29 décembre 2003 – Message 15 - Position : 43°31'190N 04°08'092E - Port Camargue Languedoc Roussillon

Bonjour,

Il nous était impossible de passer cette période de fêtes, sans venir sur l’Etoile de Lune. Nous l’avons laissée seule début novembre, il ne pouvait rien lui arriver, mais il fallait qu’on vienne s’en assurer. Bruno et Kribou sont venus nous rejoindre. Nous espérons trouver une après-midi de beau temps pour sortir dans le golfe du Crau du Roy. Il faut dire que depuis que nous sommes rentrés au port mi-octobre, le vent a laissé peu de répit. Nous n’avons pas pu compter plus de 4 à 5 jours entre les BMS. Une succession infernale où le mistral a joué un rôle de premier plan. Aujourd’hui, nous en sommes au 370ème BMS de l’année ! C’est dire !

Avant de larguer les amarres, nous faisons le check up habituel. Tout se ligue contre nous, EDL y met du sien aussi, et ne veut pas démarrer. Heureusement que le Cap a suivi son stage chez Volvo ! Fort de ses connaissances acquises à Nanterre, il prend place dans le block moteur. Analyse le petit bruit de crécelle que fait le moteur lorsqu’on tourne la clé de contact. Pas de doute, c’est le démarreur. Nous demandons confirmation à mon frangin, qui nous offre ses lumières de technicien par SMS. Précieux, un frère passionné de mécanique ! Le Cap démonte ledit démarreur, installe le démarreur de rechange…Et…re-belote ! Avant de nous lancer dans le démontage, mon frérot avait quand même émis l’hypothèse d’un problème de charge : « tu es sûre de la batterie » m’avait-il écrit… Oui, oui ! Donc, nous allons chez le garagiste du coin, avec nos deux démarreurs « défectueux ». Gentil, il nous fait tous les tests et nettoyage pendant cette période festive. Il nous les rend 24 heures plus tard… « Il sont intacts ! »… Retour sur la batterie. Malgré qu’elle annonce 13,2 Volts, elle est naze…

Point positif : nous savons que nous partirons avec deux démarreurs en pleine forme !


14 octobre 2003 - Message 14 - Position : 43°31'190N 04°08'092E - Port Camargue Languedoc Roussillon

Bonjour,

« Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage »… Et puis est retourné plein d’usages et raison…

Bref !

La sagesse nous habiterait-elle donc au bout de ces 110 jours de mer ?

Bof ?

La tristesse c’est sûr !

Tristesse de quitter la mer, bien sûr. Et pourtant, nous ne pouvons empêcher notre cœur de s’emplir de satisfaction à chaque image réveillée par le souvenir. Émotions et paradoxes traversent notre humeur mitigée de retour. C’est étrange, un sentiment n’est jamais net. On le croit gris, mais il s’y mêle subrepticement d’autres teintes, plus vives, plus pâles, plus gaies, plus tristes. Et au final, ça donne un panaché bien difficile à transcrire.

Un peu de fierté nous habite aussi. Nous avons réussi notre pari. 110 jours en Méditerranée sans avancer une seule fois notre étrave dans un port. Nous avons connu l’évasion, les mouillages forains, les navigations de nuit. Libérés des chaînes qui retiennent le mouvement, nous avons vécu dans la plus pure autonomie. Évidemment, ce choix se paye cher, parfois. Des nuits, des jours ballottés, secoués. Mais tout cela en vaut vraiment la peine !

Nous rentrons de nuit. Il n’y a personne sur les quais. Tant mieux ! Cela nous permet de revenir à la Terre sereinement, sans bruit, sans effusion ! Pas besoin de parler, et de perdre ces derniers instants fusionnels. Cela nous donne le temps aussi, d’installer L'Etoile de Lune pour ses quartiers d’hiver. J’ai un peu l’impression, qu’une fois amarrée, elle va rentrer en hibernation. Nous la rinçons, nous lui emmaillotons sa grand-voile, son taud. Je ne peux m’empêcher de la tapoter, de lui parler, comme pour m’excuser de la rentrer au port. Notre Etoile… Celle qui brille chaque jour dans nos rêves. Mais j’ai envie de lui dire aussi, à quel point je suis fière d’elle ! Elle nous a drôlement bien guidés ! Je la trouve rassurante ! Que je l’aime ce bateau ! Impossible de penser à lui, comme un vulgaire bien mobilier !

