" Il
n'y a pas cinquante manières de combattre, il n'y en
a qu'une, c'est d'être vainqueur. Ni la révolution
ni la guerre ne consistent à se plaire à soi-même."
Malraux (André)
Nous revenons à Margarita pour
cette fois découvrir " la Perle ". L'an dernier
nous ne lui avions pas consacré le temps suffisant
pour en comprendre toute sa dimension. Nous faisons le tour
de l'île et nous en mesurons l'ampleur culturelle et
historique. Vous trouverez également deux anecdotes
qui justifierons pleinement les nécessités de
comprendre et de parler la langue des pays que l'on visite!
Vous trouverez en post-scriptum
:
La photo du mois : " Gentil épouvantail qui attire
les pélicans! "
L'astuce du mois et le troisième épisode du
feuilleton de l'eau : Prévoir de l'eau potable supplémentaire.
Pour découvrir en détail
Margarita, une page
a été préparée dans le site ainsi
qu'un album
photo.
Bonjour à tous,
De
notre premier passage, en 2005, à Margarita nous avions
gardé la double image peu élogieuse d'un panorama
bétonné de Porlamar et de la rencontre saisissante
avec les pirates de Robledal. Nous ne nous avouons pas vaincus
nous refaisons une visite en 2006. Cette fois, nous voulons
partir à la découverte de cette île. Cathy,
une jeune Vénézuélienne de Cumana, avec
laquelle nous avions sympathisé l'an dernier, était
si triste de constater l'image déplorable que nous
avions de Margarita qu'elle nous a convaincu d'y retourner
pour y découvrir, cette fois, les vrais trésors
de l'île de ses vacances. Après tout, l'île
a pour surnom " La Perle ".
Pour
nous aider dans notre quête d'authenticité nous
faisons appel à un jeune Margariteñio. Herman
se propose en tant que guide. Prénom peu commun au
Venezuela, il l'admet lui-même... Outre sa langue maternelle
il parle, chose rare sur le territoire, l'anglais. Une journée
linguiste en perspective pour nos pauvres neurones. Attention
ne dites pas à ce jeune homme qu'il parle l'espagnol...
Non, non! Il parle le vénézuélien! Nous
avons de la chance il n'est pas natif de Margarita. Il nous
explique qu'un vrai Margariteñio parle un langage un
peu différent de celui qui est parlé sur le
continent. Celui-ci,
s'il s'apparente à l'espagnol, est parlé si
rapidement que des débutants en espagnol n'y comprendront
pas grand chose. Les Vénézuéliens en
perdent eux-mêmes leur latin ou du moins leur "
espagnol "... Hum! A vrai dire, nous le croyons sur parole.
Car une fois sortis de la méthode Assimil (qui a la
lumineuse idée de n'enseigne que le Castillan, qui
est paraît il l'espagnol le plus courant, surtout pour
ceux qui ne sortent jamais!) Hé bien, nous sommes complètement
perdus! Vous l'avez compris les habitants de Margarita se
sentent avant tout Margaritains jusqu'au bout de la langue!
Ensuite, ils consentiront peut-être à dire que
Margarita est une île, la plus grande île du Vénézuela!
Là encore, pas de bévue, ils ne sont pas Espagnols!
Comme partout sur cette planète, les particularismes
et les identités se révèlent passionnants
lorsqu'ils sont ressentis avec la fougue et la verve de tempéraments
au sang chaud!
Les
insulaires préservent la culture de leur île.
Ils sont fiers de son histoire. Ils colorent leur discours
de petites notes romantiques. Ils tiennent toujours à
expliquer qu'avant l'arrivée des conquistadores cette
île était peuplée d'Indiens fiers et courageux
: les Guaiqueris ou Waikeris. A les entendre les Margariteñios
se sentent plus proches des Guaiqueris que des conquistadores.
Pour les Guaiqueris Margarita s'appelait Paraguachoa. Ce qui
signifie poissonneux. Les indiens Guaiqueris récoltaient
également les huîtres perlières. On peut
penser que jusqu'au 15 août 1498, l'île était
un réel paradis pour les Indiens. Cette année
là, Christophe Colomb entame son troisième voyage.
Il passe par Paraguachoa qu'il nomme Margarita... Herman rajoute
avec un clin d'oeil appuyé que Margarita était
le nom de la maîtresse supposée de Colomb...
Impossible d'y échapper, visiblement notre guide est
un grand tendre!
Les conquistadores le furent beaucoup
moins... Ils voient en l'île une manne inépuisable
de perles. Les Indiens, qui avaient accueillis les nouveaux
venus tels des Dieux, en deviennent les esclaves. Ce travail
fastidieux et dangereux décime la population de Guaiqueris.
Une
journée ne suffit pas pour visiter en profondeur Margarita.
