Fuir radio ponton !!!
Lorsque nous avons acheté le bateau,
nous sommes restés en contact par Internet avec les premiers
propriétaires de Layoune (Nom de Baptème de l’Etoile
de Lune). Ils revenaient d’un tour du monde de quatre ans. Naturellement,
nous leur posions nombre de questions qui animent en général
les esprits des candidats au départ : les plus belles escales,
ce qu’il faut faire, ce qu’il faut éviter, risques
sanitaires, piratage…
Pour
toute réponse Christiane a eu l’intelligence de me répondre
: « Ne lis pas, n’écoutes personne et vas là
où tu te sens d’aller ! »
Evidemment, avide de bien faire,
je ne l’ai pas écoutée. J’ai lu, beaucoup et
beaucoup trop !!! J’ai discuté sur les pontons… Et
j’ai fini par fuir les pontons !
Les amis, la famille, les équipages
en éternelle partance ne sont pas mal intentionnés vis-à-vis
de vous. Mais, ils ont toujours quelque chose à raconte. Ils ne
l’ont pas vécu personnellement, mais c’est leur copain
qui … celui du ponton F que…
Pour exemple, « ON »
nous avait dit que nous aurions d’énormes problèmes
avec Lune, qu’elle ne voudrait pas faire ses besoins, et qu’elle
mourrait d’une occlusion… Lorsqu’on nous dit quelque
chose, nous avons pris pour habitude d’aller à la source
de l’information. Donc, nous sommes allés chez son vétérinaire
attitré qui est marin dans l’âme. Nous lui avons expliqué
nos doutes et nos peurs. Il nous a affirmé qu’un chien ne
se laisserait pas mourir facilement. Mais pour nous rassurer, il nous
a fourni un lavement : que nous n’avons jamais utilisé !
Evidemment au départ, elle va se retenir, mais au-delà de
48 heures, elle prendra son rythme elle aussi !
Idem
pour les pirates. 24 heures avant de partir de Ténérife,
pour Nouadibou, nous avons rencontré le capitaine d’un autre
bateau, complètement flippé à l’idée
que nous allions longer les côtes d’Afrique.
« Il y a des pirates, vous vous ferez arraisonner à plus
de 50 milles des côtes, ils ont des vedettes rapides ! Si, si, ce
sont ceux de (je ne dirai pas le nom du bateau) qui nous l’ont dit…Vous
avez vérifié le site des Américains qui recense tous
les piratages en mer ? »
Fin mot de l’histoire, le bateau en question était passé
vers les côtes mauritaniennes il y a plus de 10 ans, ils y étaient
passés en flottilles à l’époque par crainte
de piratage.
Entre temps, nous avions vérifié
le site du ministère des affaires étrangères et le
fameux site des Américains. Bon, OK je ne dirai pas que le piratage
n’existe pas. Mais sur l’année 2004, c’était
plutôt du côté de l’Indonésie que ça
se passait… Problème de géographie je suppose…
Dernier exemple frappant. Toujours
à Ténérife. Nous étions en train de préparer
notre départ (amarres en main, tout de même !) Un catamaran,
vient s’amarrer à côté de nous. Une jeune femme
à bord, nous demande combien de temps nous restons. « Non,
non, nous partons. »
« Combien êtes-vous à bord ? »
« Ben, deux… heu deux et-demi avec Lune »
« Vous êtes complètement frappés ! On nous a
complètement déconseillés de partir à deux…
A deux sur l’Océan » croit-elle bon d’ajouter…
CQFD
Bref, des exemples dans le genre,
nous en avons à la pelle. Nous nous racontons des histoires entre
équipages, un peu comme les enfants, qui se font peurs avant la
tombée de la nuit… Pire, en général nous reproduisons
sur mer ce qui existe dans les médias sur terre : le sensationnel
! La télé doit nous manquer horriblement !!!
Faites votre petit train, à
vous. Faites ce dont vous vous sentez capables. Faites ce pourquoi vous
êtes faits. Allez vers ce qui vous attire. Prenez des renseignements
sérieux, adressez-vous à des sources officielles, avant
de vous y rendre.
N’écoutez
que les jolies voix de l’optimisme et du positivisme. Elles existent
aussi, elles sont souvent beaucoup plus modestes, car elles ont une réelle
expérience. Ainsi nous avons rencontré des gens formidables
et encourageants.
A Graciosa, nous avons rencontré
Odile, une Wordly-girl, qui a bouclé un tour du monde en plusieurs
années. Elle m’a dit ne retiens qu’une chose «
the world is safe and beautiful ! » (Le monde est beau et tu y es
en sécurité)
Avant de partir pour la traversée
nous discutions avec Jean-Claude qui traversait pour la seconde fois l’Atlantique
sur son Espace 1000. Je lui confiais mais craintes de rencontres de cargos
et autres petits doutes qui habitent les esprits néophytes avant
de s’élancer. Il m’a dit avec sa générosité
et son enthousiasme communicatif : « Au milieu de l’Atlantique,
tu ne rencontres rien ! Tu seras seule et c’est formidable. »
(Vous pouvez retrouver le Voyage du Cers sur son
site)
Tout
au long de notre traversée, j’ai pensé à ce
qu’il m’a dit. Et c’est vrai ! Nous n’avons rencontré
que 2 cargos et de loin, des voiliers (cinq) à l’horizon.
