Message 74 – écrit en juin 2008
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Zone de navigation : Comarca de Kuna Yala

Nuchu, Nele, Winni, Chicha, Ina Kaipi, Roja...
Voici les grandes étapes de la vie des Kunas - Episode 4/4

"Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis." - Saint-Exupéry


Ceci est le quatrième et dernier épisode de notre saga sur les Kunas. Retrouvez le début de l'histoire et consultez les messages 71, 72 et 73 respectivement intitulés:
- Le clan des irréductibles
- Le regard de Nuelia - Une étincelle en Pays Kuna
- Les Nourritures Kuna

Résumé du message
Lorsque nous quittons Ustupu, nous rejoignons notre dernière étape en pays Kuna : Ailigandi. Devant l'îlot de Dupdarboguad, nous trouvons NOTRE lagon de rêve. Plage de sable blanc, bouquets de cocotiers, eaux cristallines. L'étoile ne fait de l'ombre qu'à elle-même pendant 3 semaines. Nous sommes à une demi-heure en annexe du village historique d'Ailigandi. Nous y rencontrerons Reynaldo. Mais aussi Roy, un vieux monsieur artiste et historien. Il partage dans sa maison transformée en musée, toute la culture ancestrale kuna. Plus loin, nous trouvons Analida, dont le frère Anaclédio nous adopte comme ses enfants... Puis nous retournons sur Ustupu, une promesse que nous avions faite à Alek et Isabel...
Au-delà de la carte postale, plus de trois mois passés en Kuna Yala sont une expérience humaine incomparable.

En fin de message vous trouverez :
L'astuce du mois : La vie à bord sans supermarché (Conseils d'approvisionnement pour une autonomie totale et longue en vivres)
La photo du mois : L'Etoile de Lune sur une plume


Bonjour,

Depuis deux mois nous musardons dans le Sud de l'archipel des San Blas, jusque-là nous n'avons pas trouvé LA carte postale, l'îlot de rêves digne des récits de nos prédécesseurs. Le temps plus souvent gris que bleu ne nous a pas aidés dans notre quête. Mais après la pluie, un jour, toujours vient le soleil. Celui-ci nous aide à nous faufiler dans les passes difficiles de Atchutupu. Un dédale de récifs, que le merveilleux guide nautique de Monsieur Éric Bauhaus nous aide à traverser. Il a posé sur les cartes un cordon de points GPS, il suffit, tel le fil d'Ariane, d'en saisir un bout et de le suivre. Cela n'empêche pas de garder l'oeil ouvert et de naviguer par une excellente visibilité. Car certains repères se situent exactement SUR le récif à éviter.

Peu importe cette navigation attentive. Après quelques petites frayeurs, nous sommes largement récompensés. Trois petits îlots disposés en quinconce, une barrière de corail ou se casse l'écume vrombissante, des cocoteraies pour faire de l'ombre à de minuscules plages de sable blanc, une eau claire, des oiseaux qui chantent à tue-tête toute la journée, voilà le nouveau décor pour L'Etoile de Lune. Nous choisissons l'îlot de Dupdarboguad. Nom pas facile à retenir et encore moins à prononcer, mais il est notre préféré. Il porte en son extrémité sud, un bouquet de trois palmiers qui, grandissant chacun à leur tour, forment des houppettes de palmes en étage dont je raffole.

Notre ami Patrick est soumis à des impératifs métropolitains. Nous nous quittons donc ici. Il part vers le Nord, tandis que notre route va rebrousser chemin. Les étraves de bateaux sont ainsi faites. Elles croisent leurs sillages pour de jolies navigations amicales, puis chacun reprend sa route. Nous n'avons pas vu le temps passé, deux mois et demi de franche amitié partagée avec un capitaine très agréable à vivre. Merci Patrick! Bon vent, belle mer...

Après son départ, aucun bateau ne passera au coeur des récifs de Ailigandi. Nous ne sommes pas encore dans les mythiques et touristiques Hollandes que tout le monde connaît. Nous en sommes encore à plus de 50 milles. Je n'aurais jamais cru qu'au 21e siècle, il était encore possible de trouver un tel mouillage pour nous tout seuls. Ici, peu de bateaux passent. En plus de 2 semaines, nous n'avons vu que des pirogues Kunas. Les Kunas à la voile ou à la rame (pas de moteur hors-bord dans les parages) viennent nous proposer langoustes et cocos. Je vous avoue, avec honte, que nous avons fini par refuser langoustes. Nous en étions rassasiés !

Nous sommes à un mille et demi de Ailigandi, un joli îlot-village de plus d'une centaine de huttes serrées les unes contre les autres. Ailigandi abrite 1200 habitants. La particularité de ce village est qu'il est arboré. Souvent, les îlots supportent tant de monde qu'il n'y a plus la moindre place pour les arbres. Ici, cocotiers, arbres à pain, bananiers, arbustes médicinaux dépassent des toits de palmes. Ils propagent une ombre fraîche tout en offrant des fruits aux habitants. Une atmosphère bucolique des plus engageantes !

