Navigation entre Tahiti et Raiatea

 


Départ de Opunohu à Moorea

Arrivée par la passe de Teavapiti
 
Nous voici déjà à Raiatea. Notre Etoile avait mis du charbon dans ses voiles... Elle retrouvait l'océan avec tant de bonheur, qu'il nous était impossible de ralentir sa course. Au moment où nous quittons Opunohu dans le nord de Moorea, le soleil se couche sur les incroyables pics et "dents de requin" de cette île qui nous a tout offert : amitiés nouvelles, paysages saisissants de beauté, juteuses corbeilles de fruits, et des cadeaux de la vie qui n'ont pas de prix.
 
La veille nous étions allés nous balader en forêt avec notre amie Nat et son petit Théo. La vallée d'Opunohu, si généreuse, nous offrait des seaux de fruits de la passion. Les jaunes acidulés, et les rouges si sucrés... Nous en avions tant ramassé qu'il nous a fallu ouvrir plus des trois quarts de la collecte et sous le conseil éclairé de Nat, nous en avons congelé la pulpe afin de ne pas perdre ces fruits qui périssent en quelques jours dans nos cockpits. En plus des fruits de la passion, des papayers ont eu la gentillesse de nous donner deux beaux fruits. Au retour, vers notre bateau nous trouvions notre amie Loana, notre amie polynésienne du tropical garden, qui était déçue de notre départ. Nous avions beau lui dire que nous reviendrions en fin d'année, elle se consolait en nous offrant des bananes et des ananas. Vraiment, le destin nous a gâtés en nous offrant un séjour parmi des personnes aussi attachantes que celles de l'île de Moorea.
 

Partis vers l'ouest pour une nuit de navigation

Notre Etoile sort de la passe, des dauphins jouent entre les  bouées rouges et vertes. Je prends leur apparition comme un signe de bonheur pour la navigation à venir. Et déjà le soleil couchant décline les plus belles ombres sur Moorea qui s'éloigne. Le vent est de la partie, il souffle autour de 20 noeuds. L'océan est cabossé, mais depuis que nous sommes sur le Pacifique nous nous sommes habitués à ces mers croisées un peu disproportionnées par rapport au vent. Il est comme ça, cet océan, mal peigné, parfois. C'est incroyable comme chaque mer, chaque océan a son propre caractère. La Méditerranée est lunatique, sage, très sage à ses moments, puis d'un coup elle se lève, prise d'une colère injustifiée. L'Atlantique je le trouve plutôt gentil, du moins discipliné par rapport au vent. Et le Pacifique, il fait ce qu'il veut. Il se lève sans vent, il souffle fort puis d'un coup se calme et se laisse plomber de chaleur... Il est libre dans sa tête! Et après tout, le marin fait avec les mers et les océans comme avec ses amis, il ne cherche pas à comprendre les motivations, il aime un point c'est tout!
 
Les Etoiles et la lune nous accompagnent dans ce bouillon informe de vagues blanches, et pendant cette nuit, j'ai l'immense chance d'entendre à la radio nos amis québécois. Au milieu du Pacifique, il est 1h50, à Montréal il est 7h50 et les ondes portent nos voix pour qu'elles se rencontrent. Ah! Les animateurs du RESEAU DU CAPITAINE, on peut dire qu'ils me manquent! Mais à la faveur des nuits de navigation, d'insomnies inopinées et de propagation consentantes, quelle joie de retrouver ces capitaines, qui chaque matin sont présents bénévolement sur le 14 118 khz pour accompagner les marins du monde entier.
 
(Soupir de bonheur...)
 

Raiatea vue du large

Notre Etoile caracole à des vitesses que nous n'attendions pas, et il faut la ralentir pour ne pas arriver de nuit dans les passes de Huahiné. Nous n'aimons pas arriver de nuit. C'est une règle à bord. Au petit matin, la passe de Avapehi s'ouvre devant le village de Fare. Huahine présente une silhouette bien différente de toutes les îles du Pacifique que nous avons côtoyées depuis un an. Ronde, dodue, couverte d'une forêt qui lui donne l'aspect d'un gros chien couché au poil laineux frisottant. Ses sommets sont ronds, tout est velouté, et doux, finies les gorges acérées qui s'insinuent dans les terres. Nous jetons l'ancre dans le lagon qui enchâsse l'île. Quelques rafales nous préviennent que l'ancre est bien "crochée"...
 
