HISTOIRE

Minorque

Histoire... toujours des histoires...

L’héritage des Talayotes

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Tout comme en Sardaigne, l’île connut une brillante civilisation mégalithique. Ô combien prospère, si l’on en juge par l’héritage de quelque quatre cents bâtiments et monuments datant de l’âge de bronze. Les experts datent les plus vieux vestiges de l’an 2000 avant JC. Mais, la collection la plus remarquable correspond à la période talaiotique, comprise entre 1400 avant J.-C. et l’ère romaine, un siècle avant notre ère.
Cala CovesLes grottes funéraires ici à Cala Coves. De hautes falaises sont creusées d’une centaine de grottes faisant aujourd’hui le bonheur des adeptes du camping sauvage.
Les Navetas édifications de pierre en forme de coque de navire renversée, d’où leur nom. Ce sont également des constructions à vocation funéraire, constituées de plusieurs chambres, parfois superposées.
Autre exemple du génie bâtisseur de la culture talaiotique, les Taules. Éléments curieux, assemblés en forme de T. Cet ensemble se caractérise par des proportions énormes. Les taules pèsent en moyenne une vingtaine de tonnes.

Des tours… Encore des Tours !!!

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Minorque compte aussi de nombreuses tours sur ses rivages et sur les promontoires de ses campagnes. Point commun que l’île partage avec la Sardaigne et la Corse. Pourtant, si les tours de ces deux dernières ont dévoilé leur mystère, à Minorque, l’archéologie se perd encore en conjectures !
Tour FornellsAttention, ne pas confondre les Talayots datant de l’âge de bronze, et les tours de vigie mises en place beaucoup plus tard dans le but de défendre l’île contre les envahisseurs venus du large !
Les tours minorquines se nomment Talayots. Elles sont habituellement circulaires, en pierre sèche, massives et elles contiennent une petite chambre. La construction des Talayots débuta vers 1400 avant J.-C., jusqu’à la romanisation de l’île, au dernier siècle avant notre ère.

Conclusions hâtives ou réelles corrélations ???

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Je ne peux m’empêche, peut-être à tort, de rappeler qu’une civilisation mégalithique construisit elle aussi des tours pendant cette période appelée l’âge de bronze. C’était la civilisation des Nuraghes en Sardaigne. Ils construisaient eux aussi des tours de fortification, constituées de chambres.
Simple coïncidence ou corrélation historique ? Les Phéniciens nommèrent Minorque « Nura » à cause des feux allumés sur les côtes. Autre point, déconcertant. En Corse, lorsque bien plus tard, les Génois construisirent près de 100 tours sur le rivage, c’était pour allumer des feux aux sommets de celles-ci, afin de prévenir la population d’une invasion imminente.
Questions :
Nuraghe SardeLes Talayots minorquins ont-ils un lien avec les Nuraghes sardes ?
Plus tard, les Génois s’inspirèrent-ils du modèle et de l’utilisation des tours des îles voisines ?
Mais je m’égare, c’est évident, sur le dangereux chemin des spéculations… (?)
Dernier point obscur : à Son Saura dans le Sud de Minorque, nous avons « exploré » une tour qui était entourée d’un couloir semi enterré. L’entrée de celui-ci présentait exactement les mêmes caractéristiques que certaines poternes mises à jour à Tharros (Sardaigne). Non seulement, les entrées sont semblables, mais en plus, on trouve également en Sardaigne, un système de couloir mégalithique qui entoure les tombes de géants.
Si un archéologue passait par ce site, qu’il soit gentil d’éclairer ma lanterne…