C’est Notre compagnon de voyage !

J’ai un peu peur de ce retour à Terre. Ce qui m’effraye le plus, c’est de retrouver la routine, mais surtout la télévision ! Voilà, une grande angoisse ! Se retrouver à ouvrir cette lucarne par manie. La regarder déverser chaque soir son lot hallucinant et édifiant d’images et de sons. Je préfère cent fois une navigation au moteur. C’est tout dire… Et si on y retournait ?


10 octobre 2003 - Message 13 - Position : 43°25'952N 6°51’996E - Départ d’Agay vers Porquerolles Côte d’Azur

Bonjour,

Le cœur lourd, nous quittons Agay. C’est du masochisme ! Agay, nous en a fait baver cette fois. Mais, nous avons eu de la chance. En août, nous avons pu rester dans les parages pendant 2 grosses semaines sans subir aucun coup de vent. Cette fois, en septembre, Agay a joué le même rôle que pendant l’Antiquité. Ce havre naturel, nous a protégés de 2 coups de vent de NW, de 2 coups de vent d’est, et de 2 coups de vent de SW. Je suppose qu’ils les vendent par paires ? Je ne sais si c’est plus avantageux???

Pour simple information, nous avons enregistré lors du dernier en date, des vents de force 8 pendant trois jours et deux nuits. Cela donne des vents qui soufflent en permanence autour de 35 nœuds. C’est épuisant ! On finit par établir des quarts au mouillage ! Ça paraît bizarre, mais avec de telles forces une ancre a vite fait de lâcher. Imaginez, plutôt, l’amarre de dix-huit qui retenait la main de fer a été sectionnée en deux, à cause du ragage sur l’anneau causé par l’évitement du bateau à chaque rafale !

Pendant ce temps, les « Voiles de Saint-Tropez » ont dû annuler plus de la moitié de leurs régates. Un copain qui logeait au port de Saint Trop a dû évacuer le port, car la houle qui y entrait était dangereuse pour les bateaux ! Nous avons adopté la technique du mouillage forain et du dos rond. Ça nous a réussi ! Seulement, nous avons fait l’attraction pour les retraités d’Agay. Ils nous voyaient lever l’ancre et nous poser selon le vent vers l’une ou l’autre rive de la baie. Il faut dire, que nos deux ancres, et toute cette chaîne, c’est du cirque à déménager ! Nous étions le seul bateau dans la baie. C’est bizarre, car c’est un bon abri ! Bon d’accord, il est un peu houleux… Heu, très houleux ! Mais qui n’aime pas ça, ne va pas en mer !


27 septembre 2003 - Message 12 - Position : 43°30'652N 7°03'123E - Îles de Lérins Côte d’Azur

Bonjour,

Ce week-end s’annonçait idéal pour emmener la petite Môman en bateau. (Dans le sens littéral du terme ! Je ne me permettrais pas, sinon…) Nous avions pour but de l’aguerrir aux joies de la plaisance. Ô mon batôôô !!!

Donc, nous avons choisi un week-end sans BMS cela va de soi ! Les bulletins annonçaient des nuages bas, mais un vent variable de force 1 à 3. C’était important de lui redonner confiance. Nous l’avions déjà emmenée aux Antilles. Et… elle n’a pas aimé les alizés. C’est vrai que les alizés sont des vents constants, mais ils peuvent souffler à 30 nœuds, voire plus. En, fait la fourchette est vaste, car comprise en 15 et 40 nœuds… Donc, nous voulions lui montrer ce que c’était que la plaisance, par temps calme !

