UA HUKA : Depuis les crêtes

NUKU HIVA : Baie de Anaho

UA HUKA : Baie de Hane

HIVA OA : Vue depuis Tahuata

TAHUATA : Anamoenoa

TAHUATA : Anamoenoa

TAHUATA : Vue du large

TAHUATA : Hanamoenoa vue du large

TAHUATA : Ivaiva Iti

HIVA OA : Mont Temetiu

HIVA OA : Mouillage de Tahauku

HIVA OA : Mont Temetiu

HIVA OA : Depuis le belvédère

HIVA OA : Baie des traîtres

NUKU HIVA : Côte Nord

NUKU HIVA : Baie Anaho

NUKU HIVA : Pics de Atiheu

NUKU HIVA : Baie de Atiheu

NUKU HIVA : Baie de Taiohae

NUKU HIVA : Taiohae

NUKU HIVA : Baie de Hakaui

NUKU HIVA : Baie de Hakaui

UA HUKA : Baie de Hane

Marquises - Tahuata
Hanamoenoa

Depuis que nous sommes dans la baie de Hanamoenoa, nous voyons régulièrement une raie manta tourner autour du bateau. Elle ne vient pas lorsque nous faisons nos balades en kayak ou en annexe. Elle ne se montre que lorsque nous sommes à bord. Elle vole dessinant une trace noire, large et voluptueuse entre deux eaux. Nous la repérons grâce au bout de ses ailes qu'elle sort et fait glisser sur la surface turquoise de l'eau.

C'est magique!

Ce matin, elle se faisait dorer la pilule sur le dos. Elle nageait à l'envers, montrant une belle tache blanche faisant ressortir l'éclat de turquoise à l'entour. Un ravissement.

Ce qui rend ces rencontres précieuses, c'est qu'elles ne sont pas commandées. Elles surviennent inopinément. Elles sont le gage d'un émerveillement de quelques minutes ou de plus longtemps. C'est la raie qui décide. Et nous ne pouvons qu'espérer la discerner. Et pourquoi pas? Peut-être un jour, nager avec elle? Si elle le consent...


Photo de "notre havre de paix"

Pour réaliser ce cliché, nous sommes montés sur les collines du sud de Hanamoenoa. Personne ne va sur ces collines, personne ne vit en permanence dans les parages. Heureusement, un cheval, creuse inlassablement de ses sabots un chemin qui grimpe vers les sommets. Il se balade en compagnie de chèvres et de cochons sur un espace allant de la plage vers les sommets environnants et s'enfonçant dans un dédale de vallées et de monts qui s'échappent à l'intérieur de l'île. Il a bien besoin de ses 4 pattes pour franchir une végétation rebelle et des falaises indomptables. J'avoue qu'il me manquait quelques appuis pour être tout à fait à l'aise à flanc des parois surplombant Hanamoenoa.

Le chien, qui vit en compagnie des autres quadrupèdes, sur la plage voisine, ne nous a pas accompagnés, il a préféré continuer sa sieste à l'ombre des cocotiers. La vie de ces animaux semble être une attente perpétuelle de leurs maîtres qui vivent à un mille et demi de là. Ils viennent de temps à autre les nourrir.

A l'arrière-plan de la photo, c'est l'île d'Hiva Oa. Elle attire à elle tous les grains. Le canal entre les deux îles est la proie de rafales indisciplinées et d'une mer dure. Mais il ne pénètre qu'une longue ondulation dans la baie, où seules des rafales de vent, inférieures à 30 noeuds, nous surprennent de temps à autre.


Exquise bizarrerie de la nature

Finies les cachoteries... Je vous racontais qu'en descendant de sa montagne, Dom avait fait une belle découverte. En réalité, nous sommes passés à côté des dizaines de fois, et il a fallu que José, le propriétaire du verger, nous dise : "Vous avez vu le cocotier à deux têtes?"

Nous avons levé les yeux, et ... au-dessus de nous, un cocotier, déjà très élancé vers le ciel a divisé son tronc pour révéler son caractère bicéphale. Quelle belle curiosité de la nature! Ce n'est pas une noix dont sont issus des frères siamois. Le cocotier a poussé normalement sur une hauteur de dix mètres. Puis, une jonction est apparue au bout de laquelle, une autre tête est née. Les deux parties en V croissent à une vitesse rigoureusement égale. Les deux têtes foisonnantes de palmes et de cocos se font face et défient l'azur d'un même élan.