Fait exceptionnel depuis que nous sommes en pays Kuna, Dupdarboguad est le premier mouillage où personne n'est venu réclamer la taxe de mouillage. Par contre, la première fois que nous nous sommes présentés au village d'Ailigandi, nous avons demandé à la première personne rencontrée s'il y avait une taxe à payer. C'est une manière simple de ne choquer personne. Il y a toujours quelqu'un près des quais. Il faut prendre soin de toujours choisir un homme, jamais une femme. Elles sont plus farouches, et les hommes aiment à préserver leur rôle de guide aux étrangers. Nous trouvons deux hommes sur la place du village, les saluons chaleureusement et nous leur demandons immédiatement ce qu'il y a lieu de faire (voir le sahila ou payer l'impôt, parfois les deux). L'un des deux se présente. Il s'appelle Reynaldo. Il est en train de refaire une beauté à la statue du cacique d'Ailigandi, "el gran Jefe Simral Colman ou de son petit nom Kuna "Olokindibipilele". Il a été l'initiateur de la révolution. Ailigandi est le pôle de départ de la grande révolution qui permit au peuple kuna de rester autonome. Un village historique ! Malgré l'importance de son travail, Reynaldo abandonne ses pinceaux et nous conduit à la Officina de la Comunidad (au bureau de la communauté).

Au bureau de perception de la taxe, une jeune secrétaire et Aurelio Munios l'accesseur du Sahila nous accueillent chaleureusement. Visiblement cette participation spontanée à la taxe communautaire est appréciée. Pour la modique somme de 2 dollars par personne, ils nous invitent à venir au village aussi souvent que nous le désirons pendant notre séjour. Lorsque nous lui demandons les restrictions appliquées aux étrangers, il nous répond qu'il n'y en a pas. Sauf une restriction d'horaire qui concerne les marins colombiens. Ceux-ci sont consignés à bord de leur lancha au-delà de 17 heures et jusqu'au lendemain matin. Les autorités préservent ainsi "la paix dans les ménages"... Par contre, il nous dit que nous pouvons nous balader tranquillement, les photos sont permises et gratuites à condition, évidemment (!), de demander la permission aux intéressés.

Le bureau est un hommage aux grands caciques révolutionnaires, des photos datant des années 1930 sont punaisées aux murs. Plus surprenante, est la présence, dans le bureau du sahila, de trophées de Basket-ball, de football et de volley... Le village gagne régulièrement des coupes panaméennes. Devant l'école d'Ailigandi une dalle bétonnée sert de stade d'entraînement aux jeunes. Reynaldo qui nous avait attendus devant le bureau, nous emmène voir une partie de Basket-ball féminine. Les jeunes filles sont du tonnerre et elles se défendent prodigieusement bien ! Pendant que les filles s'entraînent, les garçons de l'école viennent nous voir. Ils veulent tout savoir de nous. Et rapidement, ils s'intéressent à notre voyage. Sur le grand planisphère peint sur le mur de l'école, ils nous désignent le Canada, les États-Unis, la France, l'Italie... Nous leur traçons du bout du doigt, la route que nous avons faite en quatre ans, pour arriver jusqu'à eux. Les yeux s'écarquillent, les regards suivent le chemin de leur imagination, ça y est... Ils rêvent eux aussi !

Au-delà de l'école et de la place du village où se situe la statue du cacique, il y a comme dans tous les villages Kunas, le Congresso. En chemin, nous croisons le sahila. Reynaldo nous présente immédiatement à Maximo William. C'est la première fois depuis que nous sommes dans le Kuna Yala qu'un sahila nous accorde un peu de son temps. D'habitude, nous le voyions passer telle une ombre éthérée. Cette fois, le Sahila s'adresse à nous en espagnol, il nous souhaite la bienvenue en nous serrant la main chaleureusement.
"Con mucho gusto" (Enchanté) Nous dit-il dans un sourire engageant.
Il nous demande d'où nous venons. Il pose quelques questions de courtoisie. Son "cantador" vient nous rejoindre. Celui-ci nous parle en anglais. Le cantador et le Sahila s'apprêtaient à se rendre au congresso pour invoquer les dieux qui protègent la terre kuna. Je suis tellement impressionnée par ce petit bonhomme que j'en oublie ma langue. Il est minuscule et âgé. Comme tous les sahilas. Il porte un jean, une chemise à carreaux et une cravate rouge, feutre noir enfoncé sur le front. Il va pieds nus. Comme tous les sahilas ! Je regrette ma paralysie. C'est là une chance incroyable d'avoir une discussion avec un haut dignitaire et me voici muette ! (Ou presque...)

Les villageois de Ailigandi sont des gens affables qui nous accueillent gentiment. Dès notre première visite, Dom et moi nous nous retrouvons avec des grappes d'enfants qui saisissent chacun de nos doigts. Dom a de grands doigts, cela lui fait dix gamins qui le tiennent. Pas facile de se glisser dans les ruelles étroites bordées de palissades de roseau ! Filles et garçons se partagent le capitaine, ils sont sages. Ils nous regardent avec de grands yeux étonnés. Ils ne nous lâchent sous aucun prétexte et se disputent un peu la place... Les adultes s'amusent en nous voyant passer. Nous leur lançons des "Nuedi" (bonjour). Premiers mots d'échanges qui se poursuivent en anglo-espagnol. Rapidement, tout le monde comprend que nous sommes curieux de leur culture, curieux d'apprendre, curieux de comprendre. Chacun y met du sien pour nous expliquer les rudiments de la culture kuna.