C’est réussi ! Le vent d’est s’est levé ! Nous avons quitté les îles de Lérins, absolument pas protégées de l’est, en catastrophe, et sommes revenus avec 37 nœuds établis, et mer en conséquence !!! Aïe, ma môman, n’a pas apprécié !!! Pour lui prouver que nous n’étions pas de mauvaise foi, j’ai laissé la VHF allumée sur la « chaîne météo » Pendant que nous essuyons rafales dépassant 40 nœuds, et fortes vagues, nous entendons ce bulletin surréaliste concernant notre zone de navigation : « Avis tempête : NEANT. Temps nuageux avec éclaircies et ondées possibles. Vent variable 1 à 3. Mer belle, houle non significative » CQFD !


23 septembre 2003 - Message 11 - Position : 43°25’838N 6°51’956E - Côte d'Azur

Bonjour,

Ca y est nous sommes arrivés sur le continent. Dans notre fief, éternel ! Vais-je vous parler des conditions météo ? Non, trop de rengaine ! Alors, je vous parlerai plutôt de nos passagers clandestins. Tout d’abord, trois libellules, solidement arrimées aux écoutes de génois, ont fait un long trajet avec nous. Sont-elles parties de leur plein gré ? Je l’espère ! Car sinon, je crois savoir ce qu’il est advenu d’elles… Car un passereau est venu nous rejoindre au beau milieu de la traversée ! Il est resté plusieurs heures à bord. Peu farouche, il a apprécié les dons que je lui offrais : des papillons et fourmis desséchés trouvés sur le pont et la timonerie. De plus, notre moussaillon, ne lui a pas fait peur du tout. S’il avait pu se poser entre ses pattes, je crois qu’il l’aurait fait ! Lune, a manqué de réaction, tant elle était abasourdie par l’effronterie de notre invité surprise. Heureusement !

Sa compagnie a animé notre traversée sur mer d’huile, soleil de plomb et vent nul. (Je ne peux, décidément, pas m’empêcher de vous parler météo… C’est pulsionnel !) Malgré le divertissement, je me suis quand même posé certaines questions. Comment un passereau, type rouge queue, se retrouvait-il seul à 50 milles de toute terre ? Quel que soit son choix, il devra parcourir 100 kilomètres au mieux pour rejoindre une région, un peu plus appropriée à son mode de vie, que la mer. Le bouquin du bord sur l’ornithologie, m’a bien confirmé que c’était un rouge queue à front blanc. Il a un bandeau blanc sur le front, et le ventre tout rouge. Il paraît qu’ils sont capables de voler à une grande vitesse, et de parcourir en moyenne 150 kilomètres par jour. Sa prochaine destination : les régions chaudes bien sûr ! Attends, je te suis…

Pas, fou, il a quitté notre bord, direction sud-ouest, alors, que l’horizon se chargeait de nuages menaçants. Contrairement à lui, nous nous sommes jetés droit dans l’orage et des rafales. Bonne route petit oiseau !


22 septembre 2003 - Message 10 - Position : 42°43’173N 9°15’819E - Saint Florent CORSE

Bonjour,

La semaine de vacances climatiques se termine. BMS pour demain. Alors, décision est prise : on se sauve de Corse. On approche des marées d’équinoxes. Ce sont des périodes que les anciens craignent. Il faut toujours écouter les anciens ! Ainsi, nous partons, car nous avons peur de rester coincés en Corse. A cette saison, un BMS peut en cacher un autre, et un autre et…

Donc, nous quittons la Corse. À CONTRECŒUR ! Cette traversée est sans doute la dernière… Nous allons quitter cette île que nous aimons, et rejoindre le continent. Un étrange goût de fin de vacances. Il est 5 heures, il fait encore nuit, nous levons l’ancre. Nous attendons le soleil. Déjà, des lueurs découpent sur le ciel la crête des montagnes qui dessine ce doigt dénonciateur que l’île pointe vers le continent. Des brumes enrobent les Montagnes de la Balagne. La Corse se réveille et nous nous éloignons d’elle. Souhaite-nous bonne chance… Nous penserons souvent à toi, et à ton destin. Qu’il soit aussi beau que tes contours, tes reliefs et tes vallées !