Les vedettes rapides de Hiva Oa, emmenant de rares touristes sur Tahuata, ne manquent pas de faire un petit arrêt vers le cocotier à deux têtes. Cette semaine, nous avons vu passé pas moins de trois bateaux. Ils font le tour de la baie, une photo du cocotier "clic" et puis ils partent aussi vite qu'ils sont arrivés. Au passage, un petit coucou, pour notre Etoile qui se dandine paresseusement dans un résidu de houle. Et nous nous rebaignons tout aussi rapidement dans cette tranquillité délicieuse qui s'étend du lever du jour au fin fond du couchant sur l'horizon infini.


Belle rencontre au paradis
Raies manta volant devant mon kayak

Nous coulons (vilain jeu de mots aquatique) des jours paisibles dans "notre" baie juste au coin du Paradis. La météo est si parfaite, les étoiles océaniques courent si pétillantes jusqu'à l'horizon, la tranquillité est si intense, qu'il n'y aurait pratiquement rien à raconter...Comme l'écrirait si joliment Bernadette Delamarre : "Il n'y a rien à voir, rien à dire. Le vrai bonheur n'excite pas l'envie parce qu'il n'est pas assez manifeste et éclatant, parce qu'il ne peut être perçu, deviné que par des âmes déjà fraternelles, qui en ont la nostalgie."

Je sens parmi vous quelques "âmes déjà fraternelles" prêtes à vivre un plaisir simple. Un plaisir qui n'a besoin de rien, aucun artifice. Rien d'autre, qu'une paire de rames, un engin qui flotte, des bras propulsifs. Et voici un moussaillon qui enfourche son kayak, à la rencontre d'ailerons qui la narguent pendant le petit-déjeuner.

Depuis le matin tôt, sur l'eau lisse, c'est un défilé. Une tortue ouvre le bal, elle dévore l'air par goulées entières. Puis, elle plonge. Un aileron face noire, pile blanc suit de près. Il titille la surface en souplesse. L'autre aileron masse une vaguelette poussée par une rafalette.

Oh, oh... c'en est plus que je ne peux supporter! Je dois y aller ! Et tant pis, si je me fais remballer dans mes quartiers.

L'eau est un miroir, pas une ride, depuis le kayak, sans masque ni tuba, je détaille le fond de sable se peuplant de taches de corail. Les poissons multicolores virevoltent autour de leur pâté.

Une immense tache noire vole vers moi. Je m'immobilise de crainte d'interrompre ce mouvement spontané. Jusqu'ici je n'ai pas été très chanceuse. Les raies manta fuyaient chaque coup de rame. Celle qui vient vers moi accélère le mouvement. J'en ai le souffle coupé, elle bat des ailes. Sa bouche béante plonge sous le kayak, j'ai droit à un looping aquatique! Elle me révèle son ventre, blanc, immaculé, qui fait briller l'eau. Quel spectacle! J'en reste éblouie, abasourdie, je ne pense pas à la suivre.

Elle pivote, et plane au dessous de moi. Elle passe et repasse. Je rame en symbiose. Elle ralentit, je la dépasse. Je me demande si son cinéma est intensionnel. Je me dis que oui. Après tout, elle n'a pas besoin comme les dauphins de revenir à la surface. Elle pourrait s'enfoncer dans les profondeurs sombres et m'abandonner à ma curiosité solitaire. Non, elle reste là, à voler à l'étrave de mon kayak, ondulant d'une grâce fascinante.

Je me prépare à la photographier. Et... elle disparaît. Plus une trace, telle une fée de l'ombre qui aurait peuplé mon imaginaire... Je me console, j'ai pu la voir de si près. Tandis que je pars vers d'autres destinations, voici qu'elle réapparaît. Mais elles sont deux, non... trois... non quatre... L'escadrille en formation de charme s'éprend de mon kayak. Je ne sais plus où donner de la tête : un ventre blanc par ci, un dos noir par là. Chacune à son tour, m'envoie son aile par-dessus les flots. Ces appels insensés m'envoûtent. Spectacle délicieux, chorégraphie silencieuse...

Voici mon âme qui fond sous la caresse de leurs ailes voluptueuses.

Mais soudain je comprends! Elles ne partagent pas avec moi, un jeu subtil. Elles chassent. Mon kayak a pénétré leur aire de pêche. Les poissons-proies ont compris que leurs prédatrices évitaient de passer sous mon kayak. Ils se sont réfugiés en nombre dans mon ombre. Les belles, bouches ouvertes, cabriolent au coeur du menu du jour! Poissons à volonté! Mais cette chasse n'a rien de violent, chaque mouvement suit un code d'esthétique à faire pâlir les petits rats de l'opéra!

Je me régale, et elles aussi!


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