Mail 50 – émis en Juillet 2006
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Zone de navigation : Nord des Petites Antilles

 

Les caprices de la nature …

«Le bonheur c'est quand les emmerdes se reposent. Et là, il faut faire gaffe à ne pas les réveiller  . » Itinéraire d'un enfant gâté - Claude Lelouche

Résumé

Après le rêve guadeloupéen, nous remontons vers le Nord de l'Arc Antillais, pour une étape désormais classique : Saint Martin ! Nous avons rendez-vous avec une grue, qui doit poser notre Etoile à terre. En effet, pour le marin, Saint Martin représente souvent une escale technique. Nous y retrouvons bon nombre d'amis en partance pour l'Europe. Pendant notre séjour, Montserrat, l'île voisine de la Guadeloupe connaît une phase éruptive violente. Nous retraçons ici son historique.

Nouveautés

Chaque mois, nous complèterons le mail par une rubrique « astuces ». Nous partagerons avec vous quelques trucs de la vie marine, qui faciliteront grandement le quotidien du marin (et parfois, même du terrien). Par la suite, une page, qui regroupera toutes les astuces, sera créée dans la site. Désormais, nous finirons chaque mail par LA photo du mois, celle-ci sera choisie dans notre album, parmi les plus insolites.


Bonjour,

Lorsque nous quittons Deshayes, nous partons pour une longue, trop longue escale technique à Saint Martin. Sur la route, nous sommes tentés par Montserrat… Les copains rient et nous disent : « L'Etoile de Lune après avoir tâté du cyclone et du Pirate désire à présent expérimenter du volcan ???» … Nous rions jaune, jaune soufre et, en sortant de Deshayes, le panache du volcan, nous paraît franchement impressionnant… Nous hésitons. OK, les copains en viennent, ils nous ont raconté… Visibilité nulle par brouillard de cendres, le pont enseveli sous une farine collante, anthracite… Zut, nous n'avons pas le temps, la grue de levage nous attend à Saint Martin pour le carénage. Le vent nous pousse, la nuit tombe, Montserrat et ses volutes s'estompent dans la lune descendante. Une nuit passe, en mer, sans autre tracas que de leurrer à la voile les paresses du vent. Toute la garde-robe y passe. Nous arrivons enfin à Saint-Martin. L'escale technique se déroule, comme pour tous les bateaux, dans la douleur ! Bateau et marins se retrouvent terriens… Quelle ineptie ! Les moustiques s'en donnent à cœur joie. A croire que depuis un an, nous leur avions tant manqué, qu'ils ne nous lâchent plus.

Nous découvrons les inévitables « contingences » qu'il faut gérer. C'est ça la vie de bateau… Sous la ligne de flottaison, les couches d'accrochage n'ont pas tenu par endroits, l'alu est à vif… Heureusement il n'est pas grignoté ! (traduction : aucune trace d'électrolyse) Cette découverte fait l'effet d'une bombe à bord : « Comment ? Nous avions entièrement sablé le bateau avant de nous lancer dans l'aventure. Nous avions pensé avoir fait ce qu'il fallait pour être tranquilles pendant les 10 prochaines années, et nous voici à la case départ…. Pffff !!!! » Nous sommes déçus. Et surtout, nous ne comprenons pas. Le problème ne peut venir d'une fuite électrique du bord. Tout a été vérifié. Il ne peut s'agir que d'un problème d'accrochage des couches de protection. Nous retroussons notre courage. Nous repassons tout en revue. Nous contactons d'autres bateaux en aluminium. Visiblement, nous sommes très minutieux, les autres bateaux ne se font pas tant de soucis pour leur coque. Nous réalisons qu'à force de la regarder à la loupe, nous y mettons plus de bonne volonté que la plupart de nos collègues marins. Tant pis, il vaut mieux faire les choses correctement. Cela prend du temps, de l'énergie, mais finalement ça se passe dans la bonne humeur. A côté de nous, Korrigan, un OVNI 43 se prépare pour la traversée de retour. Il bichonne seul sa monture. Une amitié naît. Les tuyaux s'échangent, de bateau à bateau… entre alu… Le carénage, les diverses révisions, les améliorations tout y passe. Finalement, après plus de trois semaines au régime terrien, L'Etoile et nous finissons par re-toucher l'eau et quitter les moustiques auxquels nous manquerons probablement.

Au mouillage, chaque matin, nous entendons les trompettes sonner. C'est un rituel à Marigot de Saint Martin. Entre Mai et Juin, les bateaux de retour en Europe se font « corner » par les bateaux amis qui restent ou qui les suivront un peu plus tard. Cette escale est une réelle déchirure. La « promotion 2004 » se disloque. Nombreux bateaux, partis la même année que nous prennent le chemin du retour. A un moment, nous sommes tentés de les suivre. Non pour rentrer en Métropole, mais pour retrouver des escales bâclées. Finalement, la route la plus simple, depuis Saint Martin, pour aller au Brésil c'est les Açores ! … Nous divaguons ! Sans doute les heures passées, casquette au soleil à caréner, nous ont altérés quelque neurones… Mais si nous partions avec les copains, juste pour prolonger cette amitié vers les Açores ? Après il sera temps d'infléchir la route vers Madère, Canaries, l'Afrique, et le Brésil…. Mais le Capitaine tranche et coupe court à ces fantasmes de péronnelles, pour revenir au programme initial… Adieu, donc, les amis. Nous vous garderons dans notre cœur, car sur l'eau, les affinités sont densifiées par les éléments qui nous mettent en danger et nous unissent. Nous ne vous oublierons jamais, tout en pensant que seules les montagnes ne croisent jamais leur sillage.