Et tout cet océan pour soi tout seul, c’est vachement bien
! En fait, je suis devenue comme tant d’autres avant moi, beaucoup
plus confiante au large et au plus large possible. Je me méfie
de la terre. Ses pièges et ses nombreuses possibilités d’écueils
demandent beaucoup plus de vigilance, de prudence, d’anticipation
qu’une navigation en haute mer qui ne nécessite que du bon
sens !!!
Pour finir ce chapitre. Avant de
partir de Port Camargue, notre copain Daniel des enfants du Kim, nous
avait prêté un livre malheureusement épuisé
: Seul autour du monde de Auboiroux. Ce type était seul, sur un
bateau de 8 mètres en bois. Il a pompé l’eau (de mer!)
pendant tout son tour du monde. S’il s’endormait trop longtemps,
il avait de l’eau jusqu’aux genoux ! Il a navigué avec
une telle bonne humeur dans des conditions qui défient la loi de
la poussée d’Archimède !!!! Il a bouclé son
tour du monde en 1 an et demi, en mars 1966 il retrouvait les côtes
de France et son épouse restée à terre pour le financer.
Je l’ai lu avec un bonheur renouvelé à chaque page.
Il ne s’est jamais laissé découragé, avec du
bon sens et une détermination indéfectible, il a bravé
tous les obstacles. Chaque fois, que j’avais un doute, une question
qui me faisait vaciller, je pensais à ce récit, et ça
me faisait avancer !!!
Merci à tous ceux qui nous
ont encouragés : Merci à Christiane, à Odile, à
Jean-Claude et Monique, à Daniel, aux enfants du Kim, et à
notre famille…
Choix de veiller
Nous avons décidé
depuis que nous naviguons que nous veillerions.
Pourquoi
?
Nous possédons un radar, mais son coût énergétique
est tel que nous ne l’allumons qu’en cas de doute. Il nous
est arrivé de rencontré des cargos ou paquebot de tourisme
dont les feux de navigation étaient noyés dans un halot
de lumière indéchiffrable…
Le « Mer-Veille » (détecteur
de radar) a aussi été installé avant le départ,
mais il est peu utile. Dans les coins fréquentés il sonne
tout le temps ( et donc réveille même celui qui n’est
pas de quart) et au milieu de l’Océan certains cargos n’allument
pas leur radar…
Si
en Méditerranée, aux abords du Détroit de Gibraltar
et même dans les eaux fréquentées des îles de
l’Atlantique, la question ne se pose pas, tant on croise d’autres
navires sur l’eau. Au-delà de certaines latitudes on peut
être tenté de ne pas assurer de veille. Il est vrai que lorsqu’on
fait un calcul comparatif entre les heures de veilles et le nombre de
cargos rencontrés à partir du Cap-Vert, la balance pencherait
plutôt du côté du sommeil que de la veille. En effet,
en 21 jours de croisière nous avons aperçu 2 cargos. Et
il n’y avait pas route de collision. Pourtant, il est des récits
qui nous ont motivé à assumer cette veille. « Tangaroa
» est un récit de voyage qui se finit mal : percuté
par un cargo, ce voilier finit au fond de l’océan. Avant
de partir de Port Camargue, un Via 50 démâté revenait
d’un bref aller retour en Atlantique, où il se frotta à
un cargo. Dans les deux cas, il y avait déficit de veille…
Comment assurer la veille ?
Au début nous avons essayé de partager la nuit en quart
de quatre heures. C’est beaucoup trop long, on ne tient pas sans
piquer du nez. Donc, petit à petit nous avons réduit la
durée jusqu’à trouver un équilibre entre le
repos et la veille. Finalement, ce qui marche le mieux sur l’Etoile
de Lune, c’est un ajustement des quarts au rythme naturel de chacun.
Dom est plutôt couche tôt
et lève tôt, moi, c’est l’inverse. Donc, je veille
le soir, le plus tard possible, puis, il prend son quart et à partir
de là on se relaye toutes les deux heures. Par contre, à
l’inverse du soir, Dom me laisse les « grasses » matinées
!
Pour lutter contre le sommeil !
Le walkman à donf dans les oreilles marche assez bien ! Je ne vous
conseille pas une « petite musique de nuit » mais un truc
beaucoup plus rock and roll, voir du zouk bien balancé… Chacun
ses goûts ! J’ai usé Kassav sur la traversée.
Dom, munit d’une petite lampe
frontale aimait résoudre des équations compliquées
sur un bloc note… Pour une telle pratique, (et… rester réveillé
parce que c’est le but !) il faut quasi une âme d’Einstein.
A quand le théorème trans-océanique ?
Pas
d’inquiétude…
Pour les débutants en matière de nav. de nuit, vous vous
apercevrez que la première nuit, tout feu tout flamme, on se sent
prêt à veiller des nuits et des jours. L’excitation,
les appréhensions d’un début de croisière ont
raison du sommeil. Dès le départ, il faut néanmoins
instaurer un rythme de quart, quel qu’il soit. Même si, il
faut au fur et à mesure l’adapter.
Ceci est adaptable aux navigations
en équipage réduit, car tout équipage dépassant
2 personnes n’a plus aucun problème de déficit de
sommeil.
Donc, au début, s’il
est difficile de trouver le sommeil, au rythme de la croisière
(et le corps humain est une petite merveille) lorsque la fin du quart
sonnera, vous vous écroulerez littéralement sur votre bannette.
Le sommeil est si profond, que vous faites totalement abstraction du bateau
et des conditions météo : vous dormez parce que c’est
vital !