Nous sommes à l'école des Kunas.

Je dirais presque que le matin, nous quittons, cartables sur le dos, L'Etoile de Lune bien installée dans son mouillage devant l'îlot cocotiers de Dupdarboguad pour nous rendre en annexe au village de Ailigandi. Petite navigation bien arrosée par la mer qui passe suffisamment par dessus la barrière de corail pour faire des petites vagues qui adorent pourlécher le tee-shirt du capitaine. Pas le mien, car je me débrouille toujours pour me mettre à l'abri : il faut que je protège mon précieux et inséparable carnet de notes !

A chaque visite Reynaldo nous accueille. Il a beaucoup de mérite. Il nous dit :
"Yo soy un poco enfermo"
"Je suis légèrement malade."
En fait, ses membres se paralysent peu à peu. Il travaillait à Panama City comme dessinateur pour un cabinet d'architecture, mais son infirmité l'a obligé à rentrer au pays. Il vit chez ses parents et se fait soigner par le "Nele" du village.

Un Nele est un médecin qui pratique les méthodes ancestrales des kunas. Médecine qui allie des remèdes à base de décoctions de plantes à des notions spirituelles. Le Nele fait, pendant qu'il administre ses remèdes, des incantations. Il prie, il chante, autour du malade qui est allongé dans une barque de bois (UR en Kuna). La barque est posée au centre de "la casa del doctor" soit en kuna: INA DULET.

Autour du malade sont disposés des Nuchus fabriqués par le Nele. Le Nuchu est une statuette en bois représentant l'individu qu'il faut soigner. Reynaldo, nous dit que son traitement consiste à aller voir une fois par jour le Nele. Reynaldo passe environ une heure allongé dans la "UR". Autour de lui, brûle de l'encens, des décoctions de plantes. A la fin de la séance, il est formellement interdit de ramener ses nuchus à la maison. Le nuchu est "un être" qui porte une âme et une volonté spirituelle telle qu'il pourrait se retourner contre son possesseur s'il en faisait mauvais usage. Par exemple, un homme qui rentrerait chez lui et qui battrait sa femme devant son Nuchu, aurait toutes les chances de se blesser le lendemain en se rendant à "el Monte" pour cultiver sa parcelle ou de se noyer en allant à la pêche au cangrejo (énorme crabe qui est le plat préféré des kunas). Le Nuchu est donc à manipuler avec précautions... Me voyant incrédule, Reynaldo accompagne ses paroles d'un geste et me dit :
"Là, tu vois, nous ne sommes pas seuls, mon Nuchu, me suit, il est là, avec moi et m'aide à marcher..." Il le dit avec un large sourire, mais il y croit. Dès que Reynaldo sera guéri, ses Nuchus le laisseront se débrouiller seul.

Avant de vous confier cette petite leçon de médecine Kuna, nous avons questionné plusieurs personnes à des endroits différents sur la question du Nele. Nous avons croisé nos premiers Nuchus à l'Ina dulet de Pinos, puis le peintre d'Ustupu a représenté de manière très éloquente une séance de thérapie. De village en village,il faut admettre que le Nuchu se cramponne à son rôle ancestral. Il n'est pas à considérer comme une simple amulette ou un porte-bonheur en passe d'être révoqué par le téléphone cellulaire et la télévision. Le Nuchu a encore de beaux jours devant lui. Il est respecté et surtout, il est craint pour ses pouvoirs.

Chemin faisant, Reynaldo nous conduit chez ses amis Analida, et Anaclétio. Anaclétio est le patriarche de la famille. Il nous ouvre les portes de sa demeure, il nous accueille en anglais. Encore un ancien du canal. D'emblée il adopte Dom comme son fils spirituel. Mon capitaine a le même âge que son propre fils. Il en faut si peu pour rentrer dans la famille. Analida, quant à elle m'accueille avec un énorme sourire. Elle confectionne des winnis. Le winni est l'indispensable accessoire qui accompagne la tenue traditionnelle kuna. Outre la blouse faite de mollas, le paréo multicolore, les femmes kunas portent des bracelets qui couvrent les avant-bras, ainsi que des chaussettes qui remontent de la cheville jusque sous le genou. Ces accessoires sont uniquement faits de fils et de perles de rocaille de couleurs vives. Les winnis, réels tissages sur mesure, se partagent entre le jaune, le rouge et le vert pour les couleurs dominantes. Il faut plus de trois jours pour recouvrir un seul avant-bras ou un seul mollet. Comptez donc que pour s'habiller, une femme kuna met plus de 12 jours !

Messieurs, vous y penserez, lorsque vous attendrez votre douce moitié qui se prépare à sortir...

