)
Ne correspondant pas du tout à ces canevas, nous nous sentions
plus ou moins à l’abri de réelles agressions,
et prenions nos dispositions pour éviter les vols d’annexes
et rapines sur le pont. Nous ne sommes pas insouciants. Nous avons
toujours évité les lieux réputés à
risque : Coché, Cubagua, Araya, Laguna Chica, la Péninsule
de Paria, Carupano, les mouillages devant Cumana, Puerto la Cruz,
les îles Caracas, Chimana Grande… Nous avions pris
des renseignements avant de nous rendre à Robledal. Nous
pensions qu’une employée du consulat donnait des
renseignements fiables. Nous avions également un «
cruising guide » récent à bord. Il décrivait
Robledal comme un endroit sécurisé. Nous avions
néanmoins pris la précaution de mouiller l’ancre
loin de la plage. Radio ponton a tendance à dire que les
problèmes arrivent soit dans les mouillages surpeuplés
comme Porlamar (il est vrai que les vols y sont légions)
soit dans les mouillages solitaires. Nous étions trois
bateaux à proximité les uns des autres. Radio ponton
dit également qu’il ne faut pas rester plusieurs
nuits dans le même mouillage, l’agression ne se passerait
pas dès la première nuit. Or nous venions d’arriver.
Nous n'avons montré aucun signe d'ostentation ( nous ne
portons et ne possédons pas de bijoux en or, nous ne portons
pas même nos alliances, ni caméra, ni appareil photos).
Rien dans notre comportement ne pouvait mener à un cas
d'agression et rien n'a empêché cela ! Le coup était
imparable.
Nous avons eu de la chance
! Les gars montés par l’avant auraient pu se glisser
par les panneaux avant, et tombés directement à
l’intérieur dans la cabine avant. Le bruit de leur
barque sur la chaîne m’a éveillé, le
fait d’allumer les lumières les a, sans doute, ralentis.
Dom aurait pu se retrouver au réveil avec le couteau sous
la gorge. Plus aucune riposte aurait été possible.
Le grand taud était installé, ce qui entravait beaucoup
le pont, la vélocité de nos agresseurs en a été
troublée. Notre rapidité d’action, a permis
de retourner l’offensive contre les intrus. Nous les avons
surpris ! Bien qu’on puisse imaginer que quatre gars armés
de machettes se hissant sur un bateau ne prévoient pas
de prodiguer que des gentillesses, ils étaient sans doute
malhabiles(?) Dans des cas similaires, certains plaisanciers ont
eu beaucoup plus de mal que de peurs… Certains ont été
tiré comme des lapins… Et puis…petit clin d’œil,
Dom, tout nu dans le cockpit les a sans doute effrayés….
Hum, hum, hum !!!
Nous n’avons pas
l’intention en vous relatant ceci, d’affoler les candidats
au départ. Ce type de voyage reste une belle expérience.
Simplement, il faut savoir que ce genre de choses existe, et les
cas d'agressions de plaisanciers au Venezuela sont en sensible
augmentation. Au cours de la semaine, où nous avons vécu
cette expérience, 5 cas identiques ont été
recensés sur la seule île de Margarita. Les pêcheurs
eux-mêmes se font voler leur moteur hors-bord ! Et c’est
leur outil de travail ! Durant notre croisière au Venezuela,
nous ne comptons plus les annexes volées, les agressions
dans la rue ou celles de plaisanciers. Mais nous trouvons que
le vol simple est quand même plus facile à vivre
qu’une réelle agression en pleine nuit sur son propre
bateau… Il devient très difficile de dresser la liste
des mouillages totalement sécurisés au Venezuela.
Ceux qui aujourd’hui le sont encore peuvent changer demain.
A l’inverse, certains mouillages à problèmes
sont devenus plus sûrs !
Nous n’avons pas
voulu propager une panique entre les plaisanciers. Mais dès
le lendemain, de l’agression, nous avons fait passer le
message, par mail, aux bateaux qui étaient dans les parages.
Ceci, afin qu’ils restent vigilants et qu’ils évitent
Robledal. Nous avons également envoyé des mails
à nos amis vénézuéliens afin qu’ils
relayent l’information aux autorités. Certains collègues
marins pensent s’associer pour établir une pétition
relatant toutes les agressions de la saison et la présenter
aux ambassades afin de sensibiliser les autorités. Les
marins sont excédés d’être pris pour
cible permanente et d’être considérés
comme des tirelires flottantes ! En outre, ces cas d’agressions
sont dommageables pour le reste de la population. Le Venezuela
est un pays merveilleux. Les paysages sont superbes et le climat
y est idyllique. Les plaisanciers qui viennent s’abriter
des cyclones dans ces eaux calmes représentent une réelle
manne pour le pays. De nombreux pêcheurs pourraient vivre
du commerce avec les bateaux. D’autres métiers liés
au tourisme nautique pourraient se développer. Mais il
faudrait que les locaux mettent de l'ordre, eux-mêmes, dans
leur pays. Tous les Vénézuéliens ne sont
pas des sauvages, il y a plus de gens bien que le contraire !
Mais 99% de la population pâtira de ce pour cent d’irresponsables
!
Nous ne savons quelle est
la meilleure méthode pour éviter que cela arrive.
Impossible d’affirmer que la situation va continuer son
funeste cortège vers la violence ? La machine infernale
va-telle inverser le mouvement ? Nous ne voulons pas faire des
amalgames. Nous n’aimons pas prétendre que le monde
a changé et qu’il se pourrit. Nous voulons simplement
prévenir qu’au Venezuela, il faut changer ses habitudes
nautiques. Nombreux équipages vivent le Venezuela sans
encombre. Ceux-ci se cantonnent aux archipels sécurisés
: Tortuga, Roques, Aves… Certains endroits restent agréables.
Mais je ne m’engage à rien. Il faut adopter un comportement
adapté à la situation et arrêter de se bercer
de douces illusions ou au contraire ne pas verser dans une panique
démesurée. Il faut décourager les équipages
de se rendre dans les mouillages peu sûrs du Venezuela.
Il faut naviguer et mouiller là où des postes de
gardes-côtes sont installés. Et essayer de ne jamais
naviguer tout seul…
Notre moyen de lutte est
d’informer en direct, afin que l’événement
ne soit pas déformé. Notre but n'est pas d'ajouter
un cran à l’appréhension ambiante, mais de
renseigner sans état d'âme, ni catastrophisme.
Amitiés marines
L’Etoile de Lune
PS : Vous aurez tous compris
que Lune nous a quittée. Si elle avait encore été
avec nous, elle aurait rempli son rôle de gardienne sans
défaillance. Elle nous manquera toujours…
Aujourd'hui, 18 septembre
2005- Mail 40
Nombre de milles parcourus : 6126 milles
Zone de navigation: Venezuela
«
Le Monde aurait pu être simple comme la mer et le soleil
» A. Malraux
Début juillet,
l’Etoile de Lune essuyait le passage de l’ouragan
Emily sur Grenade. Après cet épisode violent, nous
partons vers les côtes du Venezuela. En abordant le continent
sud-américain, l’étrave se dirige vers une
autre dimension. Tout est plus grand, plus haut, plus loin. Cette
contrée réveille en nous des réflexes oubliés.
Pendant un an, l’Etoile de Lune s’était habituée
aux langueurs insulaires. Nous vivions dans une insouciance à
la limite du naïf. Au Venezuela cette ambiance sécurisée
subit quelques écorchures, la vigilance s’impose
à chaque heure du jour et de la nuit. La zone a si mauvaise
réputation que le Ministère des Affaires étrangères
recommande aux plaisanciers de ne pas naviguer dans cette région.
Avons-nous le choix ? Plus au Nord, la saison des cyclones bat
son plein, le Venezuela représente, pour les marins, une
alternative aux contraintes climatiques. C’est pour cette
raison, que l’Etoile de Lune avance prudemment son étrave
dans les eaux vénézuéliennes où le
contexte ambiant de suspicion, n’estompe pas l’agrément
de la découverte.
Bonjour à tous,
Mi-juillet, nous quittons
le trou à cyclone de Port Egmond dans le Sud de Grenade.
Nous sommes encore un peu hébétés après
avoir subi l’œil ravageur d’Emily. (voir mail
39 et articles)
Trois jours après
l’irruption de l’ouragan à Grenade la mer est
étonnamment calme, parfaite pour une navigation, de presque
90 milles, qui nous mènera aux Testigos. Cette balade est
facilitée par un courant portant au Sud-Ouest et des vents
modérés d’Est. Sur la route, nous croisons
de nombreux tankers qui viennent s’approvisionner en or
noir au Venezuela (4ième producteur mondial de pétrole).
Au petit matin, nous découvrons les terres les plus boréales
du Venezuela.
Nous avons le trac en abordant
Los Testigos. Une nouvelle aventure commence. Depuis de nombreux
mois, la flotte entière des plaisanciers qui vagabonde
dans la mer des Caraïbes a été contaminée
par une réelle psychose qui se résume dans l’alternative
suivante : pirates ou cyclones ???? Que c’est engageant
!!! Autant choisir entre la guillotine et le peloton d’exécution…
Tout le monde y va de sa
petite histoire! Le Venezuela est décrit par Radio Ponton
comme un horrible coupe-gorge sillonné de « pirates
armés » dont il est rare de sortir intact…
Les marins se déplacent en grappe, ils laissent la VHF
allumée en permanence. Ils prennent mille précautions,
et vivent la peur aux trousses. Ainsi une majorité de voiliers
se retranche dans les marinas pendant la saison des cyclones.
Ils fréquentent aussi les archipels réputés
plus « sécurisés » et ne descendent
sur les côtes du Venezuela que lorsque la crainte d’un
cyclone est plus forte que celle des Banditos.
Balivernes ?
Oui… et non… Certains mouillages ou ports sont plus
exposés à la délinquance que d’autres.
Pendant notre séjour à Porlamar, sur l’île
de Margarita, un catamaran avait commis l’imprudence de
laisser son hublot de coque ouvert. L’équipe de nettoyage
est passée faisant place nette du superflu : appareils
photos, argent, ordinateurs…
Les vols d’annexe
sont légion : annexe à l’eau = annexe cadeau
!
Il faut être vigilent
et se fixer des règles pour sauvegarder sa propre sécurité.
Nous fermons notre bateau lorsque nous le quittons, nous remontons
chaque soir notre annexe et la cadenassons, à terre, nous
ne nous baladons jamais avec appareil photo ou sac à main…
Au-delà de ce comportement de prudence, nous ne voulons
pas naviguer dans un état d’esprit frileux. L’Etoile
de Lune ira à contre courant en partant d’emblée
à la découverte du Continent. Il est si vaste, il
faut du temps pour cerner quelques facettes de ce prisme extraordinaire.