Les nuits restent pénibles
tout au long du trajet. Se réveiller toutes les deux heures est
quelque chose de fastidieux. De plus, certaines heures, (chacun les siennes)
sont plus pénibles que d’autres. Pourtant, le jour, vous
vous surprendrez : vous serez en forme ! Cela semblera paradoxal, mais
le couple est l’équipage idéal pour une transat. Car,
rien ne remplacera jamais sur cette terre, le bonheur que l’on éprouve
à deux en mer, même si en fin de compte vous ne vous croisez
qu’entre deux quarts…
Un petit clic…
Jusqu’à
présent nous n’étions pas très sérieux,
et nous ne nous attachions pas vraiment. Lorsque nous sommes descendus
de Gibraltar vers Madère et que nous avons subi 3 jours à
49 nœuds de vent, les vagues travers à la coque transformant
le bateau en sous-marin, nous avons appris à nous attacher.
Pour la traversée, nous
adoptions quelques règles de conduite :
- De nuit, celui qui est de quart
s’attache quelles que soient les conditions.
- Personne ne se balade sur le
pont tout seul de nuit.
- Le chien ne se balade jamais
seul sur le pont
- Les filières sont munies
de filets
- Le chien porte en permanence
son harnais
- Nous l’attachons à
une longe reliée à la descente du carré
- Par gros temps, nous enfilons
nos gilets de survie.
- Par très gros temps tout
le monde rentre dans le bateau. Toute ouverture est fermée. La
veille est assurée avec l’aide du radar. Un tour dehors
d’un seul d’entre nous toutes les heures.
Options de navigation
Au début de cette traversée,
nous avions choisi de naviguer grand largue avec grand voile et génois.
Avant le coucher du soleil, si le temps menaçait, nous prenions
un ris ou deux, selon la situation. Quitte à naviguer sous-toiler
pendant la nuit. Nous laissions toute la toile que lorsque nous étions
dans des phases météos sans risque de grains.
Le
Cap avait choisi une option loxodromique : la route la plus courte. Ceci
dit, une dépression tropicale tardive (Otto) nous a plutôt
obligé à tracé une route zigzagodromique sur notre
carte nautique. En effet, voyant qu’elle se formait aux alentours
du 25°N et ayant la perfide intention de longer vers le sud le 50°W
et de croiser notre route, nous avons infléchi notre route vers
le 15°N alors que nous étions sur le 18°N.
Si c’était à
refaire. Le Cap choisirait de naviguer dès le départ sous
génois tangonné et de laisser la grand voile bien à
l’abri dans sa housse. Cette option laisse une marche de manœuvre
autour du vent arrière plus importante. La grand-voile oblige à
empanner plus souvent, manœuvre délicate en équipage
restreint. Donc, on finit par faire plus de milles sous deux voiles. Ce
qui nous a leurrés, c’est la vitesse. Nous marchions bien
au grand-largue : c’était grisant. Mais, le gain de vitesse
obtenu sous deux voiles en tirant des bords, ne compense pas l’allongement
de distance. Nous préférons donc suivre une route sous génois
seul à plus petite vitesse.
Nous osons vous le dire : nous
avions remisé le spi dès le départ. Il est tentant
de le sortir. Mais que de manœuvres !!! Ceci dit, en équipage
réduit, pour chaluter et faire une bonne provision de poissons
c’est une bonne option ! La plupart des équipages en nombre
réduit qui choisissent de sortir le spi, cassent tôt ou tard.
Et le gain de temps sur une traversée océanique est minime.
N’oubliez pas que nous ne naviguerons jamais plus vite qu’une
mobylette rouillée (dixit Antoine.)
De plus au risque de déplaire,
nous n’avons encore jamais navigué sous trinquette. Si l’on
partait pour une longue navigation où l’on sait dès
le départ que nous aurons des vents de face établis, nous
l’installerions au port, avant de partir… Mais, souvent les
conditions se dégradent au large… C’est pas le moment
d’installer un étai largable pas bien pratique à l’usage,
il faut l’avouer ! S’il n’est pas à poste systématiquement
c’est qu’il gênerait le passage du génois…ainsi
nous enroulons le génois… et tout s’est toujours très
bien passé !!! N’en déplaisent aux puristes !
Bref, nous choisissons toujours
la solution de facilité. Nous naviguons en « père
tranquille ». Les options seront toujours prises pour que l’équipage
prenne le moins de risques possibles et qu’il ait le meilleur confort
au détriment de la vitesse.
Pilote ou régulateur
Jusqu’à
Ténérife, nous avons navigué sous pilote automatique
(Autohelm 7000). Il ne nous a jamais fait défaut. Il a supporté
des vents de force 8 à 9 pendant plusieurs jours de suite. Il nous
est arrivé, quand les conditions devenaient très difficiles,
de nous enfermer à l’intérieur (veille radar), et
de le laisser naviguer seul, sous une voilure adaptée à
la situation. Le seul inconvénient de ce type de choix, est la
consommation énergétique. Lors de vents forts, il peut consommer
jusqu’à 10 Ampères. L’avantage de ce type de
choix est la facilité d’utilisation. Le pilote suit le cap
demandé sans faillir. Par contre attention au changement brutal
de direction de vent sous allure portante, le risque d’empannage
est réel. Dans cette configuration, il vaut mieux utiliser le mode
« cap vent » du pilote.
A partir de Ténérife,
c’est « E.T », le régulateur d’allure (Wind
Pilot) qui a pris les commandes. Son grand avantage est l’économie
d’énergie. Malgré « radio ponton », qui
nous pronostiquait des nuits de galères à le régler,
le Cap n’a eu aucun mal à l’installer ni à le
réguler une fois en mer. Il ne tient pas un cap aussi établi
que le pilote automatique, cela se conçoit facilement vu qu’il
suit le vent. En revanche, il ne vous fera pas d’empannage intempestif.