18 septembre 2003 - Message 09 - Position : 42°20’409N 8°37’636E - Tuara CORSE

Bonjour,

Nous sommes revenus sur les lieux du crime… Il y a 3 semaines au même endroit, nous avons vécu le traumatisme du dérapage incontrôlé. Mauvais jeu de mot, je l’avoue… Ce qui fut l’enfer sous l’orage dont je vous ai déjà parlé, est aujourd’hui le paradis sans un souffle de vent. LE BONHEUR ! Nous vivons une semaine géniale. Cela valait la peine d’attendre et de subir coups de vents et perturbations en tout genre, pour vivre enfin, une semaine de calme et découvrir les splendeurs de la Côte Ouest de la Corse.

Aujourd’hui, nous nous sommes offert le luxe de laisser EDL sous la simple surveillance de mademoiselle Lune. Nous sommes partis en randonnée. Avant, Lune nous suivait dans les campagnes et les montagnes. Mais son âge respectable, fait d’elle une fi-fille dont il faut épargner les articulations. Le bateau et la chienne sont restés bien sagement à Tuara, pendant que nous découvrons le chemin de randonnée qui mène à Girolata. SPLENDIDE ! MAGNIFIQUE ! GÉNIAL ! Nous avons fait de jolies photos. Elles apparaîtront dans les pages consacrées à la Corse… Patience !

Dernière chose et non des moindres. Nous sommes le seul bateau à loger à Tuara, et Girolata qui accueille en été plus de cent bateaux n’en compte qu’une petite dizaine. Vraiment, septembre sous un temps clément en Corse, c’est du bonheur ! Je me répète, non ?


5 septembre - Message 08 - Position : 41°40’347N 0845’306E - Campomoro CORSE

Bonjour,

Ben vlà aut’ chose ! Vlà t’y pas qu’on nous annonce des trombes marines ! Nous collectionnons les BMS (bulletin météo spécial) ! Depuis le 28 août nous en comptons 12, plus d’un par jour. Chaque jour, la météo nous sort une nouvelle perturbation de son sac à malices. Aujourd’hui, elle nous concocte un cocktail premier choix : « Trombes marines, orages, violentes rafales. »

Elle n’a pas peur que tout cela fasse un peu d’œil ?

Que faire ? Sinon le dos rond ? Nous avons tout paré : annexe, kayak, tauds et capote repliés. Tout ce qui est susceptible d’offrir une prise au vent a été réduit à son minimum. En Méditerranée, il faut avoir de la ressource. Au cours des derniers coups de vents et orages subis, nous avons peaufiné notre tactique de mouillage. Simple et efficace, nous n’avons rien inventé, nous nous sommes tout bonnement entraînés à la synchronisation. Tout cela parfois aidé de copieux jurons ! Paraît que ça aide…

Nous jetons une première ancre (selon le fond, ce sera la CQR ou la britanny) puis laissons filer de la chaîne, longueur adaptée à la profondeur, puis la seconde ancre est envoyée, et là, on laisse filer 40 ou 50 mètres de chaîne. Dans certaines circonstances, nous avons été obligés de laisser filer toute la chaîne, soit 80 mètres. Autant dire, qu’il vaut mieux laisser de l’aire autour du bateau !

Pour le moment, ça gronde tout autour de nous. La montagne est noire ! Ce vieux Astérix avait raison : Ça sera épouvantable quand le ciel nous tombera sur la tête ! En attendant, contrairement à nos amis de BD qui dorment toujours du sommeil du juste… Nous, nous veillerons cette nuit encore !!!