Dodo... entraîné par une superbe étoile filante... Dauphins, étoiles filantes et "jasette" avec les copains pendant la nuit, tout cela n'est que de bon augure!
 
Pas le temps pour nous de visiter Huahiné (ce n'est que partie remise), un petit "impératif" comme il en existe dans toutes les vies, nous oblige à rallier au plus vite Raiatea. Le temps est magnifique, un ciel bleu auréolé de petits nuages de beau temps. L'Océan gondole, mais il ne remue plus de grosses crêtes blanches. Le vent s'en est allé lui aussi. C'est l'occasion de tester notre belle hélice qui n'a pas beaucoup servi depuis que nous l'avons installée. Dom qui détestait faire du moteur, en ferait presque avec plaisir (là je rêve!). A 1700 tours notre vitesse dépasse les 6.5 noeuds avec pointes à 7. Cette Etoile qui se traînait au moteur avec notre ancienne hélice (nous pensons qu'elle était sous-calibrée !) à présent tient des moyennes surprenantes. Nous avalons les 21 milles qui séparent la passe de Huahiné à celle de Raiatea en moins de temps qu'il faut pour le dire.
 

Passe Teavapiti sur Raiatea

La silhouette de Raiatea sur l'horizon est des plus gracieuses. Elle ondule d'une vallée à l'autre, en contre-jour, quelques pics de basaltes pointent vers le ciel. Mais rien de vertigineux, tout est doux et harmonieux. Nous pénétrons par la passe au vent (sans vent!) avec une houle longue qui nous pousse énergiquement entre les motus qui délimitent le chenal. Dès notre entrée dans le lagon, deux va'a (pirogues) nous prennent en chasse. Ils adorent le remous de notre hélice. Ne connaissant pas le chenal de ce lagon, nous avions réduit l'allure, mais les deux rameurs nous hèlent et demandent qu'on mette la gomme. Ils se régalent dans la vague de notre étoile, nous la poussons à 6 noeuds, puis à 6.5 noeuds... puis... Et ils suivent. C'est un spectacle unique que de voir ces pirogues déjauger! Ils paraissent à peine faire d'effort pour nous suivre, ce sont de vrais athlètes, tout en ramant, ils lancent des boutades, me demandent que je fasse des photos, pour les envoyer sur face book.
 
Promis, ce sera fait!
 
Toute la Polynésie est en effervescence à l'occasion des fêtes de l'Heiva et outre les concours de danses et de musique de pahu (instruments de percussion) qui se déploient sur chaque île, dans les lagons, les va'a mesurent leur adresse dans des courses hebdomadaires jusqu'à la mi-juillet. Nous laissons dans notre sillage les va'a qui rejoignent leur équipe d'entraînement (cela n'était donc qu'un échauffement?)
 

Mois festif avec le Heiva en juillet

Au cours de notre navigation dans le lagon, nous découvrons bon nombre de motus vers lesquels nous reviendrons d'ici quelques jours. Le lagon de Raiatea et celui voisin de Tahaa sont prometteurs de farniente, de belles baignades et de ce plaisir typiquement polynésien sur lesquels nous prenons une option...
 
Au soir de ces journées bien remplies, notre Etoile loge dans la baie de Upapa, sur un plan d'eau si calme que nous devons nous rappeler avec effort qu'ailleurs, hors de la ceinture de la barrière de corail, une houle de 3m50 est attendue. La chaleur est intense, sans l'espoir d'une légère brise, puis elle se calme, au rythme où le soleil décline sur les formes fantasmagoriques de Bora Bora...

 

Raiatea

 

Raiatea

 

Raiatea

 

Raiatea

 

Raiatea

 

Raiatea

 

Raiatea

 

Raiatea

 

Raiatea

 

Raiatea

 

Raiatea

 
© Droits réservés 2011 : etoiledelune.net | Article rédigé par Nathalie - Mise en page de Dominique

Fleurs et sourire

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