Malheureusement ceci est l’un des articles les plus négatifs que j’ai eu à écrire. J’en suis navrée. Le Venezuela propose des paysages dignes d’être visités, certes, mais valent-ils la peine de mettre son équipage en péril ??? Jamais, l’on ne peut visiter ce pays sans garder à l’esprit le souci permanent de sa propre sécurité.
Cet état d’esprit est dommageable, car ce pays recèle un potentiel inexploité. Les plaisanciers ont besoin d’un abri sûr qui les protège des intempéries météorologiques. Au Venezuela le risque de croiser un cyclone est très faible. Les côtes déchiquetées offrent des mouillages gigantesques dans lesquels on trouve asile contre les caprices d’une météo tropicale au sein d’une nature sauvage et de beautés vierges. La flotte entière des bateaux croisant aux Antilles représenterait une manne réelle, si elle se savait en sécurité sur les côtes du continent. A vrai dire, le Venezuela serait un réel paradis si les problèmes d’insécurité étaient réglés…
Nous avons entendu parler du Venezuela bien avant notre arrivée sur le continent sud-américain. En fait dès notre atterrissage en Martinique après la transatlantique du mois de décembre 2004, un équipage ami, nous alpaguait en nous disant : « J’ai de très mauvaises nouvelles au sujet de Venezuela. »« Ha, bon, tu en viens ? » « Non, non, mais on nous a raconté… c’est un coupe-gorge ce pays… » En fait, ces amis, sont restés en contact permanent avec d’autres bateaux qui traversaient l’Atlantique comme eux. Pour tuer le temps, à la BLU ces équipages parlent de choses et d’autres, et consacrent des vacations entières à se faire peur au sujet du Venezuela. Les mots qui reviennent le plus souvent sont : pirates, arraisonnement, insécurité, vols, assassinat, enlèvements, violences… En somme, un cocktail qui ne donne aucune envie d’y aller.
Dès le début de l’année 2005, il régnait au sein de la flotte des plaisanciers désireux de se mettre à l’abri de la météo tropicale pendant l’été, une réelle psychose. Elle se résume à cette alternative peu engageante : pirates ou cyclones ??? Autant choisir entre la guillotine ou le peloton d’exécution…
Tout cela est-il justifié ? A en croire le Ministère des Affaires étrangères, oui !
Lorsque nous interrogeons les habitués du pays, la chanson n’est plus du tout la même ! Nous avons rencontré plusieurs équipages qui naviguent depuis plusieurs années sur les côtes du Venezuela sans rencontrer plus de problèmes qu'ailleurs.
Sont-ils tropicalisé du neurone ?
Notre but n’est pas d’accentuer la confusion en énumérant chaque événement. Nous avons abordé le Venezuela avec l’optimisme qui est colporté par ceux qui clament un tourisme sans risque au Venezuela. Nous avons voulu croire en ce Venezuela là ! Ecoutant tous ceux qui nous disent que ceux qui ont eu des problèmes les ont cherchés. Soit en ayant des rapports avec la mafia, la drogue, que sais-je encore… Ils nous avaient déconseillés certains endroits. Nous appliquions une règle simple en matière de mouillage, nous ne fréquentions jamais les mouillages solitaires. Nous ne naviguions jamais de nuit…Nous ne désirions pas donner du crédit aux pessimistes qui vivent armés jusqu’aux dents à bord de leur bateau. Malheureusement, nous avons choisi le mauvais camp.
On passe ou on ne passe pas… ou l’art d’élaborer une supercherie
Sur votre quête de la vérité, vous trouverez de nombreuses personnes qui seront passées au travers des mailles du filet. Ils vous diront que ça fait plusieurs années qu’ils sont au Venez et que finalement ils y resteraient bien. Tout se passe bien.. Des pirates, non… je ne vois pas… Creusez, et vous vous apercevrez que ces plaisanciers ont choisi l’une ou l’autre option. Soit, ils tracent fissa et en flottille du Marin à Puerto la Cruz et ne sortent pas du port pendant 6 mois. Soit, ils se cantonnent entre les îles « non-à-risque-jusque-là »… A savoir, Testigos, Tortuga, Roques, Avès, avec un bref passage à Puerto la Cruz où ils se font racketter pour faire les papiers d’entrée.
