PANAMA : Islas Las Perlas

SAN JOSE : Mouillage solitaire

Les perles du Panama : Archipel oublié

Message 84 – écrit en avril 2010
Nombres de milles parcourus : 14 403 milles
Nombre de personnes inscrites à la lettre : 869
Position de L'Etoile de Lune : Isabela - Galapagos - Océan Pacifique
Récit relatif à Las Perlas (Panama)

Quelques bijoux de l'Océan Pacifique

Le PDF

" La méchanceté d'un ennemi ne me fera jamais autant de mal que la défection d'un ami " Nathalie C.

Album photo et pages nouvelles
1) Panama : une escale inoubliable http://s121758490.onlinehome.fr/edl/panama/index.html
2) Les Perlas, fiche pratique : disponible en deux versions HTML ou PDF
http://s121758490.onlinehome.fr/edl/panama/perlas.html ou http://s121758490.onlinehome.fr/edl/pdf/perlas.pdf
3) Album photo de Contadora : diaporama
4) Album photo îles du Sud des Perlas : diaporama

Programme de navigation à venir
Séjour aux Galapagos jusqu'au 15 avril
Puis, traversée vers les Marquises (3100 milles) et séjour aux Marquises (plusieurs mois)
(un mille nautique = 1852 mètres)

En fin de message
Règlementation des bateaux en transit en Polynésie française
Photos du mois : Le travail d'Hercule


Résumé
Nous quittons Panama City pour les Perlas. Nous vous emmenons pour un cabotage au coeur du rêve de marins : des mouillages solitaires, un décor particulier, un climat qui évite les tempêtes et une population d'oiseaux effervescents... Au gré des inspirations et des vents, nous passons trois semaines idylliques avant de lever l'ancre pour 1000 milles et rejoindre les Galapagos.


Bonjour,

Aux Caraïbes, mer agitée même par temps calme, nous avions perdu l'habitude des navigations sur eau lisse que nous connaissions en Méditerranée. En levant l'ancre de Panama City, nous quittons la vie citadine et trépidante de la capitale pour une navigation de trente milles par calme plat. Notre parcours est salué par une famille de dauphins. L'eau est si transparente que mon objectif capture leurs jeux comme si nous nagions avec eux. Je ne peux m'empêcher d'énumérer nos rencontres avec ces animaux gracieux et étonnants. Je ne m'en lasse jamais et ne manque pas de répondre par de grands rires et de grands cris à leurs oeillades coquines.

Aux portes du Pacifique, l'archipel des Perlas est souvent négligé par les navigateurs pressés d'en découdre avec le grand océan. Nos prédécesseurs, qui regrettaient ne pas leur avoir consacré trop de temps, nous avaient conseillés d'y organiser une escale suffisamment longue pour en profiter.

La première île à nous accueillir est Contadora. Drôle de nom pour une île ! Cela signifie en espagnol « Prêteuse sur gages » ou « comptable ». Outrepassant ce patronyme peu approprié, nous tombons sous le charme de sa tranquillité. L'île est résidentielle. Seuls les plus riches Panaméens peuvent s'offrir une demeure dans ce petit paradis qui abrita, un temps, le Shah d'Iran.

Quelques routes sillonnent les rivages et pénètrent dans la végétation dense. Des jardins sublimes, étincelants des fleurs de bougainvillées et d'hibiscus honorent les résidences aux styles désaccordés. Les arbres géants que sont les técomas inspirent mon capitaine qui devient poète et qui me dit :
"Regarde cet arbre, il pleut de fleurs"

Peu de voitures, des bicyclettes ou des petites voitures de golf font toute la circulation. Elle ne s'active réellement qu'une fois par semaine, lorsque la barge approvisionne l'île. Le bruit des pétarades n'est pas légion, les oiseaux sont les chefs d'orchestre du fond sonore. J'avoue que Contadora m'a envahie d'une douce sensation. L'ambiance y est si parfaite que je rêve... le jour où nous accrocherons nos amarres, de trouver un endroit, où, comme ici, les questions s'arrêtent et où l'atmosphère me laisse ce sentiment de légèreté et de plénitude.

