Lettre de voyage 104– écrite en septembre 2012
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Récit : L'archipel des FIDJI
"Le vrai voyageur voyage pour la joie du chemin et non pas pour arriver quelque part." Denis Groszdanovitch
EN FIN DE MESSAGE :
Photo du mois : une réalité du temps passé.
Quelques petits détails supplémentaires pour les curieux...
Résumé
![]() Paysage typique de l'archipel des Fidji |
Nous laissons notre Etoile à Port Vila, et en une heure trente d'Air Pacific nous rallions le soleil et la chaleur des Fidji, "l'archipel de tous les ailleurs". Je le nomme ainsi, car tant sur le plan ethnique, que culturel ou des paysages, cet archipel est tel un puzzle dont chaque pièce représenterait un endroit de notre planète. On y trouve les profondes lagunes polychromes du Venezuela, les déserts en camaïeux de pierres de Colombie, les physionomies des Grenadines ou des airs de ressemblance avec les Antilles, des éclats de lumière de Polynésie... L'archipel des Fidji est un résumé de notre belle planète qui, lorsque chaque pièce a trouvé sa place dans ce vaste ensemble de 322 îles et ilots, acquiert leur identité propre.
Bonjour,
![]() Le sulu: longue jupe des Fidjiens |
Dès notre arrivée aux Fidji, nous nous sentons bienvenus en tant que "visiteurs". Un douanier habillé d'un sulu (longue jupe à bords dentelés qui dévoilent de solides mollets poilus) nous salue d'un immense "bula", souligné d'un sourire et il nous offre dans la foulée quatre mois de séjour. C'est rare! En général, les pays d'accueil nous mettent à l'essai, trente jours, renouvelables à condition d'acquitter les droits d'immigration. D'autres pays offrent quatre-vingt-dix jours, mais pas un de plus sans visa spécial. Aux Fidji, nous recevons quatre mois renouvelables! Le rêve... Mais nous n'abuserons pas de cette hospitalité, du moins cette fois-ci et ne resterons que trois semaines. Suffisant pour prendre le pouls du pays, et nous donner l'envie d'y revenir pour beaucoup plus longtemps.
Nous "tombons" dès les premiers jours dans le temple du tourisme fidjien : Nadi, où atterrissent tous les étrangers qui entrent par l'aéroport international. Curieusement, celui-ci ne se trouve pas à la "capitale", Suva située à l'est de Viti Levu, l'île principale. Nadi est au contraire à l'ouest de ce que tout le monde appelle ici "the main land". Ainsi, Viti Levu fait figure de continent au milieu d'un dédale d'îles et d'îlots beaucoup plus menus. L'île couvre une superficie de 10400 km carrés. Une seule route est réellement praticable par des voitures de ville, elle ne boucle pas la ceinture de Viti Levu. Tout le réseau routier de l'est, au nord de la capitale étant en très mauvais état. Nous avons rapidement compris pourquoi le véhicule tout terrain était privilégié à tout autre. L'état de la route, le manque de débouchés à l'intérieur des terres donnent l'impression que les proportions de Viti Levu sont effectivement celles d'un continent. Lorsqu'on projette de se rendre de Nadi à Savu, il faut prévoir de dormir à la capitale. Les quelque 165 kilomètres qui séparent les deux villes équivalent à 600 kilomètres parcourus sur les routes au standard occidental. Tout ceci ne nous a pas empêchés de parcourir plus de 900 kilomètres en quelques jours. Dom ne se formalisant pas de voir tout le monde rouler du mauvais côté de la route (!) Il s'est familiarisé à la conduite à gauche avec une facilité déconcertante et connaît par coeur tous les nids de poules situées entre Rakiraki au Nord et Pacific harbour au sud!
![]() Le temple de Nadi |
![]() La rue principale de Nadi |
Globalement, les Fidjiens de toute origine sont gentils. On nous avait décrit les Indiens comme étant "infects". Il y a certes des problèmes entre eux et les Fidjiens de souche. Mais, ils restent souriants, particulièrement commerçants, parfois "poussifs" dans leur manière de placer leur marchandise qui est forcément "la meilleure" et qui n'a rien à voir avec celle du voisin. Un jeu de business auquel il suffit de répondre en arborant le passeport de la diplomatie internationale : le sourire! Il permet de se dégager en douceur et de parfois encourager des échanges aussi instructifs que "prévenants", certains nous conseillant d'être vigilants, car la délinquance sévit "ici aussi". "Comme partout" ai-je envie de répondre, mais elle n'est pas pesante dans les parages, rassurez-vous.
![]() Champs de canne en plein coeur de la ville |
Nous sommes à l'heure de la récolte, et les planteurs brûlent les champs avant de couper la canne, sans se soucier qu'ils sont aux portes de la ville. Les incendies à répétition s'évanouissent, au pied de panneaux publicitaires, de maisons, de routes... et presque par miracle à deux pas du temple hindou ou de la mosquée!
![]() Grande diversité religieuse |
Depuis Nadi et ses environs, le regard porte vers l'intérieur de l'île où la crête de montagnes séduit, par ce petit quelque chose sans prétention. Des pointes de roches s'échappent d'un paysage en demi-ton ocre-vert. Il est temps de quitter la poussière citadine, le bruit des caisses enregistreuses pour nous consacrer à "la campagne".