Il n’aime pas le plein vent arrière, et le vent faible ainsi
que la grosse houle. Si vos cumulez les trois, alors vous vous arracherez
les cheveux !
Dans ces conditions de portant
et de petit temps, nous préférons utiliser un petit pilote,
l’Autohelm 2000, directement sur la barre franche. Cela donne des
résultats satisfaisants et ne consomme que 1 ou 2 Ampères.
Bilan technique
Il est globalement bon. Aucune
avarie grave n’a entaché cette traversée. Cependant,
nous vous donnons la liste de ce qui a souffert plus particulièrement.
Malgré une préparation minutieuse, nous n’avions pas
pensé à ces points précis avant le départ.
Nous avons à déplorer
la défection de notre balancine. Hé oui, celle-ci, a déclaré
forfait, au milieu de l’Atlantique, cisaillée par raguage
sur le réa en tête de mât !
La manille de la drisse de grand-voile
s’est ouverte. Heureusement, la grand-voile venait d’être
affalée. La drisse s’est enroulée autour des lazy-jacks,
ce qui facilita sa récupération grâce à la
gaffe. Oufffff ! Si nous ne l’avions récupérée
à temps, nous aurions dû monter en tête de mât
en pleine navigation !!!
La vis du vit-de-mulet allait nous
faire faux bond !
Lors d’un renvoi de ris, je me rends compte que la bôme n’est
plus tout à fait d’aplomb. En effet, la grosse vis qui unit
la bôme au mât est en train de descendre car l’écrou
du haut s’était dévissée. Ce sont, sans doute,
les mouvements perpétuels causés par une forte houle qui
ont eu raison de cette attache. Nous avons trouvé le défaut
à temps pour redonner le coup de tourne vis salutaire.
L’ampoule du feu de navigation
tricolore de tête de mât à rendu l’âme.
Nous avons fini par naviguer avec feu de mouillage. Les feux de navigation
réglementaires, non seulement, consomment beaucoup, mais en plus
étant au ras des vagues, ils sont peu utiles dans une grosse houle.
Les implantations du frein de bôme
ont été changées pendant la traversée. Mal
placées, elles usaient les bouts sur les bords vifs du pont.
L’écoute de génois
va devoir être changée, très sollicitée, elle
a subi une usure remarquable durant la traversée.
La jonction entre le tangon et
le mât s’est fissurée, il faudra la remplacer.
Le tuyau haute pression du dessalinisateur
s’est mis à fuir, il est devenu poreux. Lors de sa remise
en route après la traversée, il a non seulement rempli notre
réservoir d’eau douce, mais il a baptisé son compartiment
d’eau salée !!!
Bilan énergétique
Bilan peu satisfaisant pour le
Cap. Nous ne possédons pas suffisamment de moyens de recharge par
énergie douce. L’éolienne (Ampair 100) ne charge pas
assez, et vu l’emplacement des panneaux solaires (Kyocera 125 watts)
, seul un des deux fonctionnait. Ainsi, nous avons été obligés
de faire du moteur de temps en temps… Au milieu de l’Atlantique
: Ô supplice !
A l’escale nous comptons
résoudre ce problème par l’ajout:
- d’un petit groupe électrogène
- des panneaux solaires semi-rigides recouvrant le bimini
Bilan météo
Croisière en deux temps
:
Il y a la traversée proprement dite et l’avant-traversée
L’avant-traversée
Un calvaire ! Non seulement les navigations sont rendues pénibles
par l’affluence des cargos et autres paquebots, mais en plus les
conditions météorologiques sont loin d’être
celles que nous attendions !
Planifiant un départ des
côtes françaises en début d’été
afin de naviguer dans la « bonne » saison, nous avons été
surpris par des conditions non annoncées et rudes. Seule consolation,
le vent a toujours été portant !
Zone
Palos (Méditerranée) : 48 nœuds de vent d’Est
pendant 48 heures
Gibraltar-Porto Santo : 49 noeuds de vent d’Est Nord Est pendant
3 jours
Graciosa : Durant une nuit, 65 nœuds de vent d’Est ( coup de
Calima)
Autant dire qu’aux Canaries,
nous commencions à nous languir de connaître enfin une navigation
idyllique sous les alizés, les vrais, pas les Portugais, tant décrits
mais assez perfides !!!! Parmi les équipages rencontrés,
nous n’avons pas été les seuls à nous laisser
surprendre par la météo. Elle est trompeuse à vrai
dire sous ces latitudes ! Et nous finissions par ajouter une dizaine de
nœuds aux vitesses de vent annoncées par les bulletins de
toute origine. Cela, nous a plutôt réussi :
Comme un trait d’union :
première navigation agréable
Ténérife – Banc d’Arguin (Mauritanie) : 165
milles en 24 heures, 300 milles en 48 heures… Un Bonheur ! Pas plus
de 25 nœuds de vent sur un tapis roulant !
La traversée
Nous avons eu de la chance… Heu… de la CHANCE !
Vent Est (un peu de nord, ou de sud selon, mais globalement Est), force
3 à 4 bf. Notre anémomètre sur 21 jours de traversée
n’a pas dépassé 35 nœuds de vent. Et encore c’était
dans les derniers jours, sous un grain. Mais nous avons gardé un
record à 25 nœuds pendant plus de 15 jours !