Nous voyageons pour profiter pleinement du droit à la libre circulation, à la libre découverte des merveilles de ce monde. Nous voulions faire le tour des curiosités du Venezuela côté îles et côté continent. Nous aurions aimé comme tant d’autres, naviguer seuls sans contraintes au fil de l’inspiration du moment.
D’après les études réalisées sur plusieurs sites officiels, dont celui du Venezuela ONSA et celui du Ministère des Affaires Etrangères, ce beau rêve est impossible, nous l’avons tenté…
Etat de psychose… justifié !
Si les plaisanciers viennent sur le continent, ils prennent mille précautions, en formant de véritables armadas. Ne se déplaçant qu’en grappe et communiquant jour et nuit sur la VHF. Mieux par BLU. Ils ne viennent sur le continent que lorsque la météo est plus à craindre que les pirates armés ou non…
Nous avons rencontré des équipages naviguant seuls, hors risque de cyclones, mais souvent, lorsque le mouillage n’est pas très fréquenté nous les voyons arriver avant le soir, pour nous demander de rester en veille sur VHF pendant la nuit…
D’autres équipages nous ont raconté avoir passé la nuit entière, au mouillage lorsqu’ils étaient seuls, à veiller dans le cockpit avec une arme à portée de main… En règle générale, les bateaux naviguent sans feux de navigation de nuit, mais essayent de ne jamais naviguer de nuit… Ceux qui naviguent en flottilles tentent en général de rester bord à bord, et non à simple portée de VHF… Au mouillage, la nuit, la plupart des plaisanciers s’enferment à double tour dans leur bateau…
Chacun y va de sa stratégie anti-pirates, ainsi certains bateaux ne se contentent pas de naviguer bord à bord, mais ils mouillent également systématiquement sur une seule ancre et à couple…
Nous nous moquions d’eux, pensant qu’il suffisait d’adopter un comportement qui permette de sauvegarder sa propre sécurité sans céder à une panique démesurée, qu’il suffisait d’agir avec bon sens et ne pas mettre sous le nez d’une population démunie des signes d’ostentation qui attiseraient la tentation.
C’est vrai! Un ami qui logeait près de nous au beau milieu d’un mouillage d’une quinzaine de bateaux, avait laissé son annexe à l’eau pendant deux nuits. Au troisième matin, l’annexe avait disparu. Les bandes viennent en barque avec des moteurs puissants, ils éteignent le moteur à proximité du mouillage et quelques gars continuent le trajet à la nage jusqu’au bateau visé. En douceur et sans bruit, ils couperont proprement chaînes et cadenas. Un long cordage relie dès lors l’annexe au bateau à moteur resté au large. Il suffit de tirer… Le tour est joué ! Nous ne comptons plus en une seule saison, le nombre d’annexes disparues ou volées…
Autre pratique assez fréquente, tout bateau laissé seul et ouvert sera visité par une « équipe de nettoyage » qui s’occupera de tout et ne vous laissera même pas le linge sale à bord !
Ainsi, les règles de base sont de relever l’annexe sur le bateau chaque soir. Fermez soigneusement votre bateau chaque fois que vous le quittez. N’exposez jamais votre richesse : appareils photos numériques, caméras, ordinateur, argent… Essayez dans la mesure du possible de ne pas être seul au mouillage.
