Baisse régulière de fréquentation touristique |
Quelques chiffres :
Le tourisme en Polynésie française est la première ressource du pays, représentant 70 % du chiffre d'affaires annuel. Il offre presque 11 000 emplois sur une population globale de 260 000 habitants.
Entre 2000 et 2007, l'archipel drainait presque 220 000 touristes par an. En 2008, le tourisme a généré 42,5 milliards de F.CFP, soit 360 millions d'euros.
Les îles les plus fréquentées sont Tahiti, Bora Bora et Moorea. Ces trois îles concentrent près de 90% de l'offre d'hébergement en hôtellerie classée. Bora Bora compte à elle seule 12 hôtels classés, dont quatre affichent 5 étoiles et trois hôtels de 4 étoiles. Tandis que Tahiti ne compte pas d'hôtel titrant 5 étoiles et Moorea un seul du genre.
Répartition par île |
Quelles sont les causes d'un tel fiasco? On lit dans les rapports officiels la liste suivante : "- Contexte mondial et augmentation du pétrole - diminution du taux de remplissage des hôtels, trop nombreux par rapport à la baisse de fréquentation simultanée - réduction des rotations et des capacités de vols internationaux sur la Polynésie - une notoriété de la destination en chute libre."
Voici des termes très pudiques, pour expliquer qu'en réalité, trop d'hôtels ont été construits sur les lagons. Prenons l'exemple de Bora. On peut se dire que 12 hôtels, ce n'est pas beaucoup. Pourtant, lorsqu'on arrive à Bora on a tout bonnement l'impression qu'ils sont une centaine. Il y en a partout. Ils ne sont pas gênants, car la plupart du temps c'est très joliment fait. Mais, lorsque vous saurez que l'île s'étend sur 38 km², que les habitants sont au nombre de 8 992 au dernier recensement, vous conviendrez qu'une capacité de rotation de 20000 personnes par an est démesurée. Et là je ne vous parle que de l'aspect économique. Mais imaginez quelles conclusions nous tirerions si nous abordions le plan environnemental? Les déchets, le traitement des eaux usées... comment digérer tout cela?
Nombreux hôtels "haut de gamme" |
Adieu donc le rêve polynésien et ... "Bonjour l'Asie".
Ce comportement du touriste de "base" ne décourage pas les autorités polynésiennes dans leur démarche. Elles se disent qu'après tout, leurs îles attireront toujours le gratin des voyageurs, et visent le haut, très haut de gamme. Le prix moyen d'une chambre basique des 12 hôtels classés de Bora est de 700 euros la nuit. Certaines bourses n'y verraient aucun inconvénient, s'il n'y avait un "grain de sable dans ce rouage du luxe". Lorsque le rapport ci-dessus dit chastement "que la notoriété de la destination est en chute libre". Il faut lire une réalité quotidienne : les Polynésiens sont affables, gentils comme tout, imbattables pour attirer la sympathie. Bizarrement, ce comportement que nous trouvons à chaque coin de lagon bat en retraite dans les hôtels et la restauration, par manque d'encadrement commercial. L'abord du client est timoré, le service est long, brouillon. Il n'est pas rare de se voir servir les frites au dessert (ce n'est pas une image, c'est du vécu!)
Quelques hôtels abandonnés |
Le touriste de base part en Asie, le touriste aimant le luxe ne revient pas, il est donc normal de voir un nombre effarant de farés vides se décomposer au bord des lagons.
Non seulement la défection touristique est terrestre, mais elle est également maritime. Les paquebots de croisière quittent les uns après les autres les eaux polynésiennes, leur préférant celles des Fidjis, des Samoa, ou des Tonga plus "accueillantes". Les règlementations mises en place par les gouvernements de Polynésie visant à amasser le plus d'argent possible n'ont pas plu aux croisiéristes. Ainsi, cette année la fréquentation des paquebots est réellement en berne.
Le résultat se fait sentir à tous les niveaux. Les artisans qui vendaient leur produit aux croisiéristes de passage peinent à joindre les deux bouts...