Le fond de la baie |
Une petite navigation de 5 milles sépare le mouillage si photogénique du nord-ouest de Taha'a (le Relais et Château) de la baie d'Apu au sud-ouest. Le littoral de l'île est échancré, des baies profondes et larges s'ouvrent à la navigation, mais il ne faut pas s'y fier, il est extrêmement difficile d'y mouiller. Les fonds sont soit trop profonds, soit pas assez. Les pourtours des baies sont tapissés de corail affleurant, puis, sans transition, le récif plonge dans des profondeurs dépassant 30 mètres. Le tombant est certes magnifique, mais cette absence de pente douce et surtout de sol meuble, car partout les patates de corail sont présentent, empêchent de planter l'ancre.
Quelques baies sont agrémentées de bouées, dont celle d'Apu. Autrefois, un yacht-club accueillait les équipages de passage, mais des histoires foncières "qui ne nous regardent pas" ont mis fin à cette activité. Du coup, le marin bénéficie des bouées gratuites, certes, mais il ne peut absolument pas débarquer à terre par l'ancien quai du yacht club. Ce qui donne "un tantinet" la sensation d'être prisonnier sur son bateau. L'eau étant de la couleur bleu-gris, elle n'engage pas à la baignade... Bref au premier coup d'oeil, je vous avoue ne pas avoir été trop emballée de rester.
Mais... mais! Les beaux yeux bleus de mon Dom se sont posés sur les montagnes environnantes. Il adore ce type de paysage qui se perd dans l'infinie verdure, ces montagnes brutes, sauvages, tout cela doit lui donner des réminiscences des Marquises qu'il a tant aimées. Du coup, nous restons. Et... nous partons faire un tour en annexe de la baie.
Le motu de la baie Apu |
Au centre de celle-ci, un motu (privé) ressemble à une forteresse imprenable, en raison des récifs débordant de la surface de l'eau, tels les créneaux de citadelles. Tout cet environnement est à caresser des yeux, et seulement des yeux, car qui s'y frotte s'y pique! Il est vrai qu'en s'enfonçant dans l'intérieur de la baie, le charme opère sur moi aussi. Le jeu de nuages et d'ombres sur les cocoteraies du bord de mer se détachant du décor sombre d'arrière-plan s'observerait des jours entiers.
Quant à l'accès à terre...
Le rivage présente de nombreux pontons, mais ils mènent vers des demeures privées. Le littoral n'est pas ici comme en France, du domaine public. Les maisons sont construites "les pieds dans l'eau". Nous croisons une popa'a sur un ponton, d'un accueil peu cordial, elle nous renvoie dans nos quartiers. Nous la comprenons, après tout, la propriété est chose sacrée, et si tous les terrains de bord de mer appartiennent à une personne en particulier, comment imaginer que l'une d'entre elles laisse un passage, une servitude sur son terrain?
Et, puis... à la faveur d'une petite observation, nous observons le ballet d'annexes de bateaux de location. (Je dis ballet, il ne faut pas croire que nous sommes sur une autoroute, nous en voyons tout au plus deux, voire trois par jour) Les équipages amarrent leur bateau à une bouée, ils y restent quelques heures, le temps de se rendre à terre, en annexe, pour la visite d'une ferme perlière. Voilà le sésame! Une dame laisse l'accès à la route, via un petit chemin qui passe entre deux farés.
Ouf, nous pouvons enfin mettre le pied sur Taha'a, et cela change tout! J'ai toujours tendance à dire que de voir une île sans en palper l'ambiance, sans rencontrer ses habitants, sans y mettre le pied et se balader sur ses chemins, c'est comme de recevoir un cadeau avec un beau noeud, un joli emballage et ne pas l'ouvrir.
Voici quelques clichés pour défaire le gros noeud et nous ouvrons le cadeau.