Les grains, nous ont pour la plupart
évités ! Nous en avons subi deux, mais il y avait plus de
pluie que de vent. Les orages se sont gardés de nous prendre à
partis et ont cantonné les éclats pour l’horizon.
Le seul grain vraiment sérieux que nous ayons subi, s’est
trouvé sur notre chemin entre l’extrême pointe sud
de la Martinique que nous venions de contournés et le mouillage
de l’anse Caritan.
La
houle était formée. En fait, le système météorologique
était très perturbé sur tout l’Atlantique,
et nous subissions la houle de ce qui se passait plus au Nord. Notamment,
Otto, une dépression tropicale qui s’est formée le
2 décembre sur le 28°N et 50°W. Elle avait eu l’intention
première de nous foncer dessus, mais elle s’est dégonflée
en 48 heures, générant toutefois une houle importante de
Nord.
Une autre cause à l’amplitude
le la houle : une onde tropicale s’est formée, mais cette
fois derrière nous. Vent de force 6 à 7 et houle de secteur
nord-ouest de 5 à 7 mètres annoncés. Nous étions
passés, et avec un vent souvent inférieur à 20 nœuds
nous avions du mal à passer la houle croisée qui allongeait
sa foulée sous la coque de l’Etoile de Lune.
Sur toute la traversée,
nous avons marché à une vitesse moyenne de 4.8 nœuds,
et une petite pointe à 8.1 nœuds…
Moyens de communications
et solidarité Météo familiale
Avant la traversée nous
avions convenu avec notre famille des vacations météo quotidiennes
par iridium. En fait, la réception de sms via le réseau
satellitaire est gratuite. Il suffit de laisser le téléphone
allumé et les sms tombent au fur et à mesure qu’ils
sont envoyés. De plus, tout se passe en temps réel.
A terre, la grande sœur, le
grand frère et la maman étaient fidèles au poste
météo.
Mimi,
nous envoyait RFI. Au départ elle découpait le bulletin
en sms : avis de coup de vent, situation générale et météo
des zones traversées étaient regroupés en une dizaine
de sms. Travail fastidieux pour elle. Ceci dit, la grande sœur, qui
n’avait jamais consulté la moindre carte nautique, s’est
familiarisée avec une facilité formidable au jargon nautique
et météorologique.
Par
la suite, nous avons décidé de nous connecter une fois par
jour sur internet. Cela nous donnait l’occasion de recevoir le bulletin
RFI en entier, et de plus nous envoyions un mail familial, ça rassurait
tout le monde. Dans la foulée nous demandions via Max sea un fichier
Grib : fichier compressé de prévision météo
élaborée par les centres américains.
Coût des connections sur
21 jours : 100 unités de carte prépayée (150 dollars).
Cela comprend également deux envois de newsletters dans le cadre
du site.
Mon frère, Philou, scrutait
Internet. Et nous concoctait, après analyse minutieuse, un topo
par jour qui résumait la tendance générale.
A l’approche des côtes,
ma maman nous donnait les prévisions de Windguru.
Tout ce dispositif, nous a permis
de recevoir à bord des informations d’une qualité
et d’une précision exceptionnelle. Et d’adapter notre
route selon les conditions météo. C’est ainsi, que
nous avons évité deux grosses dépressions.
La pêche
Nous ne sommes pas de grands pêcheurs
devant l’Eternel … Nous ne sommes pas non plus de gros mangeurs
de poissons. Mais, nous avons eu quelques jolies prises. Tout d’abord,
la pêche involontaire :
Au début de notre voyage
(surtout en Méditerranée et au début de l’Atlantique)
nous trouvions chaque matin des calamars sur le pont. Malheureusement,
nous les trouvions trop tard et ils étaient bien mal en point.
A
partir du Tropique, les poissons volants prennent le relais : fuyants
un prédateur, ils s’élancent et … courent à
leur perte sur notre pont !
Deux philosophies à bord :
Pour moi c’était un tel crève cœur, que si j’en
entendais un s’affaler sur le pont, je le rejetais à la mer,
espérant qu’il ne se soit pas fait trop mal … C’est
bête, mais on ne se refait pas !
Le Cap quant à lui, de petit matin, allait à la cueillette
en se réjouissant d’une fricassée de poissons volants…
Nous
avons pêché un thon de 2 kilos et une dorade coryphène
de 2 ou 3 kilos.
Cela paraît peu. Mais en
fait, dès que nous avions pêché nous ne rejetions
pas la ligne. Nous détestons le gâchis ! A tel point que
le jour où une dorade trop grosse a mordu à l’hameçon,
nous avons été soulagés qu’elle s’en
tire plutôt que de monter sur le pont.
Sinon, nous ne pêcherons
plus dans une zone où les oiseaux se concentrent. Au large des
côtes d’Afrique, nous avons pêché par erreur
un jeune fou de Bassan. Nous avons dû lui infliger le supplice de
la remontée de ligne pour enfin le libérer de l’hameçon
qui s’était planté dans son bec. Rassurez-vous, après
les soins du Cap, il a repris son envol !
La cambuse et
avitaillement
Les internautes nous posent souvent
des questions concernant la nourriture des marins. J’aurais envie
de répondre : « comme à la maison, sauf qu’il
faut prévoir avant ! »
Nous
emmenons en mer les goûts que nous avions à terre. Seul gros
changement : il est moins facile de faire de grandes préparations
culinaires en mer. Nous avons opté pour la facilité, et
donc avons choisi de manger en majorité des plats préparés.
