Tohora, les reines des eaux de Polynésie


Tout équipage navigant dans l'hémisphère sud de l'océan Pacifique entre juillet et novembre aura à coeur de rencontrer les baleines à bosses. Sans les approcher, car une collision les blesserait, et nous projetterait dans un naufrage inévitable, il est portant facile de les observer, et de cueillir des clichés spectaculaires.


Baleine à bosse au large de Moorea

A Bora, nous les avons vues nager sagement à l'orée de la passe. A Moorea, nous avons eu la chance d'assister à un festival de sauts tandis que nous étions au mouillage de Vaiare, puis elle s'est renouvelée, lorsque nos amis Yann et Cathy nous ont emmenés pour un tour mémorable de l'île en po ti marara (bateau rapide local). En une journée, nous avons côtoyé plus de 10 baleines, trois d'entre elles nous offrant un spectacle inoubliable.


Les anciens observent le comportement des baleines et en tirent certains présages. En effet, tandis qu'elles s'ébattaient à la sortie de la baie de Opunohu, Jules, un ami tahitien nous dit que lorsqu'elles entrent dans la baie, c'est qu'elles préviennent les hommes d'un péril à venir. La dernière fois qu'elles sont rentrées à Opunohu, plusieurs semaines après, le cyclone Oli a frappé la Polynésie. Dans quelle mesure tout cela est lié??? Je ne m'aventurerais pas dans ces conjectures.


Les baleines à bosses fréquentent tous les océans, si elles souffrent dans l'hémisphère nord de la surpêche (pourtant interdite sur les baleines, mais certaines nations n'en démordent pas et poursuivent leurs carnages) dans l'hémisphère sud de l'océan Pacifique, elles bénéficient d'une plus grande "liberté" d'action. Ainsi, chaque année, ces géants des océans remontent de l'Antarctique vers les archipels océaniens. En Polynésie française, elles se baladent entre les îles. Plus rares dans les Marquises, elles batifolent à loisir entre les Australes, les Tuamotu, Tahiti, Moorea, et les îles sous le vent. Entre juillet et novembre, les mères profitent des eaux chaudes pour mettre au monde leur petit et qu'il fasse"ses premières longueurs".


La baleine se donne en spectacle...

Son nom scientifique est Mégaptera Novaeangliae. On l'appelle aussi "baleine à bosses », "jubarte", ou "Humpback Whales" en anglais, et Tohora en tahitien.


L'on pourrait penser que le nom de "baleine à bosses " se réfère aux multiples cloques que l'on retrouve sur son rostre et partout sur son dos. En réalité on le doit à sa façon de sonder en faisant le "dos rond" bien visible en surface.


Le mot générique de mégaptère" se traduit par grandes ailes, celles-ci figurent les immenses nageoires pectorales. Elles mesurent un tiers de leur taille globale, atteignant 4 à 5 mètres ! Leurs couleurs diffèrent selon leur localisation. Dans l'Atlantique Sud et Nord, les nageoires pectorales sont entièrement blanches, dans le Pacifique Nord elles sont presque entièrement noires, et enfin, elles sont noires sur le dessus et blanches en dessous chez les individus du Pacifique Sud.


Les mégaptères sont des mammifères, donc des animaux dits à "sang chaud" c'est-à-dire qu'il se maintient à température constante. Ils respirent à la surface et allaitent leurs petits qui naissent après une gestation intra-utérine de 11 mois. Elles mettent au monde un bébé tous les deux ans, l'allaitement dure six mois. La maturité sexuelle est atteinte vers l'âge de 6 ans, bien qu'à cet âge l'évolution physique de l'animal ne soit pas terminée. En effet, les baleines grandissent jusqu'à l'âge de 15 ans. On ne connaît pas leur espérance de vie, l'animal le plus vieux observé avait 48 ans.


A la naissance, le baleineau pèse 2 tonnes et mesure 4 mètres. Grâce au lait nourrissant de sa mère, grossit de 100 kg par jour dans les premiers temps et atteint 7 à 8 mètres de long au bout d'un an.


Nageoire caudale de la baleine à bosse (Moorea)

A l'âge adulte, la femelle est plus grosse et plus grande que le mâle. Le poids moyen des adultes est de 25-30 tonnes, mais il peut atteindre 40 tonnes (femelles en fin de gestation par exemple), pour une taille moyenne de 14-15 mètres, ne dépassant pas les 17 mètres. Durant son séjour en Polynésie la baleine cesse de se nourrir, car les eaux chaudes n'offrent pas une alimentation suffisante. Elle perd alors entre 3 et 4 tonnes jusqu'à sa migration vers les latitudes polaires. Là-bas, elle se nourrit de krills.


Les orques sont, semble-t-il, les seuls prédateurs connus, mais il n’est pas exclu que les mégaptères subissent les agressions de poissons, genre requins ou espadons.


Un des risques majeurs que court la baleine est dû au trafic maritime. Lorsque la baleine est endormie. Elle reste immobile à la surface de l'eau. Son dos affleure la surface et se confond aux vagues.


Chose étonnante : le gigantisme de cet animal laisse voir la plupart du temps une nageoire ridiculement petite. Sa forme est triangulaire, arrondie ou en faucille... ce qui permet l’identification de certains individus. Juste avant de sonder, le mégaptère se recroqueville, il voûte son dos qui dessine une bosse parfaitement reconnaissable.


Le souffle de la baleine

Le souffle trahit la présence des animaux. C’est souvent la première chose que l’on voit en mer: puissant, rauque, bruyants, il dessine un V brumeux au-dessus des 2 évents. Lorsqu'elles sondent, les baleines peuvent rester entre 20 et 30 minutes sous l'eau. Leur étonnante capacité respiratoire est un outil physiologique indispensable pour les baleines. "Mais elle ne suffit pas à expliquer leurs longues apnées. En effet, l’oxygène contenu dans l’air pulmonaire est largement insuffisant pour nourrir les animaux lorsqu’ils sont sous l’eau. Pour nager sans respirer, les baleines ont développé la faculté de stocker l’oxygène ailleurs que dans leurs poumons, notamment dans leurs muscles et leur sang. Le sang des cétacés contient davantage d’hémoglobine que celui de l’homme (x1,4), il représente 10% du poids de leur corps (6,6% chez l’homme), le nombre de globules rouges par millimètre cube est plus important (x2)" (d’après COUSTEAU J.Y., PACCALET Y. 1986. La planète des baleines. Robert LAFFONT)


Les baleines à bosses étaient peu chassées au XIXe siècle, mais ont été décimées dans la première partie du XXe siècle par la chasse à la baleine. Afin de sauver l'espèce, une commission baleinière internationale a été créée en 1946. Il ne semble toutefois pas que les diverses mesures de protection aient réellement été efficaces.


Sources pour écrire cet article:
http://www.baleinomane.com
http://fr.wikipedia.org
http://www.tahitipratique.com


 
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