Sur la route nous trouvons
Testigos. Avant d’arriver dans ce petit archipel, tout le
monde nous avait parlé de ces îles où les
pêcheurs vivent simplement. Nous avions demandé ce
que nous pouvions leur amener… Le lait, introuvable ou cher
pour les enfants, est souvent bienvenu. La société
vénézuélienne reste matriarcale. Les familles
sont heureuses de recevoir des biscuits, du chocolat pour les
enfants. Dans certains coins isolés, les conserves de légumes
viennent sensiblement améliorer le quotidien. Parfois,
c’est une paire de palmes qui aidera un père de famille
pour la pêche côtière.
Les anciens navigateurs
nous avaient également parlé de Chonchon…
Chonchon est la figure emblématique des Testigos. Ils nous
avaient dit, que si nous désirions lui faire plaisir, il
fallait lui apporter du « Pastaga »… Obéissants,
nous gardons dans nos cales le breuvage anisé depuis Saint-Martin.
Lorsque nous rencontrons Chonchon, nous tentons de nous présenter
dans un espagnol anorexique. Ce Ranchero a l’œil espiègle.
Pendant un moment, il nous laisse patauger dans les subtilités
linguistiques. Puis… dans un large sourire, il nous explique
en français, qu’il a cessé d’abuser
des mauvaises choses et que, pour soigner ses articulations, le
vin rouge serait un bon remède… En continuant la
discussion, il nous dit que sa lampe qu’il emmène
dans les pêches de nuit montre des faiblesses. Par chance,
nous avons à bord, les piles adéquates… Nous
lui rendons donc ces quelques services. L’après-midi,
quelle ne fut pas notre surprise, lorsque nous voyons arriver
Chonchon, avec un énorme poisson pêché tout
spécialement pour nous… Il nous raconte son île
et nous conseille d’aller voir les dunes sur Testigo Grande,
c’est le lieu de ponte des tortues marines.
Nous ne pouvons pas nous
éterniser dans les parages, malheureusement nous sommes
encore trop au Nord pour la saison, et une méchante onde
tropicale s’active et vient troubler notre visite des Testigos.
Nous les quittons donc avec l’intention d’y revenir
plus longuement en novembre.
Direction le continent
: Mochima !
En abordant le continent, nous sommes saisis de voir l’horizon
verrouillé par de hautes montagnes. La Cordillère
Caraïbe se dresse face à la mer, telle un bouclier
végétale qui monte à l’assaut du ciel.
C’est impressionnant ! Aux pieds de cette chaîne montagneuse,
quelques fjords ont été forgés par la mer.
Elle se faufile au travers des montagnes et creuse des couloirs
tapissés d’une mangrove épaisse. Nous sommes
hypnotisés par des paysages immenses, où la main
de l’homme n’a rien dégradé. Tout est
intact, comme au premier jour. Ces fjords constituent d’admirables
abris contre les éléments. Lorsque nous pénétrons
dans Mochima, nous ne nous trouvons plus tout à fait dans
le domaine maritime et pas encore dans celui de la montagne. Nous
sommes entre deux mondes, au royaume des pélicans, des
perroquets et des « brrrrr-plouf »
Le « brrrrr-plouf
» est un animal qui possède certains talents dramatiques…
En effet, l’on raconte beaucoup de choses au sujet du Venezuela.
Entre autre, un guide mentionne un danger bien précis,
celui causé par les morsures de chauve-souris vampires…
enragées !
Ne riez pas ! C’est véridique !
Ce guide décrit les attaques de plaisanciers par ces adorables
bestioles qui opèrent de nuit, en se faufilant par les
hublots. Leur salive contient un anesthésiant, elle est
peu coagulante, les victimes de ces agressions nocturnes se retrouvent,
ainsi, pleine de sang au petit matin, avec, en prime, la peur
d’avoir contracté la rage ! La tête farcie
d’histoires hallucinantes, je me retrouve, une nuit, moi,
pauvre chose apeurée au milieu de l’eau sombre par
lune noire à entendre des bruits tout autour du bateau.
Les bruits sourds et inquiétants d’animaux qui volent
au ras de l’eau et qui s’y cassent la figure. Cela
fait brrrrr-plouf ! Le capitaine, effaré par mes bêtises,
lève les yeux au ciel, puis il tente de me raisonner…
Rien n’y fait, tout est écrit ! Finalement de guerre
lasse, il s’arme d’une lampe et éclaire de
pauvres poissons ailés qui tentent de fuir leurs prédateurs
par les airs. Au bout de quelques mètres la pauvre bête
retombe, exténuée, dans l’eau… Peu fière,
j’observe quelques spécimens, en me promettant de
ne plus me fier aux rumeurs !
Je ne peux finir ce mail,
sans vous emmener quelques instants à Laguna Grande, dans
le Golfe de Cariaco. C’est la cathédrale des splendeurs
de ce monde. Quand on entre dans Laguna Grande, l’on se
tait, c’est un lieu de culte où la nature paisible
a façonné le plus beau mouillage qui soit. On y
écoute le silence. Des collines polychromes se jouent des
lueurs du couchant pour accentuer les rouges et nous apprendre
l’accord parfait des couleurs. Si l’on permettait
qu’un seul de mes vœux soit réalisé,
je demande, qu’à jamais, un tel endroit soit sauvegardé
et respecté…
L’Etoile de Lune lui a confié un éclat de
son âme.
Amitiés marines
L’Etoile de Lune
La mise
à jour du site a été ralentie par des problèmes
de communication, dans les contrées reculées où
nous étions, les « cybers » n’existaient
pas…
Retrouvez les nouveaux articles sur le Venezuela,
ainsi que de nombreuses
photos.
Nous vous invitons également, à consulter l’article
sur les cyclones.
Nous l’avons complété du minutage de l’ouragan
Emily. Ainsi que d’une analyse des marées barométriques
sous les latitudes tropicales.
Les rubriques «
la presse en parle » et « livre d’or »
avancent bon train. Et nous partageons avec vous, les rencontres
qui jalonnent ce voyage.
Aujourd'hui le 25 juillet
2005- Mail 39
-Vents d’alizé d’Est: 10/15 nœuds - Passage
onde tropicale faible -
Visibilité réduite par brume de sable saharien
Mer agitée creux 1,50m à 2 mètres - houle
de Nord - Est
Baro = 1012Hp - T° de la mer = 27,9° - T° air = 32°
Nombre de milles parcourus : 5880 milles
TRIP: de Bequia à Grenade
« Dieu ne
joue pas aux dés »
En partant pour
ce tour du monde, jamais je n’aurais pensé vivre
tout ça… Au moment d’ouvrir ce site Internet
non plus d’ailleurs… Je pensais, naïvement vous
parler de cocotiers, d’îles paradisiaques et de couleurs
d’eau de lagons. En fait, je m’étais toujours
dit, bercée par mes nombreuses lectures que jamais au grand
jamais je ne croiserais la route des vilains monstres météorologiques
que sont les cyclones. J’aurais dû écouter
ce brave Einstein, il avait raison, « Dieu ne joue pas aux
dés » Mais Emily, oui !…
D’emblée je voudrais dire aux amateurs de textes
laconiques, que les événements m’empêchent
une fois encore de les satisfaire !
Bonjour à tous,
Fin juin nous étions
à Bequia, jolie dépendance de Saint Vincent. Alors
que nous vous communiquions les résultats du référendum
qui reconduisait l’aventure pour la saison à venir,
Lune notre Moussaillon en titre était au plus mal. Nous
décidons de remonter vers l’île de Saint
Vincent, plus développée que Bequia, nous espérons
y trouver un vétérinaire. Nous y trouvons le Docteur
Boyle, il nous explique aussitôt que notre chien ne peut
débarquer à terre, car une loi absurde, permet
aux citoyens de l’île de tuer tout animal étranger
qui débarque, et ils le font ! « They are foolish
!” nous dit-il. Peu importe, il ne se décourage
pas, et s’il n’a pas le pied marin, il monte dans
l’annexe et vole au secours de Lune, qu’il trouve
bien mal en point à cause d’une infection qui attaque
ses ressources. Le docteur Boyle transforme notre cockpit en
petit hôpital. Lune est sous perfusion pour la réhydrater.
Il lui administre également des antibiotiques. Il vient
la revoir le lendemain. Au bout de 48 heures elle réclame
de nouveau à manger, le véto est stupéfait
de la rapidité avec laquelle elle se requinque et il
nous confirme qu’elle devrait être tout à
fait d’aplomb en une semaine…
Nous attendons quelques
jours à Saint Vincent, afin que le moussaillon recouvre
ses forces pour reprendre la mer. Puis, nous la menons au bord
d’une des plus belles plages des Antilles, Elisabeth bay
de Bequia. Tous ces remèdes viennent à bout de
ce vilain microbe. Et plutôt que de déclarer forfait,
voici notre Lune qui signe en beauté le pacte de la continuité…
Quelques jours plus tard.
La météo nous annonce des couacs… Bizarre,
nous ne sommes qu’au mois de Juillet. La saison des cyclones
a démarré depuis le 1er juin. D’après
les statistiques, les phénomènes cycloniques se
manifestent du mois de juin au mois d’août dans
le golfe du Mexique. Au mois d’août des cyclones
issus d’ondes tropicales transatlantiques prennent le
relais et cette fois, affectent l’Arc Antillais.
Le 3 juillet au matin,
nous nous rendons au cyber café, où nous scrutons
les photos satellites et les fichiers météo. Une
onde tropicale traverse l’Atlantique depuis une semaine…
Elle se précise et s’organise, mais les bulletins
du fameux « hurricane center de Miami » ne nous
annoncent que 10 à 15 nœuds de vent pour toute la
semaine, du beau temps en somme. Nous retournons au bateau,
le ciel est clair, mais nous avons en tête cet amas inhabituel
qui remonte sur l’Arc Antillais depuis Trinidad…
A 16 heures le ciel devient…
lugubre, et alors que je mets un point final à l’article
sur les cyclones, il me revient cette phrase du père
LABAT « . Peu à peu l’horizon se charge de
nuages et devient gras ». C’est tout à fait
ça !!! Pourtant, une Onde tropicale ne devient pas cyclone
d’un coup d’un seul au-dessus de nos têtes
! L’impression est pesante, stressante. A 22 heures, après
une hausse spectaculaire du baromètre, un coup de tonnerre,
un éclair, et un mur de vent s’abat sur le mouillage.
L’Etoile de Lune tient bon, le Capitaine prévoyant
avait lâché plus de 60 mètres de chaîne
! Nombre de nos voisins dérapent. La pluie telle une
forteresse encercle le bateau nous ne voyons plus rien. Elle
nous dardent les yeux lorsque nous passons la tête dehors
afin de déterminer notre position. Les conditions ne
se rétablissent vraiment que vers le 6 juillet. Entre
temps, NOTRE onde tropicale avait trouvé un nom, elle
était passée rapidement au stade de tempête
tropicale, puis la suite vous la connaissez certainement par
les journaux, c’est DENNIS, ouragan dangereux de catégorie
4 qui sème malheur et dévastation sur Cuba début
juillet. Du jamais vu !