A un saut d'annexe, l'île Bartolomé nous projette dans le monde de Robinson Crusoé. Des rouleaux d'écume, une mer émeraude assiègent un disque serti de plages opalines et de falaises polychromes. L'île, baignée de lumières et de couleurs, est un petit bijou. Le capitaine, lui-même se laisse étourdir de tant de beautés. Il grimpe à l'assaut du promontoire central. Il se fraye un chemin entre les cocotiers et les troncs de flamboyant. Il déniche l'emplacement idéal. Il tourne, vrille sur lui-même et m'explique avec appuis de grands gestes où il établira le salon, le foyer, la chambre... les hamacs... Bref, il bâtit sa cabane aux Perlas.

Retour au bateau et à la réalité.

Le Chili vient de subir un violent tremblement de terre. Nos amis du Réseau du Capitaine sonnent l'alarme et nous conseillent de quitter le mouillage. Huit vagues ont quitté les côtes du Chili et se propagent dans l'océan Pacifique. Bien que nous soyons à plus de 4000 kilomètres de l'épicentre, nous ne prenons aucun risque. Nous levons l'ancre immédiatement et partons caboter, sous voile dans les grandes profondeurs du golfe de Panama. Tandis que le Chili subit l'une des plus graves catastrophes qu'il ait connues, nous nous inquiétons pour nos amis qui se sont récemment installés dans le pays, à Valdivia. Nos pensées vont vers eux, et vers ce pays où la reconstruction sera, sans doute, difficile.

En fin de journée, l'alerte est levée et nous voguons vers Viveros, au centre de l'archipel. L’île est encore déserte, mais plus pour longtemps. Les bulldozers ont la ferme intention d'y installer des complexes hôteliers et un terrain de golf.

Depuis le mouillage, les falaises cachent le futur et nous donnent l'illusion d'un paradis indestructible. Autour de nous, « Las Islas del Platanal» nous ouvrent un panorama insolite. Des îles, aux allures de champignons, révèlent des socles rocheux en mille-feuilles. A marée basse, nous nous promenons dans un décor presque irréel tant il est spécial. Des grottes emprisonnent l'eau et les petits poissons. Les sommets des galettes instables, que représentent les îles, accueillent des arbres équilibristes qui abritent toute une variété d'oiseaux terrestres et pélagiques.

En plus des paysages particuliers, nous nous régalons à observer la plus grande colonie d'oiseaux pélagiques que nous ayons vue. Le Panama est parmi les pays champions du monde en terme de population ornithologique. Les espèces terrestres colonisent le continent, tandis que l'archipel des Perlas regroupe les oiseaux marins. Du cormoran en passant par le pélican brun, le fou, la frégate, les diverses sternes et tous types de hérons, les oiseaux pélagiques viennent se repaître dans les eaux poissonneuses du golfe de Panama. Sur les îles, les espèces de passereaux, les perroquets et les rapaces marins ou terriens tels que les urubus noirs ou à tête rouge, ou les faucons sont également présents.

En navigation, nous croisons de véritables arches de Noë. Les sternes et mouettes sont des opportunistes qui profitent du moindre bout de bois qui flotte pour se reposer. Les mouettes sont des arrivistes et en font voir de toutes les couleurs aux pélicans. Ces braves bêtes placides se jettent dans l'eau du haut des airs le bec ouvert. La mouette se pose immanquablement sur leur dos, et les harcèle de cris et tambourine du bec sur leur tête, espérant ainsi que le pélican lâche sa prise. Mais ce dernier reste calme, il rejette la tête en arrière et il avale sa pêche. Cela n'empêche pas la mouette opiniâtre de recommencer son manège à chaque plongeon du pélican.

C'est sans doute à cause des manières cavalières des mouettes que le pélican ne cherche pas sa compagnie. Il lui préfère le cormoran, un proche cousin de la famille qui compte également le fou. Aux Perlas nous avons vu des nuées si compactes de cormorans qu'ils donnent l'impression qu'un avion décolle. Ils se déplacent en larges groupes. Sans doute forment-ils déjà leurs escadres qui remonteront vers le Nord américain, le Canada et les Grands Lacs. Par quel mystère savent-ils que cette année, le printemps y est précoce?