Succession d'incursions
Va et vient entre intelligence et impéritie

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Comme c’est le cas dans toutes les îles du bassin méditerranéen, Minorque vit passer du monde…
Les Phéniciens ouvrent le bal. Cette première incursion est pacifique. En fait, les nouveaux arrivants, plutôt bien accueillis, s’intégrèrent à la population endémique à la faveur d’échanges entre les deux cultures.
Puis, vient le temps de la puissante République Maritime de Carthage. Le frère d’Hannibal, Magon mène une campagne de colonisation musclée, enrôlant de force les célèbres frondeurs dans les guerres puniques.
Ceux-ci n’empêchent pas les Romains de remporter le territoire Minorquin et de l’annexer à leur Empire en l’an 123 avant JC. Comme ils l’ont fait partout dans le bassin, les Romains apportent le développement en important leurs compétences, et en construisant des chaussées, des cités dont Ciutadella, Mahon, et Sa Nitja. La collaboration entre les indigènes et les nouveaux occupants laisse un héritage important à l’île.
Plus tard, l’île passera sous le joug des Vandales au VIe siècle. Ceux-ci apportent dans leurs bagages la religion arienne. Afin de l’imposer sur l’île devenue en majorité chrétienne, les Vandales procèdent à de sanglantes persécutions. Heureusement, ils sont rapidement chassés par les Byzantins.

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La prospérité

Ces temps agités se stabilisent avec l’implantation de la florissante culture arabe. En l’an 903, l’île prendra désormais le nom de MINURKA, et dépendra du califat de Cordoue. Les Arabes instaurent les techniques d’irrigation, et des cultures maraîchères. La population augmente et, fait remarquable, toutes les religions vivent en paix. Les Maures resteront sur l’île près de 400 ans. Dernier territoire occupé par les musulmans dans l’Est de l’Espagne, l’île garde à ce jour de nombreuses traces leur passage : nombreux noms de villes et de cala commençant par Bini, mais aussi l’allure de certains villages...

Enfer et barbarie

Cette période d’âge d’or s’achèvera avec la conquête catalane. Époque troublée qui voit les Arabes tomber en esclavages ou déportés contre rançon. L’île est découpée en parcelles offertes en récompenses aux valeureux chevaliers catalans.
En 1535 Minorque connaît la descente aux enfers avec le débarquement à Mahon de l’infâme Barberousse l’amiral de Soliman Le Magnifique, Sultan de l’Empire ottoman. Il saccage et incendie tout sur son passage. Vingt-trois ans plus tard, le Turc Moustapha Piali réitère les « exploits » de Barberousse cette fois à Ciutadella.
Jusqu’à la fin du Moyen-Âge, l’île connaît les affres de la pénurie, des épidémies, et des pillages. Les troubles secouant la politique européenne se reflètent comme un miroir sur le devenir de l’île qui subit les effets de traités et des ambitions des puissances continentales.

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L’âge d’or !

Fort heureusement, cette succession d’avanies prend fin, mais un nouveau colonisateur débarque sur les côtes minorquines. L’occupation britannique de 1708 à 1756 semble laisser le souvenir du répit de l’âge d’or dans l’esprit des Minorquins. Le gouverneur Richard Kane lègue un héritage glorieux, développant la culture des fourrages, construisant une voie importante qui porte encore son nom, abolissant l’inquisition, facilitant la création d’écoles…

Passage culinaire des français

Les Français font un court séjour, pacifique et sans conséquence pour l’île et ses habitants. Le seul butin que les Français emportent chez eux est… la sauce mohonnaise ! Pour anecdote, ce brave Cardinal de Richelieu, fêtant la victoire qui le voit remporter l’île face aux Anglais, se fait servir un banquet. Une sauce locale, l’ailloli agrémente le repas. C’est en fait une sauce inventée par son Chef cuisinier lorsqu’il était sur l’île, il la nomme « Mahonesa ». En souvenir de la ville de Mahon. Ce qui donne notre mayonnaise quotidienne.

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Fin du calvaire pour un peuple à l’hospitalité légendaire

Le calvaire imposé par les envahisseurs prend fin en 1802, lorsque le Traité d’Amiens confie l’île à l’Espagne.
Les abus commis par certains peuples colonisateurs ont laissé les marques logiques des avatars subis par un territoire conquis.
Cependant, dans l’ensemble, il faut bien avouer que les civilisations qui se sont tour à tour installées sur l’île ont plutôt enrichi un creuset ethnique et social où les Minorquins ont su puiser, avec intelligence, le meilleur. Le brassage des cultures a engendré un peuple tolérant et riche de multiples influences où le désespoir de la situation n’a jamais usurpé l’âme profondément joviale et affable des Minorquins.