Nous reprenons notre
route vers le Sud, le 7 Juillet. Paradoxalement, nous n’avons
jamais connu plus belles conditions de navigations. Vent régulier,
mer belle ciel dégagé. Nous aimerions nous arrêter
dans les Grenadines revoir les Tobago Cays…
Très vite de nouveaux
bulletins météo sonnent le glas de nos rêves
de retraite… Une onde tropicale (encore !!!) Déboule
à 15 nœuds sur l’Arc Antillais. Nous trouvons
asile à Union le temps que les orages avec leurs cortèges
de rafales passent. Le week-end passe, l’onde aussi. Mais
la Pitaine passionnée de météo annonce
au Cap : « tu sais l’onde tropicale partie du Cap
Vert le 7 juillet… celle dont je te parle depuis quelques
jours… je la pense franchement mauvaise : une zone de
basse pression qui naît dans la ZCIT, ben c’est
pas bon ! » (ZCIT : zone de convergence intertropicale)
En prévision d’un
coup de tabac, nous décidons d’aller à Grenade,
à Port Egmond. Le choix s’impose, notre Copain
Jagoar parti du ponton de Port Camargue un an plus tôt
que nous a subi les déchaînements d’Ivan
le terrible (cyclone de catégorie 5, le plus intense
qui soit) dans ce port même… Le guide du Patuelli
nous rassure et mentionne cet endroit comme « un abri
total – le meilleur de toutes les Petites Antilles, très
vaste et entouré de montagne ».
Pendant que nous descendons
vers le sud, nous voyons la Dépression tropicale n°5
devenir tempête tropicale EMILY prévue de passer
sur la Guadeloupe dans la nuit du 13 au 14 juillet. Nous pensons
à nos copains restés là-bas. Nous nous
inquiétons pour eux, sommes près à leur
envoyer un mail réconfortant. Nous estimons avoir mis
une marge importante entre sa trajectoire prévue et notre
mouillage au Sud de Grenade. Nous sommes confiants la trajectoire
du monstre en devenir passera à 260 milles (480 kilomètres)
au Nord de nous, et même si, il devait passer plus au
Sud, nous n’aurions à subir que le demi-cercle
maniable (partie sud) de la tempête qui s’annonce.
Nous sommes seuls dans
le mouillage de Port Egmond. C’est une baie faite comme
un cirque entouré de monts et vallons, on s’y sent
à l’abri de tout, des vents et de la mer. Nous
restons seuls pendant 24 heures, nous nous disons, que nous
sommes peut-être trop prudents, mais préférons
assurer nos arrières. Dès le lendemain, une trentaine
d’émules arrivent… Et nous voici, sous un
ciel étoilé comme jamais je ne l’ai vu,
dans un temps plus calme que le paradis ne pourrait engendrer
à attendre… à attendre l’inimaginable
et à préparer nos bateaux au pire.
A 36 heures de l’impact,
les météorologues affinent leurs précisions,
ils voient Emily venir aiguiser la Martinique ou Sainte Lucie.
Nous préparons toujours le bateau. Nous l’envisageons
sous toutes les coutures afin de ne rien laisser traîner
sur le pont, éviter toute prise au vent… petit
à petit l’Etoile de Lune est en état de
guerre. La radio locale fonctionne toute la journée.
Notre mouss météo (Mimi, MA grande sœur)
nous envoie depuis l’Europe des mails météo.
Elle est sur le pied de guerre, elle aussi, et assure une veille
permanente. Nous sommes à moins de 24 heures de l’impact
et la nouvelle tombe comme un couperet ! Emily garde une trajectoire
ouest, elle vient droit sur nous, elle se renforce et accélère
sa course, elle passera plus au Sud que prévu. Mais à
quel point Sud ? Là est la nuance… Les météorologues
hésitent et définissent une zone de danger qui
englobe Sainte Lucie, les Grenadines, Saint Vincent, la Barbade,
Grenade et le Venezuela.
Emily est là dehors.
Elle joue au peloton d’exécution inversé.
Elle vise une île, mais laquelle ? Laquelle choisira-t-ellle
? Une balle pour une dizaine de victimes… Autant jouer
à la roulette russe !
Il reste moins de 20
heures, trop tard pour regagner le continent sud américain,
et de toute manière vue l’imprécision, nous
avons autant de « chance » de nous faire couper
la route par ce monstre, que de retrouver notre Etoile au mouillage
« dans les yeux d’Emily » ! Nous n’osons
plus bouger, car aller au Sud c’est trouver des abris
plus précaires que Port Egmont et il est hors de question
de naviguer en compagnie d’Emily.
Coup de poker…
Nous jouons bien malgré nous ! La radio locale de Grenade
a mis toute la population en alerte, dès le matin, les
prêcheurs prient pour les insulaires… (rassurant
!) La population ne s’est pas encore remise du passage
d’Ivan, qu’on leur annonce la venue d’Emily…
Le 13 juillet à
18 heures, c’est presque fête à bord, nous
entendons au dernières nouvelles, que les prévisions
ont abaissé leur alerte, nous ne sommes plus en «
huricane warning » (alerte cyclonique) mais en tropical
storm warning (alerte de tempête tropicale). Nous n’aurons
jamais été si heureux de voir une tempête
nous arriver dessus. La différence ? Des forces de vents
qui ne dépassent pas 64 nœuds pour une tempête,
et cela reste maniable, nous l’avons déjà
vécu. Un ouragan déploie une énergie beaucoup
plus violente, jusqu’au-delà de la limite du gérable.
Mieux vaut ne pas les voir de trop près ces bêbêtes
là… Quant à sa trajectoire, nous savons
désormais que nous subirons la partie nord du phénomène,
ce que les météorologues nomment le « demi-cercle
» dangereux. Nous savons également qu’elle
a ralenti sa route… par contre ce petit détail
me chiffonne, c’est de très mauvaise augure.
En début de nuit,
toutes les radios locales sont coupées, ils avaient prévenu
qu’ils ne resteraient pas opérationnels pendant
la tempête, pour préserver les réseaux de
communication afin de gérer au mieux les conséquences
du passage d’Emily. Les collines deviennent noires car
l’électricité est également coupée.
L’Etoile de Lune
est sur le pied de guerre, Lune est calée dans la salle
de bain sur ses gros coussin et nous voit à sa grande
stupéfaction monter dans le cockpit pour la nuit…
« Mes maîtres vont dormir dans ma niche ??? »
Nous attendons Emily.
Tout est incroyablement calme. Les oiseaux gazouillent, les
grillons aussi, la nature ne se prépare pas au pire,
et donneraient raison aux météorologues. De 21
heures à 1 heure les conditions sont gérables,
des vents tourbillonnants, des orages, des rafales, mais rien
de trop violent, surtout dans le fond de la cuvette que représente
le mouillage. Sur les hauteurs des collines, le vent doit être
plus fort car on entend les tôles des toits voler. Nous
profitons d’un moment de répit pour vérifier
que tout va bien à bord, au passage, nous jetons un regard
au baromètre ? Nous n’avons plus besoin de nous
parler… nous sommes dans l’œil, il annonce
990 HPA et le pire est devant nous !
Dès 1h30, le vent
est de plus en plus violent. Il vient de nord-ouest. Jusqu’à
60 nœuds, nous gérons notre mouillage et arrivons
à soulager au moteur. Mais ce vent fait déraper
un catamaran qui était ancré à l’opposé
de nous. Il dérive rapidement entre « le vieux
mérou » un ketch de 25 tonnes en acier et nous.
Le vent fraîchit à 90 nœuds ( 170 km/H) et
vient du Sud, Sud Est. Nous n’avons pas le choix, nous
ne pouvons pas rester là, à attendre que notre
étrave soit faite prisonnière des deux coques
du cata, notre mouillage n’y tiendrait pas. Dans le Nord
de la baie, il y a un pont, il s’agit de ne pas dériver
jusqu’à lui et de s’y encastrer.
Dom décide d’une
manœuvre osée. Il ne tient pas à relever
le mouillage, nous mettrions trop de temps à le relever
(il y a 60 mètres de chaînes et 3 ancres de chacune
25 kilos). Sans plus de retenue au sol, l’Etoile de Lune,
ne pourrait plus lutter contre le vent et serait un vulgaire
morceau de tôle à la dérive. Le Cap louvoie
donc sur le mouillage, le peu de fardage qui nous reste suffit
avec le moteur à fond pour remonter au vent. Les ancres
décrochent une à une avant que le cata ne vienne
y tricoter son propre mouillage. Dom cramponné à
la barre, dardé par la pluie et les embruns qui sont
autant de petites aiguilles tente de garder le contrôle
de notre Etoile afin d’éviter les autres bateaux
qui sont, soit ficelés dans la mangrove, soit au milieu
de la baie à l’ancre. La tâche la plus difficile
est de ne pas laisser le bateau se mettre en travers du vent,
car avec l’énergie cinétique, et seulement
50 chevaux, nous n’aurions plus aucune chance. Nous avons
relevé la dérive afin de ne pas nous coucher dans
les rafales qui montent à 110 nœuds ( 200 KM/H).
Impossible de déterminer
combien de temps cela a pris, mais en tout cas, lorsque le Cap
a estimé que nous nous étions suffisamment éloignés
des autres bateaux qui sont autant de dangers, et que nous n’étions
pas encore trop près de la mangrove ou du pont, il m’a
envoyée à l’avant, afin de relâcher
30 mètres de chaîne supplémentaire. Le mouillage
ainsi alourdi s’est ancré à nouveau. Mais
il a fallu lutter encore contre toute cette violence. Je tenais
à peine debout sur le pont. Dom est resté toute
la nuit à la barre afin de soulager le mouillage et de
rester plantés, là où nous étions
en relative sécurité. Les impressions sont dantesques.
Les orages, les trombes d’eau, les embruns fluorescents
décochent des flèches hostiles, les haubans vibrent
et sifflent, le mât tremble et entraîne toute la
coque dans ces vibrations erratiques. Le fetch se lève
à l’intérieur même du mouillage. Dehors
on entend la mer frapper les falaises avec haine. A terre, on
entend les tôles s’envoler...
Le combat semble interminable,
nous sommes transits de froids et attendons le lever du jour
avec impatience. Quand enfin, il vient, nous découvrons
que l’eau tout autour est de couleur glauque et chargée
de débris végétaux. Le Cap craint de boucher
le filtre à eau du moteur. Cela fait plusieurs heures
que nos ancres tiennent bon, il décide donc de couper
le moteur pour ne pas l’encrasser. Petit à petit
les conditions se calment.
A 10H40, tout est fini.
Autour de nous, des oiseaux épuisés se laissent
entraînés par le courant, ils ne parviennent plus
à s’envoler. Nous sommes épuisés,
nous aussi, et tombons de sommeil. Si, certains bateaux ne sont
plus à la même place, tous sont indemnes ainsi
que les équipages. C’est bien là l’essentiel.
Au soir du 14 juillet, le ciel est à nouveau étoilé,
la lune brille, pas un souffle de vent, la nuit est paisible.
Les conditions redeviennent idyllique et l’on a du mal
à croire nous-mêmes que nous étions quelques
heures plus tôt à la merci des caprices d’Emily.
