Aujourd'hui le 11 ,janvier 2006 - Mail 44
Nombre de milles parcourus : 6736 milles
Zone de navigation : Carriacou (Grenadines)

COULEUR-LAGON

"Si vous voulez construire un bateau, il est inutile de réunir des hommes, de leur donner des ordres et de répartir les tâches. Donnez leur simplement l’envie de partir à la découverte des mers lointaines."


La saison des cyclones est enfin finie ! De soubresauts en volte-face, elle aura duré plus de 6 mois cette année, avec Zéta, une dernière péripétie fin décembre… L’Etoile de Lune peut reprendre sa route librement. Nous remontons vers le Nord, direction Cariacou. La navigation est fastidieuse, contre vents et courants, entre Margarita et les Petites Antilles. Mais la récompense de tout cela est au bout de l’étrave. A nous, les couleurs lagon, les langoustes et les barrières de corail où la vie sous-marine est un vrai trésor ! Le voyage comme nous en rêvions !


Bonjour à tous,

A Margarita, ce matin-là, nous prenons quatre sources de météo différentes. Résultat, nous trouvons quatre prévisions distinctes ! Dans ces cas là, le marin a tendance à prendre celle qui l’arrange et de prier Neptune de l’exhausser. Le but des prochains jours de navigation est de gagner cent soixante dix milles vers le Nord-Est d’une région où les vents dominants viennent d’Est et le courrant subéquatorial pousse vers le Sud Ouest. Tous les ingrédients sont réunis pour nous compliquer la tâche. Le grand gourou du Net de Porlamar, annonce qu’il y aura des vents faibles. Nous désirons le croire, car plus les vents souffleront plus les courants seront forts et ils nous emporteront à l’opposé de notre but. Nous auscultons les cartes isobariques, nous observons que les isobares sont très relâchés sur notre zone de navigation. Signe qu’il aurait raison. Météo France annonce des vents modérés de Sud-Est, cela nous convient parfaitement également, puisque ce vent nous permettrait de remonter sur les Grenadines sur un seul bord au bon plein… Seul le NHC ( gourou météo américain) joue les trouble-fête et prévoie un vent de Nord-Est de 10 à 15 nœuds. Nous devrions, s’il avait raison, tirer des bords puisque nous aurions le vent pile poile de face, mais ce vent étant modéré, cela ne devrait pas poser trop de problèmes. Décision est donc prise de partir dans la journée.

Pendant trente-six heures nous trouvons effectivement des conditions correctes. Le vent de Sud-Est donne raison à nos météorologues nationaux. Nous remontons dans un vent de 15 nœuds, ce qui nous mène à la hauteur de Cariacou. Ceci dit, les courants, qui par moments atteignent 3 nœuds, nous entraînent sournoisement plus à l’ouest que nous le voudrions. Nous corrigeons cette dérive par des virements de bord. Mais, dans les douze heures qui suivent, alors que nous ne sommes plus qu’à 30 milles d’Union, le temps se gâte. Dès la nuit tombée, nous luttons au près serré dans 30 nœuds de vent, les orages claquent tout autour de nous. La mer devient hachée. Tout cela n’est pas insurmontable, mais pas très agréable à vrai dire… C’est à ce moment précis que notre génois décide de déclarer forfait, il se déchire à hauteur du deuxième ris, sur la bordure inférieure de la voile. Rien d’inattendu, nous avions déjà dû le réparer en mai. Notre voile d’avant titre quelques 10 années de bons et loyaux services. Nous avons commandé un nouveau génois, chez Incidence en Martinique. Il est en cours de préparation et attend notre retour dans l’île aux fleurs… Nous enroulons donc notre génois et n’en gardons que la partie encore saine. Il nous faut plus de 15 heures pour piquer dans l’Est et parcourir une trentaine de milles pour revenir sur Cariacou. C’est dur la vie de marin !!! Non, pas du tout ! En fait nous sommes heureux de pointer l’étrave vers les Antilles et de retrouver nos chères îles, où l’insouciance est de mise !

Nous abordons cette dépendance du Nord de Grenade un samedi matin. C’est jour de fête. La régate annuelle de Tyrel Bay bat son plein. Nous patientons au large, le temps que les concurrents passent la bouée de départ et s’élancent dans une course effrénée autour de l’île. Puis nous entrons dans la baie et plantons la pioche. Pour aujourd’hui, on ferme… dodo, on verra demain. Dès le lendemain, le petit comité d’accueil qui est de tradition dans ces îles vient au bateau. Robert vient à la rame, nous proposer ses services. Il emmènera les poubelles pour quelques Biwi (surnom de la monnaie locale : East Caribean Dollar) Il nous propose de la langouste, des citrons verts, des bananes, et des lambis. Après lui, Simon vient en barque à moteur nous proposer du vin chilien. Les prix sont raisonnables, l’attitude de ces « businessmen » aquatiques est cordiale.