Malgré cette compagnie divertissante, nous quittons Viveros pour rallier Pedro Gonzales. Nous trouvons abri dans une mangrove le temps que la houle du sud-ouest, qui contourne chaque pointe et secoue tous les mouillages ouverts, se calme. Elle s'apaise rapidement et nous permet une escale sous l'île Don Bernardo. Notre Etoile loge seule au creux d'un arc de cercle de deux kilomètres de sable blond appuyé sur un rideau de cocotiers d'où s'échappent des régimes de bananes et des fleurs d'hibiscus...

Le Paradis !

Nous en sommes chassés par le vent du Nord. Il nous oblige à lever l'ancre pour trouver abri sous la pointe de la Popa sur l'île de San José.

Hé bien là... Alors là!
Ce qui précède était beau... très beau.
Et ici, c'est encore plus beau !

Sans doute la plus belle baie des Perlas ! Immense et rien que pour nous ! Ce n'est pas tant que nous ne soyons pas partageurs, mais... Il n'y a personne. Enfin, si. Nous, notre bateau, quelques pélicans, et la tranquillité !

Pourquoi cette baie est-elle la plus belle des Perlas à notre avis ?

Parce qu'elle est abritée et qu'elle possède tout ce que nous aimons : des plages, une végétation abondante, des falaises polychromes, des grottes sous-marines, des îlots épars qui agrémentent l'horizon, et puis surtout... des sentiers qui s'échappent à l'arrière des plages, ils gravissent les falaises et les collines, ils serpentent la végétation luxuriante et mènent vers des panoramas délicieux.

San José, comme sur la plupart des îles des Perlas, ondule et s'insinue au gré de collines et de monts verdoyants. Les randonnées se multiplient au rythme des découvertes. Nous ne sommes plus simplement marins, contemplatifs de la mer sur et sous la surface, nous retrouvons l'usage de nos chaussures de marche et nous musardons sur les chemins à la recherche de vues panoramiques depuis le sommet des reliefs.

L'île de San José est privée. La famille propriétaire a l'excellente idée de façonner et d'entretenir des sentiers qui sillonnent la forêt peuplée de quantités de passereaux, mais aussi de perroquets et de chevreuils. Sans plan, il faut l'instinct et le sens de l'orientation d'un bon capitaine pour s'y retrouver.

Au Sud de San José, le mouillage est moins confortable, pourtant, nous y passons quelques jours. Nous logeons sous la demeure du propriétaire. A la réflexion, cela ressemble plus à un petit hôtel qu'à une maison privée. Ou alors, ... ils ont beaucoup d'invités?

L'environnement est unique. Une vaste baie est ciselée d'un enchevêtrement de petites criques. L'horizon se révèle en pointillés entre des îlots aux formes excentriques. L'une d'elles reste sans nom sur les cartes. Je la baptise Le Tiki. Sous les rayons du soleil couchant, l'îlot prend l'allure d'une statue de l'île de Pâques, en plein midi sous son profile ouest, il ressemble à un sphinx et depuis le Nord on croirait qu'un poussin a été abandonné par sa maman... Un îlot métamorphique !

Nous terminons notre séjour aux Perlas par une visite à Punta Coco, l'extrême sud de Isla del Rey. A vrai dire, Dom et moi, nous n'en revenons pas. Depuis que nous sommes aux Perlas et en particulier dans les trois dernières îles de Pedro Gonzales, San José et Isla del Rey, nous savourons une liberté encore jamais vécue. Nous posons l'ancre dans des espaces immenses, entourés de plages et de falaises pas ou si peu exploités que nous sommes seuls à nous balader sur des kilomètres d'une nature généreuse.

Chaque île se démarque de sa voisine par une particularité qui forge le caractère tout entier de cet archipel pittoresque.