Pourtant, ce monstre
a poursuivi sa route dans la mer des Caraïbes en se renforçant
et en atteignant à l’approche du Nord Ouest de
la zone le stade d’ouragan extrêmement dangereux
de catégorie 5.
Amitiés marines
Nat, Dom et Lune
Afin de mieux connaître
ce phénomène météorologique, nous
vous invitons à consulter l’article sur les cyclones
dans le site www.etoiledelune.net . Nous le complèterons
bientôt du minutage de l’ouragan Emily.
Aujourd'hui
le 23 juin 2005 - Mail 38 : Position - Les Grenadines
Vents d’alizé d’Est soutenu 20 à 25 nœuds
(rafales 35 à 40 nœuds)
Mer peu agitée en Caraïbe à agitée en
Atlantique –
Houle d’Est creux moyens de 1m50 à 2m se renforçant
Temps : brume de sable – éclaircies rares - grains
fréquents et orages violents
Baro = 1014Hp - T° de la mer = 29,3° - T° air = 32°
Nombre de milles parcourus : 5656 milles
Jour de fête…
Aujourd’hui est jour de fête à bord de l’Etoile
de Lune. En effet, il y a un an jour pour jour nous larguions les
amarres. Tout en pointant l’étrave toujours plus au
Sud afin d’éviter les régions à risque
pendant la saison des cyclones, l’équipage fait son
bilan.
Bonjour à tous,
A l’heure où
les grandes sociétés distribuent leurs dividendes,
l’Etoile de Lune a pris du retard et elle fait ses comptes.
Comme dans tout bilan, nous porterons au crédit les expériences
positives de ce voyage et au débit tous les désagréments
qu’occasionnent un quotidien sur l’eau.
Commençons d’emblée
par la « cuenta ». Le prix le plus élevé
à payer dans ce type de voyage est le « manque »
: manque de la famille, manque des amis. Heureusement, la technologie
vient au secours des âmes sensibles et Internet est LE lien
qui permet de rester en contact quasi permanent. Le téléphone
est un autre moyen, mais il reste cher. Merci donc à Monsieur
« Iridium » et à son système de SMS gratuits
recueillis directement sur le bateau.
Le bilan technique est globalement
bon. A vrai dire, le bateau est bien conçu, nous avons traversé
avec lui tous types de temps. La pétole (vent nul) aurait
tendance à convertir le naturel très Zen du Cap en
« accès de gasoil ». En effet, les 50 chevaux
de notre Passoa paraissent anémiés lorsqu’il
s’agit de traîner l’embonpoint de notre Etoile
dans une houle contraire. Par contre, dans les coups de vents, nous
ne nous sommes jamais sentis en insécurité. Le plus
mémorable d’entre eux a fait grimper l’anémomètre
jusqu’à 65 nœuds de vent pendant plusieurs heures.
Quelques soient les conditions, nous les avons toujours trouvées
gérables. Certes, certes, l’inconfort est une donnée
général lorsqu’un monocoque devient maison…
Précisons un détail qui prend une importance éphémère:
lorsqu’un mouillage se révèle particulièrement
rouleur, j’aurais tendance à regarder les équipages
des catamarans voisins qui sirotent tranquillement leur apéro,
d’un œil assassin… Mais cette incommodité
reste très passagère !
OK, tout n’est pas
rose au pays de Neptune, et lorsque je vois le Cap partir à
fond de cale et revenir muni de sa caisse à outils, c’est
qu’il se prépare quelques « merditas »
(pardonnez cette expression quelque peu triviale, mais à
l’approche du continent Sud Américain, il nous faut
nous mettre au diapason)… Hé oui, la caisse à
outils est la digne et fidèle amie des capitaines qui filent
au vent. Quel que soit le bateau, neuf ou d’un âge certain,
l’air salin, les conditions générales qu’engendrent
la mer occasionnent une multitude de petites pannes. Elles ne sont
pas dramatiques en elles-mêmes, mais parviennent à
user les nerfs les moins aguerris… Il y a des saisons de pannes…
Toutes sont différentes selon les bateaux… Ce sont,
en quelque sorte, des séries qui se déclarent à
bord de chaque bateau en leur temps. Puis, qui petit à petit
trouvent solution. Pour laisser l’équipage satisfait
et libre de trouver du temps à ne rien faire, avant…
la prochaine panne.
Bilan énergétique.
Nous étions à la fin de notre traversée océanique
fort mécontents de ce bilan. Aujourd’hui, tout va pour
le mieux. Nous avons choisi l’énergie solaire. Non
polluante, absolument insonore (en comparaison avec les générateurs
ou les éoliennes), cette énergie est idéale.
Il ne faut pas hésiter à abuser des panneaux solaires.
Ils trouvent toujours leur place sur un bateau : sur le pont, sur
le bimini, sur le portique arrière… Nous avons vu des
panneaux orientables placés dans les haubans ou dans les
pataras. Toujours dans le catalogue des options, nous sommes très
contents de notre dessalinisteur, même si aux Antilles il
est toujours possible de faire le plein grâce au ciel particulièrement
généreux en ce qui concerne l’approvisionnement
en eau potable.
Bilan météo.
La Méditerranée et l’Est de l’Atlantique
sont des régions rudes pour le marin. Les navigations tranquilles
passent par l’écoute assidue de la météo.
Et encore… faut-il savoir l’interpréter. La traversée
océanique si elle n’est pas un long fleuve tranquille,
n’est pas difficile en elle-même. L’hiver aux
Antilles est un paradis météorologique. Bon OK, nous
avons fait très fort ! Nous qui rêvions de navigations
au portant. Nous sommes montés vers le Nord avec un alizé
de Nord Est, d’où des heures de gîte établie.
Pour la descente, même topo : il y avait beaucoup trop de
Sud dans ce vent d’Est ! Résultat nous dégringolons
le long de l’Arc Antillais au près serré…
Mais ce n’est pas le plus important, il suffit de tout arrimer
correctement. Reste à savoir ce que donnera l’été.
A l’heure où les âmes en Métropole surfent
sur un temps clément, nous voyons défiler les premières
ondes tropicales. Elles traversent l’Arc Antillais et entraînent
dans leurs sillages, pluies diluviennes, orages qui se révèlent
parfois violents, rafales en pagailles. Dans les mois à venir,
les marins craignent également les petits frères d’Ivan
le terrible : les cyclones. Plusieurs options restent jouables,
néanmoins.. L’Etoile de Lune a défini SA stratégie.
Nous vous en reparlerons…
Bilan humain. Bilan entente
à bord. Cette séquence a été inspirée
par la patronne de l’Internet Café de Bequia qui nous
posait la question suivante : « After on year on the boat,
you still talk to each other ? » Hé oui, on se cause
toujours… Et vu le débit de la Pitaine, nous avons
encore de beaux jours devant nous ! Aïe, Aïe, Aïe
!!! Plus sérieusement, un couple à bord d’un
bateau devient un équipage, c’est-à-dire qu’une
interdépendance se crée : une vie en commun autour
d’une passion commune.
Question santé, mis
à part quelques Dolipranes, Advils ou Efferalgans pour soigner
les douleurs rhumatismales de Mademoiselle Lune, nous n’avons
pas touché à notre pharmacie de « haute compétition
» embarquée en France. Il y aurait bien les lendemains
de fêtes sur les bateaux voisins, qui laisseraient parfois
quelques brumes matinales planer sur les neurones. Mais tout cela
c’est la faute au jus de canne à sucre…
Puisque nous en parlons,
voici venu l’heure du bilan rencontre. La mer est fédératrice
! En effet, elle vous permet de rencontrer des gens que vous n’auriez
sans doute jamais rencontré à terre. Elle enclenche
immédiatement des conversations communes entre des gens diamétralement
opposés. Bien sûr, le jeu des affinités fait
que les relations durent ou sont éphémères.
Mais le dénominateur commun reste la MER ! Des amitiés
durables, très fortes, très belles naissent sur l’eau,
et aux escales, cela aussi fait partie des richesses de ce voyage.
Bilan escales. L’aiguillon
d’un tel voyage est la curiosité. Nous sommes servis
!
Passons les escales en revue, pour le plaisir : Porto Santo, la
première, Graciosa la mauresque, Lanzarote l’insolite,
Ténériffe et son Teide majestueux, la Mauritanie et
son désert, la traversée enchanteresse, les Antilles
où le marin flirte avec les îles comme le papillon
virevolte de fleur en fleur. Chaque escale remplit l’âme
de souvenirs en 3D. Des kilomètres d’images se déroulent
dans la mémoire comme un gigantesque diaporama. Rien que
pour cela, le voyage vaut la peine d’être vécu…
En guise de conclusion voici
une liste de questions-réponses soumises à l’équipage
:
Le plus beau souvenir du Cap :
Découvrir des paysages aussi singuliers que Lanzarote ou
le Teide
Le plus beau souvenir de la Pitaine :
La traversée océanique
Le plus mauvais souvenir du Cap :
Devoir sortir le bateau de l’eau dès la première
escale, pour une anode qui a perdu ses vis
Le plus mauvais souvenir de la Pitaine :
Cette nuit à Graciosa, où par un coup de vent, un
bateau, mal maîtrisé par son capitaine, a dérapé
sur nous et nous a foncé trois fois dessus. L’Etoile
de Lune perdant un panneau solaire, son annexe, endommageant ses
balcons, ses rails de fargues, ses filières… Elle a
cru voir la fin du voyage. Heureusement, le Cap de l’Etoile
de Lune a sauvé son bateau en fuyant par 65 nœuds de
vent, vers le large.
La plus belle navigation du Cap et de la Pitaine :
Entre Ténérife et Mauritanie, 165 milles en 24 heures
sur un tapis roulant (puis,300 milles en 48 heures)
La plus belle escale du Cap :
Antigua
La plus belle escale de la Pitaine :
La Martinique
Le plus grand regret du Cap :
Néant
Le plus grand regret de la Pitaine :
La Goméra
Si c’était à refaire pour le Cap :
Il passerait plus de temps en Afrique et au Cap Vert
Si c’était à refaire pour la Pitaine :
Tout pareil…
Qui a envie de continuer ?
Moi ; Moi ; Moi !!!!
RESULTAT DU REFERENDUM :
à 100% OUI !!!!!!!!!!
Amitié marine
L’Etoile de Lune
Nouveautés sur le site :
Afin de célébrer dignement ce premier anniversaire,
nous vous offrons une collection de fonds d’écrans.
A cette occasion nous ouvrons deux nouvelles pages : Fonds d’Ecran
et Couchers de Soleil.
Retrouvez sur le site les
articles correspondants aux sujets énoncés dans ce
mail en cliquant sur les mots soulignés.
Aujourd'hui
le 24 mai 2005- Mail 37
Vent Sud Est faible à inexistant – Régime de
brises en Caraïbe -
Mer belle en Caraïbe à légèrement agitée
en Atlantique -
Temps ensoleillé - grains rares et nocturnes
Baro = 1010 - T° de la mer en surface = 29,9° - T° air
= 37°
Nombre de milles parcourus : 5540 milles
L’île
des Petits Mondes
Nous venions à Saint Martin
plus pour y retrouver la famille et y faire une grosse escale
technique que pour découvrir une île de rêve.