Si les filles discutent chiffons, Anaclétio quant à lui, est en train de construire une extension à l'ensemble de huttes qui forment sa demeure. Celle-ci fera office de cuisine. Les huttes selon leur finition et leur taille sont construites en quelques semaines ou en trois mois. En théorie, le toit de palme est fait pour garantir une assez bonne étanchéité pendant 10 ans. Le problème le plus sérieux de ces huttes est la préservation de l'équilibre de l'ensemble pendant les grosses pluies orageuses de l'été. En effet, les roseaux qui façonnent les murs sont simplement fichés dans la terre sablonneuse. Une légère butte à la base des murs devrait empêcher la pluie de créer un marécage à l'intérieur de l'habitation. Mais lorsque les pluies sont trop fortes, celles-ci lessivent le bas de murs, et font vaciller l'ensemble. Certaines huttes gardent par la suite, une assise étrange. Pour cette raison, les kunas les plus riches adoptent une construction mixte. Sur une dalle de béton, ils construisent des murets de 50 centimètres de hauteur. Puis le reste de la maison sera monté traditionnellement autour de matériaux tels le roseau ou la palme.

Roy, un cousin de Reynaldo explique admirablement bien la construction des huttes traditionnelles. Il possède des schémas extraordinaires donnant le nom kuna de chaque poutre, de chaque appentis... C'est un vieux monsieur qui consacre une partie de sa hutte à un petit musée. Là, par des dessins et des cultures il consigne tout ce qu'il sait sur la culture Kuna. Des tableaux peints à l'aquarelle, représentent la musique et les instruments kunas, la création du monde... Ses peintures sont aussi un hymne à la révolution, une dénonciation des pratiques esclavagistes des Espagnols. Il retrace peu à peu la genèse et l'histoire des Kunas. Roy m'apprend, par exemple, qu'il y eut une seule femme cacique. Celle-ci se nommait Olonague Kiryae. L'événement se passe il y a plus de 500 ans, avant l'arrivée des Espagnols. Roy nous explique que Olonague s'est présentée à une époque où la corruption anéantissait le rôle véritable des caciques de l'époque. Elle a remis de l'ordre dans la société kuna. Mais par la suite, plus aucune femme ne fut élue à la tête du peuple Kuna. Lorsque je demande à Roy, si l'on peut dire que leur société est matriarcale. Il sourit et dit gentiment,mais fermement :
"Ici, ce sont les hommes qui décident ! Voyons ! Voyons !"
Roy est patient et méritant, il n'a aucune ambition lucrative. Il demande une aide aux gens de passage pour son oeuvre. Mais il est animé par le désir de garder une trace de la culture ancestrale. Son désir le plus cher est que malgré les incursions de plus en plus fréquentes de la technologie en pays kuna, les jeunes persévèrent et maintiennent leurs valeurs.

Dans sa tâche, il s'aide de toutes les techniques figuratives. Par exemple, pour nous expliquer les rites funéraires ou la cérémonie de la roja, il a sculpté des figurines qui représentent les principales étapes du rituel.

Lors de ses premières règles, une jeune fille est enfermée pendant 4 jours dans une petite cellule de roseaux. Elle y est constamment baignée d'eau de mer. Durant cette douche cérémoniale, le restant de la famille s'organise. Les adultes et les garçons de la famille dansent dans les rues. Ils sont habillés de rouge et portent des colliers faits d'os ou de corail. Le père, pendant ce temps, fabrique un panier en feuille de pandanus. Lorsque le panier est terminé, il part avec ses fils ainés et le shaman dans la forêt. Ils vont cueillir le fruit d'encre noire. Au bout des quatre jours, la jeune fille sera enduite d'encre noire extraite de ce fruit.

Nous avons de la chance ! La famille d'Anaclétio vient de célébrer la cérémonie de la roja de leur petite fille. En tant qu'étranger nous n'avons pu participer aux festivités en direct. Mais un cousin d'Annaclétio venu tout spécialement de Panama City a filmé tout le déroulement de la cérémonie. Il nous montre tout cela sur le petit écran de sa caméra. Incroyables, les grands-mères que l'on voit d'habitude courbées sur le pas de la porte en train de coudre si sérieusement leurs mollas, sont complètement dégingandées. Le village, d'ordinaire si calme, résonne de bruits dissonants. Une musique approximative et assourdissante s'élève partout dans les ruelles. Des flutes de pan tentent d'accompagner des percussions mal accordées de timbales en fer. Les vieilles femmes en rouge affublées de longs colliers d'os qui couvrent toute leur poitrine, sautent maladroitement. On les dirait ivres, mais paraît-il qu'elles n'ont rien bu.

Plus étonnant encore, lors du dernier jour, lorsque les hommes partent dans la forêt avec shaman. Ils tombent nez à nez avec un jaguar. Nous voyons en effet, des grosses pattes pendant de chaque côté d'une grosse branche de l'arbre à fruits d'encre noire. Ce gros chat d'un mètre soixante de long et de plus de cent cinquante kilos se déplace prestement de branche en branche. De ses grosses pattes, il fait des gestes, un peu comme un chat qui joue avec une pelote de laine. Ses "miaulements" n'ont rien d'un gentil matou. Il exprime son mécontentement par des cris rauques et graves. Impressionnant !