Cela n’empêche que certains jour, le Chef, inspiré,
nous a concocté de ces petits délices…
Boissons
Une seule règle, la sobriété ! En mer, pas de vin
à table, l’apéro du week-end est réservé
pour les retrouvailles avec les copains…
L’eau
Malgré une réserve d’eau de 900 litres, nous avons
emmené des bidons de 5 litres d’eau minérale. (150
litres) Plus agréable à boire, elle apporte aussi sa ration
de minéraux. De plus, il était prévu au départ
que nous irions à Dakar. Or, la région souffrait d’une
épidémie de choléra…
Les avantages d’un frigo
Nous avons mangé des yaourts pendant presque 3 semaines. En faisant
attention à la date de péremption lors de l’achat,
cela couvre quasiment les besoins en calcium. Nous avions emmené
nos fromages préférés depuis la France. Conservés
au congélateur, ils nous ont régalés pendant 6 mois.
Le Cap avait fait provision d’une
quinzaine de saucissons d’Auvergne. Stockés sous la ligne
de flottaison, dans la soute à voile. Ils ont fait le régal,
de plusieurs soirées.
La viande hachée aussi a
tenu longtemps au congélateur et cela fait des petits plats agréables
(sauce bolognaise…).
Le congélateur nous sert
également pour conserver le pain. … Il est vrai que les TDM
(tour du mondistes) aiment s’échanger des recettes de pain
à faire en mer. Tous les équipages semblent mus par cette
même envie de faire leur pain. Nous avons choisi la méthode
« paresse-gourmande » et nous achetons le pain. Quand il nous
paraît bon, nous le congelons. Nous ne sommes peut-être pas
des « gros » mangeurs de pain, car cela nous suffit pour nos
traversées. Et nous avons trouvé du pain à chaque
escale pour le moment… Nous avions également prévu
des biscottes, ça change…
Les fruits et légumes sont
conservés dans des « hamacs » (filets confectionnés
à cet effet) que nous suspendons sous le bimini. Nous ne les rentrons
pas dans le bateau pour plusieurs raisons.
1. pas de mouchettes ou autres bêbêtes à traquer dans
le bateau
2. ils sont à l’air et s’abîment moins vite qu’à
l’intérieur où en navigation il n’y a pas ou
peu d’aération (puisque la sécurité impose
de fermer tous les hublots)
Pamplemousses, citrons, oignons,
choux vert et rouge sont restés dehors pendant toute la traversée.
Ils se sont conservés pendant plus d’un mois. Nous avons
mangé des pamplemousses et des citrons des Canaries en Martinique.
Les bananes achetées vertes ont tenu sous le régime des
embruns pendant plusieurs jours. Ceux qui sont partis avec un régime
entier, ont eu de la perte…
Nous avions acheté tomates
vertes et rouges. Les rouges au frigo ont tenu plus longtemps que les
vertes restées hors frigo mais dans le bateau. Au frigo aussi la
salade se conserve quelques jours. Ensuite, le chou prend le relais dans
la salade. La pomme de terre ne se conserve pas longtemps à manger
dans les premiers jours !
Pour les jours difficiles
Des fruits secs (dattes) ont parfois sauvé certains repas qui auraient
été trop pénibles à préparer vues les
conditions. Il nous est arrivé de pas même pouvoir préparer
un café, tant la mer nous malmenait. Une tablette de chocolat,
fait plaisir aussi dans ces moments. Nous avions prévu également
des compotes de fruits, du ris au lait, et autres crèmes Montblanc,
qui sont agréables à manger.
Sinon, pour un repas facile à
préparer et salé : biscottes, paté, une tomate. Ca
rafraîchit et ça nourrit !
Pour le reste
Des conserves en pagaille ! Et du lyophilisé !
En conserve, ce que nous avons le plus mangé, ce sont les plats
préparés ! Chacun selon ses goûts : cassoulets, choucroute,
raviolis, bœufs ou mouton en sauce, lasagnes, paellas, confits, (dont
on récupère la graisse, à manger plusieurs jours
dans du riz, pâtes,)
Idem pour le lyo : riz cantonnais, pattes à la carbonara, poulet
colombo (achetés au Vieux Campeur par correspondance)
Méthode
de conservation
Nous avons collectionné les bidons d’eau de 5 litres, et
avant le départ, nous les avons remplis de riz, pattes, taboulé,
lait en poudre, farine, lentilles, huile d’olive…
Tout cela se conserve très
bien dans le fond des cales. Ca évite la propagation des charançons
et autres bêbêtes exotiques, et de plus le rangement des victuailles
est grandement facilité.
Une chose importante !
Ne vous affolez pas au départ des côtes de France à
faire un avitaillement complet ! Sauf pour des typicités locales
qui vous feraient défaut, vous trouverez à Porto Santo,
et aux Canaries (Ténérife) des super marchés aux
prix compétitifs par rapport à la France ! Aux Canaries,
les chaînes Carrefour et Auchan (Al Campo) sont représentées.
Vous trouverez les mêmes articles qu’en France et parfois
4 fois moins cher !
Bon appétit !
La gestion des
poubelles
Avant le départ, il faut
impérativement prévoir la suppression de tous les conditionnements
inutiles : cartons qui entourent les yaourts, protections en plastiques
ou en papier. Cela vous évitera un volume important de détritus
alors que vous êtes en mer. Reconditionnez également tout
ce qui peut l’être dans des bidons alimentaires de 5 litres
(bidons d’eau).