Parfois ce n’est pas suffisant…
Les problèmes ont tendance à se répéter à des endroits précis. Il y a eu des cas graves d’agression, avec blessures ou mort d’homme, ils semblent en sensible augmentation en 2005. Ainsi les îles de Coché, de Cubagua, le mouillage de Laguna Chica, Laguna Grande, la Péninsule de Paria et les alentours du village d'Araya, Mochima, les îles Caracas, Margarita, Robledal, les îles Chimana sont des endroits où des actes de vols avec violence sont fréquents. Ces mouillages ne sont pas exhaustifs, des mouillages paisibles en 2005 peuvent devenir dangereux plus tard, et l’inverse est vrai également. Vous trouverez toujours des plaisanciers qui se sont arrêtés à l’un des ces endroits sans problème. Mais c’est la théorie du filet, on passe ou on ne passe pas…
Pour exemple l’Etoile de Lune est passé à Laguna Grande, à Mochima sans problème. Mais dans ces deux endroits, dans la même saison, deux cas d’agressions, à mains armées ont été prouvées. Laissant les plaisanciers au mieux traumatisés, au pire blessés à coup de machettes. Nous sommes passés à Robledal. Alors que des équipages y étaient passés quelques jours plus tôt sans problèmes. Nous avons eu la mauvaise surprise de nous faire réveiller par quatre hommes montés à bord en pleine nuit avec des machettes pour nous réclamer de la « money ». Ils ont approché le bateau sans bruit dans une barque et sont montés par l’avant. Nous avons eu de la chance, ils n’avaient que des machettes et des couteaux mais pas d’armes à feu. (voir pour détails le récit de notre mésaventure)
Le lendemain, en expliquant notre mésaventure. Nous trouvons sur notre chemin les mêmes plaisanciers, bien tranquillement installés au port, qui nous demandaient ce que nous faisions à Robledal. « On ne vous avait pas dit de ne pas y aller… » Nous disent-ils la bouche enfarinée… Ils se fichent de qui ?
La veille, renseignement pris auprès de l’ambassade, on nous décrivait l’endroit, comme la plage de pêcheur à ne pas manquer. Sympa et le toutim. Notre agression a eu lieu dans la nuit du 23 au 24 septembre 2005. Le 24, l’ambassade émettait un avis, d’aggravation de la situation sur le Venez. La sécurité des étrangers n’était plus assurée, et mieux valait éviter de naviguer sur Margarita et sur les côtes du Venezuela.
Quant aux autorités, elles ne recensent même plus ce genre de cas. Ils sont trop nombreux, et lorsque le plaisancier s’en tire sans « bobo », ils vous renvoient à vos pénates avec ce conseil étonnant. « Si vous vous faites agresser à nouveau, ne tirez pas en l’air, tirez leur dans les poumons et aller les couler au large… » Super ( ???) Le problème d’insécurité existe aussi dans les grandes villes. A Porlamar, par exemple, la population se méfie, elle-même, de la délinquance. Nous avons vu au sixième étage d’immeuble des appartements bardés de barreaux, dignes d’Alcatraz. Il n’existe pas une maison sans barreaux. Les grillages sont l’apanage du paysage vénézuélien. Dans certaines rues des villes comme Caracas, Puerto la Cruz, Cumana, Porlamar (celles que nous avons fréquentées) vous ne pourrez vous balader qu’en taxis, car une balade à pied vous exposera à un « nettoyage » forcé. La nuit, n’y pensez même pas ! La Guardia civile est impuissante face à cette délinquance. Un couple qui s’était perdu dans Puerto la Cruz s’est retrouvé à la nuit tombée sur la grande avenue du bord de mer. Un policier les a arrêtés leur disant qu’ils étaient fous de se balader à cette heure là, à cet endroit là. Il a arrêté un taxi pour eux, afin qu’ils rentrent rapidement à la marina…
Dans l’échelle des traumatismes, se faire voler son annexe est ennuyeux. Se faire réveiller par des pirates est traumatisant. Si le Capitaine assure, le reste de l’équipage passe des nuits entières à gamberger, et à sursauter au moindre bruit suspect. Le Venez peut être beau… L’est-il au point de supporter ce genre de choses ???
