Trouver une bonne place est rendu encore plus difficile par le fait que de nombreuses bouées sauvages ont été installées par les locaux et qu'un chenal doit rester libre au centre de la baie pour assurer le passage des petits cargos ravitailleurs. De plus selon le sens des Alizés une partie de la baie est moins bien protégée des entrées de houle. À cela s'ajoutent les nuisances sonores occasionnées par les petits restaurants qui pensent que leur fréquentation est proportionnelle aux décibels générés par leur sono.
Malgré tout cela il nous est arrivé de trouver une bonne place. C'est donc l'occasion pour nous de rester quelques jours et de visiter l'île qui présente tout de même un certain intérêt.

Bequia, comme toutes les îles de l'arc antillais, a été convoitée par les Anglais et les Français et elle change donc de main à plusieurs reprises. Elle a suivi également la vague de développement de la culture de la canne à sucre dans la région. Mais Bequia et la petite île voisine de Petit Nevis sont connues pour avoir été un siège important de pêche à la baleine. Petite Nevis porte encore les traces de cette activité avec la présence de nombreux ossements de baleines et de chaudrons où les pêcheurs faisaient fondre la graisse.
Bequia vit aujourd'hui du tourisme et de nombreux petits hôtels se sont implantés sur l'île. Quelques belles demeurent se cachent sur les hauteurs, où certains fortunés viennent profiter de la douceur tropicale. L'île ne rivalise tout de même pas avec Moustique, sa voisine, qui est connue pour accueillir quelques grandes fortunes de ce monde où il était de bon ton d'y avoir une gigantesque villa. La princesse Margaret y détenait un terrain et une villa, et plusieurs célébrités s'y étaient également installées (David Bowie, Mick Jagger...).

Le marché aux fruits tenu par quelques rastas permet de refaire le plein avant de partir sur les îles du sud où les approvisionnements deviennent plus difficiles voire impossibles. Au début des années 1990, une librairie était très prisée des navigateurs qui avant l'avénement du Gps et des logiciels de navigation venaient faire le plein de cartes papier et de guides nautiques. La librairie s'était aussi spécialisée dans la production d'objets réalisés en os de baleine (couteaux etc...). Une autre spécialité s'était développée sur l'île dans la production de maquettes de voiliers en bois. Nous y avons vu de véritables chef-d'oeuvre dont le prix était à la hauteur de la qualité des réalisations.

Quelques sentiers permettent d'accéder aux hauteurs de Bequia. Un sentier côtier mène à l'ancien fort Hamilton, où sont installés quelques canons qui ont du viser tantot des Français, tantot des Anglais. Nous profitons de la magnifique vue d'ensemble sur la baie de Port Elizabeth.

Petite anecdote :

Par une nuit sans lune, alors que nous étions mouillés avec notre 'Etoile de Lune' dans la partie Nord de la baie, où nous avions réussi à nous caser entre quelques vieux voiliers inoccupés, Dom le capitaine se lève durant la nuit pour lire dans le cockpit à la lueur de sa lampe frontale. Tout d'un coup, dans le noir complet et le calme de la nuit, un grand plouf vient distraire notre lecteur. La question est : quelle bestiole a bien pu faire un saut pareil juste à l'arrière de notre voilier ? Il faudra attendre le lever du soleil pour se rendre compte que le voilier placé juste derrière nous a disparu au petit matin ! En effet, il a coulé durant la nuit. On aperçoit le haut de son mât à 2 mètres sous l'eau. Finalement dans la journée une bouée va être accrochée au sommet du mât pour signaler l'épave et éviter que d'autre bateaux ne se prennent dans l'obstacle. Heureusement, le voilier en question était inoccupé.
Conclusion : nous redoublons de précautions et vérifions désormais régulièrement toutes les vannes du voilier pour s'assurer qu'aucune fuite n'est perceptible. Ainsi nous resterons SUR l'eau et surtout nous pourrons dormir tranquilles !