"Si vous voulez
construire un bateau, il est inutile de réunir des
hommes, de leur donner des ordres et de répartir les
tâches. Donnez leur simplement l’envie de partir
à la découverte des mers lointaines."
La saison des cyclones est enfin
finie ! De soubresauts en volte-face, elle aura duré
plus de 6 mois cette année, avec Zéta, une dernière
péripétie fin décembre… L’Etoile
de Lune peut reprendre sa route librement. Nous remontons
vers le Nord, direction Cariacou. La navigation est fastidieuse,
contre vents et courants, entre Margarita et les Petites Antilles.
Mais la récompense de tout cela est au bout de l’étrave.
A nous, les couleurs lagon, les langoustes et les barrières
de corail où la vie sous-marine est un vrai trésor
! Le voyage comme nous en rêvions !
Bonjour à tous,
A Margarita, ce matin-là, nous
prenons quatre sources de météo différentes.
Résultat, nous trouvons quatre prévisions distinctes
! Dans ces cas là, le marin a tendance à prendre
celle qui l’arrange et de prier Neptune de l’exhausser.
Le but des prochains jours de navigation est de gagner cent
soixante dix milles vers le Nord-Est d’une région
où les vents dominants viennent d’Est et le courrant
subéquatorial pousse vers le Sud Ouest. Tous les ingrédients
sont réunis pour nous compliquer la tâche. Le
grand gourou du Net de Porlamar, annonce qu’il y aura
des vents faibles. Nous désirons le croire, car plus
les vents souffleront plus les courants seront forts et ils
nous emporteront à l’opposé de notre but.
Nous auscultons les cartes isobariques, nous observons que
les isobares sont très relâchés sur notre
zone de navigation. Signe qu’il aurait raison. Météo
France annonce des vents modérés de Sud-Est,
cela nous convient parfaitement également, puisque
ce vent nous permettrait de remonter sur les Grenadines sur
un seul bord au bon plein… Seul le NHC ( gourou météo
américain) joue les trouble-fête et prévoie
un vent de Nord-Est de 10 à 15 nœuds. Nous devrions,
s’il avait raison, tirer des bords puisque nous aurions
le vent pile poile de face, mais ce vent étant modéré,
cela ne devrait pas poser trop de problèmes. Décision
est donc prise de partir dans la journée.
Pendant trente-six heures nous trouvons
effectivement des conditions correctes. Le vent de Sud-Est
donne raison à nos météorologues nationaux.
Nous remontons dans un vent de 15 nœuds, ce qui nous
mène à la hauteur de Cariacou. Ceci dit, les
courants, qui par moments atteignent 3 nœuds, nous entraînent
sournoisement plus à l’ouest que nous le voudrions.
Nous corrigeons cette dérive par des virements de bord.
Mais, dans les douze heures qui suivent, alors que nous ne
sommes plus qu’à 30 milles d’Union, le
temps se gâte. Dès la nuit tombée, nous
luttons au près serré dans 30 nœuds de
vent, les orages claquent tout autour de nous. La mer devient
hachée. Tout cela n’est pas insurmontable, mais
pas très agréable à vrai dire…
C’est à ce moment précis que notre génois
décide de déclarer forfait, il se déchire
à hauteur du deuxième ris, sur la bordure inférieure
de la voile. Rien d’inattendu, nous avions déjà
dû le réparer en mai. Notre voile d’avant
titre quelques 10 années de bons et loyaux services.
Nous avons commandé un nouveau génois, chez
Incidence en Martinique. Il est en cours de préparation
et attend notre retour dans l’île aux fleurs…
Nous enroulons donc notre génois et n’en gardons
que la partie encore saine. Il nous faut plus de 15 heures
pour piquer dans l’Est et parcourir une trentaine de
milles pour revenir sur Cariacou. C’est dur la vie de
marin !!! Non, pas du tout ! En fait nous sommes heureux de
pointer l’étrave vers les Antilles et de retrouver
nos chères îles, où l’insouciance
est de mise !
Nous abordons cette dépendance
du Nord de Grenade un samedi matin. C’est jour de fête.
La régate annuelle de Tyrel Bay bat son plein. Nous
patientons au large, le temps que les concurrents passent
la bouée de départ et s’élancent
dans une course effrénée autour de l’île.
Puis nous entrons dans la baie et plantons la pioche. Pour
aujourd’hui, on ferme… dodo, on verra demain.
Dès le lendemain, le petit comité d’accueil
qui est de tradition dans ces îles vient au bateau.
Robert vient à la rame, nous proposer ses services.