Ce genre de cérémonies se clôture en général par une "fête de la Chicha". La chicha est une boisson alcoolisée à base de canne macérée que fabriquent les initiés. La canne est pressée entre deux rondins de bois. Les femmes sautent sur un balancier situé à l'extrémité de la presse. Exercice physique qui demande un certain esprit d'équilibre... La canne pressée sort un jus qui est récupéré dans des jarres de terre cuite. L'initié du village garde chez lui le breuvage pendant 12 jours. Il le goûte chaque soir, pour vérifier l'évolution de la boisson. Lorsque la chicha est prête, la fête peut commencer. Reynaldo nous précise que s'il faut 12 jours de préparations, deux verres suffisent à être ivre.

Les Kunas, en effet, boivent très peu d'alcool. En général, pour préserver la sérénité des villages, les sahilas ne permettent aux hommes de boire que le samedi et seulement de la bière. Quant à la chicha, elle est exclusivement réservée aux grandes occasions qui sont : la commémoration de la révolution (le 21 février), la pose de l'anneau d'or aux narines des petites filles, la cérémonie de roja et le mariage. S'ajoutent à ces grands rendez-vous, l'élection des petites reines et la célébration de certains anniversaires. Par exemple celui des petites filles. En ce qui concerne les fêtes familiales, la décision revient entièrement au père de famille. C'est lui qui déterminera à quel âge la petite fille aura sa grande fête d'anniversaire. Souvent ces fêtes coûtent cher et la décision sera prise en fonction de l'état général des finances familiales. Pour aider les familles, des quêtes sont organisées. Au moment où nous sommes au village, les petites filles viennent à nous avec une petite tirelire de carton. Au mois de mai aura lieu l'élection des petites reines. La plus jolie petite fille de 7 ans accèdera au trône pour un an. De belles fêtes en perspectives !

Ces fêtes ont lieu dans l'Ina Kaipi. ou "casa de la chicha". C'est une sorte de salle des fêtes. A Ailigandi, la communauté est en train de construire une nouvelle Ina Kaipi. Les villageois en sont fiers. La hutte très vaste permet de regrouper tout le village. Pour les fêtes communautaires, l'entrée est payante. Qui ne s'acquittera pas du droit d'entrée en sera exclu. Pour les plus grandes fêtes les femmes s'entendront entre elles pour présenter une tenue traditionnelle commune. Là aussi, celle qui n'aura pas fini ses mollas de cérémonie à temps, n'aura pas accès à la fête. En général la décision de la tenue appartient aux femmes. Elles se réunissent dans "leur" congresso qui se nomme Nana Durwanasob. "Nana" en Kuna pour "maman". Les mères du peuple se réunissent régulièrement. Outre l'élection de la tenue à la prochaine fête du village, elles décident des tâches de chacune.

Nous nous demandions comment les kunas se débrouillaient pour maintenir leur village propre. Cette responsabilité revient aux femmes. Lors de leur réunion, elles établissent un cahier des charges qui permet d'assumer l'entretien du village à tout niveau. Quand elles ne disposent pas d'un local spécifique, mais elles se réunissent dans le congresso chaque samedi matin. S'il y a désaccord entre elles, la décision finale revient au sahila.

Après plus de 3 semaines "d'école" à Ailigandi, nous disons "au revoir" à nos amis. En cadeau d'adieu, je remets à Roy, ma palette d'aquarelles afin qu'il continue sa belle oeuvre. Pour Reynaldo, nous avons des livres en anglais. Son cousin, Praxelès veut se lancer dans l'hôtellerie. Sur les petits îlots environnants, les familles les plus riches établissent des "huttes d'accueil" pour les étrangers. Ils offrent des séjours pour un prix qui encourage les ambitieux : un couple et deux enfants en bas âge payent 800 dollars pour 3 jours de séjour dans un confort douteux. Nous comprenons qu'à ce tarif-là il veuille se lancer, lui aussi. Il reçoit donc un dictionnaire espagnol anglais pour parfaire son bilinguisme et être engagé bientôt.

Par un beau soleil, nous revenons vers Ustupu. Là nous retrouvons nos amis Isabel, Yoanne, German et Alek. Ce dernier est le peintre de la galerie d'art d'Ustupu. Il sait que je suis curieuse de toute la culture kuna, que j'ai une soif d'apprendre. Il nous prête un magnifique livre sur les communautés indiennes de Panama. Il nous fait également cadeau de son temps. Toujours le sourire aux lèvres, il passe des heures à nous expliquer tous les pans de la culture kuna mais aussi sa perception du monde. Il nous montre également sa méthode de travail. Il peint vite afin de rendre toute la spontanéité des visages. Il donne ainsi un éclair à son message.