2 septembre 2003 - Message 07 - Position : 41°50’05N 08°43’146E - Sainte Barbe CORSE

Bonjour,

La journée commence comme toutes les journées par l’étude de la météo. BLU, FAX, VHF, tous les moyens sont bons pour récupérer ces informations précieuses. Depuis, le 25 août, le bateau et l’équipage sont malmenés. Nous avons échappé au pire, à Tuara après avoir dérapé, lors d’un orage aussi soudain que violent. Nous nous sommes enfuis vers Sainte Barbe où nous avons trouvé abri contre le vent, mais pas contre la houle ! Pendant 4 jours, le mistral s’est acharné en une furie destructrice…

Ce matin, à la météo une accalmie se dessine. Mais le bulletin nous donne un « message d’inquiétude ». Il annonce quatre hommes à la mer. Leur position hier soir à 20H15 lors du chavirage : 40°N41’9’’ 07°E45’9’’, c’est à 40 milles au large de Calvi. Nous restons pétrifiés d’effroi. 4 hommes d’un coup passés à la mer… Le cross demande à tous les navires de rester vigilants. Nous savons ce que cela signifie.


6 août 2003 - Message 06 - Position : 43°25’838N 6°51’956E - Agay CÔTE D'AZUR

Bonjour,

Ha, je les aurai méritées ces retrouvailles avec ma famille !!!! Nous sommes restés coincés par un coup de Mistral pendant 6 jours. J'ai failli louper mon frère, qui avait chamboulé ses vacances à la montagne, pour venir rejoindre sa petite sœur à Agay. Soit dit en passant, ce rendez-vous manqué aurait été une réelle catastrophe familiale, puisque notre voyage prévu dès 2004 nous séparera, sans doute, pour de nombreuses années !!! SNIF

Heureusement, la météo nous a enfin écoutés et nous a ouvert une belle fenêtre pour revenir sur Agay. Bon, le Cap n'est pas tout à fait d'accord. Pour lui 21,7 heures de moteur (quand c'est précisé à ce point, ce n'est pas bon signe) sur un total de 35 heures de navigation, ce n'est pas ce qu'il appelle une « fenêtre météo »... Ceci, dit, pouvait-on prévoir que le vent allait passer soudainement de force 8 à force 0 ???? Ceci, dit, pas de vent, et la houle résiduelle d'un coup de vent, ne font pas excellemment bon ménage...

De plus, le Capitaine a manqué de chance. Lorsque dégoûté par les ronflements du moteur et la platitude des conditions il a cédé son quart... à son équipière. Le vent, comme par enchantement, s'est levé. J'ai pu mener dans un petit vent marin le bateau à des pointes de 6,4 nœuds dans un travers du tonnerre. Il faut voir le bon côté des choses... pendant ce temps, le Cap dormait sans moteur !


26 juillet 2003 - Message 05 - Position : 40°56'279N 08°14'045E' - Stintino SARDAIGNE

Bonjour,

Aujourd'hui, séquence EMOTION!!! Nous avons quitté, ce matin, Porto Conté, un havre de bon vivre, magnifique de calme et cadre splendide. La navigation vers Stinitino débutait bien, un vent de 10/15 nœuds de NW qui nous faisait faire du près à une vitesse respectable de 5 nœuds ! OK, si VDH passait par là, un sourire émaillerait son visage et, son Adrien s'évanouirait dans les brumes loin devant nous ! Mais, nous faisons avec notre Etoile, qui n'a rien de filante, de l'anti-record... ou alors du record buissonnier...

Bref, pendant que d'autres, que je ne nommerais pas ici, pour des raisons de camaraderie, taillaient leur route au moteur et faisaient de la haute villégiature le long des falaises, nous nous débattions avec un vent mollissant et des bords qui nous tiraient des longueurs supplémentaires de route. Résultat inévitable au près, trois fois la route, quatre fois plus de temps, et des efforts rarement récompensés. Le vent nous avait joués tant et tant de ses tours, un peu mauvais, que nous commencions à craindre que la passe dangereuse vers Stintino ne se présenterait que de nuit...

