VANUATU: Port Vila sur l'île de Efate

EFATE: Au nord de l'île

VANUATU: Jeune chaîne volcanique

Des îles volcaniques toujours en activité

Population mélanésienne

Ni-Vanuatu: Enfants de l'île Pentecôte

Traditions et coutumes encore trés présentes

Couleurs nationales très rasta...

Ambrym: Masques traditionnels

Nord-Est de Efate - Accueil des enfants

Espiritu Santo - Côte est

Ile de Pentecôte - Sourires des enfants

Ile de Pentecôte: Saut du Naghol

Fleur tropicale qui donne le bonnet d'évêque

Espiritu Santo: Baie de port Olry

Port Olry: Restaurant Little Paradise

Santo : Port Olry - Ile dauphin

Port Olry... et sa baie déserte

Espiritu Santo: Danseurs de Matantas

Santo : Ile Malo - Pose des enfants de l'école

Crabe des cocotiers et étoile bleue

Des îles volcaniques encore trés actives

Coutumes et traditions trés respectées

Maquillage aux couleurs du Vanuatu

Tanna: Fête de la circoncision

Le mont Yasur et sa coulée de cendre

Villages traditionnels aux coutumes entretenues

Une cérémonie exclusive

 


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Je n'ai trouvé aucune documentation pour étayer mes dires. D'habitude, chaque article que j'écris est le fruit à la fois de l'expérience vécue et de lectures corroboratives. Là, il va falloir que je me brouille toute seule, et peut-être pas. Car les lectures sur le peuple ni-van influenceront malgré moi, cette rubrique et les personnes rencontrées ont été une source de connaissance inépuisable.


Nous sommes donc à Tanna, sur le plateau du centre brousse, traduction de la carte qui indique le "middle bush". Nous sommes accueillis par la famille d'Iso. Et je lui dis que mon rêve est de voir une cérémonie traditionnelle où les femmes ont le visage peint. Je lui conte avec force et détail, les photos que j'ai vues à Port Vila, sans pouvoir en dire plus. Il fronce les sourcils. Il appelle sa femme Rachel, et ... en leur langue nata, ils palabrent. Il décroche son téléphone portable... Il palabre... Elle part en cuisine, elle parle à Marie, Lotti... et le soleil se couche, et nous nous résignons à une douche glacée dans le jardin. Nous revenons transits vers le regard illuminé d'Iso qui nous dit que vendredi, une cérémonie "non touristique" est donnée à LANAKEN. Attention, avec un "n" à la fin, pas un "l" comme le village principal de Tanna.


Il nous dit de nous préparer à l'expérience de notre vie.


Nous sommes mardi, nous vivons au sein de la famille des jours heureux agrémentés de soirées au bord du volcan qui nous donne déjà de vives émotions. Lorsque... le vendredi arrive, force est d'admettre que le volcan est beau, très beau. Il donne effectivement d’ardentes émotions, mais en comparaison avec cette après-midi à Lenaken. Je ne connais rien, qui de tout notre voyage nous aura autant marqués!


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Iso et Rex nous entraînent hors de leur plateau dominant l'océan et le volcan, vers le centre de l'île. À vol d'oiseau, Lenaken n'est pas loin de notre cabane en bambou, mais par la route en tout terrain, nous avons l'impression de traverser un demi-continent. Arrivés en lisière du village, Iso, sa soeur Pamela (oui, comme prénom de Tanna c'est surprenant, surtout qu'ils n'ont pas la télévision) et Rex nous laissent dans une plaine d'herbes hautes et nous disent qu'ils doivent demander l'autorisation au Irémëra : le chef de cérémonie. J'imagine un chef, tout en plume de coiffes, vêtu de namba comme nous en avons vu dans le nord de l'archipel. Mais en réalité, nous nous trouvons face à un véritable cow-boy des plaines aborigènes. Il nous accepte volontiers. Ma première question est : "puis-je faire des photos". Et d'un énorme rire qui laisse briller toutes ses dents, j'ai l'autorisation, "que dis-je" l'obligation de prendre autant de photos que mon appareil peut en prendre... Pauvre batterie! et vive le numérique! Il me permet de montrer à chacun de nos nouveaux amis le résultat instantané de mes clichés. Ce qui suscite à chaque fois, de grands sourires aux yeux brillants qui impriment en moi une affection profonde pour ce peuple tellement attachant.


Les premiers contacts sont extrêmement colorés. Les femmes vêtues parfois à l'Occidental, plus souvent de pagnes teintés au naturel (quel travail!) ont le visage peint de couleurs psychédéliques que leur fournit l'argile de leur terre volcanique. Les cheveux sont plantés de plumes colorées. Et au passage, la petite Belinda, sous l'oeil bienveillant de sa maman, m'offre une plume qui pour moi devient un véritable "trophée". Son papa est prof de français et s'obstine à me parler anglais. Quand je lui demande pourquoi. Il me répond : "c'est si bon votre accent français dans l'anglais!"... Bon, je ne sais s'il faut le prendre comme un compliment. Mais... il a les yeux si pétillants, si gentils. Comme toute la population de cette cérémonie, qui réunit au moins 500 personnes.


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Nous apprenons les us et coutumes au fur et à mesure des prémices du cérémonial.