Dans les Grenadines les habitants ont l’habitude d’aller en barque à la rencontre des bateaux de plaisance. C’est « leur business » comme ils disent. Ils ont donc tout intérêt à ce que le « client » flottant revienne. Ainsi, l’insécurité maritime est quasi inexistante dans les parages. La vie du plaisancier y est facile, décontractée. A Tyrel Bay dans le Sud de Cariacou plusieurs européens se sont installés. Un couple d’allemands a ouvert un club de plongée et un accès Internet à haut débit (ce n’est pas franchement de l’ADSL. Haut débit signifie dans les îles, qu’à cet endroit précis, le chargement d’un mail ne prendra peut-être pas des heures…) Plus loin un couple d’anglais tient une voilerie. Ils réparent notre génois pour une somme modique. Sur l’eau un trimaran a pris des airs d’atelier de soudure. Dominique, « le Français », est le spécialiste en soudure aluminium. Le moteur a besoin également d’une révision du circuit de refroidissement, Dominique nous indique Laurent qui travaille sur Union. Nous irons le voir lors de notre prochaine escale… Tout ceci se fait simplement, tranquillement. La Rasta-attitude est contagieuse !

Entre deux réparations, nous nous échappons vers le Sud de l’île. Nous y découvrons un petit paradis… J’hésite encore à en parler… C’est le genre d’endroit que nous voudrions égoïstement garder pour nous… tout seul… Vous me direz que j’exagère, qu’aux Antilles il n’existe plus un seul endroit qui ne soit surpeuplé de bateaux de plaisance… Détrompez-vous…

Saline Island est un repaire d’amoureux des couleurs lagons… Imaginez plutôt…

A l’Est une barrière de corail tisse un rempart naturel contre la houle océanique. Entre elle et nous, le plan d’eau ondoie, les vaguelettes soubresautent, comme aiguillonnées par le souffle de l’alizé. Ces petites franges d’écume s’éparpillent et glissent sur un gisement d’émeraudes étincelantes. Les teintes du lagon captent la lumière du zénith pour accentuer leur éclat. Tout à côté, les turquoises apparaissent plus lumineuses serties d’un écrin de saphirs. Comment rêver d’une plus belle piscine autour de l’Etoile de Lune ?

Le bateau est posé dans une petite baie intime qui forme, au Sud, un croissant de lune ourlé d’une plage de sable fin adossée à une colline toute en rondeur et verdoyante. Pas plus de quatre bateaux ne peuvent loger, en même temps, à Saline Island. L’île n’est pas tout à fait déserte des chèvres, des lézards, des pélicans et une cabane que vient entretenir un pêcheur de Carriacou. A l’Ouest, un pain de sucre basaltique pose ses rondeurs sur l’horizon. Tout autour de nous des petits îlots frangés de cocotiers et de raisiniers donnent du relief au paysage, chacune possède sa petite colline tapissée de cocotiers et de végétation tropicale et des plages opalescentes. Les îlots laissent la place à des morceaux d’horizons qui ouvrent la vue le matin sur le lever et le soir sur le coucher du soleil. Saline Island est l’un des rares mouillages où l’on puisse profiter de ces deux rendez-vous quotidiens tout en étant abrité de la houle…

Dans ce décor de rêve, nous jouons les « grands découvreurs » en maillot de bain. Nous allons retrouver le fauve de White Island… C’est un petit chat qui est maître des lieux. Nous l’avons d’abord cru abandonné. Mais en fait, il règne sur son territoire et accueille avec bienveillance les visiteurs occasionnels. Il surveille aussi une petite cabane de pêcheurs

Surtout ne l’ébruitez pas… Ici, c’est franchement le paradis…


Amitiés marines
L’Etoile de Lune

Mises à jour du site:
Les pages sur les Grenadines ainsi que de nouveaux albums photos vous attendent sur le site.
Dans la rubrique « la presse en parle » vous trouverez l’article de Voiles et Voiliers de décembre sur notre mésaventure survenue en septembre dernier. La revue Loisirs Nautiques de Janvier 2006, quant à elle, publiera un de nos reportages, consacré aux Testigos.

IMPORTANT: Si vous souhaitez répondre à ce mail, merci de ne pas nous retourner le message d'origine et d'utiliser de préférence notre adresse suivante: etoile-de-lune@wanadoo.fr

Si vous ne souhaitez plus recevoir ces messages périodiques, merci de vous désinscrire dans la rubrique "Nos Messages". Pensez par ailleurs à nous signaler vos éventuels changements d'adresse.
Bonne navigation à bord du site de l' Etoile de Lune