Le Cap « Seul maître après Dieu ! »
"Pourvu que Dieu ne nous lâche pas!"

Rien ne prédestinait le capitaine à une carrière de TDM. Né à Paris en dix neuf cent… (bref, au siècle dernier !) de parents auvergnats du côté de la maman et catalans du côté du papa. Ses aïeuls se préoccupaient si peu de la mer qu’ils ne l’avaient jamais vue. Les toutes premières années de sa vie se passèrent sous la garde de ses grand-parents dans une ferme aux confins du Massif Central. Puis, il rentra à Paris et passa son enfance et son adolescence dans les murs austères d’une gendarmerie républicaine où son papa assumait ses fonctions. Adolescent, il découvre la mer lors de colonies de vacances. Il s’exerce « aux affaires maritimes » aux glénans. Les années passent et, signe des temps, une grande école fait de lui un ingénieur en informatique. La vie le pousse, malgré lui, dans un mariage et une carrière de cadre supérieur. Mais, il étouffait dans ce cadre, car il est bien moins fourmis que voyageur. A force de redessiner les contours de sa vie il perdit de vue sa première épouse et rencontra la future Pitaine. Une rencontre foudroyante, où il annonça sans sourciller que la vie qu’il menait alors n’était pas celle dont il rêvait. Il échafaudait déjà d’autres ambitions qui se résumaient sous les traits mal définis d’une cahute sous un cocotier à Sri Lanka. Pays, pour lequel il ne vouait pas une passion mais où il découvrit d’autres valeurs que celles qui couraient les rues de nos capitales occidentales ! Il n’avait pas tort. A quoi bon passer toute sa vie à user ses costumes dans des salles de réunions survoltées ? Ainsi, à cette époque il s’était fixé 10 ans qu’il mettrait à profit pour peaufiner son projet. Le temps passa vite, car il emmenait souvent Nathalie en voyage. Ils visitèrent la Martinique, le Sénégal (où un mariage s’imposa !)Saint Domingue, Le Maroc, la Grèce, Sri Lanka. Pendant ses voyages, Dominique revivait, il réinventait le monde et surtout leur avenir ! Pourtant, il n’était pas épanoui. Quelque chose lui manquait… Jusqu’au jour où il revint avec une idée géniale : « nous allons louer la mer ! » Quelle idée présomptueuse ! Non, c’était tout simplement le slogan d’une agence de location de bateaux des années 1990. Imaginez cette photo, une vague cristalline flirte avec le sable doré, l’ombre d’un cocotier se couche sur la plage baignée de soleil, dans un lagon émeraude un bateau à l’ancre se languit sur des eaux translucides. Ils embarquèrent leurs amis dans cette photo. Ils louèrent un catamaran dans les Caraïbes. Ils étaient loin de l’aventure, car un skipper les mènait à bon port tant dis qu’une hôtesse les régale de bons petits plats. Mais l’émerveillement fut au rendez-vous. Et ce fut une révélation. L’année suivante le Cap entraînait sa moitié en école de voile. L’année d’après ils rééditaient aux Antilles. Il est vrai que rien n’est plus agréable que de naviguer en maillot de bain ! Le Cap prenait ses marques sur divers voiliers et décida de faire ses armes chaque année, en louant en couple un voilier type 35 pieds. D’année en année les séjours en mer s’allongeaient, l’assurance grandit et une évidence s’imposait : "ils sont, décisément, faits pour ça !" Lorsqu’il rentrait de vacances, le décalage était si important qu’il fallait veiller à ce qu’au premier jour de boulot il ne confonde pas son costume avec son masque et ses palmes. Il passait ses nuits d’insomnies sur Internet, à traquer les sites de TDM, à s’informer sur les constructeurs de bateaux… Il devenait évident qu’il fallait faire quelque choses ! Les jours passèrent, jamais la monotonie ne s'installa, jamais, le quotidien ne supllanta le rêve! Au contraire, fil de l’évolution des pensées et des navigations Internet il se précisa. Jusqu'au jour où il fut là! Il attendait au bout de la souris. Il revenait d’un tour du monde de quatre ans en compagnie d’un couple de suisses qui l’avait lâché pour une cahute dans la campagne panaméenne. Et là, tout devint évident! Là, devant ce bateau à coque jaune, le Cap avait enfin trouvé un pont où poser son sac !
Vous me direz, ce n’est pas une vie !!! A son âge !!! Il ne va pas s’arrêter comme ça et planter sa carrière… Il va s’ennuyer ce pauvre homme ! Pensez-vous… Le Cap est plein de ressources, et de ses études, il ne lui reste pas seulement la capacité d’ingérer des tables de calculs pour sauter d'une longitude à l'autre, pour flirter avec les étoiles et les points astronomiques. Elle lui ont, entre autre donné, le goût des maths, et à haute dose ! Car il n’est pas rare de voir le Cap s’installer dans son cockpit avec un cahier qu’il remplit de pages en pages d’équations indigestes qu’il se pose à lui-même. Et en plus, il y prend autant de plaisir qu’à lire un bon bouquin. Côté littérature, mieux vaut prévoir une abondante bibliothèque de Thrillers. On le soupçonne d’en dévorer les pages ! Il aime aussi les activités manuelles, il réalise des dessins réalistes à l’ancre de chine, et aime sculpter des formes géométriques sur des bouts de bois. Que vous dire d’autres, pas moyen de mourir de faim en sa compagnie, il est, comme bien des hommes qui s’en donnent la peine, un excellent cuisinier… Et les défauts me direz-vous ? Aux dires de la Pitaine il n’en aurait aucun ! N’en déplaisent aux lectrices, elle est aussi peu partageuse que Lune, le berger allemand du bord !

Fermer la fenêtre