Finalement, en faisant le tour de l’île nous lui
avons trouvé du charme, malgré sa réputation
avérée d’île dévorée
par le tourisme. Les Martinois sont courtois et agréables
à vivre. La couleur des eaux mérite à elle
seule le détour. De plus Saint-Martin reste une escale
technique intéressante.
A suivre également, l’aventure
de nos deux héros – moussaillons Loïs et Théo…
Bonjour à tous,
Nous venions à Saint
Martin à reculons. L’île ne présente pas
exactement les qualités que nous cherchons dans ce voyage
: mouillages déserts, nature luxuriante, sentiers sauvages…
Si Saint-Martin est trop touristique à notre goût,
elle détient d’autres atouts.
Tout d’abord, l’île
bénéficie d’un aéroport international
et de connections quotidiennes avec les Etats Unis, le Canada et
l’Europe. Nous avons de la chance, au 21ième siècle
nous pouvons désormais entreprendre ce type de voyage sans
nous couper complètement des liens avec la famille et les
amis. Paris n’est plus qu’à 8 heures d’avion
des Antilles. Et, les moyens de communications sont là pour
rester en relation quasi permanente avec les siens. Le courrier
par Internet est devenu le cordon ombilical qui relie les membres
de la famille.
Toutes ces possibilités
ont changé le goût de l’aventure. Quand on pense
aux pionniers… Parmi tant d’autres, Annie Van de Wiele
a fait son tour du monde, en 1950, coupée de toutes nouvelles
familiales. Puis, 15 ans plus tard Auboiroux, à cause de
vents contraires, ne parviendra jamais dans l’île des
Marquises où l’attendait depuis des mois le courrier
précieux de sa femme restée à Paris. Et plus
tard encore, Moitessier frôlait les cargos au péril
de sa coque pour y envoyer ses colis et lettres à destination
de la France…
Accueillir une maman à
bord, permet de changer l’angle de perception. Nous oublions
les paysages des îles déjà vues. Et considérons
celle-ci pour elle-même et non en comparaison de ce qui existe
ou de ce que nous recherchons. Nous louons une voiture et faisons
le tour d’une île avec l’enthousiasme du partage.
Faire le tour de Saint Martin
demande de dépasser une aversion répandue pour les
embouteillages. L’île est engorgée de véhicules.
Les routes grimpent à l’assaut des collines sans se
soucier de l’angle de pente que cela représente. Les
camions souffrent et rejettent tout ce qu’ils peuvent de nauséeux
pour en venir à bout. Et pourtant, tout cela se passe dans
une courtoisie si remarquable qu’elle mérite d’être
soulignée. Sans feux de signalisation, presque sans gendarmes,
ni règles bien définies, les carrefours finissent
par être franchis dans le sourire et les signes de remerciements.
Mais le temps des vacances
se finit, et l’Etoile de Lune au bout de plus de 5000 milles
n’avance plus tant elle héberge sous la ligne de flottaison,
pousse-pied, coquillages, algues, petits crabes… La vie autour
de notre Etoile s’intensifie au rythme où notre anti-fouling
( peinture sensée protéger la coque de tout cela)
s’érode. Il est grand temps de sortir le bateau de
l’eau. Nous trouvons un chantier (Polypat) sous le pont de
Marigot. Sa méthode de levage nous change du travel lift
c’est une grue qui lèvera notre Etoile dans les airs
pendant que les poissons fuiront le vivier que représente
notre puits de dérive.
Pendant 10 jours ça
bosse fort autour de l’Etoile de Lune… Pendant cette
période, un épisode nous a décidé à
franchir un pas dans les investissements que nous projetions. En
effet, tandis que Dominique s’attèle à la tâche,
Loïs le mousse de 7 ans, sur un voilier ami, Théïs,
est venu le chercher en kayak: leur bateau dérapait. (L’ancre
ne croche plus et le bateau dérive) Avant cela,Théo,
11 ans, avait mis le kayak à l’eau (25 kilos) et envoyé
son frère chercher Dominique pour relever l’ancre et
la remouiller. Pendant ce temps, il était resté à
bord, il avait mis le moteur en marche et gardait le bateau face
au vent. Dominique a très vite réalisé qu’il
ne pourrait rejoindre Théïs à la rame. Ainsi,
en appelant une annexe qui passait par-là, ils se sont rendus
rapidement sur Théïs, prêtant main forte aux deux
valeureux moussaillons qui avaient su gérer une telle difficulté
durant la courte absence de leurs parents. Plusieurs ingrédients
ont joué à cette réussite. Tout d’abord,
les parents n’ont eu de cesse d’impliquer les garçons
aux manœuvres et à la vie du bateau. Ensuite, par leur
sang froid et leur perspicacité, Théo et Loïs
ont su utiliser leurs connaissances pour sauver leur bateau.
Quant à nous, cet
épisode nous a décidé à pourvoir notre
annexe d’un moteur hors-bord digne de ce nom. En effet, depuis
le début de notre aventure, le nôtre, nous avait lâché,
et nous trouvions amusant, voire romantique de nous balader à
la rame. Cela nous donnait le temps d’admirer le paysage.
Sauf que… si l’Etoile de Lune dérapait, elle
aussi. Et que nous n’arrivions pas à temps pour la
sauver d’un échouage ou pire d’une folle cavalcade
vers le large… donc, finies les balades aux atmosphères
de guinguette et bonjour la sécurité !
Nous sommes heureux de sortir
du chantier, nous avons le cœur léger, satisfait du
travail rondement mené. L’Etoile de Lune en sort transformée,
à plus d’un titre puisque quasiment toutes les réparations
ont été effectuées, tous les problèmes
importants ont trouvé une solution. De plus notre Etoile
ne se ressemble plus, puisque nous n’avons pas trouvé
d’anti-fouling noir, ainsi avec un bleu électrique
à marier au jaune de sa coque… elle est prête
pour le carnaval de l’an prochain…
Petit clin d’œil,
nous ne sommes pas restés suffisamment longtemps pour apprendre
quelques phrases utiles à notre voisin le perroquet ! Le
chantier est placé au bord d’un canal qui se transforme
le jour en un abominable boulevard à annexes plus fières
les unes que les autres des chevaux cachés dans leur hors-bord.
Avec un peu plus de temps je reste persuadée qu’au
lieu d’imiter le téléphone dès 6 heures
du matin, le volatile se serait ennuyé utile dans sa cage
en sifflant tel un gendarme et en criant à chaque annexe
« trois nœuds maximum et sans vagues ! ».
Autre point noir : la pollution
sauvage. Rien n’est prévu sur l’île pour
recycler les déchets quels qu’ils soient. Nous avons
assisté impuissant à la vidange d’une barge,
transformant le lagon en un immonde lac visqueux. L’essence,
l’huile de vidange, le gasoil.. et tous les rejets de notre
civilisation sont à peine filtrés par le sable avant
de se répandre dans l’eau. Que faire ? Ces îles
ne disposent pas d’assez de moyens pour mettre en place des
infrastructures de recyclage. Et pourtant ce n’est pas une
question insulaire, mais les solutions à apporter à
ce problème sont d’ordre universel.
Ceci dit, il est grand temps
de quitter ce chenal habité de nombreux bateaux qui ne reprendront
plus jamais la mer. En effet, Saint Martin est sans doute la dernière
escale de bon nombre de bateaux. Ce ne sont pas, à franchement
parler, des épaves, puisqu’elles ne sont pas échouées.
Elles finissent leur vie à terre dans l’attente du
prochain cyclone dévastateur, hésitant entre la rouille
et la décomposition. Certains bateaux sont enchâssés
dans la végétation. D’autres ont construit leur
maison sur deux coques sèches de catamaran. Pourvu que notre
Etoile ne subisse pas ce sort là…
L’air du large nous
manque et trop d’horizons inconnus nous attendent encore…
Alors, en route vers le Sud !!!!
Amitié marine
L’Etoile de Lune
Nouveautés
sur le site :
Retrouvez l’article
et l’album
photos consacré à Saint Martin
Vous lirez également les « recettes » et impressions
tirées des expériences vécues durant ces derniers
mois dans neuf nouveaux articles qui vous attendent dans les rubriques
« Eudaimon
» et « La
cuenta »
Aujourd'hui
le 15 avril 2005- Mail 36
Vers le Nord de l’Arc Antillais
Vent Est à Est Sud Est modéré à soutenu
- Mer agitée
Temps ensoleillé traditionnels passages nuageux grains rares
et nocturnes
Baro = 1016 - T° eau = 27° - T° air = 25 à 30°
Nombre de milles parcourus : 5180 milles
Séquence
animalière
Nous quittons Antigua
pour rallier rapidement Saint Kitts, puis île Fourche et enfin
Saint Martin. Nous y faisons une escale technique et familiale.
Au cours de ces navigations, nous croisons plusieurs mammifères
marins, leur rencontre est toujours vécue comme une fête.
Nous découvrons aussi, dans le Nord de l’archipel une
faune étrange et très localisée…
Bonjour à tous,
L’étoile de
Lune quitte Antigua avec difficulté. Cette escale tant didactique
qu’éblouissante au niveau des paysages, nous a laissé
des souvenirs impérissables. De plus, faute de temps, nous
n’avons pu explorer tous les lagons que cette île couve
derrière des barrières de corail qui laissent aux
eaux des teintes à couper le souffle. Mais, nous sommes attendus
plus au Nord, donc nous quittons l’île « sooo
british » avec la ferme intention d’y revenir. Pour
nous consoler, en quittant tôt le matin les eaux d’Antigua
deux tursiops truncatus (ne vous laissez pas impressionner, ce sont
deux représentants de la famille des « grands dauphins
») viennent à notre rencontre. Ils babillent quelques
instants avec notre figure de proue. Ils sont vraiment énormes,
et leur évent forme un gros trou que nous voyons s’ouvrir
dans un souffle puissant. Voilà une jolie manière
de débuter une navigation !
Nous voguons vers Saint Kitts,
cette fois c’est une simple escale qui coupe la route vers
le Nord. Nous ne savons pas trop si nous y restons un jour ou si
nous repartons dès demain… Le sort décide pour
nous : nous tombons très mal ! Nous nous présentons
au mouillage le jour de la conférence au sommet des fourmis
volantes. Visiblement, notre bateau les gêne car nous sommes
au beau milieu de leur piste d’atterrissage. Tout faisceau
lumineux émanant du bateau les attire immanquablement ! Fiasco
dans les deux camps ! De nombreuses disparitions sont à déplorer
dans le camp des conférenciers et les nerfs de la Pitaine
à vif ! Je n’associe guère le Cap à ce
paragraphe. Ce genre de considération n’est absolument
pas dans ses habitudes! Néanmoins, il a pitié de moi
et nous levons l’ancre dès le lendemain, direction
île Fourche.