Le sud de Isla del Rey, apporte une note chromatique particulière. L'île se termine par une succession de plages vierges, inatteignables. Nous ne pouvons qu'admirer ce spectacle du haut de falaises, sans jamais aspirer fouler le sable blond. Puis comme un cadeau de la Terre à l'Océan, la pointe Coco offre une presqu'île à la morsure des éléments. Une cellule de terre rouge s'est détachée de la falaise. Elle porte sur deux promontoires en forme de dômes deux petits cocotiers qui, fièrement et courageusement, limitent l'érosion de ce pan de terre suspendu au-dessus d'une houle rageuse. Un chenal d'eau émeraude sépare ces monticules ocre d'un îlot protégeant sa plage dorée derrière un rempart végétal.

Nous nous asseyons à l'ombre d'un cocotier, qui tel un phare veille sur cette pointe extrême. La marée est basse, les rouleaux d'écume parfaits, le ciel olympien, nos yeux se plantent dans l'horizon, derrière la grande barre bleue, entre l'océan et le ciel, il y a .... Les Galapagos...

A bientôt,
Nous vous retrouvons dans 1000 milles et quelques jours, pour vous raconter cette autre découverte.

Amitiés marines
Nat et Dom de L'Etoile de Lune

 

Changement de règlementation
pour les bateaux en transit en Polynésie française

Nous avons reçu des nouvelles d'un bateau ami, Captain Punch que je vous communique à mon tour. François et Francine nous avaient annoncés, ainsi que d'autres équipages, dont les bateaux Odilon et Ekaza que les lois en matière de séjour autorisé aux bateaux en transit (français) en Polynésie française avaient changés. La nouvelle règle autorisant des séjours de 24 mois au lieu de 12 mois.

A présent ça y est ... c'est fait!

Nous qui pensions changer de rythme, et traverser tout l'océan Pacifique en 18 mois afin de nous conformer à la fois aux saisons cycloniques et aux contraintes de formalités... A présent que l'administration française change elle-même ses lois, pour nous permettre de garder notre rythme de contemplatifs-assez-lents-sur-l'eau, nous allons en profiter pleinement.

Un énorme merci aux trois bateaux qui nous ont tenus informés de cette évolution majeure (Captain Punch, Odilon et Ekaza)

Voici le texte envoyé par Captain Punch

« La situation des voiliers et de leur équipage a évolué et s'est clarifiée : VOILIER et EQUIPAGE peuvent rester 24 mois d'affilée en Polynésie française.
Voici le début du texte tiré du site du Haut-Commissariat de la Polynésie française/ Rubrique Douanes:

« IMPORTATION TEMPORAIRE D'UN NAVIRE DE PLAISANCE
IMPORTATION TEMPORAIRE D'UN BATEAU
Vous êtes un touriste, et vous souhaitez séjourner temporairement dans les eaux polynésiennes, cette brochure vous concerne

1) Qu'est-ce que le régime de l'admission temporaire normale?

Ce régime vous permet de séjourner dans les eaux territoriales, en suspension des droits et taxes de douane, pendant une durée maximale de 24 mois.

2) A qui s'adresse le régime de l'admission temporaire normale?

Il est réservé:

a) aux navires immatriculés en dehors du territoire douanier de la Polynésie Française, au nom d'une personne physique ou morale qui a sa résidence normale en dehors de la Polynésie française et n'y exerce aucune activité lucrative.
b) ou, si le navire n'est pas immatriculé, qu'il appartienne à une personne physique ou morale établie en dehors du territoire douanier de la Polynésie française.

Si l'utilisateur du navire n'en est pas propriétaire, ces conditions lui sont également applicables.»

SUITE SUR LE SITE...

Voilà une bonne nouvelle pour les équipages français ! Mais ne pas oublier que les citoyens de certains pays sont soumis à visa dont la durée est limitée à 3 ou 6 mois et je ne sais pas à ce jour si ce texte leur est applicable ! »

Photos du mois

Le travail d'Hercule.


 
© Droits réservés 2019 : etoile-de-lune.net | Article rédigé par Nathalie - Mise en page de Dominique