En mer (au large c’est-à-dire
lorsqu’il n’y a plus de risque de retour sur le rivage) :
- compactez et stockez tous les déchets plastiques
- jetez par-dessus bord tous les déchets végétaux
(ça fera une halte pique-nique pour les tortues)
- le verre est cassé et jeté, il retourne à l’état
de sable ou de silice
- les boîtes en métal sont trouées et coulées,
par grand fond, il paraît que cela offre des abris à la faune
sous-marine.
L’hygiène
à bord
Nous n’en sommes plus à
l’époque du seau, de la barbe d’un mois et de la pellicule
de sueur mastiquée au grain de sel!!!
Les bateaux possèdent une
ou plusieurs toilettes selon la conception et la taille. Nous disposons
de douches également. L’Etoile de Lune est « un peu
» mal conçu au niveau de la douche intérieur. Mais,
lorsque l’on vit sous les tropiques la douche se passe forcément
à l’extérieur. Pour l’économie d’eau,
le lavage au savon se fait d’abord à l’eau de mer (cheveux
et corps) et le rinçage à l’eau douce.
Lorsque les conditions de navigations
ne permettent pas de se laver. Soit que les mouvements du bateau ne nous
permettent pas de rester debout, soit qu’il soit trop dangereux
de se retrouver sur la jupe arrière. Nous avons prévu des
lingettes. Dans les grandes surfaces des Canaries, nous avons trouvé
les lingettes humides à l’aloé vera pour peau sensible
de bébé (on ne se refuse rien !) Pour l’hygiène
intime nous utilisons les lingettes carefree. En plus de nous laver, ces
lingettes traitent la peau, cela permet d’attendre les moments de
répits laissés par la mer.
Une vie de chien
à bord…
Avant
toute chose, je préfère être honnête et vous
signaler qu’il existe à bord de l’Etoile de Lune deux
avis différents à propos de la présence d’un
animal à bord. Si le Cap n’avait eu Lune avant de partir,
il n’aurait pas eu de chien à bord. Moi, je ne peux me passer
d’elle. Elle est ma compagne… et j’ai de la chance car
elle battra des records de longévité… Deux femmes
à bord, contre un Cap, c’est un défi permanent contre
l’autorité…
Pour tout dire, Lune est une chienne
« marinisée ». En discutant avec d’autres maîtres-marins,
elle paraît particulièrement adaptée à cette
vie. Lune est une vraie marine, elle semble même préférer
le bateau à toute demeure terrienne. De l’avis de nos amis
qui parfois se disent : « pauvre bête », ils finissent
par nous dire : «c’est vrai qu’elle est bien sur son
bateau !»
Et franchement, c’est SON
bateau !
Voici la liste de ses exploits
:
- Lune ne souffre pas du mal
de mer.
- Lune n’a pas peur lorsque
les conditions se corsent, et a supporté jusqu’à
65 nœuds de vent (on n’a pas connu plus).
- Lune nous a parfois sauvés
de certaines situations. Pour exemple, un bateau qui dérapait
et fonçait sur nous en pleine nuit, elle nous a prévenus
avant la catastrophe…
- Lune est une excellente gardienne.
Nous la laissons à l’ombre dans le cockpit quand nous partons.
Un jour, alors que nous étions sur un autre bateau, un marinero
a voulu monter sur notre bateau. On peut dire qu’il a été
ACCUEILLI ! Du coup, il est reparti par où il était venu…
Sage décision !
- Cela dit, ce qui est une qualité
peut devenir un défaut, lorsque nous invitons des amis à
bord… (nous avons dû prévoir une muselière
en mousse pour rassurer les autres équipages.
- Lune fait ses besoins en mer.
Elle a fait dans le cockpit au début, mais pendant la traversée
de l’Atlantique elle a, sans doute, décidé que c’était
sa chambre à coucher en plus de sa salle à manger. Ainsi
elle repérait les moments où la houle était moins
forte, et elle nous avertissait que c’était le moment d’une
petite promenade à l’avant pour se dégourdir les
pattes et faire ce qu’il y avait à faire…
- Lune n’a pas perdu sa
masse musculaire en 21 jours de traversée océanique. Comme
nous, elle doit tellement compenser les mouvements du bateau, qu’elle
a plutôt amélioré sa condition physique.
- Lune
aime se baigner. Evidemment pas lors de nos navigations ! Lors de ses
balades à la plage, elle fait ses ablutions matinales. Bon, OK…
ça sent un peu le fennec… Mais on ne peut pas tout avoir…
Mademoiselle Lune ne reçoit pas de douche quotidienne à
l’eau douce pour des problèmes évidents de réserve
d’eau. Ceci dit, l’eau salée ne lui occasionne pas
de grosses allergies. Par contre, nous récupérons l’eau
des grains et la rinçons sous la pluie… Après ça,
elle ressemble à un gros nounours tout doux !
- Lune mange ce que nous appelons
des graines. Ce sont des croquettes de « haute compétition
» très étudiées par les services vétérinaires
comprenant tous les éléments nutritifs dont elle a besoin,
nous l’améliorons pour le goût par des boîtes
(genre César, car nous n’y ajoutons qu’un cuillère
à café). Elle a droit à sa friandise le soir (et
elle la réclame). Lune la connaît sous le nom de «
nonos ». Ce sont des bâtonnets à mâcher enrichis
au calcium.
- Lune n’a pas encore connu
de difficultés avec les douanes. Mais nous n’avons pas
encore essayé les îles britanniques. Nous ne manquerons
pas de vous en informer plus tard.
