FlamboyantsPrenons l’ascenseur et visitons la végétation par étage

Les caractéristiques des différents étages de végétation (strates) des îles de l’Arc Antillais s'apparentent à celles de l'Amérique du Sud, notamment celles des Grandes Antilles et celles du sud des îles du Vent. Certaines strates sont communes à toutes les îles. D’autre, n’appartiennent qu’à certaines d’entre elles. Analysons ensemble l’architecture végétale des îles.

La végétation du littoral

Le premier étage se situe au niveau des plages, et des mangroves. Mais aussi de falaises et de côtes rocheuses.

La Mangrove : entre terre et mer…

Mangrove jeune Le Roi incontesté des mangroves de la Caraïbe est le Rhizophora Mangle (le palétuvier rouge ou mangle rouge) mais aussi l’avicennia. Autrefois, cette espèce était exploitée pour ses tannins colorés et comme bois à brûler. Aujourd’hui conscient de son rôle dans l’écosystème sous-marin la mangrove est en général protégée. Mangrove adulteGrâce à ses racines aériennes, le palétuvier peut respirer hors de l’élément vaseux et gorgé de sel dans lequel il s’ancre. Les feuilles sont constituées de glandes qui concentrent et rejettent le sel absorbé par la partie submergée. L’arbre tout entier représente une réelle pouponnière pour la faune qui exploite sans vergogne chaque partie de l’arbre. Dans l’enchevêtrement des racines, une multitude de larves, d’alvins, de jeunes poissons, se cachent de Héron grisleurs prédateurs tout en profitant des nutriments apportés par les courants. Toute une petite population s’organise autour des racines en s’y fixant : palourdes grises, Balanes (coquillages), huîtres, éponges, sabelles (sorte d’anémones) et algues variées. Le mulet, et le caillu (petit poisson argenté) se plaisent dans ces Héron verteaux saumâtres où la nourriture abonde. Dans la partie aérienne, des colonies d’oiseaux se partagent ce lieu de ponte à proximité du garde-manger. On y rencontre le râle gris (qui se fait de plus en plus rare !), les frégates. Mais aussi, le ramier bleu bienqu’il affectionne également les forêts humides.
Le héron garde-bœufs vit en bordure de lagon, des rivières ou dans les mangroves. Il est également affublé d’un cou long et flexible, qu’il tient parallèlement à l’eau pour mieux repérer mollusques, crustacés et vers. Il passe ainsi des heures à patauger à mi-patte scrutant dans une immobilité amusante le moindre poisson qui se faufilerait entre ses échasses.
Toujours dans la famille du héron, on remarque, sur certaines îles, notamment la Martinique et la Guadeloupe, le petit héron vert
Crabe violoniste Ce milieu constitue également l’habitat de l’ibis rouge. Échassier de taille moyenne, il possède une petite tête et un long bec légèrement recourbé.
Parmi les plus snobs, ne fréquentant pas les marins, les Flamands… roses bien entendu !
Le tableau ne serait pas complet sans le crabe c’est-ma-faute, ou le crabe violoniste qui rôde sans relâche sur les branches et racines des palétuviers.

Sur les plages sablonneuses

Raisinier bord-de-merPervenche mauveAu temps des conquistadores, le rivage présentait en premier plan, une plage d’origine calcaire (sable blond) ou d’origine volcanique (sable noir), en suite, s’étendait une forêt inextricable. Certaines parties d’îles présentent encore cette caractéristique, mais les forêts littorales ont laissé la place aux plages où se mêlent cocotiers, amandier-pays, catalpas (arbuste de la même famille que les hibiscus), et raisiniers bord-de-mer (raisin sauvage à larges feuilles). Au ras du sol, plusieurs variétés florissantes : patate bord-de-mer et pourpier bor-de-mer toutes deux à fleurs roses. Les plus belles sont les pervenches blanches ou mauves de Madagascar.
Pomme du mancenillier Attention ! Le dangereux Mancenillier prolifère dans les parages. Ce mot vient de manzana qui veut dire pomme en espagnol. En effet, cet arbre propose des petites pommes vertes qui semblent par leur parfum ou par leur aspect délicieusement rafraîchissantes ! Mais comme dans le conte des frères Grimm, la pomme est toxique ! Sous l’apparence d’une petite pomme verte à croquer, le fruit provoque d’atroces brûlures d’estomacs, s’il est avalé. Si l’on pense trouver refuge sous ses feuilles pendant un grain, la sève laiteuse de cette variété d’euphorbe peut brûler la peau !