Il emmènera les poubelles pour quelques Biwi (surnom
de la monnaie locale : East Caribean Dollar) Il nous propose
de la langouste, des citrons verts, des bananes, et des lambis.
Après lui, Simon vient en barque à moteur nous
proposer du vin chilien. Les prix sont raisonnables, l’attitude
de ces « businessmen » aquatiques est cordiale.
Dans les Grenadines les habitants ont
l’habitude d’aller en barque à la rencontre
des bateaux de plaisance. C’est « leur business
» comme ils disent. Ils ont donc tout intérêt
à ce que le « client » flottant revienne.
Ainsi, l’insécurité maritime est quasi
inexistante dans les parages. La vie du plaisancier y est
facile, décontractée. A Tyrel Bay dans le Sud
de Cariacou plusieurs européens se sont installés.
Un couple d’allemands a ouvert un club de plongée
et un accès Internet à haut débit (ce
n’est pas franchement de l’ADSL. Haut débit
signifie dans les îles, qu’à cet endroit
précis, le chargement d’un mail ne prendra peut-être
pas des heures…) Plus loin un couple d’anglais
tient une voilerie. Ils réparent notre génois
pour une somme modique. Sur l’eau un trimaran a pris
des airs d’atelier de soudure. Dominique, « le
Français », est le spécialiste en soudure
aluminium. Le moteur a besoin également d’une
révision du circuit de refroidissement, Dominique nous
indique Laurent qui travaille sur Union. Nous irons le voir
lors de notre prochaine escale… Tout ceci se fait simplement,
tranquillement. La Rasta-attitude est contagieuse !
Entre deux réparations, nous
nous échappons vers le Sud de l’île. Nous
y découvrons un petit paradis… J’hésite
encore à en parler… C’est le genre d’endroit
que nous voudrions égoïstement garder pour nous…
tout seul… Vous me direz que j’exagère,
qu’aux Antilles il n’existe plus un seul endroit
qui ne soit surpeuplé de bateaux de plaisance…
Détrompez-vous…
Saline Island est un repaire d’amoureux
des couleurs lagons… Imaginez plutôt…
A l’Est une barrière de
corail tisse un rempart naturel contre la houle océanique.
Entre elle et nous, le plan d’eau ondoie, les vaguelettes
soubresautent, comme aiguillonnées par le souffle de
l’alizé. Ces petites franges d’écume
s’éparpillent et glissent sur un gisement d’émeraudes
étincelantes. Les teintes du lagon captent la lumière
du zénith pour accentuer leur éclat. Tout à
côté, les turquoises apparaissent plus lumineuses
serties d’un écrin de saphirs. Comment rêver
d’une plus belle piscine autour de l’Etoile de
Lune ?
Le bateau est posé dans une
petite baie intime qui forme, au Sud, un croissant de lune
ourlé d’une plage de sable fin adossée
à une colline toute en rondeur et verdoyante. Pas plus
de quatre bateaux ne peuvent loger, en même temps, à
Saline Island. L’île n’est pas tout à
fait déserte des chèvres, des lézards,
des pélicans et une cabane que vient entretenir un
pêcheur de Carriacou. A l’Ouest, un pain de sucre
basaltique pose ses rondeurs sur l’horizon. Tout autour
de nous des petits îlots frangés de cocotiers
et de raisiniers donnent du relief au paysage, chacune possède
sa petite colline tapissée de cocotiers et de végétation
tropicale et des plages opalescentes. Les îlots laissent
la place à des morceaux d’horizons qui ouvrent
la vue le matin sur le lever et le soir sur le coucher du
soleil. Saline Island est l’un des rares mouillages
où l’on puisse profiter de ces deux rendez-vous
quotidiens tout en étant abrité de la houle…
Dans ce décor de rêve,
nous jouons les « grands découvreurs »
en maillot de bain. Nous allons retrouver le fauve de White
Island… C’est un petit chat qui est maître
des lieux. Nous l’avons d’abord cru abandonné.
Mais en fait, il règne sur son territoire et accueille
avec bienveillance les visiteurs occasionnels. Il surveille
aussi une petite cabane de pêcheurs
Surtout ne l’ébruitez
pas… Ici, c’est franchement le paradis…
Amitiés marines
L’Etoile de Lune
Mises à jour du site:
Les pages sur les Grenadines
ainsi que de nouveaux albums
photos vous attendent sur le site.
Dans la rubrique «
la presse en parle » vous trouverez
l’article de Voiles et Voiliers de décembre sur
notre mésaventure
survenue en septembre dernier. La revue Loisirs Nautiques
de Janvier 2006, quant à elle, publiera un de nos reportages,
consacré aux Testigos.
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