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Hakaui, au sud ouest de Nuku Hiva, l'un des endroits les plus étranges qui soient. Nous y sauverons un jeune chat...
Le petit chat miaule sur son rocher, je l'entends malgré le boucan de la rivière. Et... Il saute d'une pierre à l'autre, se retrouve au milieu de la rivière, et se jette à l'eau pour me suivre. Là je reviens vers lui. Dom bougonne et me dit de lui lancer des pierres pour le décourager. Cette suggestion me range aussitôt dans le camp du petit chat. Je décroche l'appareil photo que je tiens en bandoulière, je le lui tends. Puisqu'il veut faire des photos de la cascade sans eau... Qu'il y aille. Je retourne vers le petit chat tout mouillé, je le prends dans mes bras. Il ronronne. Mais comme je me dirige vers la rivière, pour rebrousser chemin, il ouvre de grands yeux, s'agrippe à mon bras, et ne ronronne plus. Nous traversons ensemble la rivière. Il ronronne sur l'autre berge.
Je m'arrête sous un manguier, pour réfléchir à la situation. Dom est totalement réfractaire à l'adoption, et moi, je veux avoir le coeur serein, certaine d'offrir un avenir à ce petit chat. Dans l'ombre fraîche, il s'endort sur mon bras, il pétrit ma cuisse de ses petites griffes. Il ne serait pas raisonnable de l'enrôler comme moussaillon... Pourtant.... Je me lève avec mon maigre fardeau, et me dirige vers les maisons. A l'aller, nous avions rencontré, une veille dame, Félicité, avec un chapeau garni de coquillages et un beau sourire. Je me dirige vers son jardin, le chaton se réveille. Il saute de mes bras, s'élance vers le jardin de la vieille dame... Il était sans doute allé trop loin dans la forêt. Ou alors, il s'est offert un taxi bien pratique pour le retour. Je me sens soulagée. Je rebrousse chemin, et me voilà guillerette pour parcourir à bonne allure les 2H30 de marche sur le sentier qui me mène à la cascade. Les oiseaux gazouillent, les rivières aussi. Au bout du chemin, je retrouve Dom. Il revient de la cascade sans eau. De bonne grâce, il me montre le chemin qui devient boueux. Au pied d'un écriteau mettant en garde contre des ce huttes de pierres, il me tend un casque. Nous nous faufilons entre deux falaises et pénétrons dans un canyon. Nous cheminons dans un décor hallucinant.
C'est inimaginable. Indescriptible. Des encorbellements de falaises noires, des amoncellements de roches aussi hautes que les pyramides, et puis un couloir, dans un canyon. On s'y enfonce dans l'ombre sans plus d'horizon et la seule ouverture se tourne vers le ciel. Il faut lever les yeux, par dessus la nuque, et trouver très haut par-dessus les hauteurs, un bout d'azur rassurant. Tout est si encaissé, si haut que le soleil ne pénètre pas dans cet endroit. Puis, chose jamais vue, la cascade est comme un rideau de théâtre très épais. Elle coule dans un entrelacs de roches, mais elle vient d'un arrière-plan, encore plus haut, qui démarre très en arrière de tout ce décor... Du jamais vu! Pour être sincère, les Marquises, ce n'est pas une question de goût. C'est une question d'originalité. Ce sont des paysages d'exception, dont je ne pense pas trouver la réplique ailleurs... Epilogue du chat : Au retour de la promenade, vers la fin de l'après-midi, nous retrouvons le petit chat, sous le patio de la vieille dame. Elle me lance toujours ce beau sourire, et me dit que ce chat n'est pas à elle, mais que des propriétaires d'une maison plus bas, l'ont abandonné... Elle le gardera parmi ses chats... Elle a un trop beau sourire pour l'abandonner à son maigre destin. En prime, elle nous offre quelques fruits, des bananes, des papaies... |
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