Question faune : des crabes et des oiseaux :
Bernard l'hermite Touloulou Le pluvier des salines, d’allure stressée, il court très rapidement sur le bord de mer. Il partage le front de mer avec le maringouin. Plusieurs variétés de crabes colonisent les plages. Le soldat, souda, ou bernard l’hermite. Il protège son abdomen mou dans une coquille de mollusque. De mœurs nocturnes, il sort de jour uniquement par temps pluvieux. Il s’immerge pour remplir sa coquille d’eau ce qui lui permet de faire de longues balades en forêt. On trouve aussi le crabe mal z’oreille (jaune, diurne et très timide), et le touloulou (comestible).

Les falaises

Pointe des chateauxPointe de la VigieEn dehors des plages frangées de cocotiers, des mangroves où les palétuviers pataugent éternellement, les rivages des îles offrent une autre variété de paysage : les côtes rocheuses. Leur nature géologique peuvent présenter de hautes falaises calcaire comme en Guadeloupe à la Pointe des Châteaux, ou à la Pointe de la Vigie, et de nature ou comme à Culébra des talus volcaniques d’aspect plus rond, moins abrupte. Cactus Tête à l'anglaisMalgré des conditions très défavorables à la végétation : ensoleillement excessif, sécheresse durable, vents parfois violents, et chargés d’embruns salés, la flore trouve néanmoins le moyen de s’y installer sous une forme propice à sa survie. La végétation se protège en n’exposant pratiquement aucune feuille à ces conditions infernales : elles sont soit réduites à des épines comme chez le cactus, soit, coriaces comme chez le résinier du bord de mer, ou encore couverte de cire comme le frangipanier. Pour pallier au manque d’eau, les racines de ces arbres s’enfoncent profondément dans la roche. On y trouve le Poirier-Pays, des Cactus-Raquette, des Tête-à-l’Anglais, et des Cactus-Cierge. Pour la faune on trouve les Zagaias (crabes), les iguanes commun, (on en trouve de beaux spécimen aux Sainte), le Puffin d’Aubudon oiseau marin des îlots désertiques (un cousin de la famille de Port-Cros !), la Mauve (sterne), la chauve-souris cavernicoles (le gimbo omnivore et le molosse insectivore), le grand et le petit paille-en-queue

La végétation sèche

LantanaFiguier de BarbarieCactus raquetteLantanaSur les îles balayées par les vents et la sécheresse, on trouve des cactus, des opuntias à épines dont le figuier de barbarie, des agaves témoins avec leur haute hampe fleurie de cette zone sèche balayée par les vents. On y trouvera souvent la même végétation que celle qui a colonisé les falaises. Les acacias s’y sont bien implantés également. Et de nombreux buissons épineux. Pour exemple : sur des îles comme Îlet Cabri aux Saintes, ou Culébrita on trouve des collines entières de lantanas sauvages. Par rapport aux variétés que l’on trouve dans nos jardins, celles-ci sont épineuses et la floraison bien que moins abondante que dans un jardin soigné est portant magnifique, déclinant des tons roses, mauves, jaunes, orange. On y trouve également des frangipaniers et des flamboyants, qui pour faire face aux saisons sèches perdent leurs feuilles.

La végétation « intermédiaire »

Acacia ou Pink Shower TreeLes deux étages suivants devraient représenter la végétation xérophile, et mésophile, composée pour la première d’arbres perdant leurs feuilles comme les poiriers, ou les gommiers rouges ; la seconde serait enrichie d’espèces d’acajous blancs. Formant les forêts des zones les plus basses. Mais ces deux strates sont rares, car elles furent dégradées par le travail de l’homme. On voit plutôt dans la première des ti-baumes et des acacias. Dans les prairies, deux oiseaux copinent avec les bovins. Les hérons pic-bœufs se nourrissent des insectes dérangés par les sabots des bovins. Tandis que le quiscale, merle noir, se régale des tiques qui leur mangent le dos. Lles insulaires plantent des bois d’acacias pour délimiter les parcelles. Fait étrange, ces morceaux de bois qui paraissaient morts lors de la construction de la barrière, reprennent vie. Fleur de frangipanierLeurs racines se reforment rapidement et une haie d’arbres élancés prend la place des barbelés. Ils bénéficient d’une floraison rose raffinée. Les Anglais les appellent « the Pink Shower tree », imaginez une floraison comme s’il en pleuvait ! Dans la seconde partie de la végétation se situant entre le littoral et la forêt humide,des cultures vivrières s’épanouissent : les ananas, des ignames, des cacaoyers, caféiers, bananiers… et aussi des arbustes à fleurs, des mahoganis (acajous d’Amérique). Pour s'imaginer à quoi ressemblaient ces deux strates de la végétation des îles, avant les différents apports de l’homme il faut se rendre dans les îles ou parties d'îles qui offrent encore un paysage sauvage. Fleur de Tulipier du GabonC'est le cas de Saint Vincent, de Grenade, les pentes de la Montagne Pelée paraissent également encore vierges, ainsi que le sud de la Dominique et bien d'autres îles encore à découvrir. Vu du large, c'est un spectacle incroyable : des cascades de végétations dévalent des pentes accidentées et finissent dans la mer. Pour agrémenter ci et là ce vert étincelant sous les jeux du soleil et de la pluie, des arbres en fleurs sortent du lot. Nous aimons tout particulièremlent le tulipier d'Afrique qui peut atteindre jusqu'à 20 mètres de hauteur. Dépassant d'une tête la végétation environnante, il est constellé d'une miriade de fleurs rouge orangé. Il ressemble à une flamme étincellant au milieu de la verdure. Les Anglais aimant donner des noms imagés l'appellent :Flame of the Forest.