Nous passons le long de la
côte au vent de Saint Kitts, et nous nous disons qu’un
jour il faudra y revenir. Cette île est sans doute l’une
de celles qui présente la silhouette la plus élégante
vue du large. Le Star Clipper et le Sea Cloud II passent devant
nous, et offrent à nos objectifs photos l’occasion
de faire des clichés de voiliers de 3 et 4 mâts sous
l’enceinte du fort Saint Charles. Ce sont des fortifications
édifiées en haut d’un promontoire volcanique.
L’ensemble donne une impression de pyramide maya… Il
faudra décidément que nous revenions…
Sur la route, une espèce
de « camion des mers » nous fait bondir. Nous sommes
tranquillement installés tribord amure, bon plein, 8 à
10 nœuds de vent. Un rêve de langueur tropicale ! Ceci
dit, ce n’est pas suffisant pour être manœuvrant
rapidement… C’est ainsi que masqué par le génois
déployé nous ne voyons pas le monstre d’acier
arriver. Il navigue sur son rail, comme un train. Il fait la liaison
marchande entre Saint Martin et Saint Kitts. Heureusement, ce sont
ses machines bruyantes qui nous alertent. Bon OK, le Cap reste toujours
calme, la manœuvre n’est pas belle, mais efficace ! Moteur
mis en route rapidement, et nous remontons au vent pour nous éloigner
du sillage de cette grosse bête prête à nous
éperonner. Ce petit incident confirme que le temps des priorités
octroyées aux voiliers (sous voile !) est révolu.
Il est impératif de garder une veille ATTENTIVE ! C’est
bien joli de regarder l’eau en quête des dauphins, mais…
Dans le canal qui nous sépare
d’île fourche une autre émotion nous attend.
A moins de cinq mètres de la coque, un souffle puissant nous
fait sursauter. Une ombre ronde et grise ondule tout à côté
de nous. Une arrête dorsale petite sur une grosse masse sombre…
« Viiiiiite Dom, une baleine… Non, deux ! » L’une
contre l’autre, elles nagent à fleur d’eau. Chaque
ondulation fait naître autour d’elles des teintes émeraudes.
C’est magique.
En fait, les baleines à
bosse viennent mettre bas et s’accoupler sur les plateaux
maritimes que forment Anguilla et Saint Barth. Depuis quatre ans,
les scientifiques viennent régulièrement observer
l’évolution de cette population de cétacés.
Une Réserve naturelle a été créée
autour des îles de Saint Martin et de Saint Barth afin de
protéger la faune aquatique.
A l’approche de Saint
Barth, nous pénétrons dans une Réserve, c’est
sûr ! Mais celle-ci n’abrite pas seulement des baleines
sympathiques. Elle abrite également une faune insolite. Le
parc est correctement délimité, non par un balisage
marin, mais par un trafic tout à fait différent de
ce que nous venons de quitter plus au Sud. Nous ne savons pas encore
si les frontières sont là pour empêcher la faune
locale de sortir et de contaminer le reste de la Caraïbe ou
pour signaler à tout nouvel entrant, qu’ici, les choses
ne se passent pas tout à fait comme ailleurs ( !?!) En tout,
cas, nous avons droit au comité d’accueil.
Le Lady Lauren, un ketch
bleu de trois fois notre longueur, entreprend de nous foncer dessus
alors que nous nous sommes déjà engagés dans
la baie d’île Fouche. Nous sommes sur notre aire de
mouillage, baille ouverte, mais nous voyons clairement les moustaches
blanches de ce bateau prestigieux se précipiter sur la menue
Etoile de Lune. Le Cap lui tient tête et poursuit sa manœuvre
tranquillement. Lady Lauren vient rapidement à l’approche,
faisant ronfler ses moteurs et appuyant avec énergie sur
la manette de gaz. Nous ne lui lançons pas un regard mais
sentons celui du barreur qui se situe en hauteur, entre notre portique
arrière et la première barre de flèche. Il
marque clairement son territoire et vient derrière nous très
près, nous empêchant de reculer. Tant pis, il verra
bien… Le Cap ne se laisse pas démonter et me laisse
dérouler nos 40 mètres de chaîne…
Un gros bateau comme ça, venir voler le mouillage du pauvre
petit que nous sommes… Du jamais vu !!! Bon OK, nous manquons
peut-être de compréhension vis à vis de ce pauvre
homme qui n’a sans doute pas eu le temps d’apprendre
le savoir-vivre marin. Si ça se trouve, personne ne lui a
dit que dans le prix du bateau, la mer n’était pas
comprise…
Nous quittons les parages
de Saint Barth devenus trop… ou pas assez… Nous nous
dirigeons vers Saint Martin, où nous retrouvons notre famille
après presque un an d’absence…
Amitiés marines
L’Etoile de Lune
Sur le site vous trouverez
de nombreuses photos mises en ligne ce mois ci!
Aujourd'hui le 19 mars 2005-
Mail 35
Nelson’s Dockyard : ANTIGUA
Vent EST NORD EST 10 à 15 nœuds - Mer belle à
peu agitée –
Temps ensoleillé - Baro = 1017 - T° eau = 27° -
T° air =30°
Nombre de milles parcourus : 6074 milles
Dans
le sillage de Nelson
Nous quittons, début
février, Madinina,
"l'île aux fleurs" et rejoignons la Dominique
"l'île aux 365 rivières", où nous
reviendrons plus tard. Puis, nous naviguons au large de "l'île
aux Belles eaux", la Guadeloupe, pour rallier Antigua,
repaire de Nelson. Cette escale nous entraîne dans l'Histoire
passionnante des Antilles et de la flibuste des XVII et XVIII
ièmes siècles.
Bonjour à tous,
Nous vous laissions, dans le précédent
mail, le mercredi des Cendres aux pieds de la Montagne
Pelée, tout tristes d'enterrer Vaval. Depuis, nous
sommes remontés vers le Nord, ralliant la Dominique après
une navigation musclée dans le canal qui sépare
la Dominique de la Martinique. Celui-ci a mauvaise réputation,
en fait, il sera gentil avec nous. L'Etoile de Lune (dériveur
lesté) nous a encore prouvé sa vaillance à
remonter au près dans 20 à 25 nœuds de vent,
sans se laisser déjouer par les courants, qui perfidement,
auraient voulu l'entraîner trop à l'ouest.
Sous le vent de la Dominique nous croisons la route d'un bébé
cachalot,
il attend à la surface "maman" qui est partie
en sonde. Visiblement il est effrayé par notre carène
dodue comme un ventre de cétacé. Il envoie dans
un angle de 45 degrés de rapides et fréquents panaches
blancs. Il communique certainement avec sa "môman"
et lui transmet par des clics caractéristiques ses craintes.
Très vite elle refait surface et se retrouve à ses
côtés. Petit à petit le chœur des souffles
se fait plus régulier, ils sont l'un contre l'autre, tout
va bien, nous passons notre chemin.
En plus de cette petite famille, nous verrons de nombreuses tortues.
Elles seront nos compagnes dans chaque mouillage. Il y a quelques
années on n'en voyait pas autant. Est-ce signe que l'homme
du 21ieme siècle prend soin de sa planète?
Nous faisons une escale paresse et retrouvailles à Prince
Ruper Bay tout au Nord de la Dominique. C'est un endroit reposant,
où nous reviendrons pour explorer toutes les richesses
que cette île recèle. Lors de notre dernier jour,
nous entendons un bourdonnent, sourd, et tout le bateau vibre
anormalement, très brièvement. En un regard, le
Cap confirme mon appréhension : encore un tremblement de
terre! Depuis le 23 novembre 2004 les Saintes sont régulièrement
"secouées". Quelques jours plus tard, des émanations
de souffre s'échapperont du côté au vent de
la Soufrière à Capesterre et la terre tremblera
à nouveau. En poursuivant notre route, nous trouvons Montserrat
sur bâbord. Sa montagne fabrique des nuages alors que le
ciel est bleu. Le cratère est visible aux jumelles et envoie
de grosses colonnes de fumées blanches. De temps en temps,
celles-ci s’assombrissent et deviennent couleur de cendre.
Sous le cratère, une large bande grise, interdit toute
reconquête de la vie. Tout cela est impressionnant. Nous
pensons beaucoup aux habitants de la région qui malgré
la surveillance accrue du site par des experts deviennent de plus
en plus inquiets.
Nous ne faisons qu'effleurer les Saintes et la Guadeloupe, car
nous sommes attendus plus au Nord. Je pense que ces îles
n'ont pas apprécié que nous les "zappions".
Car, sous le vent de la Guadeloupe nous cueillons un vent de nord-ouest.
Tiens, le Mistral qui s'ennuierait déjà de nous?
Méchantes rafales et vilain clapot usent les nerfs et les
écoutes de génois!
En écrivant ces lignes, je songe au sourire qui doit illuminer
le regard des courageux qui ont choisi de naviguer "aux isobares"
dans le Grand Nord... J'avoue tout! Les nav. sous les alizés
ne présentent pas (hors période de cyclone) une
difficulté insurmontable... L'alizé, vent gentil
et plus ou moins régulier est de dominance est, agrémenté
de nord soutenu ou de sud farouche. Il dépasse rarement
35 nœuds sous grain. Exceptionnellement, le ventilateur passe
en position 4 et génère des vents autour de 40 nœuds,
mais ce sont des passades, très vite réprimées
par la régularité légendaire des alizés.
En moyenne, on trouve plutôt des forces beaufort comprises
entre 3 et 5 (6 pour les rafales). Si vous cueillez comme nous
du vent de NW, ce sont les alizés qui font le tour de la
montagne sous laquelle vous naviguez...
D'ailleurs en nous libérant de la Guadeloupe, dans le canal
d'Antigua nous récupérons l'alizé. Il a mal
dosé son cocktail et nous voici avec beaucoup trop de Nord,
pour faire route directe sur Antigua. Notre VMG est décourageante,
le Cap sort toute la garde robe de l'Etoile de Lune. Il ne se
décourage pas et laisse passer avec un oeil de dédain
les "Voiles-moteur" qui nous dépassent. Je ne
voudrais pas attiser les inimités ancestrales en dénonçant
ici les couleurs des pavillons tricheurs... Non, non, tel n'est
pas notre propos!
Nous arrivons soulagés en fin de journée face aux
colonnes d'Hercules, véritable sésame qui ouvre
les portes du repaire de Nelson.
OK! We plead guilty! Nous sommes restés presque 2 semaines
dans le camp adverse. C'est la sensation que nous ressentons en
tant que « Frogies » en pénétrant dans
le port le plus British que nous connaissons. Le culte à
Nelson y est vénéré avec tant de ferveur
que nous nous sentons coupables de son sort... Et pourtant…
si on lit entre les lignes de l’Histoire, il n’y a
aucune raison ! (voir article)
Toutefois, notre séjour à English Harbour a été
si agréable que de rallongements en prolongations nous
avons payé notre tribut aux magnifiques restaurations du
site. En effet, les clearances (chères) financent l'entretien
de ce qui est le dernier exemple d'architecture navale de l'époque
géorgienne. De plus, tout est hors de prix (Internet, avitaillement,
souvenirs, cartes postales…)
Cependant, il reste des loisirs gratuits. Un réseau complexe
de sentiers est un réel paradis pour les amateurs d'Histoire,
de botanique et de promenade.
