Towoc était le chef du village, son nom signifie "blanc de poulet"(!) C'est tout ce que nous savons sur ce grand chef, dont nous soupçonnons la parenté avec la famille de Peter. Elle règne en maître sur les terres environnantes et la plus belle plage de Santo : Champagne Beach. Qui tire son nom de la couleur de son sable! (Du moins c'est ce que je me suis figurée en la voyant pour la première fois)
La famille de Peter possède donc ce croissant de sable au bord d'une eau de la couleur de l'émeraude. Un vrai bijou. La "guest hourse" de Peter ne se situe pas sur cette plage idyllique. Celle-ci est restée vierge, par la volonté du patriarche. L'accès en est règlementé. Nous apprenons que nous y sommes des hôtes bienvenus et gratuits parce qu’hébergés par Peter et sa femme, par contre toute autre personne, étrangère ou locale doit payer 500 vatus s'il y pénètre à pied et 2000 vatus pour les Trucks. Cette mesure a été prise en raison d'une sordide histoire de famille.
La fille du patriarche s'est mariée à un jeune loup Ni-Van qui désireux de profiter d'un héritage avant l'heure s'était laissé charmé par des consortiums étrangers qui lui proposaient de vendre "ses terres" afin d'y bâtir un "superbe hôtel tout confort". Comment imaginer qu'un tel projet ne voit pas le jour? C'est, je le répète, sans conteste la plus belle baie de Santo. Tout ce projet se faisait sans compter sur les lois coutumières. Un gendre n'aura jamais au Vanuatu, le moindre droit sur les biens de la famille de sa femme. Une femme lorsqu'elle se marie, épouse non seulement son mari, mais elle entre dans sa famille pour perdre les droits qu'elle a dans la sienne. Seuls les fils du Partiarche de Towoc ont le droit de faire fructifier la terre et de prendre des décisions toujours soumises à l'accord du chef de famille.
Cependant, si le béton est banni de cet environnement magnifique, la famille ne refuse pas le tourisme. De temps en temps (une fois par mois au plus), un paquebot est autorisé, moyennant un gros virement en banque, à débarquer ses croisiéristes. Ils restent une journée sur place, la famille déploie paréo, et produits locaux à dépenser sur place, et le soir venu, tout le monde repart, loin au large ne laissant sur place que l'empreinte de leurs pas!
Pas mal cette formule!
Elle a permis à la famille de prospérer!
Pour autant elle continue de vivre tranquillement dans des huttes en bambou aux toits de natangora. Ils ont un groupe électrogène d'appoint pour la lumière du soir, pas de télévision, pas d'internet... Un frigo qui refroidit quand le groupe fonctionne, et un minibus pour aller chercher les quelques touristes qui désirent vivre à l'aune de modèles traditionnels.
Gageons que les fils auront la même mentalité que le père et que cet endroit reste vierge à jamais!