Lorsque nous revenons sur Ustupu, Alek nous attend de pied ferme. Non pour récupérer son livre, mais il est visiblement impatient de nous revoir. Il vit pas loin du petit quai où nous laissons l'annexe. Dès notre arrivée nous entendons :
"Natalia y Domingo... Bienvenudo... Adelante"
"Nathalie et Dominique, bienvenue, ... Entrez"

Lorsque nous pénétrons dans son atelier, il nous montre, sa dernière oeuvre : L'Etoile de Lune sous voile, peinte à l'huile, sur une plume d'Urubu. Cadeau d'un artiste kuna sans pareil qu'est Alek De Leon Perez. Aujourd'hui il remplit d'émotion le carré du bateau...

Nous devons un grand merci à tous ceux que nous avons rencontrés en Kuna Yala : Nuelia, Isabel, Alek, Lucie, German, Romulo, Reynaldo, Roy, Analida, Anaclétio, Rosalia, Lino.... grâce à eux, nous avons découvert l'âme kuna. La vraie ! C'est un cadeau de voyage inestimable.

Amitiés marines
Nat et Dom de L'Étoile de Lune


La vie à bord sans supermarché

Nous sommes partis de Carthagène le 20 janvier, nous y sommes revenus, le 2 mai. Entre-temps, pas un supermarché sur la route. Des îles, habitées, où les insulaires se suffisent de ce que leur offre la nature et complètent cet apport par ce qui est disponible dans les "tiendas". Les tiendas de Colombie ou de Panama, sont des petites épiceries ou plutôt des bazars. On y vend surtout des produits de première consommation : du riz, du maïs, parfois des conserves de viande ou de poisson, de l'eau en sachet (portion pour une personne), mais aussi des boissons gazeuses aux couleurs roses, oranges et vertes, parfois de la lessive, rarement des vêtements ou des fournitures d'école... On y trouve aussi des poulets bien vivants qui font la loi entre un sac de riz et un sac de maïs. Les légumes et les fruits feront excessivement rarement partie du stock. Ces derniers sont vendus, à la sauvette, par les pêcheurs qui en général sont également paysans. Lorsque personne n'est venu vous proposer sa récolte au bateau, il suffit souvent de demander au premier venu dans les villages, et il vous trouvera quelqu'un qui vendra bananes plantains, ignames, avocats... Vous trouverez rarement des salades, des tomates et des fruits autres que coco ou bananes.

Cette situation vécue pendant 5 mois a inspiré la réflexion suivante à mon Capitaine : "quelle abondance !". Première phrase prononcée alors que nous pénétrions dans un tout petit centre commercial du quartier nautique de Carthagène. Je me demande ce qu'il aurait dit en pénétrant dans un grand supermarché occidental ?

Pour vivre longtemps sur l'eau, en navigation au grand large ou en croisière côtière oubliée de la civilisation, il faut soigner l'avitaillement avant le départ. Voici quelques trucs et astuces, notre expérience sur 4 ans et en conditions climatiques tropicales (chaudes et humides) peu propices à la conservation des aliments.

A bord, nous voyons large en matière de stockage. Il faut prévoir tout ce dont vous aurez besoin pendant une longue période. Il faut faire un effort d'imagination et se projeter en situation d'autonomie pure. Dans les derniers mois de votre vie terrienne observez vos habitudes de consommation alimentaire ou ménagère. Prenez des notes sur ce qui vous ferait défaut si vous étiez loin de tout. Lors de vos préparatifs, reprenez cette liste elle sera votre alliée. Attention ne négligez aucun détail. Il est parfois désespérant d'avoir tout ce que l'on désire à bord en matière de plats en conserve, de lyophilisés, de féculents, .... et de ne plus avoir une seule allumette pour allumer le gaz.

L'avitaillement du bord nécessite un gros investissement financier. Mais une fois partis, vous regagnerez la dépense, et vivrez de longues semaines sans rien dépenser, ou si peu. Un exemple, en Colombie et au Panama nous avons vécu pour moins de 20 dollars par semaine pendant plusieurs mois.

En pratique et en détail, nous partons toujours avec le plein complet de gaz (2 bouteilles de 13 litres), de gazole (850 litres) d'essence pour l'annexe (30 litres) et d'eau dans les réservoirs (900 litres, même si nous avons un dessalinisateur).

Les provisions alimentaires et ménagères.
Le stockage de nourriture dépend en grande partie de vos habitudes alimentaires. Nous sommes hétéroclites en la matière. A terre, nous ne mangions déjà pas beaucoup de pain, de pizzas ou de gâteaux. Nous adoptions un mode culinaire simple, sain, équilibré et facile à faire. En bateau, cette tendance s'est beaucoup accentuée, ce qui favorise d'autant notre autonomie. Nous nous passons de certains aliments qui se conservent mal et ou qui prennent trop de place.

Mode de stockage, pour protéger notre coque aluminium :
Nous ne plaçons jamais les conserves en contact direct avec elle. Nous avons acheté dans les Leader Price et les centre ED (en France) des grands sacs blancs en toile résistante. C'est un petit investissement au départ, mais ces sacs sont presque éternels. Ils permettent de stocker tous les aliments et de prendre la forme parfois tarabiscotée de certains coffres. Nous utilisons beaucoup les sacs type "ziplog" pour conserver les menus produits type sachet de thé et autre.