Edifier un tableau complet des méfaits serait fastidieux. En 2005 le ras-le-bol des plaisanciers pris pour cible est quasi général. Il reste quelques convaincus, qui préfèrent le Venez aux îles du Nord. Argumentant à contre sens de la vérité vraie… Mais la motivation est certainement pécuniaire... Il est sans doute plus avantageux de vivre au Venezuela avec le change euro-bolivar qu’en Martinique. Ceci dit les choses changent et les prix augmentent partout.
Nous avons navigué pendant 2 mois et demi, seuls, dans le golfe de Cariaco, Testigos, Margarita, sans encombre, et pensions faire un article positif sur la région.
A Robledal, nous nous sommes fait agresser. Depuis, le nombre d’agressions est légion. Nous avons tenté de savoir qui passait et qui ne passait pas au travers des mailles du filet.
Ceux qui naviguent en flottille depuis Grenade jusqu’à Puerto la Cruz et qui restent tout au long de la saison des cyclones au port, sont à l’abri des agressions. Mais il faut aimer ce genre de situation et se priver de la liberté de naviguer… Les autres chanceux, se sont cantonnés aux archipels du Venezuela. Ils sont jusqu’à présent à l’abri des problèmes d’insécurité. Il est d’ailleurs fortement recommandé par le ministère des affaires étrangères d’éviter les rives du continent et de se cantonner dans les îles de la Blanquilla, des Testigos, de Tortuga, des Aves et des Roques. Ainsi de nombreux marins obéissants à ces exhortations, ne risqueront jamais, seuls, leur étrave vers le continent.
A vous de voir, nous ne prétendons pas que tous les bateaux se font pirater. Mais le risque est plus important qu’ailleurs, c’est indéniable !
«Quiconque aspire au calme aurait bien fait de ne pas naître au 20ième siècle» Léon TROTSKI
Le titre du mail 40 avait été lancé comme une boutade : « pirates ou cyclones ? » Nous étions loin d’imaginer que nous allions croiser les deux en moins de trois mois !!! Tout a bien commencé pourtant, car nous avons passé deux mois et demi à sillonner les côtes du continent sud-américain sans encombre. Nous avons découvert un pays fantastique. Alors que nous nous apprêtions à découvrir la Blanquilla, île tranquille posée au large du Venezuela, nous sommes surpris, en pleine nuit, par des « visiteurs » armés de machettes.
Bonjour à tous,
Les motivations d’un tel voyage sont diverses. Nous sommes partis avec l’envie de découvrir les merveilles de ce monde, et de nous ouvrir au caléidoscope des cultures, qui, par leurs différences, représentent les richesses de ce monde. Une telle idée est-elle utopiste au 21ième siècle ? Avant de partir sur les mers, nous avons lu, comme tous nos copains marins, les récits de nos prédécesseurs. Il est certain qu’en cinquante ans, le monde a évolué. La technologie tentaculaire s’éparpille dans les contrées les plus reculées. Est-elle la cause d’un changement de pratiques? Les équipages qui sont passés avant nous, nous décrivaient le Venezuela comme un paradis. Ils gardent en eux le souvenir d’une population affable, gentille comme il en existe peu dans le reste du monde. Nous avons cherché à voir ce Venezuela, là.
Nous faisions escale en fin de mois à Robledal (ouest Margarita). Nous ne projetions pas de rester dans ce village de pêcheurs à la réputation tranquille. Dès le lendemain, nous envisagions de pointer notre étrave vers le Nord pour découvrir la Blanquilla. C’est un petit îlot désert dont tout le monde nous a vanté les eaux cristallines, et le paysage digne d’une carte postale. Cette nuit là, un événement allait changer le cours de notre navigation.