La forêt tropicale humide sempervirente

Plante EpiphyteDans les îles à tendance pluvieuse, plus on monte, plus la végétation se diversifie et se densifie. On pénètre ainsi dans la forêt dense (strate ombrophile) qui a conservé sa virginité et sa splendeur des temps anciens. Elle se situe sous les 1000 mètres d’altitude. Elle se caractérise par son caractère sempervirent, c’est-à-dire qu’elle reste verte toute l’année, mais également son « coté obscur ». En effet, les larges cimes des arbres laissent Chutes du Carbetpasser moins de 3 % de luminosité. Plusieurs îles dont la Guadeloupe et la Dominique ont vu leur forêt classée Parc National. La forêt de El Junke à Porto Rico est également la seule forêt tropicale des États-Unis et classée. Toutes ces forêts abritent plus de 300 espèces d’arbres et d’arbustes, 250 espèces de fougères, des philodendrons, plus de 2700 espèces fleurissantes, des épiphytes à profusion dont une centaine d’orchidées, des oiseaux, des petits mammifères et des reptiles. Parmi les arbres les plus grands (trente-cinq mètres de haut et ne dépassant pas 1 mètre de diamètre) on trouve le gommier blanc, le bois-côte, le châtaignier. EtangIls sont tous envahis de plantes épiphytes qui profitent de ces ascenseurs naturels pour monter à la conquête de la lumière. Parmi les fougères, la plus remarquable est la fougère arborescente, mais il y a aussi le thelypteris, le tectaria, et la si jolie sélaginelle irisée de bleu. Contrairement aux régions tropicales continentales, la faune est assez pauvre et surtout totalement inoffensive. Les randonnées en forêt tropicales sont également agrémentées de cascades, rivières, étangs calmes (terrain de jeu favori des moustiques !), sources chaudes à l’approche des volcans. Le climat est invariablement chaud, avec des précipitations fréquentes. Fougère arborescenteCertains végétaux atteignent près de onze mètres en cinq ans, la croissance des végétaux y est donc l’une des plus rapides au monde. En revanche, la durée de vie des arbres est très courte, car envahis par de nombreuses plantes, ils finissent par crouler sous leur poids. Ceci est également dû au fait que les racines ne s’enfoncent guère à plus de quelques centimètres dans le sol. Les arbres de la forêt sont de véritables colosses aux pieds d’argile. Mais lorsqu’ils tombent, les termites, spécialisés dans la décomposition rapide, entrent en action. Elles amorcent ainsi un nouveau cycle de vie, car les racines se nourrissent des éléments nutritifs indispensables à leur survie de la forêt. En effet, la couche de terre, très mince, est pauvre en nourriture. Ceci est d’ailleurs le talon d’Achille de la forêt, car, cette couche mince est facilement lessivée par les pluies abondantes, et ce phénomène s’accélère lorsqu’il y a déforestation. Si ce n’est la petite grenouille qui avertit le randonneur de la pluie à venir. Lorsqu’on pénètre dans la forêt, ce qui frappe c’est le silence. Peu ou pas d’oiseaux chantent, et l’on peut se balader des heures sans rencontrer d’autres espèces animales que le moustique.

Végétation d’altitude

Au-delà de 1000 mètres, la forêt laisse la place à une végétation d’altitude, où les vents violents, l’excès d’humidité, le manque de luminosité, causé par des nébulosités permanentes, limitent le développement de la végétation. Cependant, lors de l’ascension d’un volcan, on sera surpris de la couleur orangée des parois. Un mélange de broméliacées, de mousses, le lichen, de sélaginelles, et de lycopodes donne un décor hallucinant.


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