Que faire en ce deuxième jour de Fidji sous un ciel grincheux?
Il nous a suffi de rencontrer Alisi, qui nous parle d'un village lointain (5 heures de route A/R) où aujourd'hui, une représentation de danses coutumières est donnée.
Merveilleuse aubaine!
Je dois un ban à Dom qui avec brio a dompté la conduite à gauche pour nous emmener au village en question. La route... interminable! Et nous arrivons dans un décor de rêve pour ce type de représentation. Souvent, elles sont données dans un cadre "moyen_moyen"... Ici, tout est fait pour y croire. Un îlot sur fond de vieux temple de dieu polynésien. Un "bure" (synonyme de fare, ou case, hutte) de chef séculaire domine le lagon. Dans ce décor, les coutumes ancestrales sont restituées pour nous entraîner dans un autre temps. Celui dont tous les Polynésiens, ou Mélanésiens sont légitiment fiers.
Et bien, nous n'avons encore pas mesuré toute l'énergie des Fidjiens. Ils sont tous là : marcheurs sur pierres incandescentes, danseurs de MEKE.
Le meke est la danse locale. Inutile de la sous-titrer, elle parle d'elle-même. A la lisière entre deux mondes distants : la Polynésie et l'Asie. Les jeunes filles posent leurs pieds, ondulent les doigts des mains, balancent leur visage avec des intonations asiatiques, tandis que les rythmes, et le reste du corps s'harmonisent aux pratiques polynésiennes. Les danses féminines n'ont rien de spectaculaire, mais la douceur, la volupté qu'elles apportent sont si denses qu'on ne peut y résister.
Les hommes sont plus présents que les femmes. Ils offrent le plus "gros" du spectacle.
Dom filme l'oeil bleu placide. Je cache derrière mon objectif mes crispations "mon côté mère poule". Pour rien au monde je ne veux me réincarner en plante de pied fidjienne! Après cette démonstration de courage, de maîtrise du corps humain, les jeunes femmes vêtues de pagnes apportent douceur et paix. Les hommes frappent le "toere" seul instrument qui accompagne les chants en langue vernaculaire. Celle-ci est douce à l'oreille, sans doute l'une des plus harmonieuses du Pacifique. Elle est gouleyante, sans aspérité, incroyablement duveteuse à l'oreille.
Et parce que dans la vie tout n'est pas noir, et qu'il y a du rose aussi, nous assistons à un jeu de rôle entre deux hommes? Seuls sur leur île, qui cherchent une femme pour agrémenter leur vie. Ils choisissent dans l'assemblée une belle blonde plantureuse. Puis deux femmes tirent au sort le seul homme de l'assistance (Dom) , elles jettent leur dévolu sur lui et déterminent qui le gagnera en se livrant à une compétition de jonglage... Au bout de la compétition, elles sont prêtes à se jeter à l'eau et à rejoindre mon bel homme aux yeux bleus et cheveux argentés...
Je ne sais pourquoi, j'ai vu Dom rentrer la tête dans les épaules et tâcher de se faire tout petit, devant ses femmes, si affables?
Ha oui... dernière chose étonnante. Ce matin on nous demandait si nous étions "germaniques", tandis que ce soir nous avions largement glissé vers le sud, en répondant à la question "êtes-vous Italiens"... Voient-ils si peu de Français? Ou notre accent trahit-il une certaine interrogation chez nos hôtes? Au Fidji on ne nous posait pas tant de questions... Il faudra peut-être que nous restions plus longtemps que prévu afin qu'ils s'habituent?
Une journée bien remplie.
Et tant pis pour le soleil, il aura raté un merveilleux spectacle.
Il s'en est mordu les doigts (ou les rayons ) car ce soir, il refaisait son apparition, pour un magnifique coucher de soleil auquel nous avons assisté sur le chemin du retour...