Dans la nuit du 23 au 24 septembre 2005, à 2H36, nous avons entendu un bruit suspect. Nous avons cru que c'était la dérive qui frottait car nous étions limite en fond... Parce qu’il faisait trop chaud dans le bateau, Dom dormait dehors, dans le cockpit. Moi en bas dans la cabine avant. Je me suis levée j’ai allumé la lumière et la centrale de navigation, afin de voir où nous en étions par rapport au fond, en même temps je tendais machinalement une manivelle de winch à Dom pour qu’il relève la dérive. Mais, j’ai vu Dom se dresser d’un bon et je l’ai entendu crié : « Descends !» Il répétait tant et plus cette injonction en me criant de tout allumer. En fait, deux gars avaient pénétré dans le cockpit. Ils étaient armés de machettes et de couteaux. Ils menaçaient Dom en demandant « money ; money ». Dom était à main nue face aux armes. Ils étaient en tout, quatre hommes et sont montés par l'avant. Restée en bas, j’ai saisi la lampe spot et le pistolet lance fusée, j’ai allumé les lumières, et brandis la cloche tout en criant beaucoup afin de faire le plus de bruits possible. Dom a saisi le pistolet et l’a retourné contre ses agresseurs tout en continuant à crier « descends ! ». L’un d’eux a directement sauté à l’eau, les autres aveuglés par le spot sont repartis par l’avant. Nous les poursuivions tout en continuant à crier le plus fort possible. Dans la confusion, j’avais mal armé le pistolet lance fusée. Dom tentait de tirer en l’air sans succès. Je continuais à les éclairer par le spot violent, afin de les identifier et qu’ils se sentent poursuivis. Finalement dom a pu lancer une fusée à l'horizontal, juste au-dessus de leur tête. Ils ont fui dans leur barque vers le village.
Décodage après coup : Les anciens nous avaient assurés qu’au Venezuela pour avoir des problèmes il fallait les chercher, d’une manière ou d’une autre (commerces illicites, drogue, signes d’ostentation, provocations quelconques, imprudences) Ne correspondant pas du tout à ces canevas, nous nous sentions plus ou moins à l’abri de réelles agressions, et prenions nos dispositions pour éviter les vols d’annexes et rapines sur le pont. Nous ne sommes pas insouciants. Nous avons toujours évité les lieux réputés à risque : Coché, Cubagua, Araya, Laguna Chica, la Péninsule de Paria, Carupano, les mouillages devant Cumana, Puerto la Cruz, les îles Caracas, Chimana Grande… Nous avions pris des renseignements avant de nous rendre à Robledal. Nous pensions qu’une employée du consulat donnait des renseignements fiables. Nous avions également un « cruising guide » récent à bord. Il décrivait Robledal comme un endroit sécurisé. Nous avions néanmoins pris la précaution de mouiller l’ancre loin de la plage. Radio ponton a tendance à dire que les problèmes arrivent soit dans les mouillages surpeuplés comme Porlamar (il est vrai que les vols y sont légions) soit dans les mouillages solitaires. Nous étions trois bateaux à proximité les uns des autres. Radio ponton dit également qu’il ne faut pas rester plusieurs nuits dans le même mouillage, l’agression ne se passerait pas dès la première nuit. Or nous venions d’arriver. Nous n'avons montré aucun signe d'ostentation ( nous ne portons et ne possédons pas de bijoux en or, nous ne portons pas même nos alliances, ni caméra, ni appareil photos). Rien dans notre comportement ne pouvait mener à un cas d'agression et rien n'a empêché cela ! Le coup était imparable.
Nous avons eu de la chance ! Les gars montés par l’avant auraient pu se glisser par les panneaux avant, et tombés directement à l’intérieur dans la cabine avant. Le bruit de leur barque sur la chaîne m’a éveillé, le fait d’allumer les lumières les a, sans doute, ralentis. Dom aurait pu se retrouver au réveil avec le couteau sous la gorge. Plus aucune riposte aurait été possible. Le grand taud était installé, ce qui entravait beaucoup le pont, la vélocité de nos agresseurs en a été troublée. Notre rapidité d’action, a permis de retourner l’offensive contre les intrus. Nous les avons surpris ! Bien qu’on puisse imaginer que quatre gars armés de machettes se hissant sur un bateau ne prévoient pas de prodiguer que des gentillesses, ils étaient sans doute malhabiles(?) Dans des cas similaires, certains plaisanciers ont eu beaucoup plus de mal que de peurs… Certains ont été tiré comme des lapins… Et puis…petit clin d’œil, Dom, tout nu dans le cockpit les a sans doute effrayés…. Hum, hum, hum !!!