Très vite, une autre nouvelle tombe… le matin du 20 mai, à 7 h 20 Montserrat a explosé. Le dôme qui se formait peu à peu à coup de panache, s'est abîmé en mer. La Guadeloupe a eu chaud… ils parlent d'un mini-tsunami. Du tsunami, il faut retenir le « mini »… Selon témoins, de trente centimètres à un mètre de vague… de quoi faire balbutier les barques de Deshayes. Sacrés journalistes, toujours prêts à en rajouter ! Ceci dit, Montserrat est une réelle menace. Rien ne peut être exclu, le volcan n'a pas dit son dernier mot. Si le moindre voilier, un cargo de ravitaillement ou quelque pêcheur eût été sous le vent de la montagne ce jour là, les marins n'auraient pas survécu à la nuée ardente et aux gaz toxiques. Une « nuée ardente », cette expression rappelle la catastrophe de la Montagne Pelée en 1902. Ce qui a permis d'éviter un funeste destin, c'est la science ! Aujourd'hui, les hommes en savent plus qu'en 1902.

Les premiers tremblements de terre se manifestent en 1992. Cette petite île de 15 kilomètres de long sur 10 kilomètres de large fait des siennes, et les îles voisines la craignent désormais. En 1994, l'île connaît l'un des plus impressionnants tremblements de terre de son histoire. Mais c'est en juillet 1995 qu'une équipe de chercheurs est diligentée aux chevets du volcan. Celui-ci est mis sous haute surveillance, car il entre en éruption. L'évacuation de la ville est ordonnée dès 1997. Cette année là, une éruption a tué une vingtaine de personnes et elle a complètement enseveli la capitale sous un tapis de cendres. Il n'y a plus âme qui vive dans le sillage de Soufrière Hills. Il ne reste qu'une poignée d'irréductibles qui vivent dans la partie « sécurisée » au Nord de l'île. Entre 1997 et 2005, le volcan connaît des phases éruptives, avec l'émergence de dômes, suivies de périodes de calmes où les dômes s'écroulent.

Mais, depuis la fin de l'année 2005, les ac tivités volcaniques et sismiques montrent un regain d'énergie et affichent un niveau élevé. La croissance du dôme se poursuit à un rythme dramatique de 1,3 à 1,8 mètre cube par seconde. Le 27 février 2006 est apparue une aiguille de lave au sommet du dôme. Le 28, une partie de cette aiguille s'effondre, provoquant des nuées ardentes qui ont, à nouveau, ravagé une partie de l'île jusqu'à la côte. Entre les 24 et 31 mars, la croissance du dôme de lave s'est poursuivie avec apparition d'un nouveau lobe en direction de l'Est. Cet appendice s'est effondré le 20 mai. Le nuage tel un champignon atomique est monté à 17 000 mètres. Les images satellites sont formelles. Cet effondrement n'a pas arrêté les effusions du volcan, que du contraire, l'activité à son comble reprend dès le lendemain, et un hélicoptère qui survole Montserrat le 23 mai atteste de la naissance d'un nouveau dôme de lave. Les risques majeurs à venir, sont de type sismiques et éruptifs (nuée ardente et gaz toxiques) Mais il ne faut pas occulter non plus la possibilité de tsunamis qui affecteraient les îles voisines de Montserrat : Guadeloupe, Antigua, Nevis, Saint Kitts…

Il nous faut quitter cette zone, non pour éviter Montserrat, mais pour échapper à cette maudite période de cyclones qui revient chaque année. La saison est officiellement ouverte depuis le 1 er Juin. Nous migrerons donc, telles des hirondelles vers le Sud… A vrai dire nos plans ne sont pas très bien établis. Mais ce n'est pas parce que nous ne savons pas où nous allons que nous n'irons nulle part…


 

Astuce du mois : le messager qui sauve…

Lors de la pose d'un portique veillez à laisser des messagers afin de faciliter tout passage de câbles ou de fil électrique lors de la mise en place ultérieure de matériel. Lorsque vous les utiliserez veillez à leurs successeurs. Il suffit pour cela de replacer un messager au bout du fil que l'on passe et de le laisser à poste. Ce truc peut également s'étendre aux conduits de câbles qui se cachent derrière les cloisons. Cela permettra aux nouveaux câbles de trouver tout naturellement leur chemin jusqu'au tableau électrique général et vous évitera des heures fastidieuses à chercher un passage.


La photo du mois

Des bateaux dans un bateau… Retour de la flotte des yachts en Méditerranée


 Sur le site…

Dans le site vous trouverez une mine d'informations sur la climatologie de la mer des Caraïbes : cyclone , étude des marées barométriques ainsi que les prévisions météorologique . N'hésitez pas à les consulter.

  Nous remercions Eliane et Denis du bateau Byzance pour les photos sur Montserrat. Texte écrit par Nathalie Cathala, mis en page par Dominique Cathala en Juillet 2006.
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