Pour le Cap il est hors de question de laisser passer un morne,
un piton, une montagne sans entreprendre de gravir et d'escalader
ces promontoires jusqu'au sommet. Il est ravi, le Nelson's dockyard
est cerné de hauteurs, il entraîne donc à
sa suite tout l'équipage. Il y a tant de possibilités
de randonnées qu'en plus de bonnes chaussures, il faudrait
s'armer d'une paire d'yeux dans le dos. Chaque grimpette révèle
un panorama plus époustouflant que le précédent.
En plus du régal des yeux, ces randonnées permettent
de partir sur les traces des pionniers anglais qui s'établirent
dans le Sud de l'île au temps de la flibuste. Nous visitons
ainsi des forts, des sémaphores, d'anciennes citernes,
les quartiers des officiers, l’hôpital, des entrepôts
de poudre et même des tombes datant de 1795. Lors d'une
promenade nous avons la chance de voir arriver le Royal Clipper
voilier exceptionnel de cinq mâts. La scène est parfaite
et donne l'illusion de revivre au temps de Nelson. Le soir même,
notre figure de proue se trouve nez à nez avec celle du
Tenacious, 3 mâts barque britannique.
Il est grand temps de filer ! Notre acclimatation est si facile,
que nous commençons à nous pencher sur les plans
de la batailles de Trafalgar. Pire, nous sommes pratiquement sur
le point de mettre du thé dans notre citron vert! Blasphème!
Antigua est également surnommée l'île aux
365 plages, et recèle presque autant de mouillages, qui
sont chacun les paradis des amateurs de "couleurs lagon".
Mais c'est une autre histoire...
PS : Pour les maîtres de toutous voyageurs, ni
la Dominique, ni Antigua ne posent de problème lors des
formalités de douanes. Nous établirons une liste
complète au fur et à mesure de nos découvertes.
Aujourd'hui le 13 Février 2005-
Mail 34
Point GPS : 14°44N – 61°10W – Saint Pierre
Côte Caraïbe : Vent Nord Est 5 à 10 noeuds-
Mer belle – Houle Nord Ouest
- Temps nuageux grains isolés -
Baro = 1009/1011 - T° eau = 27° - T° air =30°
Nombre de milles parcourus : 4954 milles
Sous
le vent de la Martinique
Fin Janvier, nous levons l’ancre
et quittons le Sud de la Martinique,
direction le Nord, via le Rocher du Diamant.
Deux étapes intermédiaires nous permettent de musarder
au village d’Arlet puis à l’anse Mitan. Ensuite,
nous prolongeons, malgré la houle, l’escale à
Saint-Pierre.
Nous profitons de son carnaval et nous vous racontons le parcours
historique insolite de cette ville.
Bonjour à tous,
Depuis notre arrivée en Martinique
nous avons mené une « petite vie » marine,
parcourant régulièrement et avec une paresse appliquée
les deux milles et demi qui séparaient le Cul de Sac du
Marin de l’anse Caritan. Autant dire que la chaîne
et l’ancre de l’Etoile de Lune étaient devenues
LES HLM très en vogue pour une colonie d’algues et
de petits animaux marins du coin…Quant à la dérive,
elle souffrait d’horribles fourmillements. Notre compagnon
de voyage craignait-il que nous prissions racines ?
Premier objectif en ligne de mire de notre fidèle étrave
: LE DIAMANT ! Tout un programme ! L’alizé gonfle
le génois, l’étrave s’ébroue,
elle soulève une écume scintillante. L’eau
coure le long de la coque et lui murmure des petits mots doux
En l’approchant, le Rocher, nous
montre son plus effrayant profil : celui qui aurait pu inspirer
Dark Vador à Monsieur George Lucas. C’est fou ! Mais,
un « Diamant » ça galvanise l’imaginaire
! Le Cap. est en pleine forme, il nous rase le caillou de si près
que je pense un moment aller vérifier s’il n’a
pas échangé notre figure de proue contre une scie
sauteuse ! « Pourquoi raser le Diamant d’aussi près
? Et si une rafale nous rabattait sur le « trop cher Rocher
» ? L’atmosphère du bord s’électrise
… (idéal pour recharger les batteries !)
Avant de consacrer « trop
» d’énergie à l’affaire, je me
ravise et songe un moment : « et si c’était
là une manière de me cueillir quelques éclats
du précieux joyaux ? »
Dames Valentine, ne rêvez pas !
Le Cap. seul maître à bord, avait calculé
sa trajectoire ! Cette manœuvre, pragmatique, lui permettait
d’éviter de tirer un bord… Marin, jusqu’au
bout, il restera !
Cessons donc de jouer les croqueurs de diam’s et poursuivons
notre route vers le Nord ! Au détour du Cap du Morne Larcher,
les habitations cèdent leur place à une végétation
dense et variée. La Martinique, quoiqu’on en dise
à su préserver son patrimoine naturel. Naviguer
le long de la côte sous le vent de la Martinique est un
plaisir qui ne se dément jamais. Les mornes (ici le mot
colline n’existe pas) se chevauchent et courent de ravines
profondes en plages dorées. La végétation
n’est arrêtée que par le tapis d’azur
de la Caraïbe qui envole vers l’horizon une profusion
d’étoiles.
Une petite troupe de dauphins
nous accompagne et nous montre le chemin pour pénétrer
dans l’anse Chaudière. C’est une petite baie,
jumelée au village d’Arlet. L’entrée
est tapissée de bouées qui marquent l’emplacement
des casiers des pêcheurs. L’Etoile de Lune se lance
dans un véritable gymkhana. Au-delà de ce parcours
tarabiscoté, la récompense est au rendez-vous. Nous
n’aurons, pour seule voisine dans ce lieu paisible, qu’une
tortue qui nous fera ses salutations quotidiennes. Nous logeons
au pied de coteaux qui n’abritent que quelques maisons très
haut perchées au sein d’une végétation
qui paraît, vue de la mer, inextricable. Entre mer et terre,
sur une plage de galets anthracite l’écume se love
dans un roulement de tambour étouffé. Au Nord de
l’anse Chaudière, à l’endroit où
les mornes se rejoignent le village d’Arlet s’étire
paresseusement au bord de sa plage. Le clocher de son église
révèle un éclat particulier, presque glamour,
dans le couchant du soleil. A ses côtés, des cases
pays. L’une d’elles totalement rénovée,
dans les tons jaunes et bleu pastel, est ravissante. Les autres
attendent que les bonnes volontés les extirpent du travail
de la rouille. Ce village est serein, il y fait bon vivre. Nous
quitterons, à grand-peine, les eaux translucides de l’Anse
Chaudière.
Prochaine escale, l’anse
Mitan ! C’est de la haute villégiature ! Sur les
12 milles qui nous séparent de cette halte, nous croisons
à quelques encablures de Grande Anse d’Arlet. Cette
vaste baie, n’a pas changé en 15 ans ! La végétation
tenace, a repoussé toutes les tentations immobilières
! C’est l’une des plus belles plages de la Martinique.
Elle dessine un croissant de lune ambré ponctué
de bouquets de cocotiers dont les palmes brillent sous les rayons
du soleil. Ce décor de carte postale a beaucoup de succès
au près des plaisanciers. Mais, l’espace réservé
au mouillage ayant été limité récemment,
les places sont « chères » !
Au-delà du Cap Salomon,
nous pénétrons dans l’immense baie de Fort-de-France.
La « capitale » grimpe à l’assaut des
Pitons du Carbet dont l’altitude avoisine les 1100 mètres.
Lorsqu’ils ne sont pas encapuchonnés de nuages, la
vue sur Fort-de-France depuis l’Anse Mitan, est magnifique.
A quelques milles de l’Anse Mitan, nous embrassons du regard
toutes les typicités géologiques de l’île
:une plage dorée se blottit au sein de l’anse Dufour,
tandis que tout à côté, l’anse noire
abrite une plage de sable anthracite, qui témoigne de l’activité
volcanique de l’île. La paresse nous gagne à
nouveau et nous établissons des records de lenteur pour
notre progression vers le Nord…
Un petit vent portant bat le
rappel des troupes, et nous levons l’ancre pour une GRANDE
navigation (14 milles !) vers Saint Pierre. Cette navigation,
vers le volcan est toujours chargée d’une émotion
particulière. Nous attendons l’apparition de la vieille
dame autoritaire et solennelle. Enfin, elle se montre au détour
de la pointe du Carbet : la Pelée ! A chaque fois que nous
naviguons vers elle, la magie opère. Peu à peu,
l’arc de cercle de la plage anthracite de Saint Pierre se
dessine. Nous jetons l’ancre, là où il y a
plus d’un siècle les trois et quatre mâts barques
mouillaient eux aussi. Les navires au long cours avaient choisi
Saint Pierre car c’était le mouillage le plus sûr,
au pied de la ville la plus florissante de la mer des CaraÏbes.
Saint-Pierre était la corne d’abondance des Petites
Antilles, jusqu’à ce jour de 1902 … Ce jour
fatal où la Montagne, décida de tout ensevelir en
69 secondes. Le présent de Saint-Pierre est indissociable
de son Histoire. Un voyage à Saint-Pierre marque ses visiteurs
à jamais !
Nous logeons au cœur même
de la ville. Ainsi, bien que nous soyons en bateau, nous vivons
au rythme de celle-ci. Et quel rythme ! Celui des percussions
du carnaval ! C’est un carnaval bon enfant, où l’industrie
du tourisme n’a pas droit de cité. Les maîtres
de ballet y sont l’improvisation, la tradition et la bonne
humeur ! Nous assistons au sacre de la Mini Reine (adorable !),
aux défilés des tout petits (féérique
!) et des addos des collèges A et B (splendides !) Nous
nous mêlons aux randonnées dansantes menées
tambours battants par des orchestres traditionnels (quelle santé
!) Il y a aussi l’élection de Miss ou Mister ( ?)
travesti (désopilant !), les mariages burlesques ( irrésitibles)
et le « vidé » diable rouge (effrayant !) Le
jour de l’enterrement de Vaval, dès le lever du soleil,
le zouk transcende les rues : « zouk la sé seul medicamen
to me ! »
Le temps passe et l’Etoile
de Lune se prend au jeu. Elle dodeline de la jupe arrière
(poupe d’un voilier) Vue de la plage, elle ressemble à
une carioca de carnaval ! Par contre, lorsque nous remontons à
son bord : finie la samba ! Notre bateau se prend pour une tambour
endiablé, pratique pour le carnaval et même pour
la machine à laver de la Mère Denis ! Mais alors,
pour l’équipage !...