La question des liquides.
Nous buvons l'eau du dessalinisateur. Mais, pour nous prémunir de toute panne, nous prévoyons toujours un stock d’un mois à un mois et demi d'eau en bidon de 5 litres. Pour la traversée Atlantique nous avions prévu 250 litres d'eau potable, hors réservoir.
Un petit stock de vin en bouteille, pour les grandes occasions. Nous entourons les bouteilles de papier bulle, très bon amortisseur en cas de forte mer. Le vin en poche, nous l'avons testé, il ne se conserve pas au-delà d'un mois, à moins que vous soyez amateur de vin à cuisiner. Par contre, le rhum en poche se conserve bien. Nous enlevons toujours le carton qui entoure la boîte ce qui nous a valu une petite mésaventure. Lors d'une traversée mouvementée, le bateau a tellement tapé, que la poche s'est éventrée. Cinq litres de rhum à ramasser à l'écope a de quoi faire tourner la tête des moussaillons !

Produits ménagers
Nous avons une autonomie de 5 à 6 mois à bord. Cela va des précieuses allumettes, aux éponges en passant par le papier hygiénique, les essuie-tout, savons, shampoings et autres lessives. N'oubliez pas tout ce qui est de l'ordre de votre quotidien (médicaments, produits corporels, ...)

Produits de base.
Le riz, les pâtes, la farine, le lait en poudre, la semoule de blé, les lentilles... sont retirés de leur emballage lorsqu'ils sont conditionnés en carton. Nous avons à bord des grandes bouteilles de 5 litres, celles-ci sont très pratiques pour conserver les féculents. Cela évite d'embarquer les indésirables charançons ou cafards.

La purée lyophilisée est en sachet sous vide, nous ne gardons que ceux-ci et inscrivons au feutre le contenu. Les féculents vendus en sachets plastiques sous vide sont gardés intacts. Bien souvent pour assurer un stockage parfait, nous les mettons dans des sacs type "ziplog" de taille adaptée.

L'huile. Nous avions acheté avant notre grand départ des bidons de 5 litres d'huile d'olive au prix de l'or, (nous sommes pourtant du pays), puis aux Canaries nous avons trouvé des bidons métalliques très bon marché. Aux Antilles on en trouve encore, puis à partir du Venezuela, l'huile d'olive se fait de plus en plus rare et ne trouvons plus que des huiles d'arachides ou de maïs (il faut donc s'adapter et changer les habitudes alimentaires dans ces pays-là).

La question du pain
Nous faisons tout afin d'assurer une autonomie plus grande en gaz (nous avons deux bouteilles de 13 litres, pour une durée d'un an) . Cette longévité est possible parce que nous avons choisi de nous limiter aux plats peu consommateurs de gaz (pas de pain, de gâteaux ni de pizzas). Pour satisfaire ce besoin de féculent, nous embarquons néanmoins un large stock de biscottes, de petits toasts (appréciés à l'apéritif avec une petite conserve de pâté ou de mousse de poisson). Pour le petit déjeuner, le pain d'épice se conserve longtemps dans les fonds. Nous achetons également la farine à faire les blinis et crêpes épaisses (pancakes). Lorsque les stocks sont en bernes, ils ne demandent qu'une cuisson rapide à la poêle et ne nécessitent pas d'apport d'oeufs (fastidieux à conserver). Avant le départ, nous congelons un à deux mois de pain. Pour accompagner les petits déjeuners, les indispensables confitures, nutellas, sirop d'érable et beurre de cacahuète, sont prévus pour plusieurs mois.

Le congélateur
S'il est consommateur d'énergie, il est d'une grande aide. Cela dit question énergie, les panneaux solaires (5 pour 475 Watts) et une éolienne (aérogène 6) suffisent largement à le maintenir à température. Dans le congélateur, nous faisons large provision de fromages, pain et viandes. Lorsque nous faisons une grosse prise à la pêche, le congélateur nous permet de ne rien jeter.

Les conserves et les lyophilisés.
Les grands alliés des navigateurs sont ces deux produits. Ils ne sollicitent pas l'énergie du froid, et se conservent très longtemps à bord. Partout vous trouverez des plats à votre goût.

Dommage que la filière commerciale des lyophilisés soit si pauvre. Nous avons trouvé des plats variés au "Vieux Campeur" à trouver sur Internet et se faire livrer chez soi avant le départ. Exemple de plats disponibles : poulet au curry, risotto de boeuf, étouffé de saumon, omelettes jambon ou nature, etc. Mais après avoir largué les amarres, vous trouverez en grande surface surtout des entremets, des soupes, des sauces qui accompagneront pâtes, riz, purées, viandes et poissons. De quoi améliorer l'ordinaire en saveurs et le rapport place de stockage/utilité est excellent.

En conserves nous partageons l'aire de stockage (sous les fonds et très importante) entre les plats cuisinés (très pratiques en navigation), les légumes, les fruits au sirop (très utiles lorsqu'il n'y a plus de frais à bord), les viandes type jambon, boeuf, porc., poissons en sauce ou non... A bord, nous avons une autonomie de 4 à 5 mois sans aucun avitaillement.