Nous n’avons pas l’intention en vous relatant ceci, d’affoler les candidats au départ. Ce type de voyage reste une belle expérience. Simplement, il faut savoir que ce genre de choses existe, et les cas d'agressions de plaisanciers au Venezuela sont en sensible augmentation. Au cours de la semaine, où nous avons vécu cette expérience, 5 cas identiques ont été recensés sur la seule île de Margarita. Les pêcheurs eux-mêmes se font voler leur moteur hors-bord ! Et c’est leur outil de travail ! Durant notre croisière au Venezuela, nous ne comptons plus les annexes volées, les agressions dans la rue ou celles de plaisanciers. Mais nous trouvons que le vol simple est quand même plus facile à vivre qu’une réelle agression en pleine nuit sur son propre bateau… Il devient très difficile de dresser la liste des mouillages totalement sécurisés au Venezuela. Ceux qui aujourd’hui le sont encore peuvent changer demain. A l’inverse, certains mouillages à problèmes sont devenus plus sûrs !
Nous n’avons pas voulu propager une panique entre les plaisanciers. Mais dès le lendemain, de l’agression, nous avons fait passer le message, par mail, aux bateaux qui étaient dans les parages. Ceci, afin qu’ils restent vigilants et qu’ils évitent Robledal. Nous avons également envoyé des mails à nos amis vénézuéliens afin qu’ils relayent l’information aux autorités. Certains collègues marins pensent s’associer pour établir une pétition relatant toutes les agressions de la saison et la présenter aux ambassades afin de sensibiliser les autorités. Les marins sont excédés d’être pris pour cible permanente et d’être considérés comme des tirelires flottantes ! En outre, ces cas d’agressions sont dommageables pour le reste de la population. Le Venezuela est un pays merveilleux. Les paysages sont superbes et le climat y est idyllique. Les plaisanciers qui viennent s’abriter des cyclones dans ces eaux calmes représentent une réelle manne pour le pays. De nombreux pêcheurs pourraient vivre du commerce avec les bateaux. D’autres métiers liés au tourisme nautique pourraient se développer. Mais il faudrait que les locaux mettent de l'ordre, eux-mêmes, dans leur pays. Tous les Vénézuéliens ne sont pas des sauvages, il y a plus de gens bien que le contraire ! Mais 99% de la population pâtira de ce pour cent d’irresponsables !
Nous ne savons quelle est la meilleure méthode pour éviter que cela arrive. Impossible d’affirmer que la situation va continuer son funeste cortège vers la violence ? La machine infernale va-telle inverser le mouvement ? Nous ne voulons pas faire des amalgames. Nous n’aimons pas prétendre que le monde a changé et qu’il se pourrit. Nous voulons simplement prévenir qu’au Venezuela, il faut changer ses habitudes nautiques. Nombreux équipages vivent le Venezuela sans encombre. Ceux-ci se cantonnent aux archipels sécurisés : Tortuga, Roques, Aves… Certains endroits restent agréables. Mais je ne m’engage à rien. Il faut adopter un comportement adapté à la situation et arrêter de se bercer de douces illusions ou au contraire ne pas verser dans une panique démesurée. Il faut décourager les équipages de se rendre dans les mouillages peu sûrs du Venezuela. Il faut naviguer et mouiller là où des postes de gardes-côtes sont installés. Et essayer de ne jamais naviguer tout seul…
Notre moyen de lutte est d’informer en direct, afin que l’événement ne soit pas déformé. Notre but n'est pas d'ajouter un cran à l’appréhension ambiante, mais de renseigner sans état d'âme, ni catastrophisme.
Amitiés marines L’Etoile de Lune
PS : Vous aurez tous compris que Lune nous a quittée. Si elle avait encore été avec nous, elle aurait rempli son rôle de gardienne sans défaillance. Elle nous manquera toujours…
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