Le mouillage de Saint-Pierre,
se révèlerait-il, donc, parfois rouleur? Pire, pervers
! Car, non content de rouler, il tangue aussi, et dans le même
temps (performance !) il agrémente le tout d’effets
d’ascenseur ! Onze jours… nous tiendrons 11 jours
!Saint-Pierre le vaut bien !...
Amitié marine
L’Etoile de Lune
Nous vous avons préparé
deux pages documentées de nombreuses photos (actuelles
et anciennes), n’hésitez pas à consulter :
la légende du Diamant
et le fabuleux destin de la ville préférée
des flibustiers : Saint
Pierre
IMPORTANT: Si vous
souhaitez répondre à ce mail, merci de ne pas nous
retourner le message d'origine et d'utiliser de préférence
notre adresse suivante: etoile-de-lune@wanadoo.fr
Aujourd'hui
le 26 janvier 2005- Mail 33
Point GPS : 14°25N – 60°53W – Anse Caritan Martinique
Vent Sud Est 3 à 4 (15 à 20 nœuds)- Mer peu agitée
– Houle Nord Est
Temps ensoleillé nuages épars- Baro = 1013/1016 -
T° eau = 27° - T° air =30°
Nombre de milles parcourus : 4880 milles
Bonjour à tous,
Depuis le début
de ce voyage, l’équipage aspirait à un seul
et unique but. Sur notre route, nous croisions des archipels, et
abordions les îles avec les yeux éblouis de la découverte.
Mais, nous n’étions pas libres de nos pensées,
elles étaient entièrement vouées à cette
idée fixe : Arriver de l’autre côté !
Traverser l’Océan. Nous avancions, le cœur enivré
par l’attente, vers cette échéance chargée
de tous nos espoirs. Et voici qu’il est derrière nous
cet Océan. Nous y sommes dans ces îles bercées
par les alizés, les vrais ! Non ceux que l’on qualifie
de Portugais et qui n’en sont qu’une copie peu fiable.
La Martinique nous tend les bras et nous
accueille avec son accent coloré au goût d’épices.
La gentillesse et la joie de vivre indéfectible des insulaires
est au rendez-vous. Nous nous délectons des paysages et de
ce climat facile à vivre, même si la saison des pluies
joue les prolongations. Partout, la végétation, gorgée
d’eau, luit dans les rayons du soleil. Sainte Anne est un
village agréable. Les doudous sont adorables. Nous faisons
la connaissance de Monique qui n’a pas son pareil pour alpaguer
le badaud qui se balade dans le marché couvert. Avec son
merveilleux sourire et sa générosité elle vous
fera goûter, si vous êtes sages, les « délices
de Monique ». A l’anse Caritan, où nous «
logeons », nous bénéficions d’une vue
exceptionnelle et imprenable sur le célébrissime Rocher
du Diamant. Où devrais-je dire ? Her Majesty’s Ship
Diamon Rock ? Car les Anglais ont répertorié dans
leurs registres « NOTRE » rocher, comme un navire de
sa Majesté, relique des guerres qui opposèrent les
Français et les Anglais dans la région. Mais alors…
les couchers sur le Diamant… Imaginez-vous la débauche
de couleurs….
Chaque jour est une gourmandise. Et pourtant,
les premiers temps de notre arrivée nous laissent perplexes.
La mesure exacte de notre projet dans nos vies nous échappe,
un peu comme si nous étions tout à coup en panne de
rêve. Plusieurs circonstances ont contribué à
nous jeter dans cet état d’esprit.
En effet, dès notre arrivée
nous découvrons les restes de la catastrophe qui s’est
abattue sur les îles du Sud de l’archipel le 6 septembre
dernier. Ivan, le terrible cyclone qui a frappé Grenade,
a semé sur son passage la panique chez les plaisanciers.
La flotte des « Amel » semble avoir beaucoup souffert,
mais nous avons vu une cinquantaine de bateaux, toutes marques confondues,
endommagés. En effet, se fiant aux statistiques qui commençaient
à classer Grenade hors zone cyclonique, plusieurs propriétaires
de Super Maramu avaient laissé leur bateau en hivernage à
Grenade. Nous découvrions en arrivant de véritables
éclopés (démâtés, coque éventrée
et réparée dans l’urgence…). Les plaisanciers
ont dû fuir Grenade, car la délinquance a immédiatement
suivi le carnage laissé par le cyclone. La plupart d’entre
eux se sont réunis en Martinique. Ils ont affrété
un cargo spécialement conçu au transport de bateaux.
Quel triste spectacle que de voir le voyage se finir de telle manière
!
Pour les fêtes nous avons rejoint
un groupe de bateaux amis au Marin (Sud de la Martinique). Le Grand
Cul de Sac du Marin affiche complet ! Que de changements en quelques
années ! Nous étions venus pour la première
fois en 1990. Le fond de ce trou à cyclone réputé
ne comportait que quelques pontons. L’industrie du charter
démarrait. Les collines du fond de la baie abritaient au-delà
des mangroves à moustiques quelques cases hors d’âge.
Les nuits du Marin étaient habitées d’une cacophonie
typique qui se jouait à trois voix. Les grenouilles-pays
tapissaient le fond sonore de leur coassement strident, cette musique
de fond ininterrompue était ponctuée des aboiements
des chiens bo-case et des fiers cris des coqs de combat. Comme occupation
privilégiée, les moustiques accueillaient en grande
pompe les nouveaux venus. Ce chahut tropical ne cessait qu’avec
les premières lueurs du jour. Aujourd’hui, de nombreux
immeubles ont poussé sur la partie Nord et Est du Cul de
Sac. La marina s’est développée et elle atteint
maintenant une renommée qui attire la plupart des plus belles
et des plus luxueuses unités qui naviguent dans la mer des
Caraïbes. L’anse profonde est également le point
de rendez-vous favori de centaines de bateaux plus modestes.
Nous passons les fêtes au rythme
de la biguine qui revient au goût du jour et que seul les
anciens savent encore jouer. Une Doudou qui affiche fièrement
plus de 80 ans passera la soirée entière du nouvel
an à m’apprendre à danser au son d’un
orchestre, dont les membres étaient « beaucoup plus
jeunes qu’elle ! ». Les trois musiciens affichaient
ensemble presque 200 ans quand même !
Mais le mois de janvier débute
bien mal, et l’Etoile de Lune est endeuillée. Dominique
doit rentrer en France, il a perdu son Papa. Nous étions
partis accrochant nos rêves aux étoiles, mais la vie
reste là, avec ses mauvaises passes, difficiles à
traverser. Un voyage ne nous met pas à l’abri de tout
cela.
Le Capitaine fera confiance à
son équipage qui veillera à l’ombre du Diamant
sur le bateau. A son retour, il sera fier de ses moussaillons qui
ont su gérer son bateau en son absence. Il désire
« oublier tout cela » et formule le désir de
continuer.
Nous nous laisserons du temps avant d’approcher
le prochain Océan : le temps de flirter avec les îles
des Caraïbes dont les beautés sont autant de baume au
cœur. Nous nous transformerons en véritables cœurs
d’artichaut, les aimant chacune à leur tour. Tels des
collectionneurs obstinés, nous les voulons toutes ! Combien
sont-elles ? De Grenade à Saint Martin, des Vierges britanniques,
américaines, espagnoles aux Grandes Antilles, des Bahamas
aux Turcs et Caïcos, des îles du Sud aux îles néerlandaises
mais, combien sont-elles ?
La mer des Caraïbes, parfois rebaptisée
par les spécialistes "La Méditerranée
Américaine" dépasse de plus de 50% la superficie
de "notre Méditerranée". L’Arc antillais
de Porto Rico à Grenade compte une cinquantaine d’îles
majeures. Si l’on additionne à ce chiffre toutes les
îles qui parsèment la mer des Caraïbes, nous nous
trouvons face à la tâche titannesque d’aborder
dans les prochains mois plus de 200 îles clairsemées
sur un arc de plus de 3.500 Km.
Tant pis (ou tant mieux !) L’Etoile
de Lune prendra le temps d’écumer la mer des Caraïbes
à satiété !
Alors, en route !
Amitié marine
L’Etoile de Lune
Aujourd'hui
10 Janvier 2005- Mail 32
Position du bateau: Martinique
Vent Est Nord Est 5 à 10 nœuds - 20 nœuds sous
rafales de grains
Mer calme derrière les îles
houle de Nord Est, mer agitée à forte dans les canaux
(15 à 20 nœuds)
Temps couvert et pluvieux - Baro = 1015 - T° eau = 26,7°
- T° air =26°
Nombre de milles parcourus : 4863 milles
Bonjour à tous,
Tout l’équipage
de l’Etoile de Lune se rassemble sur le pont pour vous adresser
ses vœux pour l’année 2005. Que les vies terriennes
et marines s’écoulent telles des fleuves, qui, quoiqu’ils
traversent, convergent toujours vers l’Océan. Que chacun
de vous conflue infailliblement vers ses rêves !
Nous tenons également à vous remercier
pour le courrier abondant qui nous attendait au cyber café.
Vos mails nous ont beaucoup émus, car ils sont autant de
messages de sympathie et d’encouragements à continuer
de partager avec vous les aventures de ce voyage. Nous tenons à
rassurer les inquiets, qui présagent de la mauvaise influence
des langueurs tropicales sur la plume de l’Etoile de Lune
: elle ne s’engourdira pas !
Quant aux nombreuses questions concernant la vie à
bord d’un bateau en traversée océanique, nous
ne pouvions vous répondre à tous personnellement.
Malheureusement, le temps de connexion Internet aux Antilles dilapide
rapidement une cagnotte. Nous vous avons donc préparé
une page dans la rubrique «
les traversées ». Vous trouverez nos conclusions
sous forme de bilan technique, humain et canin (réclamé
à corps et à cri par les Maîtres-chiens-marins).
Nous vous racontons également dans la rubrique escales notre
passage au Banc
d’Arguin (Mauritanie).
Pour tous les nouveaux venus, n’hésitez
pas à consulter les pages qui relatent les escales qui ont
égrené le voyage pendant ces 6 derniers mois. (Gibraltar,
Madère,
Porto
Santo, Graciosa,
Lanzarote,
Ténérife).
Vous pouvez également nous suivre au travers des mails
mensuels archivés chaque mois.
Depuis notre arrivée en Martinique, le temps ne
se prête pas vraiment à la villégiature. Le
ciel a entrepris de baptiser l’Etoile de Lune. Le pont n’a
jamais été aussi propre, et de la tête de mât
à la ligne de flottaison, toute trace de sel ou de sable
du Sahara ont été effacés. Tauds de récupération,
gamelles, bidons et siphons sont devenus les outils de notre passe-temps
quotidien. Tout l’équipage (sauf Lune) s’affaire
sur le pont pour déplacer les récipients afin qu’ils
récupèrent le maximum d’eau douce. Le produit
de cette récolte est ensuite transvasé dans les réservoirs.
Aujourd’hui, ils sont pleins : « coupez les vannes la-haut
! » A présent, nous aurions plutôt besoin de
soleil, afin de chasser l’humidité qui s’est
insinuée dans les moindres recoins du bateau.