Les aides énergétiques
Nous prenons soin de toujours avoir à bord, nos petites aides énergétiques. En navigation pour éviter la fringale nous mangeons des barres de céréales. Pour le petit encas du soir, au clair de lune, du chocolat. Voilà une réserve importante pour l'équipage. Nous n'avons failli épuiser nos stocks qu'une seule fois, aux Aves. Un drame inqualifiable à bord.

La question des légumes et des fruits (ce que nous appelons "le frais")
Premièrement tous les légumes et fruits sont rincés à l'eau claire en arrivant à bord (cfr la question du mail 71 sur les cafards). Ils sont séchés soigneusement avant le stockage pour éviter toute moisissure.

Nous conservons les légumes et fruits selon leur type.

La salade, le concombre, la carotte, le poivron ne se conservent pas longtemps hors du frigo. Nous les stockons dans des sacs type "ziplog". Nous veillons à tout aligner sans perte de place. Les carottes seront les plus tenaces et tiennent jusqu'à 2 mois.

Hors frigo, nous avons installé un filet sous le taud, sorte de hamac à fruits et légumes. Il bénéficie d'une ventilation constante. Mais il faut veiller au poids. Ainsi nous avons des coffres à l'arrière du bateau où nous disposons des cagettes. Ce sont des caisses ajourées en plastique qui se plient et ne prennent quasiment plus de place lorsqu'elles ne sont pas utilisées. Nous y entreposons grand nombre de légumes et fruits lors de nos départs. Nous veillons à les poser en toute délicatesse. Tout fruit tombé se gâte très vite. Attention aussi aux tuyauteries de moteur qui passeraient à proximité et qui réchaufferaient l'ambiance du coffre. Celui-ci doit être vaste et le mieux aéré possible. Nous surveillons également la maturation de chaque fruit et légume très régulièrement. Tout fruit tacheté doit être écarté de ses congénères, car il les contaminerait.

Dans le filet, vous disposerez les légumes et les fruits les plus matures à manger dans la semaine. Agrumes, choux, bananes, oignons supportent facilement la vie de filet. Les bananes ont la fâcheuse tendance à se "carapater" par les trous, prévoyez des fines mailles.

Les tomates supportent l'air libre non réfrigéré, à condition d'avoir été achetées vertes, qu'elles n'aient passé aucun séjour au frigo avant votre achat, et qu'elles soient conservées dans le noir absolu. Dans d'excellentes conditions on peu les garder 1 mois et demi.

Les pommes (même si ce n'est pas typiquement un fruit tropical) se gardent longtemps dans le noir. Il faut également veiller à ce qu'elles n'aient pas fait un tour au réfrigérateur avant achat.

Les avocats verts ne tiennent pas au-delà de deux semaines, il en est de même pour les mangues. Contre toute attente l'ananas ne se conserve pas plus d'une semaine (attention à lui couper la tête! et le rincer car il véhicule en tas de petits intrus).

La banane aime l'air libre, mais ne se conserve pas vraiment longtemps, même verte. Si vous achetez un régime entier et vert, elles muriront quasiment toutes en même temps. Il vous faudra de l'imagination pour l'accommoder matin, midi et soir afin de ne pas en perdre. Voire à vous décider de faire du pain avec les dernières. (Quelle torture !)

Les champions de la conservation

Prévoyez large en matière d'oignons, ils seront les derniers survivants de votre avitaillement. Nous en avons gardés plus de 6 mois. Le pamplemousse est pas mal dans le genre, il est le champion des agrumes en matière de conservation. Talonné par le citron. Les mandarines et les oranges se conservent moins longtemps. Lors de notre traversée Atlantique, nous étions arrivés en Martinique que nous mangions encore des pamplemousses de Ténériffe. Les ignames sont également les champions de la longue conservation. Ils se cuisinent comme des pommes de terre et se gardent plus longtemps. La coco se conserve longtemps même si elle a tendance à se fendre. Le chou remplacera la salade. Il se conservera dans un premier temps dans les coffres. Puis prendra progressivement la place de la salade, des poivrons et concombre dans le frigo. Les choux tiennent deux bons mois.

Attention il ne suffit pas de stocker, il faut aussi gérer !
Faire de la soupe au chou dans les premiers jours peut être délectable, mais gâche toute votre stratégie d'autonomie. Si vous embarquez toutes ces provisions, veillez à les manger dans le bon ordre. Vous consommerez dans un premier temps salade, poivrons, cocombre, mangues, bananes au fur et à mesure de leur murissement. Vous passerez ensuite aux carottes, et choux. Les tomates au rythme de leur murissement seront consommées. ... etc.

A vous à présent de faire vos expériences selon vos goûts et de partir caboter dans les coins les plus reculés de la planète.


L'étoile de Lune sur une plume

Nous voulions que vous puissiez vous aussi pénétrer dans la galerie d'Alek, cliquez sur le lien suivant : GALERIE et c'est comme si vous y étiez!


Texte écrit par Nathalie Cathala et mis en page par Dominique Cathala en juin 2008 - Tous droits réservés
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