Une place centrale est définie autour de différents groupes réunissant entre 20 et 70 personnes. Chaque groupe est une tribu voisine et amie des autres qui partagent un même événement : la circoncision des jeunes garçons. Ils ont entre 3 et 12 ans (c'est rare de trouver si vieux, mais cette fois deux garçons de 12 ans faisaient partie de la cérémonie). Ils ont subi, la circoncision par l'incision du prépuce exécutée par le plus traditionnel des bistouris : un couteau de bambou. Après l'opération, les enfants sont entraînés par leurs aînés exclusivement masculins : pères, oncles, grands-pères, dans la brousse, loin de leur mère pendant 3 mois. Là, ils sont initiés à la vie d'homme. D'abord, ils doivent gérer leur douleur. Il n'existe sur l'île aucun anesthésiant, pas de remèdes médicaux de désinfection. Donc, ils soignent grâce à "mère nature" leurs plaies, mais aussi paraît-il, subissent-ils les avanies de leurs aînés qui viennent les visiter la nuit, attiser leurs peurs et les humilier. Bref, de quoi "devenir un homme". Au bout de ces quelques semaines hors du giron maternel, la leçon de vie est censée porter ses fruits jusqu'à la fin de leur jour. Et c'est aujourd'hui que ces enfants reviennent vers leur famille.


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Pendant leur absence, les clans ont tissé des sacs, des nattes, brodé des tissus, acheté des sarongs ou des dizaines de mètres de tissus colorés. Ils ont aussi planté et cultivé les racines nutritives, élevés des cochons. Pendant des heures nous voyons des montagnes de taros, d'ignames se monter, être couvertes de tissus chatoyants, de nattes tissées, et surmontées de totems, aux couleurs de chaque clan, surmontés de sacs le tout figurant d'énormes arbres de Noël. En plus de ces offrandes, les cochons et les vaux viennent les uns après les autres s'ajouter aux dons.


Le principe du don est assez difficile à comprendre. En fait, c'est la famille du père du circoncis qui offre à la famille de la mère le plus de présent possible. L'année de circoncision est donc déterminée par la capacité de la famille côté paternel à accumuler les richesses qui vont basculer dans le clan de famille côté maternel.


Pour nous, pauvres "Occidentaux" non initiés ce genre de cérémonie, est une leçon de tolérance et de remise à niveau de nos valeurs.


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Les cris aigus des cochons et la manière dont ils sont tués sont un crève-coeur. Les cochons savent très bien le sort qu'ils vont subir. Ils crient, lancent des hurlements aigus, que j'interprète comme "désespérés". Ceux qui crient le plus sont immédiatement sacrifiés. Les hommes munis de gourdins les frappent jusqu'à la mort. Le plus dur est finalement de voir les veaux, partir un à un. Sans rien dire, ils se laissent exécuter. Pas un bruit. Pas une once de réaction. Et toujours en fond sonore les lamentations assourdissantes des cochons. En deux ou trois heures, plus de trente cochons y sont passés, et quelques veaux. Un flot de sang, qui attise la foule. L'excitation des clans est palpable. A un moment la foule est si dense, les cris d'excitation par le sang si forts, que je dis à Dom : " et si nous nous retranchions, dès fois qu'un coup de gourdin se perde"... Nous ne risquons rien. C'est simplement un sentiment inattendu, au coeur d'une situation inattendue.


Les regards sont gentils, profonds. Ce que nous interprétons comme une violence sauvage est ici une "violence" naturelle, sourde, presque sereine. Un reliquat d'un passé de survie, où les clans et leur solidarité étaient la seule réponse à l'inconnu de ces terres au milieu de l'océan où ces peuples se sont établis, il y a 3500 ans. Pour les clans de Tanna, ce qui est violent, ce sont nos enfants qui manquent de respect à leurs ainés, qui consacrent toute leur énergie à la force brutale des nouvelles technologies, sans rien connaître de la nature qui les entoure...


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Déjà les enfants reviennent du bush.
Un moment de silence, tout le monde se tait. Ma gorge se sert, les larmes coulent sans que je ne puisse en maitriser une seule. Les regards de ces enfants... Quel moment émouvant ! L'entrée des hommes au sein des tribus impose le respect. Tout était bruyant avant leur entrée. Tout le monde s'affairait autour des grands monticules de cadeaux. Les cochons criaient et grognaient. Les enfants riaient, les femmes criaient, excitées par les préparatifs... et tout à coup, les hommes reviennent de la brousse avec les circoncis. Ils entrent, accompagnés des traits de lumières qui pénètrent la pénombre du sous-bois, où nous sommes tous. La foule se range sur les côtés, laissant la place d'offrande libre. Les voix s'éteignent. Les circoncis entourés de leurs aînés, portant des racines de kava en offrande, et des costumes colorés ainsi que des peintures faciales. Ils sont entourés des hommes, qui posent leurs mains lourdes sur leurs frêles épaules. Les plus jeunes ont les yeux écarquillés. Ils tournent autour des monticules de cadeaux. Tout en silence, les yeux ronds scrutant l'environnement, comme s'ils revenaient de nulle part, ou d'un grand vide effrayant. Chaque groupe trouve, grâce aux étendards dressés sur des troncs de pandanus les cadeaux des familles qui leur sont destinés.


Puis, le silence se rompt, les enfants retrouvent leurs mères. Ils arborent dès lors un vrai regard d'enfant avec la sucette que leur tend leur mère. Les hommes frappent des mains se réunissent au centre de tout, entouré des femmes, qui bondissent au son des claquements de main des hommes. Ils chantent et font trembler la terre à chacun de leurs sauts.


Emotion immaîtrisable pour l'étranger que nous sommes!


Une leçon de vie.


Il n'existe pas une seule façon de voir le monde. Une pensée unique. Une émotion universelle. Chaque bout de notre belle planète possède ses propres modes de fonctionnements. Et même si, l'humain présente de grandes similitudes, il a pensé sa Terre à l'aune de ce qu'il connaît, de ce qu'il a connu, et de ce qui l'attend.



Photos supplémentaires

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