- Lune est une excellente compagne
de quart. Comme chacun sait, un bon marin est un marin qui dort…
Donc Lune nous seconde dans son sommeil… Dommage qu’elle
ne puisse partager ses nombreuses heures de repos.
- Lune porte un harnais. Grâce
à cela nous pouvons la soulever d’une main, et la récupérer,
sans l’étrangler, en cas de plongeon intempestif. Il est
arrivé (une fois !) qu’elle rate son coup et tombe à
l’eau alors que l’annexe avait rebondi et reculé
de la jupe arrière. Elle n’a pas apprécié.
Par contre, ce fut sans doute une bonne leçon, car Lune n’aime
pas se baigner depuis le bateau. Elle préfère la plage…
De toute manière nous préférons ne pas l’encourager
à plonger depuis le bateau.
- Pendant
les navigations, Lune reste dans le cockpit. Elle ne se promène
jamais seule sur le pont. Les filières sont munies de filets.
Lorsque les conditions l’exigent, nous l’attachons. Si,
nous nous enfermons dedans, elle rentre aussi. Nous l’installons
dans la salle de bain, porte ouverte, seul endroit où elle puisse
se caler sans être projetée d’un côté
à l’autre du bateau. Sous son coussin, je déploie
un rideau de douche, en cas d’accident… Mais elle n’a
jamais fait à l’intérieur…
- Lune passe sa vie de chien sur
les coussins les plus épais de l’Etoile de Lune. Pour les
laver, même méthode, que pour elle, sous grain avec savonnée.
Les petits travers de Lune
- Lune n’aime pas les pétards…
Lune déteste !!!! Les pétards. Si au mouillage et surtout
à terre (en période de fêtes) cela pose quelques
petits problèmes. En mer, c’est le pied !!! Elle est peinarde.
- Elle perd ses poils… Je
pense d’ailleurs que je pourrais devenir millionnaire si chaque
poil valait seulement un dixième de centime…
Pour connaître mon intimité cliquez ICI
Conclusions moins pragmatiques
Après ces nombreux détails
techniques, voici quelques considérations inclassables, livrées
pêle-mêle.
En
général, il est plutôt rare qu’une traversée
océanique soit désirée en premier par l’équipière.
Nous avons rencontré une majorité d’équipages,
où le voyage avait été initialisé par le Capitaine.
A force de discuter avec les autres équipages, et surtout après
ce que nous avions subi jusqu’aux Canaries, j’ai eu quelques
doutes avant la traversée : « est-ce bien ce que je veux
? »
Trop tard, nous étions lancés
! De toute manière, le Capitaine, lui, était confiant !
La réalité allait
me combler à outrance ! Il est rare qu’un rêve réalisé
colle autant à ce qu’on s’est imaginé au préalable
! Une trans-océanique est une expérience à part.
Réaliser l’ampleur de l’espace autour de soi offre
un sentiment grandiose, magique ! C’est un délice. Une chance
!
Le choix de voyager à deux.
De ne pas prendre d’équipier était le bon. Le couple
est le meilleur équipage qui soit. Il forme un seul être
pour faire fonctionner le tout. Cohésion est le maître mot.
Bonheur est la récompense, la liberté notre compagne.
Nous
ne nous sommes pas ennuyés, l’océan remplissait nos
journées. A tel point que 24 heures avant d’arriver, consciente
de ce que nous allions perdre en rejoignant la terre, je répétais
sans cesse que je n’étais pas pressée d’arriver.
Pendant, 20 jours, nous n’avons pas évoqué une seule
fois les sentiments que nous aurions en voyant la première île.
Nous n’y pensions pas tout bonnement..
Pourtant,
au moment, où je découvrais les contours d’un morne
sur l’horizon, j’ai été prise d’une fièvre
d’impatience. Il fallait arriver, de jour, la voir, cette Martinique.
Voilà un instant magique ! Voir la terre approcher…
Dès le lendemain de notre
arrivée, le Cap et Lune sont descendus à terre.
Moi, j’ai mis 3 jours à
me décider. J’étais bien sur mon bateau…
Par contre, nous avons, tous deux,
été atteint d’un sentiment étrange, et inattendu,
une sorte de « baby blues » au moment où nous retrouvions
un « plancher » praticable. Au mouillage et en eaux calmes,
nous avions tous deux la certitude que nous ne referions jamais ce parcours.
Le Cap considérant que l’océan était un passage
obligé pour rejoindre un point à l’autre de la planète.
Moi, je me disais que cette traversée m’avait tant donné,
qu’elle ne le referait plus jamais dans de telles proportions.
C’est
un sentiment que nous avons rencontré à bord de plusieurs
bateaux qui arrivaient aux Antilles après une transatlantique.
Une fatigue passagère, un ras-le-bol, un rejet de ce qui avait
été voulu. Comme si nous brûlions ce qui avait été
adulé !
En fait, il ne faudrait jamais
parler d’une traversée au moment où l’on arrive.
Il faudrait laisser plusieurs jours de décantation. On ne prononcerait
pas ces paroles sous la torture de la fatigue. On n’aurait pas à
les regretter ensuite… ou du moins à les expliquer à
celui qui nous aura écoutés.
Moins d’une semaine !!!!
Il nous a fallu moins de dix jours pour nous dire, que… si l’occasion
se reproduisait, nous repartirions pour une transatlantique. Par contre,
nous ne referions pas le voyage de départ, c’est-à-dire,
la partie Méditerranéenne ainsi que l’Atlantique jusqu’aux
Canaries. Mais, une transat Cap-Vert–Martinique tous les deux et
demi… Nous sommes partants, à nouveau…
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