Donc, il ne reste pour délivrer les îles que quelques bateaux remontant au déluge. Leurs allures cabossées, le bruit de leur moteur qui s'entend alors qu'on ne les voit pas encore, la fumée noire qui s'échappe au coup d'accélérateur, et surtout la peur panique des capitaines à éteindre les machines de peur qu'elles ne repartent pas, sont autant d'indices révélant la fiabilité des installations de transport du Vanuatu.
A Pentecôte, au village de Waterfall, nous vivons en direct l'arrivée de "Efate Queen". Il n'y a pas de quai sur l'île. La seule solution pour le bateau est de "s'échouer" sur la plage. Tandis qu'il cabote depuis le fin fond de l'horizon, la plage d'habitude déserte se peuple peu à peu. Les uns arrivent à cheval déchargeant de gros sacs de coprah; la plupart viennent à pied, le dos encombré de sacs de kava ; une seule voiture vient de l'école d'un village voisin.
Un joyeux brouhaha envahit le rivage. Les enfants attendent à l'ombre d'un arbre séculaire, les papas discutent, assis sur une bille de bois. Trois sacs de kava attendent d'être chargés. Silas, le père de la famille dans laquelle nous sommes logés attend son embarquement.
Puis, le Efate Queen échappe une grosse fumée noire, dans une marche arrière qui le dégage de la plage, le dinghy n'a pas fini ses rotations, il reste des sacs à décharger, d'autres à embarquer. Tandis que l'Efate Queen s'éloigne déjà vers des villages plus au nord, il continue la navette entre le rivage et le bateau mère. Puis le hors-bord calle. Le "crew" relève le moteur, il dérive, et part à l'opposé de l'Efate Queen, indifférent à ces aléas. Une grosse fumée blanche s'échappe du dinghy et ça y est, il "court" rejoindre le Efate Queen.
La plage est déjà vide, il reste un sac "France Afrique" sur la soupe de corail. Un beau clin d'oeil! Un étrange raccourci!
Les femmes portent les cartons sur la tête et rentrent chez elles. Les hommes partent vers le Nakamal (le bar à Kava traditionnel)
Une image authentique du quotidien de Pentecôte