![]() Paysage du nord de Vili Levu |
![]() Plage de Natadola |
![]() L'Intercontinental, palace du sud de Viti Levu |
Chers amis lecteurs, ici je manque de superlatifs! Impossible devant une telle débauche de beautés d'exprimer par des mots ce que nous vivons. La baie tracée d'une courbe idéale s'évase sur un océan calmé par les hauts fonds. La plage aux traits délicats jette à nos pieds un tapis de sable d'un éclat et d'une consistance parfaite. A marée basse, une langue de sable s'élance vers l'émeraude du lagon. L'océan se mêle à une rivière étincelante que nous traversons à gué pour rejoindre un îlot rocheux creusé de grottes mystérieuses, où l'obscurité s'accorde en complice avec la lumière éblouissante du dehors.
La beauté rend heureux! Etre spectateur d'une telle harmonie, simplement naturelle où l'hôtel a su garder ses distances, et même aider à sa perfection, c'est cadeau!
![]() Les grandes dunes du sud de Viti Levu |
![]() L'archipel des Yasawa |
En parlant de cannibalisme. Depuis que nous sommes dans le Pacifique je traite ce sujet, souvent avec humour et une légèreté qui a récemment reçu quelques sueurs froides. En nous baladant, nous avons rencontré une personne très sympa qui a ouvert son album historique sur les Fidji. Il possédait une photo datée de 1874. Le photographe a capturé une scène sans équivoque. On y voit deux corps nus posés sur des rondins de bois fumant, et un troisième corps amené pour enrichir le festin. La photo en noir et blanc, accentuant sa réalité sans appel a freiné tout "art de la dérision". Mais (!) sans émettre un quelconque jugement!
![]() L'accueil en musique au coeur des Yasawa |
Au Nord, à Nacula, nous pénétrons dans les grottes de Sawa I Lau. Une formation étrange de mère Nature, bien gardée par un clan qui en surveille l'entrée afin de récolter des fonds des visiteurs. Nous pénétrons dans un antre exigu où les roches taillées en orgues présentent des teintes marbrées, émeraude et anthracite. Elles entourent un bassin où l'eau jaillit du sous-sol, elle n'est pas en communication directe avec l'océan. Ce bassin reflète les verts de la roche. D'autres grottes sont accessibles à la nage, il faut néanmoins ne pas être claustrophobes ou craindre de nager dans le noir total, pour se retrouver après un bref plongeon dans une alcôve entourée d'une voûte noire. Elle présente ainsi que la grotte éclairée dont le plafond s'est effondré, des gravures dans la pierre. Personne n'en donne la signification, ni même une datation vague.
![]() Le nord des Yasawa depuis les hauteurs de Nacula |
![]() Baignade avec les raies Manta |
Au retour des Yasawa, nous replongeons dans "la civilisation". Tout ce temps passé au sein de familles accueillantes, nous étions protégés du monde. En marge des moyens de communication : plus de nouvelles, bonnes nouvelles! Une vie simple dans un confort délectable. Une vie parfaite en somme! Un vrai délice! Nous n'avions pour seule question du jour : "quelle colline allons-nous gravir pour voir au-delà de l'horizon ce qui s'y passe?". Nous étions tellement déconnectés, qu'il nous semble que nous sommes partis depuis une éternité. Nous étions complètement en phase avec la population, les paysages, le climat, la mer, que nous ne regardions plus que du bord, sans aucune arrière-pensée.
![]() Le sourire des enfants Fidjiens |
Vinan du Riki (merci beaucoup en langue vernaculaire du Yasawa)
Et à bientôt "peut-être"...
Nat et Dom
Aux Fidji, les 868 000 habitants se partagent entre 25 ethnies linguistiques comprenant la langue vernaculaire fidjienne commune à tous les Fidjiens de souche, l'anglais, l'Hindi, le cantonais, le coréen, le wallisien, le tongien, les samoan, et pour le reste des dialectes dérivés du fidjien.
Dans le blog, j'ai en alternance utilisé le mot Fidji avec un "d" ou Fiji. Ce sont des traductions françaises pour le premier et anglaises pour le second, du mot vernaculaire "viti". Les premiers habitants appelant l'île principale Viti Levu, ce qui signifie la "grande" Viti. Personne n'a su donner de sens au mot Viti que les premiers explorateurs transcrivirent comme ils le purent selon leur compréhension du moment et c'est ce qui subsiste aujourd'hui pour désigner l'archipel tout entier.
Signifie "bonjour". La journée fidjienne s'égraine de "bula", tous plus enthousiastes et cordiaux les uns que les autres. C'est un signe de politesse, de bienvenue, une façon de se croiser sans s'ignorer. Dans la rue des villes, des villages, partout, ce "bula" sera le mot qui précèdera toute discussion.
Vinaka signifie "merci". Vinaka Vakalevu, "merci beaucoup". Bien que le "bula" soit unanime et que presque tout le monde le prononce sans hésiter (sauf le gardien du temps de Nadi qui nous a salués d'un "Namaste" propre aux Tamouls et à l'Inde), bref, si le bula est commun, le "vinaka" ne l'est pas tout à fait. Certains Indiens du nord, nous reprenant en nous demandant de dire "autre chose" que je serais bien en peine de vous répéter, car LUI était Indien et non Fidjien (!). J'ai fini par dire Thank you à every body, pour les mettre d'accord.
"merci beaucoup" en langue des Yasawa soit en langue Vuda.
Une réalité du temps passé
Nous assistons à une reconstitution de scènes de la vie ordinaire. En 2012, il s'agit d'une simulation; mais en 1874 un premier explorateur saisit sur sa péllicule la triste fin d'un combat entre tribus...