Heureusement, nous nous y sommes présentés alors que le soleil touchait l'horizon, ce qui nous laissait assez de luminosité pour viser les amers croisés qu'il fallait suivre. Nous étions tendus, car les fonds, rocheux et sournois étaient peu généreux. Annonçant par endroits, moins de 2 mètres. Vous me direz, que craignez-vous, vous relevez la dérive et le tour est joué. C'est ce qu'on a fait. Lorsque la passe fut derrière nous, nous nous sommes détendus, un peu... Un peu, car le loch se montrait toujours avare de ses profondeurs. Nous ne disposions que de cartes électroniques détaillées. Et quelque chose ne tournait pas rond... Les fonds qui auraient dû descendre n'affichaient que des remontées... et... KRAAK...

Krak.. Quel bruit odieux à bord ! C'est insupportable ! J'enrageais ! Nous aurions dû suivre ce bateau qui dessinait un étrange S. Il évitait les cailloux, nous aurions dû suivre celui-là, plutôt que l'autre qui moins chanceux que nous, car quillard, se perdait dans un labyrinthe invisible de Kraks, et autres bruits qui font mal à la quille... Et puis, nous aurions dû envoyer l'un de nous à l'avant pour avertir des fonds de VISU....Bref, Heureusement, le Cap a fait demi-tour là où les fonds le permettaient encore, seul le sabot qui protège l'hélice a subi quelques griffes... VIVE LE DÉRIVEUR INTÉGRAL !!!


19 juillet 2003 - Message 04 - Position : 39°52'096N 08°26'684E - Oristano SARDAIGNE

Bonjour,

Les traversées se suivent et ne se ressemblent guère... Nous avons quitté Algayarens (Minorque) avec une « queue de mistral », qui aurait dû nous offrir un vent de travers régulier, mais déclinant. Résultat, nous avons manqué de vent. Ha ! Le Marin, ce n'est jamais content ! Il en a toujours de trop ou pas assez... Ou est-ce cette Méditerranée au caractère binaire ? En 48 heures de navigation, nous avons subi les borborygmes du moteur pendant 19 heures. Le Capitaine ADORE !!! Ça ne se voit pas ??? Étrange...

Si un tel régime use la mécanique et les nerfs, il a des avantages ! Nous nous sommes retrouvés sur un miroir circulaire, d'où a jailli, un gros thon, pour le côté culinaire… Pour le reste, mademoiselle Lune a trouvé ses aises à pouvoir faire ses « petits besoins » sur une surface relativement plane. Je dois avouer, qu'il est, en mer, des situations incongrues. Imaginez, plutôt, deux équipiers, presque à quatre pattes en train de mimer à leur chien ce qu'il est sensé faire... J'aurais voulu posséder un neurone chien pour traduire ce qu'elle s'est dit en voyant notre cinéma !!!

Pour le côté didactique, nous avons découvert au lever du jour, un champ de tortues qui dormaient en flottant à la surface de l'eau, un banc de dauphins nous a offert nos plus belles photos de rencontres maritimes. (À découvrir dans notre site… Rendez-vous est pris ?) Nous déplorons la mort d'un petit calamar qui s'est suicidé sur le pont pendant la nuit. Quelle tristesse !

Mais déjà, l'horizon se pare de reliefs. Nous approchons de la Sardaigne. Contrairement aux allures atones de Minorque, la Sardaigne a une jolie silhouette... Elle me plaît, vue du large. Sera-t-elle aussi belle de près ?


26 juin 2003 - Message N°03 - Position : 40°N03'17'' 08°E38'03'' - Cala Fornells MINORQUE

Bonjour,

Quelle glissade ! Tout schuss vers Minorque en 36 heures !

La météo d'avant départ annonçait un vent de NW force 4 à 6 sur Lion, mais un vent de force 3 à 5 sur Minorque (notre zone de navigation). Ça commençait bien ! Nous avons quitté Port Camargue avec juste assez de vent pour rider la mer. Le capitaine a essayé son matos de pêche. Il a pêché écolo : il nous a nettoyé la mer de ses sacs plastiques ! Les dauphins sont ravis !