Herman nous entraîne de ville en ville, de plage en
plage, de castillo en castillo, d'Eglise en Basilique. Tout
au long de cette journée il nous ouvre une autre perspective
de Margarita. Désormais, cette île ne sera plus
pour nous ce gigantesque marché hors taxe, elle revêtira
également une dimension culturelle et historique. Au
coeur même des villes comme Pampatar ou Asunción,
le courage des héros de la révolution résonne
encore. Que penser de la résistance de cette jeune
femme qui donna sa vie pour que son pays soit indépendant?
Oui, Margarita a enfanté la Jeanne d'Arc du Venezuela
: la señiora Luisa Caceres de Arismendi. Dans toutes
les villes une rue au moins est consacrée à
Santiago Mariño
autre héros de l'indépendance. Si aujourd'hui,
le drapeau du Venezuela compte sept étoiles Margarita
a largement gagné la sienne! Et l'on comprend au rythme
des explications de notre guide pourquoi Margarita a mérité
le " grade " d'Etat à part entière
au nom de Nueva Esparta. En référence à
Spartacus, chef des esclaves révoltés contre
Rome. Plus illustre comparaison eut été impossible...
Margariteñios et fiers de l'être!
Outre les aspects historiques de Margarita,
l'île a su préserver sous le couvert d'une forêt
tropicale sa montagne intacte. De plus, entre la partie Est
de l'île et la péninsule de Macanao il existe
une zone protégée par décret, c'est la
lagune de Restinga. Nous y circulons en barque au sein de
canaux sertis d'une mangroves riches de nombreuses espèces
d'oiseaux : pélicans, flamands roses, perruches, perroquets,
ibis rouges. Ici, l'on trouve la plus grande plage de l'île
: 27 kilomètres! Et une typicité géologique
qui a donné naissance aux deux Tetas de Maria : deux
collines jumelles aux formes évocatrices classées
monuments naturels.
Je
ne peux vous quitter sans mentionner Juan Griego. Au creux
d'une baie évasée une petite ville au cachet
provinciale accueille le deuxième mouillage de l'île
pour les plaisanciers. Le mouillage est envahi de pélicans.
Et c'est un euphémisme! Incroyable population ou surpopulation
de ces palmipèdes aux longs becs qui plongent sans
discontinuer dans les eaux glauques et nauséabondes
de la baie. Incompréhensible... Vu l'état de
l'eau que tant de poissons daignent y vivre pour se précipiter
dans la poche de nos amis les pélicans! Cette baie
est également le lieu de prédilection des lanchas.
C'est là que les pêcheurs laissent leur barque
lorsqu'ils rallient la terre. Sur la plage, à même
le sable une sorte de chantier maritime improvisé répare
ces lanchas.
La
baie est surplombée des restes du fort de la Galera.
Une muraille, quelques canons témoignent des nécessités
de jadis à défendre l'île. L'endroit est
pris d'assaut par des gamins qui profitent de la période
estivale pour alpaguer les visiteurs. Ils leur propose en
l'échange de quelques bolivars l'histoire complète
du fort. Celui-ci fut témoin du courage des indépendantistes.
A vrai dire, nous aurions bien consenti à ce petite
commerce. Cependant ces gamins récitent à l'allure
d'un TGV en marche les frasques des héros de l'île.
Tout bonnement amphigourique pour les pauvres petits francophones
que nous sommes.
Bien que touristique, le village couve
une ambiance typiquement provinciale. En fait, il n'y a rien
d'exceptionnel à Juan Griego. Pourtant nous y sommes
restés plus longtemps que prévu. Comme aimantés
par ses charmes. Nous avons apprécié de pouvoir
nous balader dans les rues avec un sac ou même un appareil
photo. Jamais nous n'avons senti la moindre insécurité.
La seule chose que nous regrettions, c'est de si mal parler
l'espagnol. Par deux fois, nous avons ressenti ce manque cuisant.
Laissez-moi vous raconter ces deux petites anecdotes pour
illustrer l'absolue nécessité d'apprendre les
rudiments de l'espagnol.
Lors
de notre arrivée à Juan Griego, notre appareil
photo nous lâche. Continuer le voyage sans immortaliser
toutes les beautés qui nous attendent nous semble impossible.
Dom décide donc de se mettre en quête d'un nouvel
appareil. Je lui suggère d'acquérir le premier
qu'il trouvera... Vu la taille de la ville, je doute même
qu'il en trouve un seul. Mais il n'en démord pas, il
veut telle marque, tel modèle. Il part donc plein d'espoir
muni de son seul courage et d'un espagnol anorexique en quête
du Graal. Attention, l'espagnol anorexique ce n'est pas un
pauvre type qui ne mange plus et qui passe son temps dans
la salle d'attente du psy... Non, non! Le Cap n'a fait qu'un
an d'espagnol à l'école en dix neuf cent...
