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Art vestimentaire et pareu

 

Coiffe traditionnelle

Quelques clichés collent à la peau de la Polynésie. Nous avons évoqué le "mariage à la polynésienne", mais il y a aussi l'incontournable fleur de tiaré offerte, dès l'arrivée à l'aéroport, aux nouveaux arrivants, les couronnes et colliers de fleurs, le cocotier penché comme il faut pour arroser de son ombre l'eau du lagon transparente... Et, ... L'irremplaçable paréo ou comme on le nomme ici "le pareu". Celui-ci n'a pas toujours ressemblé à ce morceau de coton rectangulaire aux couleurs chatoyantes que l'on connaît. Dans l'histoire polynésienne, avant l'arrivée des premiers Européens, les femmes portaient déjà le "pareu" ou le "kave'u" chez les Marquisiens. Il n'était pas fait de coton. L'arbre existait à l'état naturel sur les îles, mais les autochtones n'avaient pas acquis l'art du tissage des fibres produites par les capsules de cotonniers.

En revanche, ils récoltaient l'écorce de certains arbres qu'ils battaient pour en faire une pâte qui après séchage devenait un tissu souple. C'est ce que l'on nomme le tapa. Les Polynésiens ne pratiquaient pas la couture, ils enroulaient les étoffes autour de la taille ou du corps... L'étoffe de tapa servait à confectionner les "ahu", les "tiputa" et les "pareu". Le tiputa était un grand rectangle fendu verticalement qui se portait comme un poncho. Le "ahu" (terme identique utilisé pour les autels de Moai sur l'île de Pâques) est un vêtement de tapa, porté comme une toge romaine. Les hommes d'un certain rang s'en enveloppaient le haut du corps.

Le vêtement le plus porté par les hommes était le "maro". Ceinture étroite, enroulée à la taille et ressemblant à un "slip". C'était le seul vêtement que les hommes portaient lorsqu'ils partaient au fa'a'apu (champs), à la pêche ou pour construire leurs farés. Peu de Polynésiens se vêtissent encore de la sorte. Ils sont encore utilisés dans les spectacles de danse traditionnelle ou dans des villages authentiques comme le Tiki de Moorea. Aujourd'hui, les Occidentaux se choquent parfois devant ce qu'ils appellent "la nuditié" des hommes. Mais en Polynésie, le "maro" est un "vêtement" coutumier, sans aucune connotation obscène.

Tiputa, porté comme un poncho

Les femmes portaient le pareu, pagne descendant jusqu'aux genoux, voire jusqu'aux chevilles, souvent le haut du corps restait nu. Lorsque la région ne permettait pas de fabriquer du tapa, comme aux Tuamotu où très peu d'arbres poussent sur les atolls, les habitants se paraient de feuilles de pandanus ou de folioles de cocotiers attachés autour de la taille en guise de jupes. Aujourd'hui ces méthodes vestimentaires sont reprises lors des fêtes de l'heiva, regroupement des danses folkloriques.

Au dix-huitième siècle, lorsque les Européens débarquent avec leurs cotonnades, les Polynésiens adoptent celles-ci. Dès 1820 le "pareu" en fibre textile est le vêtement le plus porté par les Polynésiens. A cette époque, l'on ne trouve pas encore la variété chromatique d'aujourd'hui, les insulaires se suffisent de tissus bleu et blanc ou de tissus blanc et rouge, décorés de motifs floraux sur fonds unis. Les dessins de fleurs, que l'on croit typiquement polynésiens, n'ont pourtant pas été mis au goût du jour par les locaux, mais par des fabricants européens de textile. Car en réalité, lorsque le tapa ancestral était décoré, ils l'étaient de formes géométriques, reprenant les tatouages type marquisiens. Le seul motif naturel utilisé sur les vêtements était la feuille de fougère, mais ceux-ci n'étaient apparus que depuis peu à l'avènement de la cotonnade, soit à la fin du dix-huitième siècle. A la fin du dix-neuvième siècle, Paul Gauguin est un observateur privilégié de l'évolution vestimentaire, et tous ses tableaux représentant la Polynésie montrent des femmes en paréo coloré aux motifs floraux.

Actuellement les motifs géométriques ancestraux reviennent en vogue sur les tissus d'ameublement, voire même les paréo.

Depuis les années 1960, des industries florissantes se sont lancées dans la fabrication du paréo. Les tissus ne se contentent plus de deux couleurs, ils sont chamarrés et certaines fabrications artisanales s'approchent plus du grand art que de l'industrie vestimentaire. En revanche, la concurrence est de plus en plus rude, elle vient d'Indonésie, pays qui casse les prix.

Le paréo fait partie de la vie quotidienne des vahinés. Il sert pour tout : de plaide pour la plage, à enrober les bébés et les protéger contre le vent, la pluie ou le soleil. Les hommes le portent en bermuda, les femmes en robes et en jupe. Certaines vahinés, toujours très coquettes ont l'art du drapé et font de leur rectangle de tissu des robes très sophistiquées. Parfois, on le trouve, plus prosaïquement, par-dessus la robe missionnaire lorsque la vahiné est un peu enrobée, le paréo offre, alors, un rempart aux yeux indiscrets. Dans la voiture, il sert de housses. Dans la maison, de tentures... La largeur des paréos varie entre 0.80 m et 1.50 m tandis que la longueur est relativement standard et mesure environ 1.80 m.

Et pour compléter ce petit dossier, voici un lien qui renvoie vers la fabrication du tapa :
http://blog.mailasail.com/etoiledelune/191
et pour les photos
http://blog.mailasail.com/etoiledelune/208



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