Quand j'ai pris mon quart de 21 heures, les choses se sont gâtées. Le vent nous faisait des gammes et montait crescendo. Premier ris à 21h30, deuxième à 21h45, troisième à 22h30, avec enroulement du génois au même rythme. La mer grossissait tandis que les cargos en embuscade derrière l'horizon ont pris un malin plaisir à viser notre sillage ! Nous avons compté une moyenne de 7 nœuds pour L'Etoile de Lune, et un vent établi à plus de 35 nœuds avec de belles rafales. Autant dire que le bocal était agité ! À moins que ce soit l'équipage qui était agité du bocal... Bof ??? Au petit matin, 5 belles dorades suivaient notre sillage. Le Cap a voulu me faire une nouvelle démonstration de pêche. Mais, elles étaient mes compagnes de quart depuis le petit jour, alors, je n'ai pas eu le cœur de... Bref

Au bout de 20 heures à ce régime d'enfer, le vent, la mer se sont calmés progressivement, pour nous concocter une arrivée de nuit sur Minorque.

Demain est un autre jour... Celui de la découverte d'une île... Que nous réservera Minorque ?


15 juin 2003 - Message N°02 - Position : 43°31'190N - 04°08'092E - Port Camargue Languedoc Roussillon

Bonjour,

Nous avons eu une belle frayeur aujourd'hui ! Et, paradoxalement, nous étions au Port... La vie s'écoulait paisiblement sous un beau soleil. Nous rangions l'avitaillement en vue de notre départ qui se rapproche. Lorsque tout à coup, un nuage anthracite est venu obscurcir le ciel. En quelques secondes, le vent est passé de 0 nœud à 40 nœuds, une pluie torrentielle et des éclairs se sont abattus sur la pauvre Lune que nous avons rentrée immédiatement, tout en fermant tous les hublots. À peine, arrivés dans le carré, nous avons senti le bateau gîter, les yeux rivés sur l'anémo, nous avons vu défiler plusieurs belles rafales, qui tutoyaient les 60, 65 nœuds. Le record à battre est de 71 Nœuds !!!

Inutile de dire que tout ce qui n'était pas arrimé s'est retrouvé projeté dans le fond du carré, et ce, malgré les 6 amarres qui retenaient L'Etoile de Lune. C'était une belle répétition générale pour le départ. Maintenant, nous savons tout ce qu'il faut fixer !!!

Le spectacle a duré à peine une demi-heure. Puis, retour à la normale, du moins pour tous ceux qui s'en tiraient sans dégât. Car à la VHF, les appels de détresse étaient légion : un catamaran retourné à l'entrée du port, un véliplanchiste en détresse, un voilier qui était sur le chantier a été projeté sur le bloc sanitaire... Des ébats météorologiques qui coûtent cher !


Le 14 juin 2003 - Message N°01 - Position : 43°31'190N 04°08'092E - Port Camargue Languedoc Roussillon

Bonjour,

Depuis le 9 juin, le bateau est en « chantier ». Les réjouissances ont débuté par l'installation d'un dessal. Puis sortie du bateau. À peine levé (le bateau !), Daniel, c’en est pris à la coque ! Il est vrai que la choucroute était épaisse ! Pourtant, le dernier carénage datait d'un an à peine... Il paraît que la prolifération des algues est en augmentation dans le Port. J'avoue aussi, que L'Etoile de Lune est restée, immobile pendant plusieurs mois, ce qui favorise aussi cette production parasite... Vive les eaux libres ! Patience, ça vient !

En plus du carénage, nous avons posé de nouvelles charnières aux capots des coffres extérieurs, la timonerie a reçu des plexis flambants neufs, changement des anodes, les filtres d'eau douce ont été changés aussi. Nous avons complété la panoplie par les inévitables « lignes de vie » à poser avant départ. Nous avons également acquis un projecteur autonome. Gadget ou réelle utilité, nous le vérifierons pendant le voyage.

Dom, le Cap a bien transpiré durant ces quelques jours, où EDL offrait toute sa coque au soleil. LA FOURNAISE ! Pendant ces jours caniculaires, mademoiselle Lune a découvert et apprécié la climatisation... Le monde est ainsi fait...