Ceci dit, moi j'en suis encore à la méthode
Assimil...Bref pour faire court , mon capitaine a arpenté
toutes les rues de la ville, sous un soleil de plomb et...
il a fini par trouvé la bête... Le capitaine
en personne a force de signes et de persuasion a trouvé
cette petite merveille de la technologie qui nous permettra
de partager encore et encore les images de ce voyage.
Autre
petite anecdote: le Venezuela et plus précisément
les 4 Etats à l'Est du pays vénèrent
la Vierge de la Vallée. Depuis plusieurs jours des
voitures sillonnent la ville. Elles laissent s'échapper
une abondance de décibels apparentés à
des chants. Loin des mélodies liturgiques, nous décodons
des mots comme "révolution" en roulant les
rrrrrrr. Le ton se rapproche plus du hayli hay lo.... un peu
tendance 40/45... que de préparatifs aux fêtes
apostoliques... Très surprenant! Ils font également
des feux d'artifice de jour... Autant dire qu'ils envoient
une quantité incroyable de pétards mouillés!
Bref, nous sommes au jour de la nativité. Tous les
commerces sont fermés. Les voitures bruyantes cèdent
enfin leur place aux enfants. Ils se réunissent dans
les chapelles où ils accordent leur voix mélodieuse.
La ferveur est palpable dans les rues de la ville. Intriguée
je me décide et j'achète le journal. Pour un
coup d'éclat ! Pour voir si sans l'accent, bref en
lisant, j'arriverais à comprendre ce que représente
pour eux la fête de la Vierge. Me voici en plein milieu
de la place du village à lire... Hum à regarder
les photos de la Vierge. Vient à moi un retraité,
sympa qui dans un large sourire m'envoie des phrases (enfin
je suppose que c'étaient des phrases ordonnées
et qui avaient un sens, du moins pour lui!) Je me demandais
quand j'arriverais à en placer une... intarissable!
J'ai trouvé mon maître! Les chutes du Niagara
du phrasé. Il m'a tout fait en apnée! Je finis
par lui faire un large sourire, je l'arrête de la main
pour lancer ma phrase décisive : " Yo soy francesa!
" Et là moi qui pensait l'arrêter net, je
le regarde, il regarde le journal que je tiens toujours dans
la main. Il pense toujours que je comprends... Il ne ralentit
pas l'allure. Je finis par comprendre quelques bribes... Il
me demande, d'où je suis en France, à quel hôtel
je suis descendue... Infatigable! Je lui dit avec peine que
" mi hotel es la embarcation amarillo " Il finit
par me prodiguer des conseils, par exemple de ne pas jouer
au Bonto... Je lui réponds que ça tombe bien,
que je n'ai plus de " dineros " pour jouer... Il
me dit que si je n'ai plus de sous, alors je peux aller à
la fête car on en me volera rien...
Finalement c'est simple le venez!!!
Amitié marine
Nat et Dom de L'Etoile de Lune
La photo du mois: "
Gentil épouvantail qui attire les pélicans!
"
.
Troisième épisode:
Prévoir de l'eau potable supplémentaire
Mille et une chose
peuvent arriver en bateau. Il y a les inévitables pannes
de dessal, mais nous avons rencontré un équipage
qui a failli manquer d'eau potable pendant la traversée
de l'Atlantique. En effet, ils avaient embarqué de
l'eau " potable " qu'ils avaient conditionné
eux-mêmes. C'était l'eau fournie au quai aux
Canaries. Au bout de quinze jours l'eau a pris un goût.
Puis, elle changea de couleur. L'équipage qui n'avait
pas d'autre ressource à bord a fini par bouillir l'eau.
Malgré cela l'eau gardait un goût. Etait-elle
toujours potable? Que risquaient-ils en buvant cette eau?
Solution pour
éviter de manquer d'eau potable :
Nous embarquons toujours
de l'eau minérale achetée en bouteille ou en
bidons de 5 litres. Nous stockons en général
150 litres d'eau potable. Il nous est arrivé d'embarquer
300 litres d'eau minérale. Ce qui nous donne, pour
deux personnes, une autonomie de 50 à 100 jours. Aux
Canaries par exemple, l'eau en bidons de 5 litres est à
des prix défiant toute concurrence. C'est là
que nous avons fait nos plus grandes provisions. De plus ils
la conditionnent dans des bidons rectangulaires beaucoup plus
faciles à caser dans nos coffres de bateau. Après
usage nous les avons gardés afin d'y consigner l'eau
de pluie. Attention, celle-ci se dégrade rapidement
à la lumière et à la chaleur ambiante.
Ainsi, une mini dose de javel dans les bidons d'eau de pluie
permet de la garder plus longtemps. Nous ne l'utilisons que
pour la douche et l'entretien, jamais pour la boire.
Texte
écrit par Nathalie Cathala et mis en page par Dominique
Cathala en Novembre 2006 - Tous droits réservés
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